Je viens d’ouvrir la page « Politique » du site « Lepoint.fr » :
http://www.lepoint.fr/politique/
Sur cette seule page une dizaine d’articles sont consacrés au « phénomène Macron »!!!
Cette « macromania » fait partie des signes de notre époque : je ne puis m’empêcher d’évoquer à ce sujet Orwell et sa « Ferme des Animaux ».
Ce livre, je l’ai découvert dans ma jeunesse, à l’époque où il était interdit d’émettre la moindre critique contre la Russie soviétique, sous peine d’être traité de « faciste »….
Aujourd’hui, le moindre propos iconoclaste à l’égard de certaines politiques du moment vous classe dans la catégorie des « fachos » ce qui équivaut, du moins dans l’esprit de la classe intellectuelle dominante à une sorte d’éviction du débat politique pour « disqualification »…
http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio/La-ferme-des-animaux
« La Ferme des animaux » est un apologue inspiré de l’histoire de l’URSS que l’on peut résumer succinctement comme suit : un jour les animaux, animés par les idéaux d’un vieux cochon (Sage l’Ancien), décident de se révolter contre leur maître dans l’espoir de mener une vie autonome dans l’égalité, l’entraide et la paix pour tous. La ferme tombée entre leurs mains est gérée dans le respect des sept commandements qui prônent le « pacifisme » tout en définissant les spécificités des animaux, présentées comme une « richesse ».
L’auteur, nous propose une synthèse des méthodes appliquées sous le régime stalinien, qui permet au lecteur de mieux saisir les mécanismes utilisés dans la manipulation des opinions qui sont, rappelons-le, des pratiques communes à toutes les dictatures :
- le culte de la personnalité
- la diabolisation de l’ennemi utilisé comme outil de propagande pour créer la cohésion
- les volontés expansionnistes (les pigeons)
- l’Art au service de la propagande (Minimus)
- la théorie du révisionnisme, largement développée dans son roman 1984.
A la même époque, – je devais avoir une vingtaine d’années -, je découvrais un autre ouvrage qui, depuis, a beaucoup contribué à me rendre attentif et critique à l’égard de toutes les manipulations politiques, devenues suspectes à mes yeux.
Il s’agit du livre de Serge Tchakhotine traitant du « viol des foules par la propagande politique ».
C’était une époque où la doxa du moment se déchainait contre « le Capitalisme » et contre « l’impérialisme » occidental. En enfourchant la même monture, quelques uns de nos plus brillants « zintellectuels » combattaient, chevaleresques, le « colonialisme » français. C’est une époque que beaucoup de Français ont chassée de leur mémoire, et où la manipulation des opinions, sous l’influence des « zintellectuels » marxistes atteignait des sommets.
C’est ainsi que, grâce à l’enfumage des opinions à propos de la question coloniale, la colonisation des « peuples frères » par l’Union Soviétique a pu prospérer, sans qu’aucun de nos brillants « zintellectuels » n’ait songé un seul instant à la dénoncer !!!!
http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Tel/Le-Viol-des-foules-par-la-propagande-politique
Ce livre, longtemps censuré par la « doxa », – car à cette époque l’anti-stalinisme était comparable à « l’islamophobie » d’aujourd’hui – a été finalement réédité au début des années 1950 dans sa version actuelle augmentée et actualisée.
C’est un passionnant traité de psychologie sociale qui aide à comprendre les mécanismes auxquels obéissent les « masses populaires ». Pour en résumer succinctement le contenu, on peut considérer que la manipulation idéologique obéit à quatre impulsions affectives: l’agressivité, l’intérêt matériel immédiat, l’attirance sexuelle au sens large, la recherche de la sécurité et de la norme.
Chacun sent bien, aujourd’hui, que notre société se trouve conditionnée, en quelque sorte, par des médias qui utilisent tous les ressorts de la manipulation pour tenter de nous imposer des concepts artificiellement mis au goût du jour, tels que « le vivre ensemble », « le métissage culturel », la « mixité sociale », la négation du « genre » en tant que concept utilisé en sciences sociales pour désigner les différences non biologiques entre les femmes et les hommes, autant de notions dérivées d’une attitude philosophique dite « relativiste » répandue par quelques « penseurs » des années soixante…
Le « matraquage » médiatique autour de ces concepts, auxquels n’adhèrent qu’une minorité de Français, – mais une minorité puissante et active -, a atteint, ces dernières années des proportions inouïes.
Nous en avons sous nos yeux, une démonstration ahurissante, avec le phénomène Macron.
Ce personnage occupe aujourd’hui, tout l’espace médiatique. Chacun de ses faits et gestes, chacun des mots qu’il prononce est décortiqué, analysé, disséqué, commenté. Il fait la « une » de Paris-Match. Il accapare l’attention des radios et des télévisions, et il semble voué à une sorte de culte de la personnalité remis au goût du jour, comme si les mécanismes décrits par Tchakhotine s’étaient enclenchés sous l’impulsion d’un mystérieux « deus ex-machina »…
Ministre d’un Gouvernement socialiste qui a perdu tous ses repères, il inonde les médias de ses petites phrases transgressives par lesquelles il semble vouloir se distinguer de la famille politique à laquelle il appartient, et dont il se revendique tout en prenant ses distances avec un Chef d’État qui a perdu toute autorité et ne dispose plus que du pouvoir d’entretenir l’illusion qu’il gouverne le pays.
On cherche, en vain, les mérites que l’on pourrait attribuer à ce Mr Macron, en tant que membre du gouvernement auquel il appartient, mis à part une « Loi Macron » fort contestée dans son propre camp et dont on n’a retenu qu’une seule disposition , celle qui « libéralise » la circulation des autobus ( !!! ) sur le territoire français….
Toute l’originalité du personnage se résume à une caractéristique rare : ne se prétendant ni de droite, ni de gauche il semble en « lévitation politique »ce qui lui permet de se positionner en dehors et au dessus du marigot, là où les vieux crocodiles de la politique s’entre-déchirent, en attendant de le voir tomber dans la marre….
Nous sommes ici, au cœur de la démarche décrite par Serge Tchakhotine, destinée à imposer aux « masses populaires »un personnage « providentiel », autour duquel se développe artificiellement un « culte de la personnalité », une forme de sublimation magique, grâce à la sur-médiatisation d’un personnage encore inconnu, il y a moins d’un an !!!
Nous assistons, incrédules à la naissance d’une « bulle médiatique » totalement artificielle.
L’idolâtrie pratiquée avec une telle ampleur, dans l’un des plus vieux pays du monde, par l’un des peuples les plus « politisés » et les plus sceptiques de la planète, est inquiétante.
On s’interroge : comment est-il possible qu’aucune réaction ne se produise pour dénoncer une aussi grossière mystification ??? Le peuple français serait-il à ce point avachi qu’il ne soit plus capable d’exprimer sa révolte devant une telle entreprise de manipulation ???