Hier soir, autour de minuit, après la victoire du Paris-Saint Germain en Coupe de la Ligue, je me suis plongé, comme très souvent, profitant du silence de la nuit, dans la lecture.
Tirées au hasard de ma bibliothèque, j’ai feuilleté les Oeuvres de Voltaire dans la collection de la Pléïade. Un moment de bien-être intellectuel, comme seuls nos grands classiques peuvent nous en procurer: une écriture dont la richesse, la précision, la puissance évocatrice utilise tous les ressorts de la beauté de notre langue.
Relire les Grands Classiques, cela vous rend modeste . En même temps, vous prenez au bout de quelques pages, la mesure de la vacuité intellectuelle de notre époque…
J’ai toujours été passionné par Voltaire, que j’ai évoqué dans de nombreux billets sur ce blog… et même sur des blogs antérieurs…. On en trouvera la trace sous:
https://berdepas.wordpress.com/2009/03/18/voltairien-je-suis/
https://berdepas.wordpress.com/2010/07/29/voltairien-je-suis-reste/
https://berdepas.wordpress.com/2008/05/04/onfray-pas-pire/
Par contre, je n’ai jamais partagé l’enthousiasme que suscite chez certains, Jean-Jacques Rousseau, qui évoque pour moi l’illusion d’un monde irréel, celui de « Paul et Virginie », et l’utopie révolutionnaire avec ses excès, et ses dérives criminelles. Ne dit-on pas que Rousseau fut l’inspirateur de Robespierre et la caution morale de la Terreur, au nom, paradoxalement, d’une idéologie angéliste ??? En tout cas c’est ce que prétendent François Furet et Mona Ouzouf, dans le « Dictionnaire Critique de la Révolution Française ».
Feuilleter Voltaire, c’est réveiller, évidemment, des souvenirs scolaires : Mr Poupon, ce professeur de Lettres, – communiste, et néanmoins excellent pédagogue – qui semblait me détester parce que je portais un nom à particule, et qui tournait en dérision, devant toute la classe de seconde C du Lycée Bugeaud, à Alger, le texte de ma dissertation sur l’oeuvre et la place comparées de Voltaire et de Rousseau dans la Littérature française.
Ce matin, je découvre dans le Figaro et dans Le Point, deux articles évoquant le livre que Philippe Val consacre à la Gauche et au vide idéologique dont elle souffre depuis quelques décennies : http://www.lepoint.fr/politique/philippe-val-etrille-la-bien-pensance-de-gauche-02-04-2015-1918227_20.php
Selon Philippe Val la Gauche souffre du fardeau de l’héritage intellectuel de Rousseau, qui attribue à « la Société » tous les maux dont souffre l’Homme. Il considère que cet héritage a conduit à donner une trop large place au « sociologisme ».
Je le cite : » C’est le vrai chic paradoxal : on transforme les victimes en coupables et les coupables en victimes. Voilà à quelle aberration aboutit le sociologisme. C’est la même démarche rousseauiste. Et cette mécanique intellectuelle – qui consiste à faire du « système » le bouc émissaire et retire aux individus la responsabilité de leur destin – conduit, de fil en aiguille, à désigner la société, puis les « riches », « la droite », « la gauche bourgeoise », et finalement dégénère jusqu’à la désignation du bouc émissaire ultime : les juifs. Le sociologisme ouvre la porte à tous les complotismes. C’est le malaise dans l’inculture. »
Inutile de dire que le livre de Philippe Val va faire du bruit dans le Landerneau des « zintellectuels »autoproclamés.
Pour ma part j’ai retrouvé, dans le propos de Philippe Val, les accents de mon Professeur de Philo, Mr Alavoine, en classe de Math Elem, toujours au Lycée Bugeaud, à Alger, dans les années 50.
Selon lui l’Homme de gauche est convaincu qu’il est naturellement bon et que c’est la « Société » qui le corrompt, alors que l’homme de Droite, considère qu’en vertu du « péché originel » l’Homme est naturellement mauvais et que seul un travail sur lui-même, un effort personnel, et constant, de discipline et de volonté de progresser, lui permet d’échapper à ses mauvais démons.
Lisant et relisant ces articles, je me suis dit qu’après le cri d’alerte de Finkielkraut, après le coup de gueule de Onfray, après le succès, – malgré les efforts des médias pour le démolir -, du livre de Zemmour, il semblerait que l’on assiste à la fin d’un cycle au cours duquel une pseudo-intelligentsia, nourrie au biberon du Rousseau des Lumières, du marxisme-léninisme, puis du trotskysme, et enfin du castrisme, a imposé son règne sans partage et sans la moindre tolérance à l’égard de ceux qui ne pensaient pas comme elle.
Pratiquant l’invective, l’insulte, le mépris à l’égard de tout ceux qui osent s’opposer à ses élucubrations, cette « intelligentsia » soutenue par une classe médiatique formatée sur les mêmes critères, ces sociologues, et philosophes auto-proclamés voient aujourd’hui leur audience de plus en plus suspectée.
Ceux qui refont et racontent l’Histoire à leur manière, accusent, culpabilisent, absolvent comme le clergé d’autrefois, ne sont plus écoutés que par une fraction minoritaire du peuple français, qui s’intéresse de plus en plus à ceux qui tentent de faire souffler un vent nouveau et un peu d’air frais sur la vie intellectuelle française.
Peut-être sommes-nous en train d’assister à la fin d’une époque…..Le catéchisme intellectuel d’une gauche en perte de repères, n’a plus d’impact sur ceux auxquels il est destiné : le peuple a perdu la foi dans « les lendemains qui chantent ».
Nous entrons dans une époque où le vide intellectuel de la Gauche enfante un vide idéologique que son arrogance coutumière ne réussit plus à masquer. Alors qu’à Droite, les repères identitaires sont menacés et suscitent une angoisse aggravée par le vide spirituel d’un peuple qui a perdu la Foi, et qui ne croyant plus en rien, finit par ne plus croire en lui-même….
« La Gauche se meurt parce que, elle n’est plus assez inventive: la sociologie de ses élites est devenue trop homogène; elle ne permet pas suffisamment à la classe moyenne, y compris éduquée, d’accéder aux postes décisionnels.«
Il n’y a plus d’idées créatrices dans la classe politique française.
Relisez Voltaire et ses « Lettres Philosophiques », si vous voulez retrouver confiance en l’Homme. Voltaire enseigne avec une lucidité alerte, comment assumer la place de l’Homme dans l’aventure moderne de l’Humanité.
Relisez le petit « Traité sur la tolérance » pour retrouver le sens profond de ce que devrait être la Laïcité.
Mais relisez surtout, en quelques pages, « le Fanatisme ou Mahomet le prophète ». Une oeuvre tragique qui ferait, sans aucun doute, aujourd’hui, l’objet d’une « fatwa » interdisant sa publication.
Voltaire était « Charlie » bien avant l’heure, car sa tragédie souleva déjà à son époque des cabales que ne renieraient pas les encenseurs d’un « islam modéré ».
Je le cite » Mais qu’un marchand de chameaux excite une sédition dans sa bourgade, qu’associé à quelques malheureux coracites, il leur persuade qu’il s’entretient avec l’ange Gabriel; qu’il se vante d’avoir été ravi au ciel, et d’y avoir reçu une partie de ce livre inintelligible qui fait frémir le sens commun à chaque page; que pour faire respecter ce livre, il porte dans sa patrie le fer et la flamme, qu’il égorge les pères, qu’il ravisse les filles, qu’il donne aux vaincus le choix de sa religion ou de la mort, c’est assurément ce que nul homme ne peut excuser, à moins qu’il ne soit né turc, et que la superstition n’étouffe en lui toute lumière naturelle » ( Fin de citation. tiré de la « Lettre à sa Majesté le Roi de Prusse. Rotterdam, 20 Janvier 1942).
En feuilletant ces quelques pages vous retrouverez la justification d’une défiance absolue envers ceux qui prétendent que l’Islam trouvera sa place, en France, dans le respect de notre culture, de nos traditions et de nos Lois.
Vous y trouverez les raisons de vous méfier d’un angélisme inspiré des « idées généreuses » de Rousseau et des « Lumières ». Et surtout, vous découvrirez comment, au nom d’une prétendue tolérance, on glisse, dans une société déboussolée, vers une intolérance absolue, et au mépris répandu par ceux qui ne tolèrent pas ceux qui ne pensent pas comme eux ….
Vous comprendrez mieux pourquoi les générations actuelles, – « rousseauistes » sans le savoir, car elles sont « formatées » dès l’école, leurs parents ayant « délégué » leur éducation à des idéologues adeptes d’une pédagogie sectariste, – sont devenues cyniquement égoïstes, matérialistes, festives et dévoyées, méprisant copieusement leurs ancêtres, leurs parents, leur employeur, leur maire, leur président, et plus généralement, les institutions de la société civile à un degré inouï, jamais atteint dans l’histoire moderne. La « culture de masse », en a fait des êtres cramponnés à « leurs droits », oublieux de tous les devoirs, des êtres sans foi, sans naïveté, et sans espoir….Une génération qui, à aucun moment de sa vie ne s’est posé la question de savoir ce qu’elle peut faire pour la fierté et le bonheur de ses parents, celui de sa famille, et encore moins celui de son pays, dont elle attend tout estimant qu’elle n’a rien à lui donner….