Ukraine: en bleu, les « russophones », en orange, « les autres », en %.
L’inquiétude monte, en Europe, en raison de l’évolution de la situation en Ukraine. Hollande et Maerkel sont à Moscou pour tenter une médiation de la dernière chance.
Ci-après l’article que je publiais il y a presque un an jour pour jour. Je n’en retire pas une seule ligne :
Les heures d’enthousiasme angélique devant la révolte « printanière » d’un peuple ukrainien exaspéré par les dérives maffieuses et par la corruption d’un pouvoir confisqué par des « oligarques », pour la plupart anciens « apparatchiks » du régime communiste défunt, « reconvertis », et qui, au moment de l’effondrement de ce régime étaient bien placés pour en ramasser les « pépites », laissant au bon peuple les « miettes »des richesses nationales, ces heures-là appartiennent déjà au passé.
De même que l’espoir démesuré suscité auprès des Ukrainiens par les clins-d’oeil de l’Europe des technocrates, qui leur faisaient miroiter la perspective d’un rattachement possible à une Communauté Européenne, dont la boulimie de croissance territoriale n’a d’égale que l’incapacité à susciter l’enthousiasme des citoyens européens, dont la déception risque fort de s’exprimer dès les prochaines élections.
Car les habituels « zozos » qui, par leurs gesticulations, masquent leur méconnaissance de l’Histoire et la superficialité de leurs analyses et qui, avec l’arrogance intellectuelle qui les caractérise, sont prompts à exercer, sur l’opinion, leur pouvoir d’influence, ont, une fois de plus, sous-estimé les pesanteurs de l’Histoire, dans cette partie de l’Europe, qui pendant la longue nuit communiste, est sortie de notre champ de connaissance et de compréhension.
Qui pouvait croire, à part « eux », que la Russie de Poutine, laisserait, sans réagir, l’Ukraine sortir de la ceinture des pays qui entourent ses immenses frontières et qui, pour la survie de l’immense Russie, doivent lui servir de bouclier ????
Car, comme le rappelle Gabriel Matzneff dans une récent article paru dans le Point, aucun de nos journalistes bavards n’a cru devoir rappeler à l’opinion française que « ce fut de Kiev que le prince Vladimir de Russie – le futur saint Vladimir – envoya ses ambassadeurs à Constantinople, voyage déterminant qui eut pour conséquence le baptême du païen peuple russe. Ce fut de Kiev que la princesse Anne de Russie partit pour Reims, où elle épousa le roi Henri Ier de France. Kiev est le berceau de la Russie, comme le Kosovo est celui de la Serbie, Soissons, où fut couronné Pépin le Bref et dont Clovis fit sa première capitale, celui de la France. »( Fin de citation ).
Gabriel Matzneff , sait de quoi il parle, car ce sont ses propres racines qui l’inspirent. Pour lire l’intégralité de son article, cliquer sur: http://www.lepoint.fr/invites-du-point/gabriel-matzneff/matzneff-vive-la-russie-messieurs-25-02-2014-1795544_1885.php
Car « la Grande Russie » est née en Ukraine, et à Kiev, précisément.
Or le rêve de Poutine, c’est précisément de reconstituer les restes de cette « Grande Russie » qui fait également rêver les nouvelles générations de Russes.
Poutine, l’homme au regard de serpent, l’ancien du KGB – que l’Occident s’efforce de « diaboliser », sous prétexte que sa conception de la « Démocratie » ne correspond pas aux « critères européens », ce qui n’empêche pas nos diplomates d’entretenir les meilleures relations avec les « roitelets » du Golfe – .
Poutine, dont nul ne songe à rappeler, à sa décharge, « l’héritage » historique et « culturel » qu’il assume, à la tête d’un pays qui n’a jamais connu que la « révolution communiste » qui a abattu l’Empire des Tzars, et la « démocratie dite populaire », façon stalinienne dont on sait à quoi elle a abouti, dans tous les pays où elle a été pratiquée,
Poutine, dont la « capacité de nuisance » contrarie les ambitions occidentales les plus généreuses, en Syrie,
Ce Poutine-là est bien décidé à user des mêmes ficelles diplomatiques dans l’imbroglio Ukrainien.
Le « despotisme » de Poutine contrarie évidemment,, tous ceux qui, en Europe, sont aux ordres des Etats Unis, font « ami-ami » avec l’Islam et se couchent devant les éminences du Golfe – de vrais démocrates, ceux-là – , ceux qui, sous prétexte de « progressisme » veulent abattre les traditions nationales, les structures familiales, la conception du droit de l’enfant,et nier les racines judéo-chrétiennes de l’Europe. Poutine révolte les « homosexuels » de la terre entière car il leur refuse le droit de faire leur prosélytisme en Russie, et il aveugle nos « commentateurs »qui ne discernent plus l’essentiel.
Or, ce qui est essentiel, c’est de ne pas se méprendre, dans l’analyse de la politique étrangère de Poutine.
Il faut, en effet, ne pas se contenter d’une analyse simpliste qui fait de Vladimir Poutine une sorte de compromis entre Staline et Pierre le Grand, à la recherche de tous les motifs d’affrontement avec l’Occident.
Sa vision de l’avenir géopolitique de la Russie semble devenue indéchiffrable pour l’Occident en raison de sa subtile complexité qui échappe aux analyses manichéennes qui affleurent de tous les débats entre « spécialistes », que nous propose la télévision.
Tenter de comprendre les mobiles de Poutine ne signifie pas qu’on approuve ses méthodes et ses objectifs.Mais si on a le droit de ne pas aimer Poutine, on n’a pas le droit de mépriser la Russie et encore moins, les Russes.
Poutine a compris que le monde a changé depuis la fin du communisme, et que si la Russie n’a plus la puissance militaire qui faisait trembler l’Europe occidentale, elle possède encore une « capacité de nuisance » respectable, et surtout, une diplomatie habile et rompue aux négociations dans lesquelles il n’y a pas de place pour l’angélisme…
Car jusqu’ici, il faut bien le reconnaître, la Russie est en droit de considérer que ce sont plutôt les Occidentaux qui ont poussé leurs pions dans sa zone d’influence.
Il faut se référer à l’Histoire pour se souvenir des liens très anciens entre la Géorgie et la Russie qui remontent à 1783, tout comme les liens avec l’Ukraine, unie à la Russie depuis 1654. L’ingérence de l’Europe dans les affaires de ces pays est vécue, par les Russes comme une sorte d’agression que les Occidentaux cherchent à justifier en brouillant les cartes derrière le rideau de fumée de la « diabolisation » de Poutine.
Rappelons que les trois Etats Baltes (Estonie, Lituanie, Lettonie ) ont pu intégrer l’Union Européenne, sans soulever l’opposition de Poutine, alors que la Russie avait reconnu l’indépendance de ces états lors du Traité de Versailles en 1919, et alors que ces mêmes états ont été annexés à l’URSS à la faveur du Pacte Germano-Soviétique passé entre Hitler et Staline, et soutenu, à l’époque par les Communistes français, ( rappelons-le )….
Rappelons, enfin que la Crimée russe, est un « don » récent de Kroutchev à l’Ukraine quand elle était encore « soviétique ».
Tout cela doit être pris en considération pour analyser correctement la situation créée en Ukraine par une partie du peuple Ukrainien, celle dont les racines slaves sont les moins évidentes, et qui ne fait pas l’unanimité dans ce grand pays qui aura beaucoup de mal à rompre ses amarres avec son grand voisin russe.
De même que l’on ne pouvait comprendre la position de Poutine sur la Syrie, sans prendre en compte l’Histoire des invasions Ottomanes en terre slave, et la présence sur le sol russe de plus de 50 millions de Musulmans, ainsi que l’importance des frontières que la Russie partage avec des puissances musulmanes, qui lui font redouter et combattre toute velléité de djihad dans sa sphère d’influence.
Et nul ne peut comprendre l’âme de la Russie nouvelle,sans tenir compte du poids de l’Eglise Orthodoxe, de retour, après 70 ans de joug soviétique, et qui a renoué avec le mythe de la Grande Russie des Tzars, dont Poutine s’est fait une alliée influente.
Paradoxe de l’Histoire quand elle s’entre-choque avec l’actualité: il est intéressant de noter que pour les Ukrainiens qui en Crimée s’opposent à une rupture des liens avec la grande soeur russe, les « révoltés de Kiev » sont considérés comme des « fascistes »et ils se préparent à résister au nouveau pouvoir central de Kiev, aux cris de « Le Fascisme ne passera pas »,( l’un des slogans favoris de notre Manuel Valls national !!!).
Car les Ukrainiens de l’Est n’ont pas oublié les compromissions de leurs compatriotes de l’Ouest, avec les nazis, pendant la dernière guerre mondiale….
Comme quoi la menace « fasciste » est un poulet que l’on peut accommoder à toutes les sauces….(1)
Rappelons, pour ceux qui l’auraient oublié, que la Crimée abrite le port de Sébastopol, importante base militaire maritime de la Russie, qui constitue sa porte d’accès vers la Méditerranée et les mers chaudes, un accès stratégiquement vital pour la Russie que Poutine ne peut se permettre d’abandonner sans compromettre son image de « défenseur de la Patrie » russe….
Il arrive que l’Histoire bégaie curieusement….
Il faudra sans tarder, se poser la seule question qui vaille dans cette affaire : avions nous besoin, dans l’état où se trouve l’Europe à l’heure actuelle, d’ouvrir un risque de conflit grave en Europe, pour ouvrir les bras à l’Ukraine, un pays en faillite, ruiné par la corruption et maintenu en état de survie artificielle par la Russie qui a vécu l’attitude européenne comme une provocation ???
Une Europe à 25 pays incapables de prendre la moindre décision cohérente, avait-elle besoin d’un 26ème membre pour ajouter à sa confusion ???
(1).- Il est intéressant de se référer, à ce sujet, à l’article paru dans « La Voix de la Russie »qui donne un aperçu saisissant de la manière dont les Russes voient la France. http://french.ruvr.ru/2014_01_20/France-un-fascisme-inverse-mis-en-place-9394/
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