Quarante-huit heures après le « Brexit », qui restera dans l’Histoire de l’Europe comme une amère victoire de la Démocratie, on assiste à un curieux spectacle sur la scène politique européenne.
Les mêmes qui hier prédisaient et souhaitaient « la victoire de la raison », celle du « Remain », sur le « Brexit » d’un « populisme »à courte vue, se dépêchent de mettre leur « logiciel » à jour …
Une fois encore, ils n’ont rien vu venir.Car comme le rappelle Alexis Brezet dans le Figaro : avant les Anglais, il y avait eu les Danois (en 1992 et 2000). Et les Irlandais (en 2001 et 2008). Et les Suédois (en 2003). Et les Français (en 2005). Et les Hollandais (en 2005 aussi). Et les Grecs (en 2015)… Au point qu’on se demande, après tant de rebuffades – il est vrai souvent, et en France même, superbement ignorées -, comment les dirigeants européens ont pu être surpris quand l’«impossible» est arrivé».
Perchés sur des hauteurs seulement accessibles aux « zélites », leur regard fixé sur cet horizon lointain qu’eux seuls peuvent apercevoir, leurs oreilles bouchées par les oreillettes qui leur diffusent une musique tranquillisante, conçue pour un confort intellectuel et moral qui sied à leur condition, ils n’ont rien entendu des voix qui s’élevaient venant de différentes couches de la société.
Leur suffisance les aveugle :
Et ils n’ont rien perçu de l’exaspération qui, partout en Europe s’est emparée de ceux qui agrippés à un solide bon sens populaire, pour dénoncer le détournement et la perversion d’un projet qui fit rêver la génération à laquelle j’appartiens.
Cette nouvelle forme d’autisme, qui s’est répandue dans les classes dirigeantes en Europe est devenue « le mal du Siècle » de nos Institutions.
Elle a entraîné, partout, en Europe le désaveu d’une Europe qui avance (???) à marche forcée, coups de directives, de règlements et de jurisprudences et de normes sans se préoccuper de sa perception par les couches populaires, de plus en plus sceptiques…
Le regretté Philippe Seguin avait bien perçu les dangers d’une Europe qui avance masquée face aux scepticisme des peuples méfiants à l’égard des oligarchies technocratiques . Souvenons-nous : « «la logique du processus de l’engrenage économique et politique mis au point à Maastricht est celle d’un fédéralisme au rabais fondamentalement anti-démocratique, faussement libéral et résolument technocratique. L’Europe qu’on nous propose n’est ni libre, ni juste, ni efficace». »
Aux motifs d’exaspération accumulés au fil des années, sont venus s’ajouter plus récemment, les errements de la crise grecque, les initiatives personnelles de Mme Merkel, ainsi que les injonctions de M. Juncker à propos de l’invasion migratoire – non prévue ni préparée au niveau européen – couronnée par les accords engageant toute l’Europe, avec la Turquie. Des accords engageant l’avenir du continent dans le mépris le plus absolu des attentes et des inquiétudes des peuples, qui instinctivement ont compris qu’une fois de plus on allait leur forcer la main, alors que l’on sait que partout en Europe, il existe une prise de conscience du danger que représenterait l’entrée d’une Turquie aux attitudes ambigües vis-à-vis de l’intégrisme musulman.
Tout cela n’a fait qu’aggraver la méfiance envers Bruxelles et son gouvernement « technocratique » avide de pouvoir au détriment des souverainetés nationales, et d’extension du domaine géographique de ses pouvoirs. Une oligarchie sans légitimité populaire qui s’est convaincue que pour construire « son » Europe, il fallait détruire les nations qui la composent. Et pour enfoncer le clou, imposer aux peuples européens un modèle de société multiculturaliste dont ils ne veulent pas …
Le « Brexit », dont je ne me réjouis pas, car l’Européen convaincu que je suis ne conçoit pas à long terme, une Europe sans l’Angleterre, agit, dans tous les autres pays, comme un révélateur de la méfiance qui s’est installée dans l’Union européenne, à l’égard de ses Institutions, et même à l’égard de ses dirigeant.
Cette méfiance est devenue un sentiment beaucoup trop profond et répandu pour être traité avec légèreté par les Gouvernements des États européens.
La peur de la contagion du « Brexit » ne doit pas susciter des initiatives sans lendemain, destinées à calmer les « eurosceptiques ».
Il ne s’agit pas de se précipiter, tels les « Mutins de Panurge » chers au regretté Philippe Muray, pour colmater quelques brèches dans la coque du navire « Europe »!!! C’est une remise à plat de tout le projet européen, de ses finalités, de la méthode pour le faire avancer, en prenant, enfin, en considération les aspirations des peuples et pas seulement les velléités de puissance des « zélites »….
Car, les peuples, qui ne sont pas qu’un ramassis d’imbéciles, ont compris que l’Europe est devenue une nécessité vitale dans le monde d’aujourd’hui. Mais pas n’importe quelle Europe, et surtout pas une Europe soumise à une dictature bureaucratique irresponsable.
C’est un exercice difficile dont je ne suis pas certain qu’il soit à la portée des dirigeants actuels : ceux de Bruxelles habitués à passer par dessus les aspirations populaires, et ceux des Nations concernées dont « le souverainisme » masque mal le désir de se cramponner à des prérogatives nationales, et pour qui Bruxelles a été jusqu’ici le bouc émissaire de toutes leurs insuffisances et de toutes leur lâchetés….
Ces trois-là ont en main le destin de l’Europe. C’est mal barré !!!