Poutiniâtrie ???


andrei-makine

Si vous avez des doutes sur ma conclusion, lisez ce merveilleux roman.(1)

Poutine passera. Mais la Grande Russie restera.

C’est mon credo.

Oui, je sais quels sont les sentiments qu’inspirent le personnage de Poutine : J’ai, moi-même évoqué dans plusieurs de mes billets, sont regard métallique dans des yeux de serpent.

Mais je persiste et signe. Traiter Poutine par le mépris est une erreur qui pourrait nous entraîner dans une tragédie. Car, ne l’ignorons pas : les tragédies vécues par les hommes de ma génération et par ceux qui l’on précédée ont eu souvent pour origine, de stupides aveuglements, de criminels emballements, au nom de prétendues « convictions » reposant sur le socle de « valeurs » prétendument universelles, qui ne sont partagées que par ceux qui en proclament l’universalité, en feignant d’ignorer qu’il existe, ailleurs, dans le monde, d’autres valeurs tout aussi respectables…..

Pour avoir beaucoup voyagé, beaucoup observé, beaucoup écouté,…. et beaucoup lu, je sais qu’il existe, sur d’autres continents, des sociétés stables, paisibles, pacifiques dont l’organisation repose sur des socles de valeurs méprisées chez nous, en « Occident ».

Il existe, en Asie, infiniment plus de tolérance et de respect de la personne humaine que dans nos sociétés nombrilistes. Le respect des ancêtres tisse entre les générations un lien chaleureux qui se traduit, à chaque instant de la vie quotidienne, au sein de chaque famille boudhiste, par un « vivre ensemble » dont notre occident a oublié les bienfaits….

Dans le « Moyen-Orient » déchiré, par notre faute, par notre obsession de vouloir y imposer des gouvernances basées sur nos systèmes de valeur, des sociétés ont vécu longtemps, en paix, régies par des systèmes de valeurs qui nous sont étrangères, qui, du tribalisme au patriarcat et à la polygamie, perpétuent une organisation sociale qui heurte parfois ceux dont les fortes « convictions » et sont un obstacle à la compréhension et à l’acceptation de ceux qui ne les partagent pas….

S’agissant de Poutine, puisque tel est mon point de départ, dans ce billet, l’erreur serait, pour nous, Français, d’oublier, au nom des liens qui nous rapprochent de l’Amérique, la longue histoire des relations entre la France et la Russie, ainsi que les affinités, culturelles, artistiques, humaines, qui, malgré les épreuves traversées par nos deux peuples,- épreuves qui les ont parfois opposés dans des batailles sanglantes, mais qui nous ont parfois réunis dans un même combat-, ont traversé les siècles…..

La Russie de Poutine est loin d’être ce que nous, occidentaux, considérons comme une Démocratie parfaite.

Mais sommes-nous, nous-mêmes, une « démocratie parfaite » ???

Pouvons-nous ignorer, dans le jugement que nous portons sur la Russie de Poutine, que cet immense pays vient à peine de sortir de la nuit noire de l’asservissement communiste ??? D’un communisme dont les ravages ont été commis, eux-mêmes, au nom de prétendues valeurs et d’une forme de « théologie » de la « libération » des individus qui a conduit à en faire les esclaves d’une oligarchie criminelle ???

On comprend que la Gauche marxisante déteste Poutine, car sa présence ôte aux nostalgiques des « lendemains qui chantent », tout espoir de revenir en arrière….

L’erreur historique, serait, à mon sens, de rejeter sous l’influence du « Parti du Bien », toute idée de dialogue avec Poutine, et de refuser de nous référer à ce qui nous rapproche de la Russie, plutôt que de ce qui nous en écarte. Munis d’une longue cuillère, nous pouvons encore nous assoir à sa table….

L’Académie Française vient d’accueillir, en remplacement du siège de l’Algérienne Assia Djebar, un écrivain d’origine russe. Tout un symbole qui illustre le fait que notre culture, qui mérite elle aussi d’être respectée, rayonne encore malgré les efforts de ceux qui, insidieusement, voudraient nous en détourner….

Il faut lire le discours d’intronisation de cet écrivain francophile dans la « Noble Assemblée ». Il mérite qu’on y réfléchisse car il montre qu’au-delà de Poutine- qui aime suffisamment son pays pour ne pas en ignorer l’Histoire – la France et la Russie ont des affinités que les cruautés de l’Histoire n’ont toujours pas effacées…..

Andreï Makine y rend un hommage appuyé aux auteurs français qui « pour défendre leur vérité, affrontaient l’exil, le tribunal, l’ostracisme exercé par les bien-pensants, la censure officielle ou celle, plus sournoise, qui ne dit pas son nom et qui étouffe votre voix en silence ».

http://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-de-m-andrei-makine

C’est un peu long, mais tellement passionnant, que je m’étonne que si peu de nos médias incultes, ne lui aient fait écho…..

Ecrit, sur Poutine :

https://berdepas.com/2015/11/12/poutinisme-cynisme-ou-realisme/

https://berdepas.com/2015/11/09/poutinemania/

https://berdepas.com/2015/11/10/dans-la-tete-de-poutine/

(1) Historique

Le roman, déjà lauréat du prix Médicis, remporte également le prix Goncourt en novembre 1995 qui n’hésite pas cette année-là à affirmer « son choix souverain » — au premier tour de scrutin par six voix contre quatre à La Souille de Franz-Olivier Giesbert — malgré la reconnaissance par un prix concurrent1. Il reçoit également le prix Goncourt des lycéens. Cette triple récompense est particulièrement rare.

Résumé

Charlotte, une femme d’origine française émigrée en Sibérie avec sa mère entre les deux guerres, raconte à son petit-fils Aliocha le Paris et la France de son enfance, où elle a grandi. Peu à peu, celui-ci s’imprègne de culture française à travers la langue et les récits de sa grand-mère. Cette France devient pour lui une véritable Atlantide, où par exemple au bistro Au ratafia de Neuilly ledit ratafia est servi dans des coquilles d’argent… Cette double sensibilité franco-russe, îlot d’altérité au-dedans de lui, lui pèsera (ses camarades russes perçoivent et sanctionnent cette différence) puis l’enrichira, l’élèvera et le poussera vers la France.

Ce roman d’un Russe francophone n’est pas seulement l’histoire de sa relation avec la France, mais aussi une vaste fresque tragique de la vie des populations à travers les immenses plaines de Sibérie sous l’ère soviétique. Famines, viols, conditions de vie extrêmes, misère, mais aussi chaleur des relations humaines, premières amours, joie et espérance s’entremêlent.

Camus, le Bien, le Mal….


albert-camus

Lorsque le ciel s’embrume, lorsque l’horizon s’obscurcit, les repères deviennent plus incertains. Alors, un dangereux sentiment s’empare de ceux qui, comme moi, n’ont pas été effleurés par « la grâce divine », et qui, dénués de certitudes, se laissent envahir par le doute….

Ce sentiment, c’est celui de vivre les derniers instants d’un monde qui semble ne plus savoir où il va, sans doute à force d’avoir renoncé à savoir d’où il vient….

Au nom d’une fausse « modernité » et d’un illusoire « progressisme », il est devenu pertinent de rejeter toute référence au passé, et de se laisser entraîner dans une sorte de « fuite en avant », par ceux qui ont définitivement confondu les aspirations naturelles, et légitimes, des hommes à la Liberté, avec des pulsions naturelles, elles aussi,-  mais dangereuses, quand elles ne sont pas maîtrisées-, et qui poussent les hommes à se laisser emporter par le « mouvement libertaire » à la recherche d’une liberté absolue fondée sur la négation du principe d’autorité dans l’organisation sociale et le refus de toute contrainte, qui depuis 1968 règne sur la vie intellectuelle du monde occidental.

Ainsi, il est devenu interdit, parce que « ringard » et nauséabond d’évoquer la nostalgie d’un « c’était mieux avant »….. Comme si « la nostalgie » était un pêché grotesque !!!

L’intrusion, l’autre soir, dans le roman posthume de Camus, « Le Premier Homme », m’a entraîné, le soir suivant dans le Camus de « La Pléiade »….

Tombant au hasard des premières pages du premier tome, sur le discours prononcé lors de la remise de son prix Nobel en 1957, je redécouvre cette phrase : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. »

Une bonne leçon pour celui qui arrivant au soir de sa vie, se dit que n’ayant pas contribué à la tentative de refaire le monde, il ne lui reste que bien peu de temps pour s’associer à ceux qui tentent « d’empêcher que le monde se défasse. »

Puis au fil des pages du « papier Bible »de la Pléiade, effeuillées avec précaution, je tombe sur des phrases, qui dans le style parfois sentencieux de Camus, ne laissent jamais le lecteur indifférent.

Ainsi, dans les Carnets , cette phrase que je m’empresse de noter, pour m’en souvenir, à toutes fins utiles: « Les doutes, c’est ce que nous avons de plus intime ». Je me sens concerné, directement.

Puis, au hasard des pages de « l’Envers et l’Endroit », cette phrase redoutablement vraie pour le vieil homme que je suis : »N’être plus écouté, c’est cela qui est terrible lorsqu’on est vieux »…..

J’imagine alors ce qu’aurait pu écrire Camus dans ses Carnets consacrés à la Guerre d’Algérie, s’il était encore vivant aujourd’hui, confronté aux délires criminels du « djihadisme »…..

Je l’imagine, confronté à  un jeune extrémiste, prêt à se faire sauter au nom de l’islam : comment le convaincre que ce qu’il se prépare à faire est mal ?

Lui dire qu’il va tuer des innocents alors qu’il est convaincu que, hors son univers de fanatiques, le monde n’est constitué que de mécréants qui méritent la mort.

Lui parlerait-il du  respect de la vie ? De la liberté de l’autre, de choisir son mode de vie et de vivre selon ses propres traditions ?

Quelle attitude aurait-il, confronté à des valeurs ne sont pas les siennes. Éprouverait-il ce vertigineux sentiment d’impuissance et de révolte qu’il évoquait lorsque, inquiet pour la vie de sa mère, il choisit celle-ci, contre la violence criminelle, même considérée comme légitime par ceux qui n’en furent que les spectateurs, quitte à affronter le désaveu des « Grandes Consciences » ????

Toutes ces questions se bousculent dans ma tête, en feuilletant les pages de La Pleiade.

Je m’interroge alors sur le regard que porterait Camus sur notre époque. Albert Camus, – dont l’intelligence de coeur n’a eu d’égale que celle de son esprit, dont la plume talentueuse, comme les engagements dans la vie, ont su si bien rendre compte des questionnements qui l’ont habité -, « notre Albert Camus »aurait-il trouvé les mots justes pour justifier les valeurs qui sont les nôtres, face à la barbarie qui menace partout dans le monde ???

Saurait-il trouver aujourd’hui, les mots pour convaincre que le respect de l’homme est une valeur universelle, et que notre conception du bien et du mal devrait être partagée sur la terre entière ???

Saurait-il trouver les arguments pour défendre ce que nous pensons être bon, ou condamner ce que nous estimons être mal, et être entendu de ceux qui n’écoutent plus personne ???

Camus aurait-il pu trouver une réponse à l’éternelle question qui hante les civilisations capables de s’interroger sur elles-mêmes alors que confrontées à la lutte entre le bien et le mal, le juste et l’injuste, l’égoïsme et la générosité, le clanique et l’universel, elles cherchent le chemin d’une vérité que seul, aujourd’hui, « le Parti du Bien » prétend avoir trouvée, lui qui tente de nous imposer son « nouvel ordre moral »reposant sur les « dérives libertaires »du « jouir sans entraves, ici et maintenant » ???

Car, s’il est vrai que les valeurs morales évoluent selon le temps, dans l’espace, et selon les sociétés,  quel serait le point de vue de Camus sur l’avortement qui relève aujourd’hui des droits reconnus par la loi française, alors qu’au nom de leur religion, certains continuent de se battre pour son interdiction ???

Saurait-il trouver les mots pour justifier que deux êtres qui s’aiment aient le droit de vivre légalement ensemble même s’ils sont de même sexe, alors même qu’une partie de notre société vivant sous la Loi Coranique les condamne ???  Sur quels critères moraux s’appuierait-il  pour justifier ou non, la gestation pour autrui (GPA) ???

En s’interrogeant sur ce qu’est le bien, et ce qu’est le mal ??? Sans trouver la réponse….

D’autres grands philosophes, avant Camus ont tenté de répondre à cette question. Il n’ont apparemment pas réussi à convaincre, puisque cette question reste entière, encore aujourd’hui, sauf pour ceux que le doute épargne et qui se réfugient derrière « leurs convictions »….

Post-scriptum:

Camus face aux « zintellectuels »….

1.-Lettre de Jean-Paul Sartre à Albert Camus : « Et si votre livre témoignait simplement de votre incompétence philosophique ? ».( Il s’agissait de « l’Homme Révolté »). Point de vue de l’un des « zintellectuels »germano-pratins, icône des « Maoistes » de l’époque, qui ont régné sur la vie intellectuelle de l’après-guerre et qui sont en train de sombrer dans l’oubli….

2.- Les suites du Nobel. « Effrayé par qui m’arrive et que je n’ai pas demandé. Et pour tout arranger attaques si basses que j’en ai le cœur serré. Envie à nouveau de quitter ce pays. Mais pour où? (il mentionnera un jour le Canada, c’est-à-dire le Québec, toponyme que les Français mettront longtemps à utiliser.) ».

3.- Cf. «  https://berdepas.com/2013/11/07/camus-la-revanche/ « 

https://berdepas.wordpress.com/2010/07/20/paris-est-une-jungle-et-les-fauves-sont-miteux/

https://berdepas.wordpress.com/2012/02/23/camus-encore-et-toujours/

Camus, au seuil de la nuit….


camus

Il m’arrive souvent, à une heure avancée, dans le silence de la nuit, et avant de sentir le sommeil m’envahir, de plonger dans les rayons de ma bibliothèque qui croule sous le poids des livres déjà lus, ou qui attendent leur tour pour être ouverts : car il m’arrive trop souvent de revenir sur des livres, annotés, et relus, dont je connais certains passages presque par cœur…..

Avant hier soir, c’est sur Camus que s’était arrêté mon choix, une fois de plus.

Combien de fois aurai-je parcouru, pour le plaisir, les pages qu’il a consacrées à « Noces » ou « l’Été à Alger »??? Ai-je besoin de dire ici, à quel point ces pages sont évocatrices des mille souvenirs de jeunesse que je porte en moi et qui font partie de mes racines, ineffaçables, car je suis fidèle aux recommandations de ma grand-mère, qui ne manquait jamais une occasion de nous rappeler que « celui qui tente d’oublier d’où il vient, ne saura jamais où il va, tout au long de son existence »…..

Mais ce soir là, c’est sur « Le Premier Homme »que mon choix s’était porté.

« Le Premier Homme »est une œuvre autobiographique inachevée, dont le manuscrit a été retrouvé dans les bagages de la voiture accidentée avec laquelle Camus a rencontré la mort, alors qu’il était au fait de sa gloire littéraire, trois ans après avoir reçu le Prix Nobel de littérature.

L’histoire de cette œuvre est un concentré de ce qui restera, dans l’esprit du « grand public », du souvenir de Camus, chez qui les thèmes récurrents de l’absurde et de la révolte s’entrechoquent avec le thème nietzschéen évocateur des joies de la Nature, si belle dans ce beau pays qu’est l’Algérie, celui de l’amour du soleil et de cette mer si bleue qu’est la Méditerranée….

Cette œuvre trouve en moi de nombreuses résonances.« La Méditerranée séparait en moi deux univers, l’un où dans des espaces mesurés les souvenirs et les noms étaient conservés, l’autre où le vent de sable effaçait les traces des hommes sur de grands espaces » (p. 214), explique le narrateur.

Il y a d’un coté la terre de l’enfant qu’il était, c’est-à-dire l’Algérie, et de l’autre coté, la terre de l’adulte qu’il est et qui se souvient, c’est-à-dire la France, sur l’autre rive, où s’est dénoué son destin…. Le soleil l’accompagne dans ses souvenirs : c’est grâce à lui que Jacques Cormery parvient à se souvenir d’Alger. En effet, pour Jacques, l’un ne va pas sans l’autre : le soleil est intimement lié à la ville d’Alger. Le soleil dégage une chaleur écrasante, qui apparait comme l’atmosphère récurrente de la ville. D’ailleurs, au chapitre 4, sur le bateau qui le mène à Alger, le soleil l’accompagne. Il est comme un fil conducteur de ses souvenirs qui le mène à la terre de son enfance. 

En ouvrant ce livre, dont je connais trop bien la trame, je me rends directement dans les pages qui réveillent mes souvenirs, à partir du chapitre VI,  que je relis avec gourmandise: dans ces pages l’auteur évoque la vie dans le quartier populaire de Belcourt, où j’ai grandi, à deux pas de la rue où habitait sa famille, extrêmement pauvre, sa Grand mère, figure d’autorité, le maître d’école Monsieur Bernard, avec lequel Camus avait une relation privilégiée.

Camus décrit le déroulement de la classe. Car, si Monsieur Bernard était plein d’attentions envers les élèves, il n’en était pas moins sévère : quand les élèves commettaient une faute grave, il leur donnait la fessée avec une grosse et courte règle qu’il appelait « sucre d’orge ». Cette punition était acceptée par les élèves, car le maitre était d’une équité absolue.

À la fin de l’année, il avait inscrit Jacques à la bourse des lycées et des collèges, et c’est ainsi que le petit Cormery était parvenu à poursuivre ses études, malgré la pauvreté de sa famille.

Monsieur Bernard, un Instituteur comme ceux de ma génération en ont connu, en Algérie, des « Hussards de la République », qui exerçaient leur métier avec une passion sincère. Mon Oncle, Charles Baldenweg, fut l’un des leurs….

L’école où Camus a fait ses premières classes, c’est l’école de la Rue Aumerat, à deux pas du Boulevard Villaret-Joyeuse où habitait ma famille: je n’ai pas fréquenté cette école mais deux de mes frères y ont fait leurs études primaires.

Le Lycée Bugeaud où Camus fut un élève brillant, révélé par un Professeur de littérature, Jean Grenier, qui lui a ouvert la voie vers des études supérieures et une carrière de journaliste intègre et d’écrivain devenu un « auteur culte » pour tout une jeunesse.

Les jeudis sans punition et les dimanches étaient consacrés aux courses et aux travaux de la maison. Le reste du temps, Jacques jouait au football, au RUA, le Racing Universitaire Algérois, où j’ai joué moi-même, dans l’équipe junior, quand il ne jouait pas avec ses copains sur la plage. Les équipes se composaient d’arabes et de français. Parfois, ils allaient lire à la bibliothèque municipale des albums de journaux illustrés, des histoires de héros. Jacques avait une passion pour la lecture.

Toutes ces pages ont en moi une résonance particulière: je n’ai pas de mal à entrer en communion avec l’auteur tant ce qu’il raconte ressemble à ce que j’ai moi-même vécu.

Alors, j’en relis quelques passages, à voix basse, dans le silence de la nuit, veillant à ne pas réveiller mon épouse qui dort….et qui connaît mes histoires par cœur….

Puis, je referme mon livre, alors que les souvenirs de jeunesse se bousculent dans ma mémoire.Je sais qu’une fois couché, les images d’un passé toujours vivant, défileront encore quelques instants, avant que je n’aie trouvé le sommeil…..

Le meilleur des mondes ???


aldous-huxley

Aldous Huxley.

Assistant, depuis quelques jours, comme tous les Français, à l’effondrement (temporaire ou définitif ???) d’une gauche engluée dans une perception utopique du monde qui l’entoure, j’ai eu envie de me replonger, hier soir, dans la lecture d’Aldous Huxley.

J’ai donc ressorti des rayons de ma bibliothèque, dans une vieille édition, son « Meilleur des Mondes », un livre que la Droite devrait systématiquement inscrire au programme des études littéraires, dans le cadre de son projet de reprise en main d’une Education Nationale livrée depuis trop longtemps à une clique de « pédagogistes », qui sont en fait, des idéologues fanatiques, ressemblant, jusqu’à la caricature à des personnages de Huxley : il suffit pour s’en rendre compte, de lire leurs textes abscons, écrits dans un jargon prétentieux qui les aurait classés, au temps de Molière, dans la catégorie des pédants…..

En fait, comment ne pas voir dans ce livre une œuvre prémonitoire, décrivant, dès 1939, les dérives d’une société livrée à des utopistes dangereux….

Le Meilleur des mondes (Brave new world dans la version originale) est un roman de science-fiction, qui met en scène un monde « parfait » ou chaque être appartient à une classe sociale définie, laquelle détermine ses besoins et son avenir. Privés de liberté, les individus adhèrent pourtant à cette vie pour laquelle ils ont été conditionnés dès leur plus jeune âge.

À travers ce roman, Huxley met en garde contre les dérives de la société occidentale, consumériste et individualiste, où la technologie prend de plus en plus de place. Le sujet de la contre-utopie a été également exploité par d’autres écrivains tels que Georges Orwell dans 1984 et La ferme des animaux, que j’ai souvent évoqués sur ce blog.

Huxley nous décrit, en effet , un monde compartimenté en classes sociales auxquelles sont assignés les individus. Les premières sont réservées aux « zintellectuels » et les dernières au « peuple » essentiellement constitué de « travailleurs »pourvus d’une éducation primaire. Ces catégories sont subtilement entretenues à travers une éducation conçue pour maintenir les « primaires » dans une ignorance de tout ce qui leur permettrait d’acquérir les repères nécessaires pour comprendre le monde dans lequel ils vivent et auquel on les a assignés.

Aldous Huxley nous propose en effet,dans ce roman de partager son regard acéré  sur une société où la liberté serait aliénée par la technologie et le conditionnement social.

Le Directeur du Centre d’Incubation et de Conditionnement, une sorte de Najat Belkacem avant l’heure, veille sur des enfants, qui doivent être initiés à l’érotisme dès le plus jeune âge. Les étudiants rencontrent ensuite Mustapha Menier, un des dix administrateurs mondiaux, qui leur rappelle « les bienfaits d’une vie indépendante de toute famille et de tout foyer… « . Cela ne vous rappelle rien ???

Chacun de ses personnages, entre autres Bernard Marx, employé au Bureau de Psychologie, Helmholtz Watson, qui travaille pour le Collège des Ingénieurs en Emotions, et Henry Foster, chercheur pour le Centre d’Incubation et de Conditionnement nous entraine dans un univers fou, mais qui, par certains côtés, nous rapproche curieusement des réalités qui peuplent les rêves des utopistes d’aujourd’hui.

On y retrouve également les thèmes de l’eugénisme, du divertissement et du bonheur sans limites qui nous ramènent à la société « libertaire » post-soixante-huitarde », qui voisinent avec la critique de la société de consommation mondialisée.

Mais Huxley semble avoir douté des réflexes vitaux que réveille un bon sens populaire qui le pousse, au-delà de certaines limites, à se rebeller et à rejeter un modèle de société qui confond « le progrès » avec le refus de toute morale, et le rejet de valeurs sur lesquelles nos sociétés se sont construites depuis des siècles….

En refermant « Le meilleur des Mondes », j’ai pu aller me coucher et m’endormir en espérant ne pas vivre le cauchemar d’un monde livré aux « zélites » en folie…..

Il faut dire que, avant de me coucher, j’avais jeté un rapide coup d’oeil sur le dernier numéro du Point.fr, dans lequel Brice Couturier nous explique que : je le cite  » La séquence historique que nous vivons – depuis le Brexit jusqu’à l’émergence au premier rang du « quatrième homme », François Fillon, lors de la primaire de la droite et du centre, en passant par la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine – était prévisible. Comment expliquer que les présages de ces chambardements politiques soient demeurés invisibles aux observateurs spécialisés ? Que les signaux précurseurs, innombrables, aient échappé à leurs radars ? Cessons d’accabler les sondeurs. Depuis 2008, c’est toute la caste des « sachants » qui est ainsi prise au dépourvu. Journalistes, sociologues, politologues, ils n’avaient rien vu venir. Le tsunami les a surpris et les surprendra encore. »( Fin de citation ).

Bonne nuit !!!

Valls a mis le temps….


« Valls a mis le temps », mais il y est parvenu : dégommer Hollande tout en lui tressant une couronne de lauriers !!!  Il défendra le bilan de François Hollande, et pour cause : c’est aussi le sien. Car qui a accompagné Hollande sur le sentier du « Social-Libéralisme », si ce n’est lui ??? Et qui est entré dans un conflit sans issue avec ceux qui contestaient cette politique et qui sont devenus les « frondeurs de la République » ???

Mais rien n’est gagné, à gauche, pour Valls. Car ses coups de menton n’auront aucun effet dissuasif face à un Montebourg, et encore moins face à un Mélenchon qui maîtrise tout aussi bien que lui la technique des « coups de menton »…

valls-dictateur

Car au sein d’un Parti Socialiste en miettes, il n’a pas la réputation d’un « rassembleur ». Pas plus que ne l’était, d’ailleurs, Hollande.

Quand on songe que Sarkozy était affublé de l’étiquette de « personnage clivant » !!!

Hollande, avec la « complicité » de Taubira aura réussi à couper la France en deux, et à redonner vie à des courants d’opinion que l’on croyait tombés dans l’oubli, avec « le mariage pour tous »….

Le même, avec la complicité de Valls, aura réussi à diviser la Gauche comme elle ne l’a encore jamais été, et à exploser le Parti Socialiste au point de mettre en danger sa survie….

« L’Homme de la Synthèse », cet expert en combinaisons politiques, cet apparatchik qui a traversé tout une époque, avait réussi à se faire élire, – par défaut -, à la Présidence de la République, lui que ses proches appelaient « Flamby », et que Mélenchon, déjà lui, qualifiait de « Capitaine de pédalo », voit sa carrière politique se terminer dans la pagaille et l’humiliation, laissant derrière lui un champ de ruines…..

Jamais le désamour à l’égard du Parti Socialiste n’a atteint, à gauche, de tels sommets…

Mais était-ce réellement imprévisible ???

Ceux qui protestent aujourd’hui contre les excès du « Hollande-bashing », ont la mémoire courte: ils ont déjà oublié l’acharnement avec lequel ils ont poursuivi Sarkozy de leurs sarcasmes….

Car, toute cette équipe est arrivée au pouvoir, par hasard, le « candidat de la Gauche pressenti » par les sondeurs s’étant fourvoyé dans une sombre affaire d’abus sexuel sur une soubrette dans une chambre d’hôtel…. Cette équipe s’est laissé porter par la vague d’un anti-Sarkozysme savamment orchestré dans les médias, avec la complicité d’un Sarkozy dont le pire ennemi n’a jamais été que lui-même.

Cette équipe de branquignols a cru pouvoir s’exonérer d’un réel travail de réflexion programmatique avant d’arriver au pouvoir.

De là provient le sentiment d’impréparation et d’improvisation qui a prévalu tout au long de ce quinquennat désastreux.

Valls aura du mal à se démarquer de celui qu’il a accompagné dans l’échec : la « Gauche de la Gauche » va se charger de lui rappeler qu’il porte la marque d’un bilan que par ailleurs, il s’est engagé à défendre….

A suivre….

Nuls