J’ai souvent évoqué Orwell dans certains de mes derniers billets. Car, j’ai relu, il y a peu de temps, 1984, cette oeuvre prémonitoire et méconnue d’Orwell. Je suis donc encore sous son influence….
En effet, le climat qui se développe actuellement, tant en France que dans le monde, fait irrésistiblement penser à l’atmosphère du célèbre roman d’anticipation d’Orwell, 1984, dans lequel il décrit la lente dérive d’une société « démocratique »vers une forme sournoise de totalitarisme dans lequel se mélangent curieusement des méthodes empruntées à l’ère stalinienne comme à celle de la « peste noire » de la parenthèse tragique du nazisme….
Il suffit de parcourir la Presse pour relever, jour après jour, des indices de cette « dérive » favorisée par les immenses progrès de la technologie du traitement digital de l’information.
Ainsi, j’ouvre « Le Monde » et je découvre:
« Aux Etats-Unis, une cybersurveillance digne d’un Etat policier »
LE MONDE | 25.06.2013 à 10h15• Mis à jour le26.06.2013 à 09h00, donne la parole à Daniel Ellsberg (Ancien haut fonctionnaire américain)
Extrait ( Je cite ) :
« A l’évidence, les Etats-Unis ne sont pas aujourd’hui un Etat policier. Mais, au regard de l’ampleur de cette invasion de la sphère privée, nous avons là l’infrastructure électronique et législative d’un tel Etat. Si une guerre devait éclater et conduire à l’apparition d’un mouvement pacifiste de très grande ampleur ou si nous devions être la cible d’une nouvelle attaque d’une gravité similaire à celle du 11-Septembre, je ne donne pas cher de l’avenir de notre démocratie. Ces pouvoirs sont extrêmement dangereux.
Il existe de nombreuses raisons justifiant légitimement le secret, en particulier pour tout ce qui relève de l’écoute des communications transitant par les ondes. C’est pourquoi Bradley Manning, l’auteur des fuites révélées par WikiLeaks, et moi-même – qui avions accès à de telles sources de renseignement parce que nous étions accrédités pour un niveau plus élevé encore que celui du top secret – avions choisi de ne divulguer aucune information ainsi classifiée. Et c’est pourquoi Edward Snowden s’est engagé à ne pas divulguer la plus grande partie de ce qu’il aurait pu révéler.
Mais, ce qui n’est pas légitime, c’est d’utiliser un système axé sur le secret pour dissimuler des programmes qui, de façon flagrante, sont anticonstitutionnels par leur ampleur et par les potentialités d’abus qu’ils recèlent. Ni le président ni le Congrès ne pourraient à eux seuls tirer un trait sur le quatrième amendement, portant sur le droit des citoyens d’être garantis dans leurs personne, domicile, papiers et effets, contre les perquisitions et saisies non motivées. C’est pourquoi ce qu’Edward Snowden a révélé jusqu’ici était tenu au secret, dissimulé au peuple américain.
En 1975, le sénateur Frank Church parla de l’Agence de sécurité américaine en ces termes : « Je sais qu’il y a là tout ce qu’il faut pour faire de l’Amérique une tyrannie accomplie, et nous devons veiller à ce que cette agence et toutes les agences qui disposent de cette technologie opèrent dans le cadre de la loi, et sous une supervision appropriée, de sorte que nous ne sombrions jamais dans ces ténèbres. Ce sont des ténèbres d’où l’on ne revient pas. »( Fin de citation).
On ne peut pas être plus explicite !!!
Il ne se passe pas un jour sans que l’on apprenne que la Chine soupçonne les Etats-Unis d’avoir un comportement de « Grands voyous », et qu’à l’inverse, les Etats-Unis accusent la Chine d’intrusion dans les systèmes d’information les plus protégés du mondes, et de se livrer sur une grande échelle, à un espionnage industriel systématique, de polluer, grâce à des « hackers » de génie, les bases de données du Pentagone.
L’Europe n’échappe pas à la surveillance de Big Brother.
Ainsi on sait maintenant que les révélations d’Edward Snowden continuent. Le «Guardian» a révélé mercredi soir comment les services de renseignements américains faisaient concrètement pour espionner les internautes du monde entier. Grâce à des documents confidentiels transmis par l’ancien analyste de la NSA, toujours bloqué à l’aéroport de Moscou et déjà à l’origine des révélations concernant le programme d’espionnage américain Prism, le journal britannique dresse le tableau du logiciel secret XKeyscore, qui permet de suivre «à peu près tout ce qu’un utilisateur lambda» fait sur le réseau.
Les Allemands en sont furieux: Espionnage : l’UE exige de Washington des explications, sur les révélations récentes de Der Spiegel, au sujet des soupçons d’espionnage attribués à Washington….
Plus près de nous, en France, nous apprenons, jour après jour, que les systèmes de surveillance les plus sophistiqués se mettent en place pour espionner, avec les meilleures intentions du monde, les moindres déplacements, les moindres gestes, les moindres communications de chaque Français.
Les caméras de surveillance se multiplient dans la plupart des grandes villes de France, les radars prolifèrent sur nos routes, et les « affaires judiciaires » permettent aux Juges d’accéder, grâce aux « fadettes »au détail de tous nos échanges téléphoniques. Les « investigations » des employeurs dans le gisement d’informations sur nos vies privées que recèle Facebook, peuvent ruiner une carrière professionnelle, et dans des cas extrêmes l’abus de l’usage des mêmes informations peuvent causer de graves dommages aux personnalités fragiles dont certaines ont été poussées jusqu’au suicide.
Dans le domaine de la lutte contre la fraude, l’Etat socialiste « prédateur et budgétivore » a prévu d’élargir le champ des procédures d’investigation en matière fiscale.
Ainsi, j’ai lu dans « lemonde.fr » que « dans les cas de fraude aggravée, les enquêteurs pourront recourir aux « techniques spéciales d’enquête » que sont la surveillance, l’infiltration, la garde à vue de quatre jours,mais aussi aux interceptions de communications téléphoniques , aux « sonorisations et fixations d’images » de certains lieux et véhicules, les captations de données informatiques et les saisies conservatoires, « à l’exclusion des perquisitions de nuit »……
Il s’agit là de « pouvoirs exorbitants », estime le Conseil national des barreaux, qui s’indigne que le fisc puisse par ailleurs utiliser tous modes de preuves, y compris litigieuses.
Le Pouvoir Politique affaibli par ses propres « turpitudes » a ouvert un boulevard à la « République des Juges », qui rappelons-le ne sont pas « élus », en France, contrairement aux Etats-Unis. Et quand la Justice jalouse, – à juste titre -, de son indépendance, devient partisane, on peut tout craindre, surtout dans une République où les Juges n’appliquent les Lois que lorsqu’elles ne heurtent pas leurs convictions personnelles…..
Dans de précédents billets, ont été évoqués sur ce blog, la tentation de plus en plus présente des pouvoirs publics, de s’immiscer dans la vie quotidienne du citoyen, dans ses habitudes, y compris dans ses habitudes de pensée et ses convictions intimes.
La Loi multiplie les « délits » concernant l’opinion que l’on peut avoir sur l’Islam, sur l’homosexualité, sur les différences de races ou de couleurs, et sur bien d’autres domaines, en limitant la liberté d’expression sur ces sujets sensibles, en s’approchant de plus en plus d’une atteinte aux libertés de conscience et de pensée.
Plus récemment, le Parlement a eu à se prononcer sur un projet de Loi, à l’initiative de Mr Valls, Ministre de l’Intérieur, prévoyant le filtrage d’Internet.Un projet de Loi fort heureusement rejeté, à l’unanimité, par les députés !!!
Les mêmes dispositions ont déclenché à l’étranger de graves dérives : des gouvernements démocratiques (Australie, États-Unis, Grande-Bretagne, Autriche, etc.) ont inclus dans leurs listes noires des sites ne correspondant pas aux objectifs des lois de censure. Par exemple, la liste noire australienne dévoilée par WikiLeaks contenait des sites politiques, médicaux et, évidemment, WikiLeaks. Et ce ne sont pas les scandales d’espionnage par les gouvernements dévoilés ces dernières semaines qui vont assainir le débat sur les libertés en ligne…
En France, le pouvoir socialiste obéit à des motivations inscrites dans l’ADN des « hommes de Gauche »: faute de pouvoir s’adapter aux réalités d’un monde ouvert auquel ils ne comprennent rien, ils sont obsédés par l’ambition illusoire de « changer le monde », pour préparer l’avènement d’un « Meilleur des Mondes », cher à Aldous Huxley….
Mais, pour « changer le monde », il faut réduire au silence, ceux qui par leurs idées, soulèvent des obstacles qui s’opposent à ces changements : ceux qui sont convaincus des menaces qui pèsent sur notre société, sur ses traditions, sur son identité, sur sa culture, ceux qui s’opposent à une « confusion des sexes », ceux qui voient dans une immigration non maîtrisée un danger pour la paix sociale, ceux qui pensent que hors du travail, de l’effort et des sacrifices, il n’est point de salut, ceux qui considèrent que « l’Islam modéré » est un mythe, et d’une manière générale tous ceux qui s’opposent à une doxa (1) héritée des années « libertaires » qui ont suivi Mai 68, au nom du droit de « jouir sans entraves » etc…..
Nous sommes là, en pleine esquisse orwellienne d’une société totalitaire, avec ses dérives de langage qui interdisent l’utilisation de certains mots, et glissent insensiblement vers une » novlangue » de plus en plus proche de la langue de bois chère aux staliniens….Voir à ce sujet mon billet sur « les mots et les maux »:
https://berdepas.wordpress.com/2013/06/02/les-mots-et-les-maux/
Mon propos pourra paraître excessif à certains.
Mais il n’empêche que l’observation de certains comportements politiques incite irrésistiblement à la comparaison avec les réflexes totalitaires de ceux qui se heurtant à la résistance des faits, – car chacun sait que « les faits sont têtus -« , et s’enfermant dans l’aveuglement d’un déni permanent des réalités, sont tentés de briser ceux qui, par la parole, ou par leurs écrits leur opposent une contradiction devenue « politiquement incorrecte »et qu’il faut à tout prix réduire au silence.
L’omerta officielle recouvre des domaines entiers de notre Histoire que la censure du « politiquement correct » interdit d’évoquer sous peine d’être pointé du doigt accusateur de tous ceux qui, veillant au strict respect de « l’autocensure », manient avec habileté et sans retenue, la menace et les qualificatifs de « fasciste », de « raciste », « d’extrêmiste », ou de révisioniste.
cf. « https://berdepas.wordpress.com/2012/01/25/contre-lomerta/ »
Lisez ou relisez « 1984 » et « la Ferme des Animaux ». C’est terrifiant !!!
Vous constaterez qu’il est question de tout cela dans ces oeuvres prémonitoires. Si Orwell était encore vivant, il trouverait dans les symptômes de nos société malades d’elles mêmes, une source inépuisable d’inspiration pour enrichir son oeuvre…..
(1): La doxa (du grec δόξα, doxa, « opinion », « conjecture ») est, dans la philosophie de Parménide, l’opinion confuse que l’on se fait sur quelqu’un ou sur un aspect de la réalité, par opposition au vrai chemin d’accès à la Vérité.