
Depuis que « ils » sont convaincus que l’Histoire avait un sens, » ils » mènent un combat acharné contre « le sens des mots »: « puisque nous sommes impuissants à changer « les choses », changeons « les mots » !!!
Ainsi, la France est devenue, – depuis qu’ils exercent leur magistère intellectuel sur tout ce qui réfléchit -, le pays où il n’y a plus ni sourds, ni aveugles, ni infirmes, ni éboueurs, ni femmes de ménage, ni prostituées, ni noirs, ni…..
Ces mots ont été remplacés par d’autres mots, dans la dialectique de ceux qui croient pouvoir manipuler les esprits, en manipulant le sens des mots : les « malentendants », les « non-voyants », les « handicapés », les « techniciens » et « techniciennes de surface », les « assistantes ménagères », les « travailleuses du sexe », les « blacks », et j’en passe…..se sont substitués, dans notre vocabulaire, à des appellations dont l’évocation, inspirait, précédemment, à certains, des sentiments de commisération, de dédain, voire de mépris.
Cette substitution obéit au besoin impérieux de persuader les sceptiques que dans un monde où « tout se vaut », nous sommes tous pareils et tout ce qui distingue de « l’autre » est « stigmatisant ».
Mais ces substitutions se sont opérées, sans que rien ne change, hélas, à la « nature des choses » ni à la condition des gens. On pourra toujours donner au chat l’appellation « d’animal domestique appartenant à la catégorie des félins »!!! Cela n’empêchera pas qu’un chat restera toujours, un chat …..
Nous sommes ainsi passés, sans nous en rendre compte, du « magistère » intellectuel à la « magie » tout court, une magie qui gagne du terrain depuis que s’installe, peu à peu, l’illusion qu’en supprimant « le mot », on supprime « les maux » qu’il évoque.
Les socialistes, sont devenus les « magiciens » de notre époque: ceux par qui les maux s’évanouissent en changeant de nom.
Cette « épuration » du vocabulaire a un objectif discutable: certes on peut souhaiter supprimer l’usage de termes qui, au fil du temps étaient devenus « discriminatoires ». Cette démarche révèle, néanmoins, des arrières-pensées aux connotations « totalitaristes ».
Après tout, on peut admettre le principe d’exclure de la langue officielle, ou du vocabulaire administratif, des termes considérés comme injurieux ou discriminatoires. L’important est de ne pas aller au-delà de certaines limites, et de ne pas sombrer dans le ridicule.
Qui ne se souvient de la « langue de bois » et de ses effets comiques involontaires ?
Les « staliniens » et avant eux les « nazis » avaient tenté d’instituer une sorte de « novlangue »destinée à exclure certains mots de la langue parlée, en raison des idées qu’ils véhiculaient, ou parce qu’ils symbolisaient une culture « bourgeoise », « dangereuse pour les classes « populaires »… Les « Maoistes » avaient obéi aux mêmes réflexes d’éradication de tout ce qui, dans le vocabulaire, rattache aux racines et aux traditions de la société chinoise….Les mêmes Maoistes, transplantés à Saint-Germain des Prés ont quelques fois cédé à la tentation de nous imposer d’autres mots qui sont devenus, avec le temps, des symboles des années d’oppression….
Ainsi, donc, François Hollande, obéissant aux mêmes réflexes, a inscrit dans son programme la suppression du mot « race » qui figure dans notre Constitution.
On peut supposer que cette idée repose sur l’hypothèse selon laquelle le racisme résulte de la reconnaissance de l’existence des races : en supprimant le mot race, on supprimerait donc l’idée que les races existent, ce qui contribuerait à faire reculer le racisme.
Une idée saugrenue. Car on ne parviendra jamais à supprimer, dans les esprits, un sentiment qui échappe à toute rationalité, et une aversion ou une crainte naturelle et quasi incontrôlable que l’on peut éprouver à l’égard de celui qui est différent.
Certes, le mot race a servi à désigner des groupes humains prétendument inférieurs au nôtre, jusqu’à prétendre qu’elles n’appartenaient pas à l’espèce humaine.
Mais il s’agit, de mon point de vue, d’un détournement abusif du sens de ce mot.
Car il se trouve que le mot « race » a été utilisé de tous temps, y compris par les plus respectables des tenants du monogénisme, sans sous-entendre la moindre infériorité de certaines d’entre elles par rapport à d’autres.
Ainsi, pour Darwin , le père incontesté de la théorie de l’évolution« La question de savoir si l’humanité se compose d’une ou de plusieurs espèces a ces dernières années été beaucoup discutée par les anthropologues, qui se sont répartis entre deux écoles le monogénisme et le polygénisme. Ceux qui n’admettent pas le principe de l’évolution doivent considérer les espèces comme des créations distinctes, ou en quelque sorte comme des entités distinctes, et ils doivent décider quels sont les types d’hommes qu’ils considèrent comme des espèces par l’analogie avec la méthode généralement appliquée pour classer les êtres organiques en espèces. (…) Les naturalistes, d’autre part, qui admettent le principe de l’évolution, et cela est maintenant admis par la majorité des hommes de progrès, n’hésiteront pas à considérer que toutes les races humaines sont les descendants d’un stock unique primitif; Ils peuvent ou non croire bon de désigner les races comme des espèces distinctes, afin d’exprimer leur différence.» Darwin, La descendance de l’Homme .
Pareillement, chez Claude Lévy-Strauss, la diversité des cultures, la place de la civilisation occidentale dans le déroulement historique et le rôle du hasard, la relativité de l’idée de progrès, sont les thèmes majeurs de ‘Race et histoire’. Dans ce texte court, clair et précis, à la portée de tout lecteur, apparaissent quelques uns des principes sur lesquels se fonde le structuralisme.
« Race et Histoire » est né d’une commande de l’UNESCO pour éditer une brochure. le style en est donc fort éloigné du style » ordinaire » de Claude Lévi-Strauss: il est beaucoup plus accessible à un large public.
Ce petit livre est une sorte de mémento, sur ce que l’on entend par » race » quand il s’agit de l’humain. In fine, il a pour but de lutter contre un racisme devenu endémique, un peu partout dans le monde, et pas seulement en Occident, comme voudraient le faire croire ceux qui se sont donné pour mission de nous culpabiliser, et de rendre cet Occident responsable de tous les maux et de toute la misère du monde…
Pour Lévy-Strauss, »La simple proclamation de l’égalité naturelle entre tous les hommes et de la fraternité qui doit les unir, sans distinction de races ou de cultures, a quelque chose de décevant pour l’esprit, parce qu’elle néglige une diversité de fait, qui s’oppose à l’observation…Race et histoire (1952), Claude Lévi-Strauss, éd. Folio, coll. Essais, 1989 , chap. 3, p. 22. »
Ainsi, nier la diversité entre les groupes qui composent l’humanité par peur des usages criminels du mot « race » montre que l’on a renoncé à considérer que les hommes peuvent être égaux tout en étant différents. Et que certains sont bercés par le rêve fou d’un monde sans différence du tout, un monde unifié, où tout est « normalisé » y compris l’individu, un monde où la « massification » s’opère dans l’uniformité et l’ennui.
Cet ethnologue universellement respecté l’affirme: »L’humanité s’installe dans la mono-culture ; elle s’apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat.« Tristes Tropiques, Claude Lévi-Strauss, éd. Pocket, 2001 . Prémonitoire, non ???
Alors, comment croire qu’il suffit d’éliminer le mot race pour éliminer, comme par magie, » le racisme » ???
Et-ce que pour éliminer le sexisme, il est devenu nécessaire d’ interdire le mot « sexe » dont l’usage n’a jamais été aussi répandu qu’aujourd’hui ???
Dans un même élan « égalitariste », et inspirée par le même délire d’éradication de tout ce qui différencie l’homme de la femme, emportée par le courant qui, à travers la « Théorie du Genre » veut enseigner à la jeunesse qu’aucun des caractères de notre sexe n’est pré-déterminé par la naissance, une Députée socialiste a suggéré l’idée ( tout aussi saugrenue ???) de supprimer ce qu’il y a de « maternel » dans l’Ecole Maternelle » !!!
Cette idée procède du même désordre intellectuel que celle qui consistait à supprimer les notions de « père » et de « mère » dans le couple parental….
Toutes ces gesticulations intellectuelles masquent en réalité un problème profond et grave. Elles révèlent une incapacité à accepter, non seulement « l’ordre établi », mais également « l’ordre des choses », telles que la nature nous les a léguées. Telles que ceux qui nous ont précédé nous les ont léguées.
Ces gesticulations révèlent également, un malaise de nos démocraties, dans lesquelles, des minorités qui ont du mal à trouver leur place dans la société « telle qu’elle est », tentent, à force de manifestations largement médiatisées, d’imposer à des majorités, des bouleversements qu’elles n’ont pas souhaité.
Les mêmes minortés se disent « puisque nous ne pouvons pas changer l’ordre des choses », et puisque « la chose telle qu’elles est » nous est devenue insupportable changeons « les mots pour le dire »(*).
C’est la « réforme de la société » par les mots….
(*) « Les Mots« . Les Mots est le titre d’une autobiographie publiée par Jean-Paul Sartre en 1964.
(*) « Les mots pour le dire »:Les Mots pour le dire est un roman autobiographique de Marie Cardinal paru en 1975, décrivant sa psychanalyse. »L’auteur parle de sa maladie qu’elle nomme « la chose » et qui se manifeste par un écoulement de sang récurrent (assimilable à des règles). Cela génère honte et fait parfois flirter l’auteur avec la folie »( Wikipédia).
PS: Mon propos n’a rien à voir avec ces deux oeuvres. Mais je me suis amusé à détourner le sens des « mots », tout en sachant que ces mêmes mots n’ont aucun rapport avec « la nature des choses » dont il est question dans ces oeuvres…..
0.000000
0.000000
WordPress:
J'aime chargement…