Lecture d’été…( La tête de Robespierre ).


Profitant de la douceur d’une belle soirée d’été, je m’attarde un instant dans le jardin afin d’emplir mes poumons de l’air frais de la nuit, chargé de senteurs enivrantes mélangeant des parfums de Jasmin, de fleurs d’orangers, de « Galan de Noche ».

Après une journée caniculaire, j’adore trainer un peu, le soir, jusqu’à une heure avancée de la nuit, pour regarder le ciel étoilé et prendre la mesure du bonheur d’être là, encore, après tant d’années et de partager celles qui restent encore avec un être aimé.

Comme très souvent, à cette époque de l’année, c’est la présence d’un moustique, particulièrement agressif, qui m’oblige à sortir brutalement de mes rêveries et à me réfugier à l’intérieur, dans le salon, pour marquer un temps d’arrêt devant ma bibliothèque : j’adore lire la nuit, quand tout est silencieux et que rien ne vient distraire l’attention…

Ce soir-là, je tombe en arrêt sur un livre présent dans les rayons, depuis plusieurs années, et qu’inexplicablement, je n’ai jamais ouvert.

DaudetEn feuilletant les premières pages, je comprends assez vite que les pages suivantes n’ont rien de « politiquement correct ». Un « avertissement de l’Editeur » est destiné à alerter le lecteur:  » Un violent pamphlet dont les arguments sont souvent troublants, y compris lorsqu’ils visent, au-delà de la Révolution de 1789, la démocratie parlementaire façon IIIe République « .

Ce n’est pas étonnant. Je cherche alors à en savoir plus sur le personnage. Je me plonge alors dans Google.

Selon Wikipedia, ( je cite ) : « Léon Daudet est un écrivain, journaliste et homme politique français, né le 16 novembre 1867 dans le 4e arrondissement de Paris1 et mort le 30 juin 1942 (à 74 ans) à Saint-Rémy-de-Provence.

Républicain converti au monarchisme, antidreyfusard et nationaliste clérical, député de Paris de 1919 à 1924, il fut l’une des principales figures politiques de l’Action française et l’un des collaborateurs les plus connus du journal du mouvement.

La bibliographie des œuvres de cet écrivain engagé et prolifique est énorme : plus de 300 notices sur le catalogue de la BNF. Son œuvre de mémorialiste est conséquente, six volumes de « choses vues » de 1880 à 1921, « prodigieux Souvenirs », comme disait Marcel Proust, qui ajoutait : « Les ressemblances entre Saint-Simon et Léon Daudet sont nombreuses : La plus profonde me semble l’alternance, et l’égale réussite, des portraits magnifiquement atroces et des portraits doux, vénérants, nobles. » ( fin de citation ).

Qui pourrait croire alors, que Léon Daudet  est le fils aîné de notre Alphonse Daudet, des « Lettres de mon moulin », et de son épouse, Julia née Allard, 

Ce père, écrivain renommé mais aussi homme enjoué et chaleureux, a beaucoup d’amis. Les réceptions du jeudi de Mme Daudet attirent de nombreuses personnalités du monde de la culture. Aussi Léon fréquente-t-il dès son enfance des écrivains et des journalistes, les uns, comme Gustave Flaubert, visiteurs épisodiques, les autres, comme Edmond de Goncourt, presque membres de la famille. Maurice Barrès, Émile Zola, Édouard Drumont, Guy de Maupassant, Ernest Renan, Arthur Meyer, Gambetta, entre autres, marquent ses souvenirs d’enfance. Il est également ami de jeunesse de Marcel Proust, alors inconnu.

Léon Daudet n’est donc pas un personnage insignifiant.

Et je comprends mieux en progressant dans la lecture de son livre, les raisons qui font que la doxa intellectuelle du moment a tout fait pour étouffer, au plan littéraire, cette voix insolite, capable de s’attaquer aux idées reçues, parmi les plus répandues depuis la troisième république, à propos de la Révolution française.

Dès le Premier Chapitre, le décor est dressé :

CHAPITRE I
« Causes et origines de la révolution de 1789
La plupart des premiers historiens qui aient parlé de la Révolution de 1789, sauf les Goncourt, se sont exprimés sur son compte avec un mélange de crainte et de
respect.
Michelet a écrit, en termes magnifiques, l’apologie absurde de la Révolution et de ses hommes. Le libéralisme a conclu qu’il y avait en elle du très bon, du très neuf et du mauvais, avec une finale de très mauvais, la Terreur.
Par la suite Taine, que la Commune de Paris avait impressionné, insista sur l’absence du très bon, l’ensemble législatif des plus médiocres et la férocité bestiale des chefs, qu’il appela‘‘ les crocodiles ’’.
Lenôtre, hostile à la Révolution, disait peu avant sa mort, à Octave Aubry :« J’ai étudié la Révolution, dans les archives, depuis quarante ans. Je n’y comprends rien.»
Gaxotte enfin, le dernier historien en date de cette funeste crise politique et morale, a ramené à la toise les‘‘ crocodiles ’’et signalé leur médiocrité intellectuelle et morale.
A mon tour je veux montrer que, conformément au mot de Clemenceau, la Révolution est un bloc… un bloc de bêtise, – d’âneries, eût dit Montaigne – de fumier et de sang.
Sa forme virulente fut la Terreur. Sa forme atténuée est la démocratie actuelle avec le parlementarisme et le suffrage universel, et le choix, comme fête nationale, de l’immonde quatorze juillet, où commença, avec le mensonge de la Bastille, la promenade des têtes au bout des piques.
Le quatorze juillet, véritable début de la période terroriste et complété par la grande peur. Date fatale au pays. »
Tout est dit !!!
Avant d’aller plus loin, il me revient alors en mémoire le fait que je dispose dans ma bibliothèque, d’un pavé littéraire intitulé  » Le Livre Noir de la Révolution française .
Écrit par un collectif d’auteurs dont certains furent des compagnons de route du Parti Communiste revenus à de meilleurs sentiments, ce livre décrit dans le détail ce que furent les atrocités de la Révolution, dont la doxa intellectuelle du moment ne souhaite pas rappeler les faits tant ils seraient funestes à l’image que l’on nous a enseigné d’une République vertueuse, humaniste et fraternelle….
Ce livre se situe dans la lignée du Livre noir du Communisme, paru en 1997, que je possède dans mes rayons.
Le livre noir de la révolution, rédigé par plus de quarante collaborateurs n’est pas pas un réquisitoire passionné contre dix ans de notre histoire, mais une remise en perspective de faits dont la violence parle d’elle-même.
Il œuvre à la réhabilitation d’idées qui ont été jusqu’à ces dernières années soigneusement occultées, car elle viennent heurter la « sensibilité » des apôtres du « politiquement correct »….
Un échantillon de la violence sauvage qui a marqué cette époque nous est donné par la description, dans Wikipedia, de l ‘exécution de Robespierre qui fut lui-même l’un des acteurs les plus cruels de cette période sinistre :

« À la suite des événements du 9 thermidor (27 juillet 1794), Maximilien de Robespierre, décrété hors la loi, fut exécuté sans procès le 10 thermidor de l’an II (28 juillet 1794). Il fut amené en charrette sur la place de la Révolution (ancien nom de la place de la Concorde) en compagnie de 21 de ses partisans, dont son frère et Saint-Just pour y être guillotiné.

71 personnes de plus seront exécutées le lendemain, essentiellement des membres de la Commune insurrectionnelle de Paris, 12 le surlendemain.

Parcours de Robespierre vers la place de la Révolution

Robespierre et ses partisans allant à l’échafaud (gravure du XIXe siècle).

 

Robespierre avait reçu, ou s’était tiré, une balle dans la mâchoire, Couthon avait eu la tête fracassée et Augustin Robespierre s’était gravement blessé en sautant par la fenêtre de l’hôtel de Ville. François Hanriot avait reçu un coup de baïonnette qui lui avait arraché l’œil de son orbite. Il fut sorti d’un égout, ensanglanté et défiguré. Deux mourants (Robespierre le jeune et Hanriot) et un infirme (Georges Couthon) furent transportés dans l’escalier de la Conciergerie ; le convoi se terminait par le cadavre de Philippe-François-Joseph Le Bas.

À 16 heures 30, les charrettes qui transportaient les condamnés sortirent de la cour du Mai et débouchèrent sur les quais. Lorsque les charrettes furent arrivées devant la maison où logeait Robespierre, elles furent arrêtées, et l’on barbouilla la façade de la maison avec du sang. À 18 heures 15 les charrettes arrivèrent place de la Révolution.

Exécution de Robespierre

M.J. Maximilien Robespierre : surnommé le Catilina moderne, exécuté le 10 Thermidor an 2.e, de la République, estampe anonyme, Paris, BnF, 1794.

 

Adrien-Nicolas Gobeau, 53 ans, membre de la Commune, fut exécuté le premier. Quand ce fut le tour de Saint-Just de monter, il embrassa Georges Couthon, et, en passant devant Robespierre, il lui dit : « Adieu ». Maximilien de Robespierre fut exécuté en avant-dernier, le dernier fut Fleuriot-Lescaut. Lorsqu’un des aides du bourreau arracha brusquement les linges qui lui soutenaient sa mâchoire, Robespierre poussa un cri de douleur. Il fut placé sur la bascule et le couperet tomba. La tête de Robespierre fut montrée au peuple, sous des applaudissements.

Les vingt-deux têtes furent placées dans un coffre en bois, les corps étant rassemblés sur une charrette qui se dirigea vers le cimetière des Errancis (ouvert en mars 1794). On jeta les têtes et les troncs dans une fosse commune et on répandit de la chaux vive pour que le corps de Maximilien de Robespierre ne laisse aucune trace. Néanmoins entre le moment de la décapitation et la mise à la fosse commune, une empreinte mortuaire de la tête de Maximilien de Robespierre aurait été prise par Marie Tussaud1, ce que conteste l’historien Hervé Leuwers qui considère qu’il s’agit d’un faux et souligne les incohérences du témoignage de Mme Tussaud.

Diable !!! Le mystère reste entier !!! Qui s’est emparé de la tête de Robespierre ???

J’en ai la nausée, et du coup je referme mon livre, sans l’avoir terminé. Car les chapitres qui suivent me confirment dans une conviction que je porte depuis que j’ai été élève en classe de seconde au Lycée: était-il nécessaire de faire couler autant de sang, d’exterminer une génération d’hommes et de femmes parmi lesquels se trouvaient beaucoup d’innocents et surtout de futures élites du pays, pour aboutir à une démocratie aussi imparfaite que celle décrite dans le livre de Daudet, que fut celle de notre Troisème République ???

J’irai me coucher hanté par un mystère : quel est le « collectionneur d’horreurs »qui a bien pu voler la tête de Robespierre ???

Alors que les questions affluent, elles vont perturber mon premier sommeil : pourquoi une certaine doxa intellectuelle a-t-elle tant de mal à évoquer les pages sinistres de notre Histoire, et pourquoi le « mensonge historique » s’est-il, depuis la Révolution française, érigé en discours institutionnel, contribuant ainsi à donner bonne conscience à tous les « manipulateurs de l’Histoire ???

 

Et maintenant….


Ni droite

La Droite est en crise.

l’affaire des « Républicains constructifs » est révélatrice d’un parti où les élus n’ont plus grand-chose en commun avec la plupart de leurs militants. Il est clair que pour l’électorat traditionnel de la Droite, « voter LR n’a plus de sens, car on ne sait plus ce qu’est ce parti ». C’était déjà le cas bien avant l’épisode lamentable qui a conduit ce Parti à l’échec dans une élection qui semblait quasi « imperdable ».

Car, qu’on se le dise, ce n’est pas François Fillon seul qui a perdu l’élection présidentielle couronnée par la victoire d’un Macron sorti de nulle part….. C’est l’ensemble de l’appareil des Républicains qui porte la responsabilité de cet échec historique qui illustre la cécité des membres de ce Parti qui estimaient  que le candidat Fillon allait perdre la présidentielle mais que le Parti imposerait une cohabitation au futur Président au terme de législatives qu’ils paraissaient certains d’emporter.

Car la trahison s’inscrit dans les maladies héréditaires de la droite.

Souvenons -nous:  Jacques Chirac n’était-il convaincu qu’il reprendrait rapidement la main après avoir incité à faire  battre Valéry Giscard d’Estaing au profit de Mitterrand aux élections présidentielles de 1981 ???

L’Historien Edouard Husson fait remonter  à la Révolution française pour trouver l’origine de ce comportement de la droite. Selon lui, je cite : ‘Louis XVI est, entre 1774 et 1788 l’un des plus grands rois de notre histoire: un réformateur à l’intérieur et le vainqueur, sur terre et sur mer, de la Guerre d’Amérique. A l’époque, les Français étaient trois fois moins imposés que les Anglais; le roi demande à ses soutiens naturels de donner une contribution financière au pays; ils refusent puis ils jouent la carte de la radicalisation politique, contre le roi, vers la gauche (les évêques, le duc d’Orléans) ou vers l’extrême-droite (les émigrés). Cela a très mal tourné pour la droite de l’époque ». ( Fin de citation ).

Mais la Droite française ne souffre pas seulement d’une maladie héritée du temps de la Révolution.

Elle souffre de son incapacité génétique à ouvrir, en son sein, de vrais débats sur les idées: car les idées ne manquent pas à droite, où l’on constate, depuis plusieurs années, un renouveau de la vie intellectuelle qui inspire ce courant de pensée politique depuis la Révolution française. Un renouveau qui contraste avec l’effondrement des « penseurs » du marxisme et des valeurs de la social-démocratie, dans presque tous les pays occidentaux.

Car la vraie question est : qu’est-ce que les Républicains peuvent incarner aujourd’hui, comme alternative au parti du Président ??? La réponse n’est pas évidente au moment où des responsables importants du parti sont entrés dans le gouvernement d’un Emmanuel Macron qui a su habilement brouiller les cartes, en attirant à lui les « constructifs » à l’Assemblée.

On peut s’interroger sur les raisons qui font que  l’Etat-major des Républicains a manifestement peur de déclencher un véritable débat sur le fond: les primaires, ravageuses, ont révélé la forte droitisation de l’électorat traditionnel de la Droite. Si les primaires ont fait émerger un François Fillon, ce n’est pas un hasard. C’est parce qu’il a eu le courage d’assumer un vrai positionnement de droite qui parlait un langage d’effort pour le redressement du pays.

Les Français de droite n’acceptent plus de se laisser berner par ceux qui se font élire sur un programme de droite et qui, aussitôt au pouvoir n’ont de cesse de donner des gages à la gauche. Ils rejettent de plus en plus, cette Droite qui ne vit, en permanence, qu’en scrutant le regard de la gauche, sous la hantise d’apparaître comme « ringarde »….

On peut d’ailleurs considérer qu’il en est de même dans l’électorat de gauche qui a fait payer chèrement ses « changements de pied » à un François Hollande qui avait cru pouvoir ruser avec « le peuple de gauche » en se faisant élire sur un programme de gauche et en appliquant une politique économique libérale pensant qu’un accompagnement de cette politique par des mesures à caractère « sociétal », telles que le mariage pour tous, ferait passer la pilule.

L’habileté de Macron, c’est d’avoir convaincu une fraction – minoritaire – de l’électorat que son programme n’était ni de droite ni de gauche ou plutôt « les deux en même temps ». L’avenir ne tardera pas à montrer les limites de ce parti pris ambigu…..

Si dans leur tentative de reprendre contact avec leur électorat, les Républicains, au lieu de centrer leur réflexion sur les raisons de l’échec de Fillon, se recentrent sur les valeurs que doit incarner une droite de gouvernement, il est tout à fait probable que les réponses iront dans le sens du vote de la primaire. 

Mais beaucoup de responsables des Républicains ont peur du net glissement à droite de leur électorat – Alain Juppé l’a avoué à plusieurs reprises. Et il est probable que nombreux sont ceux qui redoutent la prise du Parti par Wauquiez: ce dernier semble laisser penser qu’il assumera, au moins tactiquement, la droitisation de l’électorat du parti .

Mais attention !!! que ce ne soit pas une pure instrumentalisation, sinon le réveil risque d’être catastrophique. C’est ce que l’on peut craindre car Wauquiez n’a jamais montré, depuis son lancement en politique par le « centriste » Jacques Barrot, de fortes convictions politiques capables d’en faire durablement le nouveau leader d’une nouvelle Droite, forte et décomplexée.

Petit despote « en marche »….


 

 

L’affaire de la démission du Chef d’État Major des Armées n’est pas qu’un « incident de parcours ».

Elle révèle, à travers le comportement du Président de la République, l’émergence d’un petit despote en herbe, dont le succès électoral – qui doit être nuancé, car 57% de Français ne lui ont pas accordé leur voix -, semble l’avoir grisé.

Ce personnage sorti de nulle part, et dont beaucoup de Français pensent qu’il est une « créature » d’un système médiatico-financier qui aurait trouvé, en lui l’instrument permettant d’imposer aux Français, un modèle de société qu’ils refusent majoritairement, tant est grande leur défiance à l’égard de l’oligarchie dont il est issu et qui est celle qui a conduit le pays au bord de la faillite et de la fracture ….

Car cette « affaire », si on l’analyse à travers les faits tels qu’ils se seraient déroulés, montre clairement que Mr Macron a un très sérieux problème d’ego.

De toute évidence, il ne supporte pas la moindre contradiction et encore moins, la moindre opposition y compris lorsque celle ci s’exprime selon les règles éprouvées de la Démocratie.

Car ce Général démissionnaire, entendu selon les formes constitutionnelles, par la Commission de la Défense nationale, n’a rien fait d’autre que de remplir son devoir en expliquant, devant cette Commission, les difficultés que l’Armée rencontre dans l’exercice de sa mission, et en contestant des mesures de restrictions budgétaires sévères, prises sans concertation avec ceux qui auraient à les mettre en œuvre, et contraires aux engagements et aux promesses faites à ce même Général au moment de la prolongation de son mandat.

Les Parlementaires, – toutes familles politiques confondues -, y compris, parmi eux, certains membres de la Commission de la Défense Nationale, qui se sont exprimés sur cette affaire l’ont fait sans équivoque: le Général était parfaitement dans son rôle, s’exprimant à huis-clos devant une instance parlementaire dont le rôle est de contrôler la politique gouvernementale.

Je ne suis pas certain que « cette affaire » nuise au prestige de ce Général dont tout le monde s’accorde à reconnaître les grandes qualités morales et tout particulièrement le courage.

Par contre, cette affaire constituera une grosse tache sur l’image que cherche à imposer le Chef de l’État, celle d’un chef « jupitérien » devant lequel chacun doit se coucher….Elle mettra de nombreux Français en alerte sur les risque d’une dérive dangereuse de « l’État Macron »….

Car l’avertissement donné aux Armées est sévère : il s’adresse en même temps à tous les Directeurs des Administrations. Mr Macron ne supportera « ni commentaire ni opposition » à ses décisions….

Cet épisode marque, sans aucun doute,  le retour au réel du président et c’est peut-être le début d’une longue série…

D’autres chantiers comme l’Université l’attendent où il aura également du mal à tenir ce fameux «en même temps» qui consiste à promettre une hausse des budgets et des investissements dans de nombreux secteurs et une réduction du déficit public….

Nous sommes « en marche » vers une sorte de « despotisme doux » qui, peu à peu, remplacera le « socialisme mou » dans lequel la France se vautre depuis tant d’années….

Macron va devoir nous montrer s’il a autant d’autorité sur les corps sociaux auxquels il va devoir s’attaquer que sur les militaires habitués à obéir….

Le vieil homme….


Thon

L’homme et la mer

Charles Baudelaire

Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !

Charles Baudelaire

Rien de mieux, pour fuir une actualité décevante, que de se réfugier dans la Littérature dont les mots traversent le Temps, ce Temps qui fuit, et dont chaque minute devient précieuse à qui sait que la vie est courte….

La littérature nous aide à oublier les misères du quotidien.

La semaine dernière, errant une fois de plus, à travers les rayons de la grande Librairie « Filigranes » de Bruxelles, je tombe en arrêt devant un livre que j’ai dû lire une bonne dizaine de fois, à l’époque où, passionné de pêche et de chasse sous-marine, je dévorais tout ce qui, en littérature, avait trait aux choses de la Mer.

« Le vieil homme et la mer », ce petit chef-d’œuvre d’Hemingway me tendait les bras et m’invitait à plonger, encore une fois – peut-être la dernière pour moi – dans la lecture de la prose de cet auteur dont l’œuvre sait si bien évoquer la dimension tragique de l’héroïsme dans certaines circonstances de la vie humaine.

J’ai toujours aimé lire ceux qui savent de quoi ils parlent….C’est le cas d’Hemingway qui a toujours vécu dangereusement….

Le vieil homme que je suis devenu retrouve à la lecture de cet ouvrage, des émotions qu’il a connues, plus jeune, lorsque seul sur son bateau il attendait que « ça morde », et remontait sa palangrotte, le cœur battant, impatient de savoir quel était le malheureux poisson qui frétillait pour tenter de décrocher l’hameçon qu’il avait imprudemment avalé, dans l’espoir d’échapper à la friture….

Mais « Le vieil homme et la mer » n’est pas qu’un simple histoire de pêche !!!.

C’est l’histoire d’un vieux pêcheur malchanceux, qui revient trop souvent bredouille, jusqu’au jour où aux prises avec un énorme marlin, il rencontrera pour une courte durée, et après un combat héroïque, la chance de sentir que l’énorme poisson a mordu l’hameçon . Une chance de courte durée car le marlin, trop gros pour être remonté à bord du petit bateau, sera dévoré, sur le chemin du retour par les requins qui rodaient dans les parages….

C’est aussi l’histoire de l’amitié entre le vieux pêcheur et un enfant à qui il a tout appris de la pêche, racontée avec beaucoup de sensibilité et des mots justes par un Hemingway au sommet de son art de conteur.

A une heure avancée de la nuit, et au moment de refermer ce petit livre de 141 pages, je sentais que le sommeil m’envahissait.

En fermant les yeux, je me suis revu enfant.

Mon père avait, en Algérie,  pour copain un certain Mr Martinez, qui tenait à Francis Garnier, un tout petit village de bord de mer, sur la route de Ténès, une petite auberge, très modeste: il n’y avait que deux chambres équipées chacune d’un vieux lit de deux étagères et d’un lavabo.

Pour me récompenser d’avoir réussi au BEPC, mon père m’avait offert une semaine de vacances dans cette auberge me laissant aux bons soins de Mr Martinez, un petit vieux tout voûté, et de son épouse, une brave femme pleine de gentillesse et d’attention pour le gamin de 14 ans que j’étais.

La spécialité de la table de cette auberge, c’était le poisson frais que Mr Martinez ramenait de sa pêche tous les jours, à bord de sa « pastera », un bateau pointu, qui n’avançait qu’à coups de rames.

Pendant mes huit jours de vacances, je fus, tous les matins, celui qui devait ramer jusque sur les lieux de pêche, c’est à dire pendant une bonne heure et autant au retour. Le vieil homme m’encourageait tout en mâchonnant un petit bout de bois qu’il promenait d’un bord à l’autre de sa bouche moustachue.

Avec lui, j’ai appris à « monter une palangrotte », à amorcer un palangre composé de centaines d’hameçons, et à « caler des filets »….

Partis au lever du jour, nous revenions sur le coup de 11 heures avec deux corbeilles de vigneron remplies de dorades roses, de sarres aux couleurs d’acier, de rascasses rouges aux dards dangereux, d’oblades grises avec leur tache noire sur la nageoire codale, et surtout de pageots dodus qui frétillaient encore en arrivant à l’auberge….

Les mains douloureuses en raison des ampoules encore saignantes, je me jetais sur le verre de menthe à l’eau glacée, épuisé mais heureux, conscient d’avoir été initié aux vieux secrets de la pêche par ce vieil homme usé par le temps, au visage buriné par les embruns, le sel et le soleil, dont la pêche était le gagne pain et la mer, le seul horizon. Mais quel horizon !!!

Le vieil homme que je suis n’a jamais oublié ces moments là. Et c’est sans doute à ces moments que je dois l’affection particulière que j’ai depuis toujours pour le personnage d’Hemingway.

 

Voltairien….


Cela explique tout le reste…

Tempus Fugit....

Publié le 4/10/2007 sur mon ancien blog « berdepas.blog.lemonde.fr ».
Au cours d’une conversation sympathique, autour d’une excellente bière (belge) bien fraîche, un ami, qui de temps à autres, fréquente les pages de mon blog, se demandait hier soir ce qui me poussait à être aussi ironiquement provocateur, avec un soupçon de parti pris vachard dans mes propos. Je m’en suis tiré par une boutade, qui m’a épargné d’avoir à en dire plus long sur moi même….
Mais,de retour chez moi,cette conversation a continué à m’occuper l’esprit, m’empêchant de m’endormir de mon sommeil de plomb, comme chaque soir.
Quelques scènes de mes jeunes années me sont revenues à la mémoire.

Lycée Bugeaud, à Alger, en 1948. Classe de seconde C. Le « prof de lettres », un dénommé Poupon,- ce qui, déjà, m’incitait à la moquerie facile – était un communiste déclaré, qui avait ses « chouchous » , dans une classe d’élèves issus en majorité du quartier…

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