Voltaire, Rousseau, vous et moi….


FanatismeHier soir, autour de minuit, après la victoire du Paris-Saint Germain en Coupe de la Ligue, je me suis plongé, comme très souvent, profitant du silence de la nuit, dans la lecture.

Tirées au hasard de ma bibliothèque, j’ai feuilleté les Oeuvres de Voltaire dans la collection de la Pléïade. Un moment de bien-être intellectuel, comme seuls nos grands classiques peuvent nous en procurer: une écriture dont la richesse, la précision, la puissance évocatrice utilise tous les ressorts  de la beauté de notre langue.

Relire les Grands Classiques, cela vous rend modeste . En même temps, vous prenez au bout de quelques pages, la mesure de la vacuité intellectuelle de notre époque…

J’ai toujours été passionné par Voltaire, que j’ai évoqué dans de nombreux billets sur ce blog… et même sur des blogs antérieurs…. On en trouvera la trace sous:
https://berdepas.wordpress.com/2009/03/18/voltairien-je-suis/
https://berdepas.wordpress.com/2010/07/29/voltairien-je-suis-reste/
https://berdepas.wordpress.com/2008/05/04/onfray-pas-pire/

Par contre, je n’ai jamais partagé l’enthousiasme que suscite chez certains, Jean-Jacques Rousseau, qui évoque pour moi l’illusion d’un monde irréel, celui de « Paul et Virginie », et l’utopie révolutionnaire avec ses excès, et ses dérives criminelles. Ne dit-on pas que Rousseau fut l’inspirateur de Robespierre et la caution morale de la Terreur, au nom, paradoxalement, d’une idéologie angéliste ??? En tout cas c’est ce que prétendent François Furet et Mona Ouzouf, dans le « Dictionnaire Critique de la Révolution Française ».

Feuilleter Voltaire, c’est réveiller, évidemment, des souvenirs scolaires : Mr Poupon, ce professeur de Lettres, – communiste, et néanmoins excellent pédagogue – qui semblait me détester parce que je portais un nom à particule, et qui tournait en dérision, devant toute la classe de seconde C du Lycée Bugeaud, à Alger, le texte de ma dissertation sur l’oeuvre et la place comparées de Voltaire et de Rousseau dans la Littérature française.

Ce matin, je découvre dans le Figaro et dans Le Point, deux articles évoquant le livre que Philippe Val consacre à la Gauche et au vide idéologique dont elle souffre depuis quelques décennies : http://www.lepoint.fr/politique/philippe-val-etrille-la-bien-pensance-de-gauche-02-04-2015-1918227_20.php

Selon Philippe Val la Gauche souffre du fardeau de l’héritage intellectuel de Rousseau, qui attribue à « la Société » tous les maux dont souffre l’Homme. Il considère que cet héritage a conduit à donner une trop large place au « sociologisme ».

Je le cite :  » C’est le vrai chic paradoxal : on transforme les victimes en coupables et les coupables en victimes. Voilà à quelle aberration aboutit le sociologisme. C’est la même démarche rousseauiste. Et cette mécanique intellectuelle – qui consiste à faire du « système » le bouc émissaire et retire aux individus la responsabilité de leur destin – conduit, de fil en aiguille, à désigner la société, puis les « riches », « la droite », « la gauche bourgeoise », et finalement dégénère jusqu’à la désignation du bouc émissaire ultime : les juifs. Le sociologisme ouvre la porte à tous les complotismes. C’est le malaise dans l’inculture. »

Inutile de dire que le livre de Philippe Val va faire du bruit dans le Landerneau des « zintellectuels »autoproclamés.

Pour ma part j’ai retrouvé, dans le propos de Philippe Val, les accents de mon Professeur de Philo, Mr Alavoine, en classe de Math Elem, toujours au Lycée Bugeaud, à Alger, dans les années 50.

Selon lui l’Homme de gauche est convaincu qu’il est naturellement bon et que c’est la « Société » qui le corrompt, alors que l’homme de Droite, considère qu’en vertu du « péché originel » l’Homme est naturellement mauvais et que seul un travail sur lui-même, un effort personnel, et constant, de discipline et de volonté de progresser, lui permet d’échapper à ses mauvais démons.

Lisant et relisant ces articles, je me suis dit qu’après le cri d’alerte de Finkielkraut, après le coup de gueule de Onfray, après le succès, – malgré les efforts des médias pour le démolir -, du livre de Zemmour, il semblerait que l’on assiste à la fin d’un cycle au cours duquel une pseudo-intelligentsia, nourrie au biberon du Rousseau des Lumières, du marxisme-léninisme, puis du trotskysme, et enfin du castrisme, a imposé son règne sans partage et sans la moindre tolérance à l’égard de ceux qui ne pensaient pas comme elle.

Pratiquant l’invective, l’insulte, le mépris à l’égard de tout ceux qui osent s’opposer à ses élucubrations, cette « intelligentsia » soutenue par une classe médiatique formatée sur les mêmes critères, ces sociologues, et philosophes auto-proclamés voient aujourd’hui leur audience de plus en plus suspectée.

Ceux qui refont et racontent l’Histoire à leur manière, accusent, culpabilisent, absolvent comme le clergé d’autrefois, ne sont plus écoutés que par une fraction minoritaire du peuple français, qui s’intéresse de plus en plus à ceux qui tentent de faire souffler un vent nouveau et un peu d’air frais sur la vie intellectuelle française.

Peut-être sommes-nous en train d’assister à la fin d’une époque…..Le catéchisme intellectuel d’une gauche en perte de repères, n’a plus d’impact sur ceux auxquels il est destiné : le peuple a perdu la foi dans « les lendemains qui chantent ».

Nous entrons dans une époque où le vide intellectuel de la Gauche enfante un vide idéologique que son arrogance coutumière ne réussit plus à masquer. Alors qu’à Droite, les repères identitaires sont menacés et suscitent une angoisse aggravée par le vide spirituel d’un peuple qui a perdu la Foi, et qui ne croyant plus en rien, finit par ne plus croire en lui-même….

« La Gauche se meurt parce que, elle n’est plus assez inventive: la sociologie de ses élites est devenue trop homogène; elle ne permet pas suffisamment à la classe moyenne, y compris éduquée, d’accéder aux postes décisionnels.« 

Il n’y a plus d’idées créatrices dans la classe politique française.

Relisez Voltaire et ses « Lettres Philosophiques », si vous voulez retrouver confiance en l’Homme. Voltaire enseigne avec une lucidité alerte, comment assumer la place de l’Homme dans l’aventure moderne de l’Humanité.

Relisez le petit « Traité sur la tolérance » pour retrouver le sens profond de ce que devrait être la Laïcité.

Mais relisez surtout, en quelques pages, « le Fanatisme ou Mahomet le prophète ». Une oeuvre tragique qui ferait, sans aucun doute, aujourd’hui, l’objet d’une « fatwa » interdisant sa publication.

Voltaire était « Charlie » bien avant l’heure, car sa tragédie souleva déjà à son époque des cabales que ne renieraient pas les encenseurs d’un « islam modéré ».

Je le cite  » Mais qu’un marchand de chameaux excite une sédition dans sa bourgade, qu’associé à quelques malheureux coracites, il leur persuade qu’il s’entretient avec l’ange Gabriel; qu’il se vante d’avoir été ravi au ciel, et d’y avoir reçu une partie de ce livre inintelligible qui fait frémir le sens commun à chaque page; que pour faire respecter ce livre, il porte dans sa patrie le fer et la flamme, qu’il égorge les pères, qu’il ravisse les filles, qu’il donne aux vaincus le choix de sa religion ou de la mort, c’est assurément ce que nul homme ne peut excuser, à moins qu’il ne soit né turc, et que la superstition n’étouffe en lui toute lumière naturelle » ( Fin de citation. tiré de la « Lettre à sa Majesté le Roi de Prusse. Rotterdam, 20 Janvier 1942).

En feuilletant ces quelques pages vous retrouverez la justification d’une défiance absolue envers ceux qui prétendent que l’Islam trouvera sa place, en France, dans le respect de notre culture, de nos traditions et de nos Lois.

Vous y trouverez les raisons de vous méfier d’un angélisme inspiré des « idées généreuses » de Rousseau et des « Lumières ». Et surtout, vous découvrirez comment, au nom d’une prétendue tolérance, on glisse, dans une société déboussolée, vers une intolérance absolue, et au mépris répandu par ceux qui ne tolèrent pas ceux qui ne pensent pas comme eux ….

Vous comprendrez mieux pourquoi les générations actuelles, – « rousseauistes » sans le savoir, car elles sont « formatées » dès l’école, leurs parents ayant « délégué » leur éducation à des idéologues adeptes d’une pédagogie sectariste, – sont devenues cyniquement égoïstes, matérialistes, festives et dévoyées, méprisant copieusement leurs ancêtres, leurs parents, leur employeur, leur maire, leur président, et plus généralement, les institutions de la société civile à un degré inouï, jamais atteint dans l’histoire moderne. La « culture de masse », en a fait des êtres cramponnés à « leurs droits », oublieux de tous les devoirs, des êtres sans foi, sans naïveté, et sans espoir….Une génération qui, à aucun moment de sa vie ne s’est posé la question de savoir ce qu’elle peut faire pour la fierté et le bonheur de ses parents, celui de sa famille, et encore moins celui de son pays, dont elle attend tout estimant qu’elle n’a rien à lui donner….

 

Brouillon de Culture…


Bovary« La culture, c’est ce qui reste quand on a tout oublié. » Émile Henriot (1889-1961)

« La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert. » André Malraux (1901-1976)

« Il n’y a pas d’hommes cultivés, il n’y a que des hommes qui se cultivent. » Ferdinand Foch (1851-1929)

« La culture est ce qui reste quand on ne sait rien faire. » Françoise Sagan (1935-2004)

La vraie culture apprend à être modeste et à ne pas se prendre trop au sérieux : Socrate disait déjà, en substance,   » Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien »….( ou pas grand chose !!!).
C’est pour cela que, si les pédants sont ennuyeux, les gens cultivés sont souvent intéressants, surtout quand ils ont de l’humour et l’art de tourner en dérision les choses les plus sérieuses.
J’ai adoré cette tranche d’humour d’un acteur de talent, Jean Rochefort, qui en quelques minutes, nous offre un résumé hilarant de Madame Bovary, non pas dans la langue de Flaubert, mais dans celle de nos banlieues.
Je dédie ce morceau d’anthologie à tous les esthètes, amoureux de la « culture des banlieues », enrichie par le « métissage » et  la « diversité » !!!
C’est ainsi que, demain, seront « revisités » nos grands auteurs, par une jeunesse « formée » dans les écoles de la République par des enseignants au rabais, pour qui les concours sont devenus trop difficiles, une jeunesse qui « réinvente » la langue française en traduisant les oeuvres les plus subtiles dans une « novlangue » qu’ils seront, demain, les seuls à comprendre.
Mais s’exprimer dans une langue que seuls quelques uns comprennent, n’est-ce pas la définition même d’un « nouvel élitisme »???
Alors saluons ces nouvelles « zélites », celles qui transmettront aux générations « métissées » futures, une culture qu’elles pourront acquérir, sans trop d’efforts, en feuilletant des ouvrages adaptés aux « nouvelles pédagogies »: « La culture pour les nuls » est ainsi appelé à devenir un ouvrage de référence pour des générations d’illettrés.
Et remercions Jean Rochefort de nous offrir, avec l’humour froid que nous lui connaissons, un savoureux échantillon de cette « culture », à travers le résumé d’une oeuvre éternelle : Gustave Flaubert peut dormir tranquille. Sa postérité et celle de son oeuvre sont assurées…
Culture

Muray, le pourfendeur de « bobos »…


Couverture CauseurAprès avoir lu, dans « Causeur », l’article d’Elisabeth Lévy concernant la sortie de son « Journal », je décidais, hier soir, de me replonger dans la lecture de Philippe Muray.

J’étais en train de m’assoupir devant les « blablabla » d’une émission télévisée qui n’est pourtant pas la plus stupide du PAF: « C’est dans l’air »débattait sur « comment réussir l’intégration de l’Islam dans la République ».

Autour de Calvi, « l’animateur », toujours les mêmes invités, ou à peu près, venus là, comme le sémillant Christophe Barbier, de l’Express, arborant son foulard rouge emblématique, pour faire leur numéro, dans un mélange étrange d’angélisme prétentieux, de méconnaissance absolue de l’Islam et de la complexité du monde arabe, sauf pour l’un d’entre eux, dont je ne citerai pas le nom, qui est là , comme « Arabe de service », pour servir de caution à ce débat débile, et qui, intérieurement, devait bien se marrer, en entendant autant d’idées simplistes, proférées avec la certitude des ignares, et inspirées par le « prêt-à-penser »dégoulinant qui est devenu le discours officiel de nos médias….

Un de ces »débats » destinés à « endormir » leur public…

Incontestablement, ce soir là, et en ce qui me concerne, le but de l’émission était atteint…pour éviter de sombrer dans l’assoupissement j’ai voulu me rabattre sur la lecture de « l’Express ».

Mal m’en a pris !!!

Je tombe alors sur un article délirant , qui illustre parfaitement l’état des préoccupations des « bobos » parisiens, à l’avant garde de tout, y compris de ce qui a trait au domaine de l’intime de chaque individu, celui de la sexualité. Je cite un extrait : « 

Godes ceinture et bisounours

 » On ne risque donc pas de voir des barres d’écartement et des godes ceinture en rayon pour fêter 50 shades et la Saint Valentin. « Quoique les godes ceinture, on en vend sur le site internet, parce que des gens venaient y taper ce mot-clé. » Pour pouvoir continuer à vendre des sex-toys dans cet environnement bien plus bisounours que les sex-shops porno opaques qui bordent les gares (une spécialité française issue des législations françaises successives), le Passage du Désir fait profil bas. « Quand on a créé la boutique rue du Pont Neuf, on a quand même eu un huissier le jour de l’ouverture… Maintenant on a ouvert un magasin dans un centre commercial à Marseille, entre un Armand Thiery et un Afflelou, qui sont ravis de notre présence. Mais on a toujours du mal à trouver de nouveaux emplacements. »

Bref, petit à petit, le sex-toy fera peut-être son nid, mais il faudra beaucoup plus que 50 nuances, qui a suscité une envie de sex-toys à seulement 14% de ceux qui en ont entendu parler. Quant à l’influence de l’enquête BVA, j’ai pu poser la question à leurs deux sondeurs qui ont piloté cette étude : avez-vous des sex-toys? « Non, pas personnellement, on est plutôt dans la catégorie des ‘pourquoi pas’. D’ailleurs grâce à cette étude, on a eu accès au site du Passage du désir depuis le bureau, qui le censurait jusque là ». » ( Fin de citation ).

Pour lire l’intégrale de ce morceau d’anthologie  emblématique de l’état de nos sociétés « modernes »:http://blogs.lexpress.fr/sexpress/2015/01/31/sex-toys-50-nuances-de-grey-ce-qui-se-vend-le-plus-cest-la-cravate/

Pour sauver ma soirée, il ne me restait plus qu’à trouver refuge dans l’écriture de Muray.

Ceux qui suivent ce blog s’en souviennent peut-être : j’ai à plusieurs reprises commis des articles sur cet auteur contemporain, hélas trop tôt disparu, dont le style, l’humour, la causticité me ravissent depuis que je l’ai découvert :

https://berdepas.wordpress.com/2010/10/03/festivus/

https://berdepas.wordpress.com/2012/01/31/lire-muray-pour-ne-pas-mourir-triste/

J’ai donc relu, quelques pages du « Céline »que Muray consacre à une interrogation, la seule qui vaille en littérature, car l’oeuvre de l’écrivain, une fois livrée aux exégèses de la critique et à celle, plus spontanée, des lecteurs, dépasse très souvent l’homme et ses misérables petits travers.

 » Ou finissait le génie et où commençait le salaud ??? », telle est l’interrogation de Muray, s’agissant de Céline.

Tant il est vrai que notre époque, épouvantée par l’horreur de la « shoah », condamne, sans recours, l’oeuvre de Céline, faisant de cet écrivain une sorte de « damné » de la littérature, comme l’ont été si injustement Mauras, Drieu et Brasillach…

Dès la Préface de son « Céline », Muray s’en prend, une fois de plus, à la « bobocratie » bien-pensante, à cette population de « belles âmes », ignominieuse et innocente que l’on peut voir filer sur ses patins à roulettes dans les villes, éternellement « jeunes », et livrées à l’intellectualisme d’un environnement musical, qui diffuse une « pensée confuse », sous laquelle toute velléité de pensée critique est écrasée dans l’oeuf »….( C’est du Muray !!!).

Le « bobo » parisien est reconnaissable grâce à quelques signes « identitaires »: Il est élégant, mais d’une « élégance négligée », ne porte pas de cravate, mais laisse entrevoir par sa chemise ouverte quelques poils, signes extérieurs de sa virilité. Il porte également une barbe mal taillée, façon baroudeur de salon. En semaine, il roule en 4X4 dans l’ascension des Champs Elysées, qu’il redescend le dimanche, quand il fait beau, en patins à roulettes. Par gros temps, il porte un « cheich » saharien autour du cou. Parfois il pousse l’élégance, dans le détail, jusqu’à porter une pierre précieuse à l’oreille. Abonné à « l’Obs », il suit avec un intérêt amusé les « petites annonces coquines », aujourd’hui dépassées par les réseaux sociaux sur internet….

J’ai relu, avec une jubilation quasi juvénile le passage où il nous rappelle que « trois ou quatre mois avant la parution de ce livre, en mai 1981, le funèbre Mitterrand était entré à l’Elysée; et ce Mitterrand n’était autre que le cheval de Troie à l’intérieur du quel était montée la génération de 1968, qui n’avait fait sa révolution que pour prendre le pouvoir (elle le conserve encore aujourd’hui) au nom de valeurs plus destructrices que celles qu’elle disait avoir abattues alors qu’elles n’étaient déjà plus que des épouvantails. »

« Faute d’exercer encore le contrôle de tout, cette génération ne devait cesser de lancer des appels à la liberté et à la tolérance; et l’on sait que ces sortes d’appels ne sont adressés par les faibles aux plus forts que jusqu’à ce que les faibles se retrouvent en position de force; après quoi, il imposent leur lois scélérates, organisent leur police (de la pensée) et font régner leurs dieux ( celui de la laïcité)…. »(Page 12).

Et plus loin,  » Nul n’avait encore eu l’occasion de découvrir l’air infernal sérieux avec lequel la consultante de conseil en stratégie, le vice-président de start-up, la chargée de communication, le sociologue des mutations urbaines, le responsables des emplois et compétences, la thérapeute spécialisée en réinvestissement libidinal et l’agent de citoyenneté flaqué de son agente de vigilance, tous deux en suivi psychiatrique se déplacent sur leur trottinettes; tandis que tintinnabulent leurs piercings, que gazouillent leurs portables, que protubèrent leurs implants en titane, et que la plupart se demandent avec anxiété si, à la faveur des trente cinq heures, ils vont choisir l’option sport, ou l’option enfant ». ( Page 13 ).

Un peu plus loin encore:  » l’humanité de ce temps-là ne faisait pas régner la terreur victimophile. Elle n’avait pas encore cette assurance de qui a le vent de la modernité dans les voiles quand il s’indigne que le partage des tâches domestiques est encore si monstrueusement inégalitaire, ou quand il donne vaillamment l’alerte sur le réseau parce qu’une esquisse de dérive pédophile, l’ébauche d’un dérapage machiste, homophobe ou xénophobe, font mine de se profiler à l’horizon. Et la terreur de passer pour ringard n’était pas devenue l’unique grande peur de l’an 2000. » (Page 13).

J’ai relu ainsi, une bonne trentaine de pages, dont certaines ont déclenché mon hilarité, ce qui m’a permis d’aller me coucher dans la bonne humeur, et d’échapper à la triste banalité du monde des « racailles vertueuses qui tiennent aujourd’hui le haut du pavé et des aigres pétitionnaires qui ne règnent que pour imposer leurs condamnations morales tempérées d’un ricanement libertin bénin. »( Page 16 ).

Et, bien entendu, je n’ai pas manqué de lancer, dans le silence de la nuit, avant de m’endormir, le fameux « Messieurs les censeurs, bonsoir !!! » de feu Maurice Clavel.

Après Zemmour, Houellebecq !!!!


Pauvres « bobos », la Littérature fait tout pour les contrarier.

Nos « zintellectuels » avachis, qui, s’illustrèrent dans l’éloge du Communisme stalinien, qui adorèrent Mao Tsé Tung comme un nouveau Dieu, qui eurent les yeux de Chimène pour Castro et pour la révolution cubaine, qui applaudirent dans le « quotidien de référence « Le Monde », la victoire de Pol Poth au Cambodge, vont avoir un nouvel os à ronger, et pouvoir montrer leur dents aux « xénophobes racistes » que nous sommes, selon eux….

« Ils » n’ont pas aimé Zemmour et son « Suicide Français ». Il vont pouvoir se livrer aux joies de la détestation de Houellebecq. Ecrivain contesté, notamment pour ses jugements à propos de l’Islam, il n’échappera pas à l’accusation du « délit de sale gueule »…

houellebecqL’écrivain couronné par le Prix Goncourt, pour son dernier roman, se prépare à jeter dans le débat public, un nouveau pavé qui va, à son tour, faire des remous dans le marigot. Le roman qui sera publié dans les premiers jours de Janvier a pour titre « Soumission », ce qui se traduit, en Arabe, par « Islam ».

« Soumission » !!! Un mot qui convient si bien à la France d’aujourd’hui….

Avec son goût talentueux pour la provocation Houellebecq nous décrit, dans son nouvel ouvrage sous la forme d’une fiction, le lent, mais paisible déclin de la société française, ramollie par le cannabis, obsédée par le libertinage, flouée par la corruption de ses « zélites » et endormie par des médias complices. Une montée au « Paradis » pour les uns, une descente en « Enfer » pour les autres, une sorte d’abandon voluptueux à un Islam aseptisé, car « modéré »….

Il y en aura pour tous les goûts. Ceux qui, attirés par les exotismes, les sexualités alternatives, les métissages et autres fariboles y trouveront du grain à moudre. Ceux qui rejettent la perspective d’une société régie par la « Charia » pourront y trouver des éléments pour nourrir leurs fantasmes…

Préparons nous. Le livre par lequel le scandale arrive nous est promis pour les premiers jours de Janvier.

Nous allons assister à un beau déferlement de commentaires. Les politologues, sociologues et autres « blablatologues », vont pouvoir s’en donner à coeur joie.

Mais restons calmes.

La sortie de ce livre, dont le succès en librairie est déjà assuré et rejoindra celui du « Suicide Français »n’est qu’un nouvel épisode: il ne peut qu’inciter au sursaut ceux qui voient venir le danger et refusent de se laisser enfermer dans le déni de réalité que tentent de nous imposer de « pseudo-progressistes » qui nous accusent de voir l’avenir dans un rétroviseur, qui n’accepteront jamais de reconnaître leurs erreurs passées, et qui, si nous les écoutons, nous conduiront droit dans le mur.

Eloge des Livres et de la Lecture.


LivresNotre époque, placée sous le signe du fugitif, du jetable, et de l’éphémère, fait planer une sourde menace sur le Livre. L’apparition des « tablettes »de lecture promues par de puissants intérêts, bouleverse le destin du livre et inquiète les libraires. A juste titre car les générations nouvelles grandissent dans un environnement où le « presse-bouton » devient un geste familier et dispense de bien des efforts.

Et pourtant, le livre continue à avoir ses fidèles. Mais les libraires, les vrais, ceux qui ne se contentent pas de disposer des livres sur des rayons et dans des vitrines, ceux dont la curiosité intellectuelle les incite à lire eux-mêmes, à s’informer sur les bons auteurs, à mettre leur culture au service de leur clientèle, sont devenus rares. Car être « libraire », c’est un vrai métier.

Depuis que le livre est en vente dans les supermarchés, il est devenu un « produit » comme un autre, un « objet de marketing »dont la vente est soumise à des règles qui conditionnent son succès. En « tête de gondole » une oeuvre aura bien plus de chance de rencontrer ses lecteurs , au détriment de telle autre, de qualité littéraire supérieure, mais moins bien exposée à la vente.

Cette évolution m’attriste.

Le livre a été un compagnon fidèle tout  au long de ma vie. J’ai toujours vécu entouré de livres, et aujourd’hui encore, j’ai du mal à trouver une place pour chaque livre que je referme après l’avoir lu, tant les rayons de mes étagères sont encombrées… Et pourtant, j’ai bien du mal à me séparer de mes vieux livres. J’ai même du mal à les prêter à mes amis. Le livre que je referme, après l’avoir lu, devient un objet personnel, précieux, car je lis un stylo-mine à la main, pour mieux me concentrer et souligner certains passages ou annoter certaines pages de remarques personnelles, ou de signes tels que !!! ou ???, qui fixent pour toujours mes réactions, mes acquiescements, ou mes réfutations. Je suis souvent étonné, en rouvrant plusieurs années après, un livre lu il y a très longtemps, par le contenu de mes propres annotations…..

Je crois pouvoir dire que je me suis « construit » intellectuellement en partie grâce aux livres. Enfant, déjà, mon goût de la lecture me poussait à des excès qui suscitaient la réprobation de mes parents: je lisais, après avoir « fait mes devoirs » scolaires, tard dans la nuit. J’en ai conservé l’habitude aujourd’hui. Je me souviens de ma mère, se levant dans la nuit, pour venir à mon chevet et m’enjoindre de dormir après avoir éteint la lumière de ma chambre. Mais, passionné par le sujet de mon livre, j’en poursuivais la lecture en cachette, sous la couverture à l’aide d’une lampe électrique….

Le Général Dourakine, un petit chef d’oeuvre de littérature pour enfants m’a servi d’entrée dans l’oeuvre romanesque de la Comtesse de Ségur. Puis ce fut la Bibliothèque Verte et les oeuvres de Jack London :  » L’Appel de la Forêt » et « Croc Blanc » ont éveillé ma curiosité pour les destinations lointaines, et enrichi mon imaginaire en permettant au petit algérois de Belcourt que j’étais, d’affronter dans de merveilleuses aventures, les froids et la glace du Grand Nord. Pierre Loti m’a fait frissonner de terreur en partageant les dangers affrontés par les « Pêcheurs d’Islande ». Avec lui, j’ai voyagé, au Sénégal, et en Turquie. J’ai ainsi fait la découverte d’une « niche littéraire », celle des écrivains voyageurs que je n’ai plus quittée, pendant de longues années.

Avec Jules Verne, Joseph Conrad, Blaise Cendrars, Joseph Kessel, et bien d’autres encore, j’ai parcouru le monde à une époque où je n’avais pas encore les moyens de voyager. Avec Kessel j’ai su bien des choses sur les moeurs de l’Afghanistan et sur le bouzkachi, avant l’heure des Talibans, de même que j’ai connu Hong-Kong et Macao avant que la Chine n’y installe de nouveau sa souveraineté…Je connaissais Valparaiso et Montevideo, avant même d’y avoir mis les pieds….

J’ai passé des heures passionnantes au côté de Henri de Montfried : ensemble, avec « Abdi, l’Homme à la main coupée », avec « L’enfant Sauvage », nous avons écumé les rivages et percé « Les Secrets de la Mer Rouge », en affrontant pirates et trafiquants en tous genres.

Mais les grands moments de lecture, qui ont plus tard inspiré mon tropisme envers le désert saharien, je les dois à Roger Frison-Roche dont j’ai relu bien des fois « Le Rendez-vous d’Essendilène »,  » La Piste Oubliée », ou « L’Esclave de Dieu ». Plus tard, parcourant le Sahara, de la Mauritanie à la Jordanie, en passant par l’Algérie, bien sûr, mais aussi par la Lybie, je plongerai dans les oeuvres de Théodore Monod dont les récits m’ont appris à aimer les grandes étendues de silence et de solitude….

Devenu adulte mes passions ont évolué et m’ont orienté vers des lectures plus sérieuses: la Philosophie, l’Histoire, la Politique, la Géopolitique ont excité ma curiosité. Les « Vies des Hommes Illustres » de Plutarque, « l’Histoire de l’Empire »de Thiers, « l’Histoire de France » de Jules Michelet, les oeuvres Braudel m’ont fait adorer la France, et ont fait de moi un « zemmourien », avant même que Zemmour ne soit né…

Aujourd’hui encore, je reconnais être assez peu attiré par les oeuvres romanesques, même si j’ai pu consacrer, de temps à autres des heures de loisir à la lecture de Romain Gary ou de Milan Kundera. Et pourtant, comment omettre la passion que m’ont inspiré Chateaubriand et son « Voyage de Paris à Jerusalem », de même que partie de l’oeuvre monumentale de Victor Hugo, de Balzac et de Flaubert et d’Ernest Renan.

Mais, parvenu au soir de ma vie j’essaie, avant de disparaître, de comprendre le monde surprenant dans lequel nous vivons, et d’apercevoir celui dans lequel vivront nos enfants et petits enfants.

La Presse que je parcours chaque jour, avec beaucoup de recul et une certaine défiance, car je la crois beaucoup plus préoccupée de « conditionner » l’opinion, que d’informer, ne suffit pas à satisfaire ma curiosité. Que sont devenues les belles plumes que furent Raymond Aron, François Mauriac, et même dans les années 50, Albert Camus: leurs analyses, leur point de vue sur la société dont ils étaient les contemporains n’ont plus d’équivalent aujourd’hui.

Il m’arrive, entre deux ouvrages récents, de me replonger dans Camus, pour la beauté du style, et pour ses fulgurances dès lors qu’il parle des rivages méditerranéens, de la vie de l’enfant de Belcourt que j’ai été comme lui, de ses professeurs du Lycée Bugeaud, de « L’été à Alger »….

J’aurais pu allonger encore ce billet en citant tant d’autres auteurs qui m’ont procuré le bonheur de lire….

Mais mon but était seulement de dire à tous ceux, et j’en connais autour de moi, qui n’ont presque jamais ouvert un livre dans leur vie, qu’ils se privent, à tort, d’un immense bonheur, pourtant à la portée de tous, qui ne nécessite aucun mérite si ce n’est celui d’avoir des réserves de curiosité, de patience, et le goût de l’évasion.

C’est à eux que je dédie ce billet.

La « Bobocratie » n’aime pas Zemmour !!!


ZemmourCela vous étonne ??? Pas moi.

Alors que je viens de terminer la lecture du « pavé » de plus de 500 pages qu’il a jeté dans le marigot, je comprends mieux l’agressivité, la violence même, de ceux que Zemmour a dû affronter sur de nombreuses chaînes de télévision, dans une sorte de procès « à la stalinienne », où des procureurs à deux balles utilisent tous les artifices de la dialectique marxiste, et les mots les plus violents et les plus blessants, pour tenter de le déstabiliser et de lui faire faire « amende honorable ».

Car les « zintellectuels » de la « bien-pensance » ne font pas le détail quand il s’attaquent à celui qui ose piétiner les idées reçues, que dis-je , assénées depuis tant d’années par ceux qui, du haut de leur magistère intellectuel se sont arrogé le droit de dire ce que l’on a le droit de dire ou de penser. Dans ce monde là, on ne discute qu’avec les gens qui partagent ses idées.

On ne supporte donc pas que l’on puisse s’écarter de « la ligne » devenue « la norme » en matière d’analyse et d’expression politique. On ne débat pas avec celui qui s’en écarte. On cogne.

Et s’il le faut on utilise tout l’arsenal des méthodes éprouvées dans l’univers « totalitaire »: on extrait une citation à partir de laquelle on procède à des extrapolations, à des « manipulations » destinées à discréditer l’ensemble du livre que, manifestement, on n’a même pas lu dans son entier.

Mais peu importe. Le but est d’empêcher que le livre soit lu, afin que les idées « rances » qu’il véhicule ne se diffusent pas.

Car dans ce monde là, on ne lit et n’encourage à lire que les livres qui respectent la norme de la « pensée » autorisée. Car ces « zintellectuels » redoutent ceux qui, dans la petite musique qui est la leur, viennent introduire les quelques bémols qui nuisent au succès de leur « mélodie », la seule autorisée…

Le passage du livre qui a donné lieu au plus grand nombre de contestations horrifiées est celui où Zemmour critique les jugements, devenus « vérités historiques », de l’Américain Praxton historien de l’occupation,qui a longuement analysé, dans un ouvrage célèbre, le rôle de Vichy dans l’extermination de Juifs français.

Les critiques du livre laissent entendre que Zemmour-  le Juif Pied-Noir – aurait tenté de réhabiliter Pétain auquel il attribue un rôle de protecteur des juifs de France, au détriment des juifs étrangers vivant en France. J’ai lu et relu ce passage – qui dans un livre de 544 pages n’occupe que les pages 87 à 93 – et je n’ai trouvé aucun argument tendant, de manière manifeste, à « réhabiliter » le Gouvernement de Vichy.

Par contre j’y ai trouvé de nombreux arguments s’inscrivant en opposition aux thèses radicales de l’Historien américain dont la doxa de l’après-guerre a fait une sorte d’icône dont on ne devrait apprécier les travaux qu’avec une déférence absolue.

Il est clair qu’en concentrant le tir de barrage sur ces quelques pages, on a tenté de discréditer la totalité des thèses de ce livre, ne serait-ce que parce qu’il dénonce les méthodes dialectiques utilisées par une « élite » intellectuelle « soixante-huitarde » dans son combat contre les structures traditionnelles de la société: « dérision, déconstruction, destruction » appliquée à la famille, à la nation, au travail, à l’Etat, à l’école, en s’appuyant sur les thèses de quelques « gourous » en Sciences humaines devenus, avec la complicité des médias, les « maîtres à penser » de notre époque.

En concentrant le débat sur cette douloureuse question, on met de son côté tous ceux qui, à des titres divers ont eu à souffrir de cette période tragique de notre Histoire. Mais en même temps, on esquive tout débat sur les nombreuses questions soulevées par ce livre, et qui bousculent pas mal d’idées reçues et finalement assimilées comme des vérités par une opinion soumise au matraquage permanent du discours convenu, qualifié aujourd’hui de « politiquement correct ».

Dans les confrontations aux quelles j’ai pu assister, il était évident que ce qui semble avoir ulcéré les apôtres de la « bien-pensance », c’est le succès rencontré par le livre, dans un public qui, depuis longtemps attendait que s’exprime, enfin, une voix qui traduise ses frustrations, ses colères, et ses révoltes.

Le peuple de la « majorité silencieuse » a trouvé en Eric Zemmour, un interprète qu’il ne trouvait pas, jusqu’ici, dans le microcosme politique.

Personnellement, même si j’ai quelques reproches mineurs à formuler à son auteur, j’ai apprécié la lecture de ce livre écrit dans un style alerte, facile à lire, un livre qui a fait resurgir de ma mémoire de vieil homme des évènements, des faits, des déclarations, des dates que j’avais oubliées et que l’auteur a su faire revivre en les contextualisant, grâce à une étonnante érudition historique, une culture politique et littéraire peu communes à notre époque, de même que grâce à une capacité d’analyse des phénomènes économiques qui, en exhumant, à partir de circonstances oubliées, les renoncements, les lâchetés, les escroqueries intellectuelles qui ont marqué les années écoulées, explique le processus de déclin de notre pays.

Cette lecture m’a entraîné dans une rétrospective qui couvre un large spectre de mes souvenirs d’observateur engagé de la vie politique de mon pays.

Sa démonstration, Zemmour l’appuie sur l’analyse d’une foule de livres, de documents, de films, d’émissions télévisées, de chansons, qui font partie de nos souvenirs, et qui, selon lui, sont révélateurs de l’évolution de la société française, et marquent les étapes du processus de délitement des valeurs sur lesquelles reposait la cohésion nationale.

Pour ma part, j’ai trouvé quelques chapitres du livre inutilement longs, de même que je n’ai pas toujours apprécié les « redondances » de certains passages où Zemmour semble exprimer , sur les femmes en particulier, des a-priori discutables qui semblent inspirés par des fantasmes assez courants dans l’opinion.

Mais dans l’ensemble, les observations sont justes et correspondent au ressenti de chacun d’entre nous. Ainsi, et à titre d’exemple, comment ne pas avoir observé dans l’expression cinématographique, ou dans la publicité, la tendance nouvelle à mettre en avant des hommes stupides, indécis, ou efféminés face à des femmes fortes, avisées, dégourdies, libérées….La « féminisation » de l’homme dans la représentation qu’en donne certains médias, au cinéma notamment, n’échappera à personne.

Tout au long de cette lecture, j’ai admiré le « sens de la formule » qui fait mouche, les raccourcis suggestifs, la précision du trait lorsqu’il s’agit de caractériser la mièvrerie, l’infantilisme de certaines thèses chez les partisans du discours « officiel » sur l’immigration, du « prêchi-prêcha » sur la « tolérance » sans frein, de ceux qui n’ont pas encore compris que «  »l’Islam » a tout compris et a acquis une vraie expertise dans l’exploitation des « faiblesses » de nos Démocraties.

Ce livre mérite donc son succès, n’en déplaise aux commentateurs et faiseurs d’opinion…

Un succès qui est le désaveu cinglant d’une véritable propagande tendant à promouvoir une société où la virilité est assimilée au machisme,  où le métissage est érigé en inéluctable nécessité, où toute culture venant d’ailleurs est sublimée au détriment de la nôtre dont nous devrions presque avoir honte. Une société dont le salut ne se trouve que dans l’acceptation d’une immigration sans limites , une société dont ceux qui refusent d’accepter ces pseudo-évidences ne méritent que d’être traités de « xénophobes », racistes ou « homophobes », des qualificatifs devenus injures suprêmes qui justifient que ceux qui en sont affligés – « stigmatisés », en quelque sorte -, soient rejetés aux marges d’un peuple silencieux, mais de plus en plus lassé du conformisme hypocrite de la « bien-pensance ».

Contrairement à ce que les commentateurs ont exprimé à travers les médias, ce livre ne sonne pas à mes yeux, l’heure d’un déclin inéluctable, mais bien plutôt l’heure d’un réveil populaire, d’un retour au bon sens, et d’un refus, surgi des profondeurs de notre pays, de se laisser anesthésier par les idées fumeuses de ceux qui, ne parvenant pas à trouver leur juste place dans une société que la mondialisation a transformée en un espace de compétition, tentent d’en saper les fondements en vue de s’emparer de l’opinion, avant de s’emparer d’un pouvoir. Un pouvoir dont, d’ailleurs, ils ne savent que faire dès lors qu’il est entre leurs mains….

« Puisque « le peuple » n’accepte pas nos idées, il ne nous reste plus qu’à « changer le peuple ». C’est du moins ce qu’ils pensent. L’idée n’est pas nouvelle. Berthold Brecht, en pleine période du « communisme triomphant » ne proclamait-il pas :

« J’apprends que le gouvernement estime que le peuple à ‘trahi la confiance du régime’ et ‘devra travailler dur pour regagner la confiance des autorités. A ce stade, ne serait-il plus simple de dissoudre le peuple et d’en élire un autre? »

Mais le peuple français est un vieux peuple, qui a traversé tant d’épreuves, qui, riche de sa longue histoire ne se laisse pas dissoudre aussi facilement que nos « zélites » le souhaiteraient. De plus, il est doté d’un solide « bon sens », qui finit toujours par avoir le dernier mot.

Le succès du livre de Zemmour serait plutôt, à mes yeux, une source d’espoir pour ceux qui ne croient pas que le progrés d’une civilisation nécessite la négation, voire l’abolition des valeurs et des traditions héritées de son passé.

Ce succès serait plutôt le signe annonciateur d’un réveil des forces vives de la République lui-même annonciateur d’un renouveau.

Patience et détermination: telles sont les vertus nécessaires à ceux qui, avec obstination, refusent de céder au « chant des sirènes » d’un progressisme « mondain » devenu, lui, synonyme de décadence…..

Ne lâchons rien !!!

Portrait volé…..


DSC_0216L’instant a été très court. Quelques minutes, tout au plus.

J’attendais mon épouse, assis sur le petit muret qui borde le paséo et qui surplombe la mer. J’écoutais le bruit familier des vagues qui viennent du large, se briser sur les rochers. En contre-bas, un pêcheur à la ligne, optimiste, attendait patiemment que « ça morde ». Pendant ce temps, des enfants, entre huit et douze ans, cherchaient, dans les crevasses des rochers quelque petit crabe égaré en poussant des cris de joie dès qu’un de ces crustacés montrait le bout de ses pinces….

Soudain « elle » m’est apparue. De loin, sa silhouette mince et fragile, au pas hésitant a attiré mon attention.

Baras( Non !!! Ce n’est pas ma Grand-mère dans sa jeunesse. Dommage pour elle. C’est la belle Sarah Barras, chorégraphe et sublime danseuse de Flamenco ).

En une fraction de secondes s’est réveillé en moi, le souvenir de ma grand -mère espagnole. Au fur et à mesure qu’elle approchait je retrouvais l’image de sa raideur et de son port de tête altier, presque hautain, cette allure particulière qui faisait que, enfant j’imaginais ma grand-mère jeune, en superbe danseuse de flamenco….

L’imagination enfantine, toute neuve, embellit tout ce qu’elle effleure….

« Elle » s’est assise sur un banc, à quelques mètres de moi, face à la mer. Silhouette noire, immobile, le regard lointain, elle semblait rêver en regardant les petits nuages s’accumuler au large, et les vagues qui sous une petite brise vespérale, commençaient à « moutonner ». A quoi pouvait-elle penser ?

Puis « elle » a tourné son regard vers la plage où, au soleil couchant, toute une jeunesse, bruyante et gaie, s’attarde pour s’amuser encore un peu, les uns en courant le long de la plage désertée, les autres en jouant dans l’eau à qui ferait couler l’autre, pendant que le reste de la troupe s’affronte dans d’interminables parties de volley-ball.

Alors, je l’ai vue, de face, et j’ai observé son visage ridé, ses yeux noirs au regard mi-sévère, mi-triste, semblant porter un deuil, ses lèves minces, légèrement pincées qui lui donnait cet air hautain qu’avait ma grand-mère, qui pourtant était une femme d’une grande douceur…..

A ce moment-là, un groupe de jeunes filles est passé devant elle, interrompant sans doute sa courte rêverie, et je l’ai vue soudain, plisser son oeil et , le regard amusé, suivre les filles des yeux, pendant qu’elles s’éloignaient.

Les filles, encore à l’âge où la beauté du diable resplendit, étaient en maillot de bain mouillé. Elles riaient aux éclats, dans un gazouillis de mots échangés, parlant toutes en même temps, très vite, à la manière espagnole, sans que je puisse comprendre ce qui les faisait tant rire.

Alors, j’ai surpris sur le visage de cette vieille femme, un sourire qui s’esquissait.

Mon imagination m’a suggéré qu’elle se revoyait, autrefois jeune et belle. Comme toutes les Espagnoles, elle adorait sans doute la « playa »et ces moments où, après une journée passée à se baigner sous le soleil de plomb, les filles se groupent en cercle, à la fraîcheur du soir, sur le sable encore humide, pour bavarder, échanger quelques confidences, agrémentées de commentaires coquins sur les garçons, qui un peu plus loin jouent au foot sur le sable…..

Puis « elle » s’est levée, et passant devant moi, sans me voir,  elle est repartie de son pas, toujours aussi hésitant, mais toujours avec cette fière allure qu’ont parfois les femmes espagnoles. Entièrement vêtue de noir, comme ma grand-mère, il ne lui manquait plus que cette fleur blanche que mon aïeule plantait toujours dans ses cheveux….

J’ai failli me lever pour lui parler. Mais pour lui dire quoi ??? Cette femme pouvait avoir soixante-dix ans, un âge que ma grand-mère, hélas, n’a pu atteindre. Elle semblait vouloir faire, comme dans un rituel solitaire, la promenade sur le paséo, qu’elle a dû faire cent fois, avant d’être veuve, avec celui qui avait accompagné sa vie. Je n’ai pas osé .

« Elle » s’est éloignée, dans le soleil couchant, et je l’ai suivie des yeux . De son pas lent, elle s’est fondue dans la foule des promeneurs, et j’ai vu sa silhouette digne mais fragile disparaître….

A ce moment, mon épouse est venue me rejoindre pour notre marche quotidienne, le long de la mer, où nous faisons notre provision d’air frais et remplissons nos poumons du parfum des embruns mélangé à celui des algues humides….

A notre tour, nous nous sommes fondus dans la foule des promeneurs du soir, en marchant d’un pas rythmé, alors que, dans ma tête se bousculaient des souvenirs de jeunesse dans les quels ma grand-mère était encore présente : elle avait déjà ce regard lointain de la vieille dame, quand elle nous regardait jouer au ballon sur la plage…..

De retour à la maison, les souvenirs ont continué à m’envahir, par vagues successives .

Je me suis souvenu du temps où, lorsque j’étais enfant, ma grand-mère nous amenait, mon frère et moi, à la plage au Deux-Moulins, tout près d’Alger. Assise sur le sable elle nous regardait barboter entre deux petites vagues au bord de l’eau. de temps à autres, elle nous appelait, pour nous sécher dans une de ce serviettes blanches que l’on ne trouve plus aujourd’hui dans le commerce: des « nids d’abeilles », si ma mémoire est bonne.

Puis elle sortait de son panier – son « couffin » disait-elle – enveloppées dans un torchon, des madeleines qu’elle confectionnait avec amour. Des madeleines !!! Les mêmes que celles que je trempais dans mon café au lait, au retour de l’école….

Cela m’a évidemment ramené vers Proust, qui sait si bien évoquer, avec une riche palette de mots ces souvenirs enfouis qui surgissent du fond de notre mémoire où on les croyait enfouis à jamais…. Et dans le silence de la nuit, pendant que sur la terrasse les parfums de jasmin, de « galan de noche », de thym, de romarin fraîchement arrosé envahissaient l’espace, j’ai rouvert Proust, à la page de « la madeleine », pour relire le passage si souvent évoqué….. Je cite:

« Ce goût, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelé avant que je n’y eusse goûté ; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d’autres plus récents ; peut-être parce que, de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s’était désagrégé ; les formes – et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel sous son plissage sévère et dévot – s’étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d’expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. » ( Fin de citation ).
Proust. « Du côté de chez Swann ».

Aldous Huxley.


Huxley

Il m’est arrivé fréquemment, sur ce blog, de citer Aldous Huxley, dont les oeuvres qui font partie de mes lectures d’été favorites, sont, à mes yeux, prémonitoires. Je le cite chaque fois que les circonstances ou le contexte de la vie politique française me semblent justifier de faire en sorte que cet auteur ne tombe pas dans l’oubli.

On ne peut s’empêcher de rapprocher l’anticipation de Huxley dans son imaginaire « Meilleur des Mondes », de la prétention de celui qui s’était promis de « ré-enchanter le rêve français »….

Je l’ai « invoqué » lorsque les Socialistes au pouvoir, en France, ont été pris d’une crise sémantique, qui selon un processus dénoncé avec talent par Aldous Huxley, se sont attaqués à la réforme de notre vocabulaire, en préconisant, par exemple, la suppression du mot race dans notre Constitution et en élevant des tabous multiples autour de certains mots jugés « discriminants » ou « stigmatisants »…..Le chantage à l’islamophobie en est une illustration. Parmi d’autres.

Il est clair que les mots étant le prolongement naturel de la pensée, si l’on veut réduire le champ de la liberté de penser, il faut s’attaquer aux mots qui sont le véhicule de cette pensée. La tentation totalitariste est incompatible avec l’acceptation du moindre espace de liberté susceptible de contrarier « le projet de société » socialiste.

On se référera à :  https://berdepas.wordpress.com/2014/01/23/novlangue-2/.

J’ai aussi invoqué Orwell, tout aussi prémonitoire, et son légendaire « Big Brother », lorsque sont apparues les tentations d’espionner le citoyen sous des prétextes « vertueux », qui se manifestent par des écoutes téléphoniques qui frôlent l’illégalité mais que l’on justifie toujours par des motifs « vertueux ». Sous Mitterrand, ces écoutes participaient à une sorte de délire de méfiance à l’égard de toute personne susceptible, par ses propos d’attenter à l’image « vertueuse » du Président. Les écoutes « à filet dérivant » dont Sarkozy et son Avocat sont l’objet, sont également habillées de la même intention vertueuse: en fait Sarkozy est devenu l’obsession d’une Gauche qui se sait en perdition et qui sait qu’il est probablement le seul, malgré tous ses défauts, à pouvoir rassembler la Droite, du centre jusqu’à la frontière des extrêmes…Il faut donc l’abattre, car il est devenu un obstacle majeur sur la route d’un « socialisme triomphant » !!!

(https://berdepas.wordpress.com/2013/06/27/big-brother/)

J’ai éprouvé le besoin, ces derniers jours de replonger dans la lecture du « Meilleur des Mondes ».

J’ai retrouvé dans le texte d’Aldous Huxley des accents, notamment dans les premières pages du livre où il évoque des « manipulations génétiques » qui rappellent les élucubrations de ceux pour qui la GPA représente une perspective incontournable dans l’évolution de notre humanité. . Rappelons que « Le Meilleur des Mondes » date de 1932…..

Huxley n’est pas le seul auteur à avoir , par ses anticipations, laissé entrevoir le monde qui nous guette, et dont rêvent tout un grouillement de « pédagogues », de « sociologues » et de politiciens prétendûment « progressistes ».

Dans un texte souvent attribué – par erreur – à Huxley, tant il exprime avec une sorte de dérision amère le fil conducteur de la philosophie de Huxley,  Serge Carfantan, aurait décrit le processus de « dépersonnalisation » de l’individu par lequel ces « progressistes » croient nécessaire de passer pour permettre à « l’Homme Nouveau » d’émerger :

« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées.« 

Cela ne vous rappelle rien ??? L’ABCD de l’égalité, par exemple, ça ne vous dit rien ???

« Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser.« 

Car il est clair que « les gens qui pensent » sont des gens dangereux.

« On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.« 

Comment ne pas voir que la sexualité a envahi notre quotidien, à travers les médias, le cinéma, la publicité et même, … la Littérature ???

« Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur. L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. »

D’où le mesage, martelé sur ce blog : « Français, réveillez-vous ». Et ne tardez pas à vous réveiller, car un beau matin, il sera trop tard !!!!

« Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutienne devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant, qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir. »

Il y a très probablement des « belles âmes » pour considérer que mes écrits, qui, sur ce blog « politiquement incorrect », » mettent en cause le système« , comme des « écrits subversifs ».

Et je sais que, dans l’ombre, veillent des « modérateurs »attentifs, et des cellules discrètes qui passent au crible tout ce qui se publie dans les « réseaux sociaux », à l’affût de tout ce qui peut contrarier les intentions de ceux qui, incapables de s’adapter au monde tel qu’il est, ne rêvent que de changer le monde pour qu’il se plie à leurs rêves….

Car « ré-enchanter le rêve français » n’est pas chose facile, dans un monde sur lequel « ils » n’ont aucune prise….

(1).- J’utilise le conditionnel car l’attribution de cette citation semble controversée : http://ab2t.blogspot.com.es/2014/01/texte-de-huxley-1931-cest-plutot.html

PS: Merci à Frederic, un lecteur qui par ses commentaires m’a permis de corriger mon texte initial qui comportait une grave erreur dans l’attribution à Huxley de la citation dont l’auteur est ??? Réponse: http://ab2t.blogspot.com.es/2014/01/texte-de-huxley-1931-cest-plutot.html

Buonaparte.


Bonaparte

Je suis plongé depuis plusieurs jours dans la lecture passionnante d’une volumineuse biographie ( 683 pages ) de « Bonaparte » de Patrice Gueniffey ( nrf Gallimard ). Une de plus. Car les biographies de ce personnage de légende n’ont pas manqué depuis la fin du règne de Napoléon….

Ce livre retrace l’histoire du jeune Bonaparte, avant qu’il ne devienne L’Empereur Napoléon. Une histoire qui partant de la période peu connue, car rarement évoquée, des années d’enfance corse, jusqu’à la proclamation du Consulat à vie, en 1802, où, avant de s’arroger le titre d’Empereur, il rétablit à son profit une forme nouvelle de monarchie héréditaire.

Toute la trame du Livre repose sur la recherche, par l’auteur, des ressorts profonds de la mutation du personnage de Bonaparte, avant qu’il ne devienne Napoléon.

On est frappé, tout au long de cet ouvrage, par la vulnérabilité sentimentale de ce personnage, amoureux fou de celle qui va accompagner son ascension, et la servir. Et l’ascension de Bonaparte a été bien plus laborieuse que ne nous l’ont enseigné nos professeurs d’Histoire !!!Il a dû affronter les railleries de ceux qui, à Paris, trouvaient son accent corse ridicule, se moquaient de sa petite taille, de son manque d’élégance vestimentaire, et pardessus tout lui reprochaient ses origines corses, venant d’une île fraîchement rattachée à la France, après s’être battue pour son indépendance.

Il a dû ruser, intriguer, se servant de ses amitiés parmi lesquelles, Robespierre, puis négocier avec les membres du Directoire, éliminer des concurrents en jouant des coudes pour obtenir le commandement des Armées pendant la campagne d’Italie où il révélera au Directoire, impressionné par ses victoires, ses qualités de stratège hors-pair, mais aussi son art de gouverner, tel un élève de Machiavel, qui faisait merveille dans les Etats nouvellement conquis sur le front italien.

En fait cet ouvrage s’attarde plus sur l’aventure du Bonaparte Premier Consul que sur le chef de guerre.

Devenu Premier Consul, il s’appliquera à relever les ruines héritées de la Révolution, » avec une intelligence, une énergie et une efficacité incomparables ».

Car au passage, l’auteur évoque le terreau sur lequel l’arbre napoléonien va planter ses racines. La terreur, l’hystérie des révolutionnaires, les batailles livrées contre les monarchies européennes horrifiées par ce qui se passe en France, ont laissé une France exsangue, épuisée, privée d’une partie de ses élites qui ont dû émigrer pour fuir la guillotine.

La France est surtout un pays divisé, car il est faux de laisser croire, selon la Légende répandue depuis la IIIème République, que l’euphorie révolutionnaire est partagée par tout le pays.

Dans le tréfond de l’âme populaire subsiste une réticence à l’égard de ceux qui ont tué, volé, pillé partout où se trouvaient des richesses accumulées au cours des siècles par la grande et la petite noblesse. De même que le peuple perçoit, confusément que, à l’arbitraire de la Justice royale, se substitue une Justice révolutionnaire tout aussi suspecte par son sectarisme. De même, également, que la volonté de quelques illuminés de supprimer,- au nom des Lumières (!!!!)- toute trace du culte catholique consacré à l’amour du Christ, au nom d’un Dieu tout Puissant, pour le remplacer par le culte fumeux de « l’Etre Suprême » se heurte à un scepticisme répandu….

C’est sans doute de cette époque que datent les symptômes d’une profonde division des Français, en deux camps, le camp vainqueur, celui des insurgés, ne concevant l’achèvement de son oeuvre qu’après avoir détruit l’autre camp, le tout au nom de valeurs et d’un discours qui tranchent avec la réalité historique. Combien d’innocents auront péri, sous la Terreur, pour avoir été dénoncés par des libelles circulant en sous-main, pour des crimes qu’ils n’avaient pas commis…..

C’est de cette époque que date la difficulté, pour les Français, d’accéder à un dialogue social apaisé: la « Révolution » a profondément marqué la culture de ce pays, éternellement partagé en deux camps s’affrontant dans un rapport de force qui doit nécessairement faire plier l’autre ou le détruire, ce qui exclue toute perspective de compromis, le terme de « compromis » lui même étant entaché de suspicion de trahison….

Bonaparte a parfaitement analysé la situation du pays. Il sait que pour accomplir son destin de conquérant, il a besoin d’un France rassemblée, car la France n’est jamais aussi forte que quand elle est rassemblée. Pour cela, la France a besoin de transcender ses divisions dans une sorte de fuite en avant, à la recherche de la gloire,et du prestige de la Victoire. Les Français, pour rester unis, ont besoin d’un ciment, et ce ciment, c’est la fierté que leur inspire leur pays au quel ils attribuent une vocation à servir d’exemple Universel.

Il a compris également que la Révolution n’avait pas réussi à anéantir l’attachement des Français au prestige monarchique ; c’est cela qui le conduira sur la pente du pouvoir personnel. Et c’est sur cet attachement que Bonaparte s’appuiera pour légitimer son couronnement.

L’éditeur nous annonce que ce « Bonaparte » sera suivi d’un « Napoléon » du même auteur.

Je dois à la franchise de dire que j’ai toujours trouvé le personnage de Bonaparte intéressant, sinon attachant, alors que celui de Napoléon, Empereur des Français m’est apparu, au fil du temps, beaucoup moins sympathique. Je le rends responsable, à son tour de l’affaiblissement de la France qui, pour servir ses ambitions et son orgueil, a sacrifié les meilleurs et les plus courageux,  de ses hommes.

Mais Bonaparte reste, dans l’imaginaire des Français, comme le modèle de « l’homme providentiel », qui surgit à un moment de leur Histoire, pour accomplir un destin d’exception, et empêcher le pays de sombrer dans l’irrémédiable déclin où l’entraînent des « illuminés », qui, après s’être emparés du « message des Lumières » pour en détourner le sens à leur profit, ont l’étrange conviction d’être, seuls, au service du Bien….

Toqué de Tocqueville…


 

J’ai repris goût à la lecture de Tocqueville.

Cet auteur, un peu oublié, qui a fait, à la fois, oeuvre d’historien et de sociologue, observe avec une acuité inouïe, les réalités sociales. Nous manquons aujourd’hui de ces esprits éclairés, héritiers intellectuels des Lumières, capables d’analyser les rapports entre les Sociétés et leurs Institutions, sans préjugés idéologiques, et en particulier, sans le préjugé marxiste qui a pesé si lourd dans les travaux de la « classe intellectuelle » de notre époque.

Depuis peu, je me tourne vers les « classiques » qui ont marqué la pensée française, et  dont l’empreinte imprègne notre culture, celle que nous ont transmis nos maîtres, ces hussards de la République dont l’espèce a disparu. Ceux qui ont fait de nous, ce que nous sommes devenus.

Car je suis déçu, trop souvent, par nos auteurs contemporains, par leur manque de recul, chez certains, par leur « conditionnement »intellectuel, chez d’autres, et surtout par leur obsession de ne pas s’écarter des modes, d’une certaine forme de conformisme sous peine d’être « massacrés » par les critiques et ignorés par les médias, ce qui à notre époque est un signe de mort littéraire certaine. Car malheur à l’auteur qui n’est pas en faveur dans les médias.

En 1831, Alexis de Tocqueville se rend aux Etats-Unis, pour un voyage d’études sur le système pénitentiare américain. En réalité, il a d’autres visées, car il veut vérifier le bien-fondé de ses idées politiques: il est convaincu que les sociétés occidentales seront entrainées dans un processus irrésistible de démocratisation.

Pour ce faire, il se rend aux Etats-Unis qui, indépendants depuis 1776, sont devenus le pays le plus démocratique de l’époque.

Je ne possède malheureusement pas dans ma bibliothèque, le premier volume , paru en 1835 de « De la Démocratie en Amérique ». J’ai donc plongé dans le deuxième volume, paru en 1840, que j’avais acquis, il y a bien longtemps chez un bouquiniste parisien dans une édition originale, et qui contient, en exergue, une dédicace galante à une jeune femme inconnue…..

Tocqueville y montre comment se forme, dans une démocratie, un « esprit public », c’est-à-dire un ensemble d’idées, de sentiments et de moeurs partagés, qui contribuent à forger la cohésion d’un peuple.

Il s’interroge sur la manière de concilier « liberté et égalité ». 

Mais il dénonce aussi, dans des pages quasi prophétiques, les périls qui menacent les démocraties, vulnérabilisées par leurs propres Lois.

Je n’ai pu m’empêcher, à plusieurs reprises, en lisant ce Tome II de « De la Démocratie en Amérique », de faire des parralèles avec les menaces qui pèsent sur nos sociétés actuelles.

Je le cite:

 » J’ai choisi le pays chez qui la démocratie a atteint le niveau le plus complet et le plus paisible afin d’en discerner  clairement les conséquences naturelles et d’apercevoir, s’il se peut, les moyens de la rendre profitable aux hommes. J’avoue que dans l’Amérique, j’ai vu plus que l’Amérique: j’y ai cherché une image de la démocratie elle-même, de son caractère, de ses préjugés, de ses passions; j’ai voulu la connaître, ne fût-ce que pour savoir au moins  ce que nous devions espérer ou craindre d’elle ».( Page 86 ).

« L’un des caractères distinctifs des siècles démocratiques, c’est le goût qu’y éprouvent tous les hommes pour les succès faciles et les jouissances présentes. Ceci se retrouve dans les carrières intellectuelles comme dans toutes les autres. La plupart de ceux qui vivent dans les temps d’égalité sont pleins d’une ambition à la fois vive et molle: ils veulent obtenir sur-le-champ de grands succès, mais ils désireraient se dispenser de grands efforts ».( page 128).

Quoi de plus actuel, dans nos démocraties que ce goût pour « la fuite en avant », le refus des sacrifices, l’égoïsme générationel, et le déni des réalités ????

Plus loin, Tocqueville écrit:

 » Tous les autres peuples ( ndlr:  les européens ),  paraissent avoir atteint à peu près les limites que la nature leur a tracées, et n’avoir plus qu’à conserver ». (Page 138 ).

Comment ne pas songer à la lutte desespérée des peuples d’Europe, – dont aujourd’hui deux générations n’ont pas connu la guerre et les sacrifices qu’elle impose -, pour conserver des avantages acquis, au temps de la croissance qui permettait à tous, d’espérer un avenir meilleur ???

Il faut relire Tocqueville, en méditant sur les dangers qui planent sur nos démocraties, qui sont désormais contestée de l’intérieur, et confrontées à l’habileté de ceux qui se servent des Lois qui fondent notre cohésion pour combattre les fondements mêmes de l’édifice pour lequel tant de sang a été versé par ceux qui nous ont précédé.