L’imprécateur.


Au début des années 70, un certain René-Victor Pilhes sortait un livre, intitulé  » L’Imprécateur », qui eut un spectaculaire retentissement dans le Landerneau littéraire, et provoqua quelques remous dans le monde des Entreprises, dont certaines se sont senties concernées par le sujet évoqué dans ce livre.

Je crois même me souvenir qu’il avait obtenu le « Prix Fémina »….

J’ai, par hasard, exhumé ce livre, enfoui derrière une rangée de livres plus récents dans ma bibliothèque et je l’ai feuilleté, retrouvant avec  surprise et émotion, – plus de 40 ans plus tard -, les commentaires et annotations que j’ai coutume d’inscrire pendant mes lectures, en marge, sur les pages ayant retenu mon attention.

A cette époque, j’étais en activité et occupais de lourdes fonctions dans un groupe bancaire de premier plan, et le sujet de ce livre ne pouvait pas me laisser indifférent…

L’auteur évoque, en effet, le cas d’une entreprise fictive, la « Rosserys & Mitchell », parmi les plus grandes entreprises du monde .

De mystérieux événements surviennent dans sa filiale française… Rapidement, la simple perturbation laisse place à la panique dans l’esprit des dirigeants, des principaux cadres et du personnel, car un « imprécateur » rôde, et dénonce le mépris glacial des dirigeants de la multinationale pour son personnel et par la même occasion met en lumière les mille petits travers, faiblesses, et magouilles des acteurs de cette entreprise, jusque là dissimulés par ce que les dirigeants avaient mis en place : une sorte d’Omerta, sous couvert de « protection de l’image de marque » de la maison, et d’une forme de « patriotisme « , véhiculés par la « culture d’Entreprise », qui imposait que l’on s’en tienne à  un discours « politiquement correct », sous peine de passer pour un « traître à l’Entreprise »qui pouvait coûter cher, en termes de carrière.

En refermant ce livre, j’ai éprouvé un sentiment bizarre : rien n’a changé, car dans les sociétés actuelles, dont la « Roserys & Mitchell »serait une sorte de microcosme, il n’est pas facile d’être un imprécateur et d’évoquer des sujets qui, – sous la pression des forces « politiquement correctes », agissent notamment à travers des médias « aux ordres » – sont considérés comme des « Tabous »dangereux .

J’en ai, personnellement fait plus d’une fois l’expérience.

Ainsi, dans le monde où nous vivons, alors même que l’on n’éprouve aucune sympathie pour le personnage de Poutine, il n’est pas facile de faire partager l’idée que Poutine a hérité d’un empire soviétique en pleine décomposition, et qu’il a redonné à la Russie, asservie et éprouvée par plus d’un demi-siècle d’un Communisme criminel, une place – que pourtant on lui conteste – dans le concert des nations. Et que Poutine aura sa place dans l’Histoire de la Russie, et que nous avons tort de traiter par le mépris ce grand peuple qui possède tant d’affinités culturelles avec notre Europe, bien plus que n’en ont bien des peuples auxquels nous ouvrons largement nos portes, notamment lorsqu’ils fuient des dirigeants que nous traitons avec une soumission et des égards qu’ils ne méritent pas, et dont les méthodes de gouvernement sont infiniment plus critiquables que celles de Poutine…..

J’observe que ceux qui tiennent sur Poutine les propos les plus féroces, – sur le personnage lui-même, comme sur ses méthodes -, sont souvent ceux qui furent les plus discrets sur la période stalinienne, ses goulags et les menaces qu’elle fit peser sur l’Occident ….et qui ne seraient pas loin d’adopter des méthodes comparables, en « version soft »….

J’ai bien conscience du fait que ce que j’écris là, est loin d’être « politiquement correct » et peut s’assimiler chez certains, à une sorte « d’imprécation » !!!

De même, lorsque j’évoque le cas de Trump et de ses rapports à l’Occident.

J’ai parfaitement conscience du fait que le personnage de Trump n’inspire aucune sympathie. Mais il est le Président démocratiquement élu d’une grande nation à laquelle nous sommes loin d’être en mesure de donner des leçons de Démocratie.

Ce qui dérange notre petit monde « politiquement correct » qui baigne dans son autosatisfaction, c’est que Trump avec ses méthodes de gardien de vaches texan, renverse une table où les convives européens se bâfrent, selon lui, sur le dos de l’Amérique. Trump est convaincu de ce que ses alliés profitent de la générosité américaine pour se comporter en « passagers clandestins » et financer leurs systèmes sociaux sous couvert du parapluie militaire américain. Ils achètent, en quelque sorte, selon lui, leur « paix sociale » avec le fric des américains….

L’exemple le plus flagrant est celui de l’Allemagne dont la prospérité n’est pas due seulement à sa rigueur et à ses grandes aptitudes économiques : son refus des sacrifices budgétaires nécessaires à l’entretien d’une armée compétitive participe largement à son « respect des équilibres budgétaires » exigé par Bruxelles !!!

Trump ne peut pas être plus clair : « D’un point de vue commercial, ils profitent vraiment de nous », a-t-il répété, s’en prenant plus particulièrement à l’Allemagne, comme il l’a déjà fait auparavant. « Comme l’Allemagne a un accord sur un gazoduc avec la Russie, ils vont payer des milliards et des milliards de dollars par an pour l’énergie, et je dis que ce n’est pas bien, ce n’est pas juste. » « Vous êtes supposés vous battre pour quelqu’un et cette personne donne des milliards de dollars à une autre dont vous devez, en fait, vous prémunir, je pense que c’est ridicule ».( Cité par « le Point.fr » ).

A-t-il vraiment tort ???

En outre, j’ajoute que Trump est fidèle à une ligne « isolationniste » qui est celle qui a toujours inspiré le Parti Républicain. Il rejette la conception démocrate selon laquelle les relations internationales devraient reposer sur un « multilatéralisme » qui permet au petites nations de parler d’égal à égal avec les grandes.

Ceux qui l’ignorent ne se sont jamais beaucoup intéressés à l’Histoire des États-Unis….

 Trump, lui, ne croit qu’aux « rapports de forces »et entend bien s’en servir pour défendre les « intérêts du Peuple américain ». Ce dont son électorat lui est reconnaissant.

Le fait d’énoncer cela est, en soi, une imprécation !!!

Ceux qui me trouvent complaisant à l’égard de Trump devraient se poser une question : Donald Trump est-il un accident de l’histoire, élu sur un concours de circonstances, ou est-il la manifestation de forces plus profondes qui traversent l’Amérique, et qui, d’ailleurs, ont leur équivalent en Europe ???

La vulgarité et la personnalité brutale de Trump, choque dans une Europe en voie de « dévirilisation » !!! Son parcours d’homme d’affaires enrichi, passé par la télé réalité, ainsi que son inexpérience gouvernementale, lui permettent de jeter un regard neuf et sans complaisance sur les « zélites » de Washington, et en font à coup sûr un animal politique sans précédent dans l’histoire américaine. Une sorte de »corps étranger » au sein de la camarilla de « gens bien élevés » du G7, qui avait déjà éliminé Poutine de ses agapes et ses bavardages.

Mais son impopularité orchestrée comme savent le faire les médias inféodés aux « zélites » doit être relativisée. Car le soutien fidèle de sa base électorale lui reste acquis malgré les tombereaux de critiques et d’attaques qui se déversent sur lui, y compris en Europe, où « l’intelligentsia »habituée à manier la « diabolisation »de tous ceux qui se trouvent en travers de sa route, et ne partagent pas ses « hautes convictions », n’est toujours pas guérie de son « Obamania » puis, de la défaite d’Hillary Clinton.

Une défaite qui est, en fait, la défaite par procuration de l’impressionnant complexe militaro-industriel qui vit depuis plus d’un demi-siècle, de la rente que constitue l’OTAN qui entretient une menace qui n’existe plus que dans l’imaginaire de quelques crétins, qui n’ont pas encore compris que, pour l’Occident, la menace ne vient plus de l’Est mais du Sud….

http://www.lepoint.fr/editos-du-point/michel-colomes/le-meilleur-allie-de-l-otan-c-est-poutine-11-07-2018-2235241_55.php

Traiter Donald Trump comme une aberration historique qui serait suivie bientôt par un retour à « la normale » serait une erreur majeure de la part des Européens, qui n’ont pas encore compris que le nouvel état du monde nécessite la mise à jour de leur logiciel diplomatique, et qu’un début d’accord entre Trump et Poutine le rendrait complètement obsolète.

 Cet « optimisme » serait aggravé  par la nouvelle donne politique aux États Unis, où  le Parti Démocrate, profondément divisé et durablement décrédibilisé peine à faire émerger de nouvelles personnalités. Concentré sur la diabolisation de Trump, le message politique de ce Parti n’est plus audible .

Car, sous Trump, l’économie américaine se porte bien, et le Dow Jones n’a jamais été aussi haut, alors que le chômage n’a jamais été aussi bas. De nombreux États américains, qui se considéraient comme sacrifiés sous Obama, reprennent confiance en leur avenir.

La réélection de Trump en 2020 n’est donc pas du tout à exclure ; mais l’enjeu va bien au-delà.

Tout d’abord, l’Amérique traverse une période de questionnement profond sur son leadership international et les objectifs de sa politique étrangère, conséquence tardive de la fin de la Guerre Froide qui l’a privée d’adversaire clair et donc de continuité stratégique.

Ce questionnement n’épargne pas l’OTAN, ce qui explique les récents « échanges musclés » avec les Européens sur ce sujet.

Ce qui surprend, c’est la « surprise » des européens qui auraient dû s’attendre, depuis longtemps, à une telle remise en question : Obama l’avait déjà clairement laissé entendre quand il était au pouvoir : l’avenir de l’Amérique, c’est de se tourner vers l’Asie et ses immenses potentialités, et non vers une Europe sur le déclin, dont le navire prend l’eau de toute part….

Les Européens doivent donc se préparer, durablement, à une Amérique distante voire hostile. L’Europe doit admettre que son modèle de multilatéralisme et de coopération internationale a du plomb dans l’aile !!! Il n’y a que les européens qui n’ont jamais voyagé dans le monde, pour croire que « les Valeurs » qu’ils revendiquent sont « Universelles » !!! La montée des « populismes » en Occident devrait inciter à la réflexion, bien plus qu’à l’invective …..

Cette remise en question implique un retour à un ordre mondial plus cohérent, en cessant de faire semblant de croire que l’ONU puisse continuer à jouer le rôle d’un « arbitre impartial » des différents entre Nations et veiller au respect de nos sacro-saints « Droits de l’Homme », surtout quand on sait que la Commission en charge de ces questions sensibles, majoritairement représentée par des Africains dont on sait l’immense respect pour ces « valeurs », a été longtemps présidée par un Prince du Golfe…..

Cette remise en question implique également la nécessité de réviser, à l’échelle européenne, nos politiques de Défense, de protection de nos frontières, et de la sécurité de nos concitoyens menacée durablement par un terrorisme devenu endémique :  la crise syrienne, avec ses conséquences sur l’Union Européenne confrontée à une arrivée massive de réfugiés, et l’émergence d’un islamisme conquérant, aurait dû servir de réveil stratégique. Or, la posture européenne s’est essentiellement limitée, jusqu’ici, à espérer, par le déni, échapper aux nouveaux dangers qui menacent nos sociétés et à compter sur la protection américaine hors des frontières de l’Europe.

La France, et plus encore l’Union européenne, restent attachées à une vision irénique du monde, celle des fameux « dividendes de la paix », qui a anesthésié les esprits depuis 1989. L’Union européenne, par construction, est incapable de penser la conflictualité. Son ADN est celui du commerce, du droit, des rapports internationaux de coopération. L’Union européenne n’a pas d’ennemis : elle n’a que des partenaires commerciaux – du moins le croit-elle.

L’Union européenne a pour ambition d’être au monde ce que le Liban est à la méditerranée : un docile continent de commerçants qui ne menace personne, mais qui sera sans cesse menacé. Elle ne conçoit pas qu’elle puisse devenir une proie, dont les richesses et le passé conquérant suscitent des désirs de conquête, voire de revanches…

Elle le découvrira bientôt, à son détriment.

Dans ce contexte, l’attitude de Donald Trump est salutaire, car elle a le mérite de secouer les consciences endormies par un demi-siècle de discours lénifiants.

L’Europe est  au pied du mur ; et Trump n’hésitera pas à exploiter les faiblesses et les divisions européennes. Tout cela est « choquant » pour les chroniqueurs « bisounours », et surtout pour ceux qui ont en main les destinées de ce Continent.

Ils trouveront , une fois de plus, que mon propos éloigné des discours « mean stream » est un propos « d’imprécateur. »

 

TrumpAu risque de « faire de la peine » aux « angélistes »….

Mais j’assume !!!

La virilité en crise….


Homo, de plus en plus « sapiens » et de moins en moins « virilus »….

Homo

FIGAROVOX/TRIBUNE de ce jour.

« Pour Arnaud Benedetti, l’épisode «Je ne suis pas un homme» ayant fait le tour des réseaux sociaux est l’expression absurde et tragicomique de la fin de course d’un certain conformisme idéologique.


« Arnaud Benedetti est professeur associé à l’Université Paris-Sorbonne. Il vient de publier Le coup de com’ permanent (éd. du Cerf, 2018) dans lequel il détaille avec lucidité les stratégies de communication d’Emmanuel Macron.

https://youtu.be/47osJWlxWzM


« Virale, la vidéo d’un responsable Inter-LGBT refusant d’être assimilé à sa masculinité fonctionne comme une formidable métaphore d’une fin d’époque. Sur le fond, la séquence dans sa drôlerie involontaire nous raconte l’effondrement d’une théorie dont le moteur poussé jusqu’à bout de chevaux engage son véhicule dans une spectaculaire sortie de route.

Cette théorie n’est pas tant dans ses fondements celle du genre, pavillon désormais épouvantail de bien des revendications sociétales, que celle des tenants de la fameuse «construction sociale de la réalité», du titre éponyme de l’ouvrage désormais classique paru voici plus d’un demi-siècle sous la plume de Peter L. Berger et Thomas Luckmann, deux sociologues de la connaissance pour lesquels les stéréotypes, entre autres, contribuent au façonnage du monde, des identités, de tout ce qui relève à un degré ou un autre de ce que Durkheim appelait le «fait social».

Cette thèse «constructiviste» qui voit in fine dans le regard des autres un puissant vecteur d’ordonnancement des sociétés fonctionnera très vite comme la boîte de Pandore de tous les apôtres de la déconstruction. Ces derniers verront dans l’analyse de Berger et Luckmann, non sans la surinterpréter voire la détourner, la porte étroite intellectuelle pour saper, subvertir, démonter les principes d’un «vieux monde» abhorré auquel ils veulent s’opposer et échapper. À partir du moment où ce sont les représentations sociales qui fondent le réel, il suffit de démonter celles-ci pour changer la société.

Les soixante-huitards feront leur miel de ce parti pris! Ils dénonceront alors les mœurs de leurs pères à leurs yeux «aliénantes», «réactionnaires», «petite bourgeoises», autant de greniers poussiéreux dont ils rêveront de se débarrasser, accrochés qu’ils seront à leur imaginaire postadolescent nourri tout à la fois de Rimbaud et de Marcuse.

Au fur et à mesure des décennies, cette révolte libertaire s’est fait dogme, catéchisme, inquisition. Elle a alimenté un nouveau bréviaire, celui du «politiquement correct» qui, de manière inégale mais continue, a conditionné à son tour les réflexes de nombre des élites politiques, économiques, culturelles des sociétés occidentales, avec plus ou moins d’intensité selon les pays, mais avec cette même injonction à reconnaître pour inévitablement inéluctable la force irrésistiblement «progressiste» du sociétal, de ses groupes de pression et de ses revendications.

La «contre-société» s’est muée en carcan sémantique d’abord, en sommation historiographique ensuite, en mise en demeure normative… Elle est devenue de facto le pouvoir. On ne compte plus les effets de cette nouvelle idéologie dominante sur le vocabulaire, les mémoires, les lois. Les dictionnaires, les livres d’histoire, les législations sont littéralement révisés pour faire stricto sensu droit aux exigences de cet agrégat de minorités rassemblées dans la même volonté d’imposer leur doxa à l’ensemble de l’espace public.

Ainsi les mentions «père» et «mère» disparaissent au profit des neutralités lexicales «parent 1» et «parent 2» ; ainsi Jacques Chirac et Dominique de Villepin ne célèbrent pas Austerlitz en 2005 pour ne pas heurter les quelques activistes de la répression mémorielle et de l’anachronisme historique ; ainsi le législateur se fait traqueur de toutes les phobies réelles ou … supposées!

Tout se passe comme si un aggiornamento « sociétalement » libertaire, inclusif, communautaire délimitait les termes du dicible et de l’indicible, du permis et de l’interdit, de l’acceptable et de l’inacceptable, du correct et de l’incorrect. La com’ et la publicité, dont le visionnaire Jacques Ellul avait compris la fonction éminemment propagandiste au service de l’hubris technicienne, ont balisé le terrain au quotidien, conditionnant, imprégnant, infusant une certaine idée de la mise au pas du verbe et de ses aspérités, du passé et de son irréductible altérité, de l’homme et de son aspiration au sacré.

L’emballement sociétal se radicalise à proportion que des résistances commencent à se faire jour, y compris parmi certains tenants prudents du «politiquement correct» .

Cette radicalisation a ses icônes politiques dont la mairie de Paris, en France, constitue à sa façon le foyer. Elle s’incarne avec virulence dans l’obsession de la chasse symbolique au «mâle blanc cinquantenaire» , victime propitiatoire désignée de toutes les élites du postmodernisme.

Elle se naufrage dans un excès de dénégation dont l’extrait de l’échange entre Daniel Schneidermann, producteur de l’émission d’Arrêts sur images et son interlocuteur autoproclamé «non-binaire (sic)» constitue en soi une expression anthologique de l’absurde, non pas d’un absurde existentiel, mais d’un absurde sociétal, stade ultime de l’infantilisme du politiquement correct qui achève ainsi sa course dans une tragi-comédie…. » ( Fin de citation ).

PS : Je me suis contenté de reproduire in extenso, cet article paru dans le Figaro Vox, car il reflète, grâce au talent de son auteur, l’opinion de ceux qui, considérés comme des « conservateurs » ringards, regardent, comme moi, ces « progrès » de la Société avec un mélange de suspicion et d’inquiétude.

Il n’y a pas qu’en France ou en Europe que ces « dérives sociétales » provoquent des réactions mitigée,- c’est le moins que l’on puisse dire -, car aux États -Unis, « l’intelligentsia »jusqu’ici dominante est aussi en crise….

« Ce militantisme émotionnel, fondé sur le fantasme d’une société malfaisante dissimulant des structures de domination visant au contrôle et à l’oppression des dominés, a contribué à une bipolarisation aiguë du champ politique. Un telle situation isole de plus en plus ces militants de toute référence commune à leurs concitoyens qui ne se reconnaissent pas dans le portrait monstrueux que l’on fait d’eux. »

Post-Scriptum: Lire aussi, sur le même sujet :

http://www.lepoint.fr/invites-du-point/aux-etats-unis-la-gauche-contre-elle-meme-09-07-2018-2234344_420.php

http://premium.lefigaro.fr/vox/societe/2018/06/27/31003-20180627ARTFIG00259-crise-de-la-masculinite-ce-nouveau-phenomene-qui-traverse-l-occident.php

L’Europe des lâchetés.


Immigration

Deux ouvrages récents mettent en lumière l’incroyable lâcheté et l’inconscience de tout une génération politique, en Europe, face au problème du risque d’invasion migratoire. ( 1 )

Il n’est pas surprenant que ces deux livres appelés , tous deux, à un succès de librairie exceptionnel, ait été écrits par deux Anglais.

On peut gloser à l’infini sur les causes et surtout sur les conséquences du Brexit, mais on ne peut guère échapper à un constat: l’Angleterre, dans ses profondeurs, a pris conscience, bien avant le reste du Continent européen, du danger de se voir submergée , au nom de la libre circulation des personnes en Europe, par un flux d’immigration impossible à maîtriser, sauf à se réfugier derrière son insularité en coupant les ponts avec l’Europe et en laissant à la France, le soin de gérer pour elle les bataillons de « migrants » stoppés au bord de la Manche….

« L’Europe vieillit et se dépeuple. L’Afrique déborde de jeunesse et de vitalité.

Le principe des « vases communicants » fait qu’une migration de masse va se produire, vers une Europe qui fait figure d’Eldorado, face à des populations qui, depuis la « décolonisation » qui devait leur ouvrir les portes de la liberté et de la prospérité ne leur a apporté que la guerre, la misère et les frustrations de gouvernances incompétentes et corrompues.

L’ampleur de ce courant d’immigration, ainsi que les conditions d’impréparation de l’Europe face à l’un des plus grands défis du xxie  siècle, ne fait que commencer à produire ses effets.
L’Union européenne compte aujourd’hui 510 millions d’habitants vieillissants  ; l’Afrique 1,25 milliard, dont quarante pour cent ont moins de quinze ans. En 2050, 450 millions d’Européens feront face à 2,5 milliards d’Africains. D’ici à 2100, trois personnes sur quatre venant au monde naîtront au sud du Sahara !!! » ( Stephan Smith )

D’autre part, et dans la douleur, l’Afrique   « émerge »  »économiquement. Elle représente pour les « marchands » porteurs de l’idéologie mondialiste, un immense réservoir de futurs consommateurs.

En sortant de la pauvreté absolue, l’Afrique se met « en marche »,elle aussi !!!.

Et, paradoxalement, le développement déracine  : il donne à un plus grand nombre les moyens de partir. Si les Africains suivent l’exemple des phénomènes migratoires qui se produisent dans d’autres parties du monde en développement, l’Europe comptera dans trente ans entre 150 et 200 millions d’Afro-Européens, contre 9 millions à l’heure actuelle.
Il est clair qu’une pression migratoire de cette ampleur soumettra l’Europe à une épreuve sans précédent, au risque de consommer la déchirure entre ses « élites cosmopolites » et « mondialistes et ses « populistes nativistes » et identitaires.

« L’Europe-providence » et sans frontières est une illusion dangereuse.

Et pourtant, vouloir faire de la Méditerranée la douve d’une «  forteresse Europe  » en érigeant autour du continent de l’opulence et de la sécurité sociale des remparts – des grillages, un mur d’argent, une rançon versée aux États policiers en première ligne pour endiguer le flot – finira par corrompre les valeurs européennes, tout autant qu’un repli purement identitaire qui s’accommoderait mal des valeurs humanistes du « Droitdel’hommisme ».
L’égoïsme nationaliste et l’angélisme humaniste sont aussi dangereux l’un que l’autre, pour l’Europe. Mais laisser les ONG – « mondialistes » et « open-borders » financées en sous-main par Sorros, décider du destin de l’Europe paraît tout aussi dangereux .

 Douglas Murray , tirant la leçon de l’épisode récent de ‘ l’Acquarius »observe qu’il est remarquable de voir se perpétuer cette même folie qu’il décrit dans son livre « l’Étrange suicide de l’Europe »,

Douglas Smith

« Sur notre continent, personne ne semble vouloir apprendre quelque leçon que ce soit ou penser autrement que dans le court terme. Qui peut croire vraiment qu’une fois que l’Espagne aura accueilli les quelque 600 personnes de l’Aquarius, le problème sera résolu? Qu’il n’y aura personne pour observer ce qui se passe et décider d’en faire autant en suivant le même chemin que l’Aquarius?

En réalité, quelle est notre politique? Que quelqu’un qui monte sur un bateau peut faire route vers l’Europe et y entrer sans formalité ? Que quelqu’un arrivé ainsi en Europe a le droit d’y rester? Manifestement, c’est là notre « politique » actuelle. Et elle est intenable. » !!!

Stephen Smith, lui, dans son livre intitulé « la ruée vers l’Europe », en tant que spécialiste de ce continent qui est , selon lui, déjà mondialisé, en fait la matrice de l’avenir où viennent aussi se télescoper une pauvreté persistante, des conflits armés et meurtriers, la montée d’un extrémisme religieux sorti du Moyen äge, les défis sanitaires, urbains, économiques, aggravés par l’affrontement entre les générations.Car en Afrique, comme partout, la sagesse des vieux n’a plus de prise sur la Jeunesse….

Mais la ruée vers l’Europe est-elle inéluctable ?

Partant de cette « loi des grands nombres » démographique, Smith répond par l’affirmative. Mais, tout en s’écartant des afro-pessimistes, il ne tombe pas dans l’optimisme béat des tenants de « l’Afrique qui gagne » . Pour lui, dans le cadre d’une telle explosion de population, c’est le développement économique de l’Afrique qui, paradoxalement,  va nourrir cette levée en masse, de ceux qui partent alors qu’ils constituent le sel même de ce continent.

Sur ce sujet complexe, qu’il traite du point de vue africain, il prend donc à rebrousse-poil certaines idées reçues, envisageant plusieurs scénarios, dont il évalue la probabilité et les conséquences.

Au final, il signe un ouvrage indispensable pour bien comprendre l’un des enjeux majeurs des prochaines décennies.

Ainsi, Stephan Smith combat l’idée selon laquelle la pression migratoire est la seule solution au vieillissement d’une population européenne qui inquiète les générations actuelles qui se demande « qui paiera leurs retraites  » ???

Il montre qu’il existe d’autre variables d’ajustement pour résoudre ce problème, que celui de la démographie.

Car, en cherchant à maintenir au même niveau la proportion des actifs et des dépendants, c’est-à-dire le ratio de dépendance, elle devrait accueillir chaque année 13 millions de nouveaux venus, ce qui, de toute évidence, est au-dessus des capacités d’absorption de l’Europe, et engendrerait de tragiques réactions de la part de ceux qui ne supporteraient pas cette forme « d’envahissement ».

En 2050, les trois quarts de la population européenne seraient alors des Africains ou des enfants d’Africains – « des chiffres de toute évidence politiquement inacceptables dans tous les pays européens », précisent les auteurs d’un rapport publié par les Démographes de l’ONU, explorant aussi des variables d’ajustement autres que l’immigration, comme par exemple l’âge de la retraite.

Dans cette hypothèse vraisemblable, l’Europe aurait cessé d’être l’Europe et la France ne serait plus la France, sauf pour quelques « hurluberlus » en mal de fantasmes et d’exotisme .

Si vous ajoutez à cette spectaculaire transformation, celles résultant des bouleversements climatiques, on peut être convaincu que nos enfants et petits enfants ne vivront plus dans l’Europe que nous avons connue….

Mais selon les calculs, des démographes de l’ONU, en combinant le plafonnement à 30 000 nouveaux arrivants par an avec un relèvement du départ à la retraite à 69 ans, la France pourrait , en revenant à une politique nataliste dynamique, stabiliser son ratio de dépendance à 3 actifs pour 1 retraité, soit à peu près à mi-chemin entre ce qu’il était en 1995 (4,3) et ce qu’il serait en 2050, en l’absence de mesures correctives.

Stephan Smith prend donc à contre-pied, tous les « immigrationnistes » qui veulent nous convaincre de la fatalité d’une submersion du continent européen et qui ont, d’ores et déjà baissé les bras devant cette menace tout comme ils ont déjà baissé les bras devant la menace islamique.

Il est encore temps de revenir à la raison.

Le remède n’est pas dans la fuite en avant devant un danger réel et parfaitement identifié et évalué.

L’Europe doit s’entendre, si elle en est encore capable, pour mettre en œuvre une politique active et réaliste, s’écartant des billevesées des apôtres du « multiculturalisme » et du « métissage » à marche forcée, mais s’appuyant sur une maîtrise réelle de ses frontières extérieures, et un contrôle strict des flux migratoires à base de quotas, limitant à notre réelle capacité d’absorption et d’intégration, dans des conditions  humaines,  des populations entrées sur notre territoire. Ce qui revient à appliquer les méthodes qu’ont pratiquées tous les pays d’immigration, depuis deux siècle…

Elle doit, en même temps, s’entendre, pour mettre en œuvre, rapidement, une politique de développement des pays africains les plus soumis à la pression démographique, alors même que ces pays sont soumis à une exploitation systématique de leurs richesses naturelles par la Chine, dont personne n’a le courage de dénoncer la politique de colonisation rampante sur le Continent africain.

On comprend qu’une telle politique ne s’accommode pas des « états d’âme » de ceux qui cherchent à se donner le beau rôle et à se fabriquer une « bonne conscience » dont ils ne paieront pas le prix. Elle nécessite un courage qu’aucun,   parmi les générations politiques actuelles qui dirigent l’Europe, ne semble capable d’assumer.

Ils feignent tous d’ignorer que le prix de leurs lâchetés, ce sont les générations futures qui le paieront….

( 1 ).- Douglas Murray. « L’Étrange suicide de l’Europe ». Éditions Toucan.

–  Stephen Smith  »La Ruée vers l’Europe  »,  (Grasset, 272 pages, 19,50 euros).