Europe : le bateau ivre …


Dans quelques jours auront lieu les élections des représentants du peuple au Parlement Européen. Dans une sorte d’indifférence quasi générale.

Le pouvoir « jupitérien » a tout fait pour réduire les débats à leur plus simple expression : celle d’un antagonisme de façade , artificiellement entretenu entre « Progressistes autoproclamés » et « fascistes » caricaturés en « saboteurs » d’une Europe qui ayant consacré plusieurs décennies a tenter de combattre ce qui restait des « identités nationales » a fini par oublier son Histoire, à renier ses racines judéo-chrétiennes, oubliant ainsi d’où elle vient. Pas étonnant qu’elle ne sache plus très bien où elle va !!!

Le débat permettant d ‘éclairer l’opinion sur les vrais enjeux de cette élection et de faire émerger les trois principales options qui s’offrent à l’évolution du projet européen :

  • Première option : revenir à une Europe des Nations.
  • Deuxième option : poursuivre sur la voie des quarante dernières années vers le projet d’une Europe Fédérale dirigée par un pouvoir technocratique et contre la volonté des peuples.
  • Troisième option : réformer en profondeur les traités actuels pour permettre l’émergence d’une Europe fondée sur de solides accords de coopération entre les états sur la conduite de projets stratégiques et ambitieux tels que Ariane ou Airbus, tout en favorisant massivement les échanges culturels afin que les Européens puissent partager l’immense patrimoine de Culture et de Savoir Faire de ce vieux continent.

Nos médias n’auront en rien contribué à la clarté d’un débat pourtant nécessaire : le manque d’éditorialistes de talent capables de mettre en évidence les vrais enjeux de ces élections, la confusion de débats télévisés mal maîtrisés par des journalistes au mieux complaisants et au pire engagés se prêtant à un discours « macronmaniaque » qui semble plus destiné à masquer des intentions qui risquent d’être désavouées majoritairement par le peuple français. Tout cela n’incitera pas les électeurs à se rendre massivement aux urnes, et une fois de plus le destin de l’Europe risque de se trouver entre les mains d’une minorité qui se nourrit de fantasmes et qui, refusant de savoir d’où vient l’Europe, de tirer les leçons de son Histoire, n’a jamais su réellement d’où elle vient et continue de ne pas savoir où elle va.

Car, comment trouver le bon chemin pour faire de l’Europe un continent puissant et respecté sans être capable de tirer la leçon de plusieurs décennies d’erreurs et d’impuissance.

L’Europe n’a pas été capable de voir venir la crise financière de 2008 et de protéger son économie des conséquences d’une crise qui a pris naissance Outre-Atlantique.

L’Europe, dirigée par des technocrates, trop souvent motivés par une volonté d’étendre le territoire où s’exerce une puissance qui a échappé au contrôle des peuples et qui ont réussi à imposer leur conception mondialiste de l’économie inspirée par l’idéologie d’un libéralisme qui, au nom de la libre concurrence, a conduit l’Europe sur les chemins d’une désindustrialisation au profit de pays ne respectant pas les lois de la juste concurrence.

L’Europe et ses dirigeants aveugles n’ont pas vu venir la crise migratoire. Il suffisait pourtant de prêter attention aux avertissements des démographes et des politologues. L’Europe n’a ouvert les yeux que sur la pression d’évènements subis et a tenté de se donner bonne conscience en improvisant une politique migratoire de circonstance inspirée par la générosité naïve de Madame Merkel et de ses idolâtres dont Monsieur Macron aura été au premier rang avant de s’aviser des conséquences politiques qu’aurait pour la France une politique inspirée par celle de Madame Merkel.

Au fond, ce qui manque à tous ceux qui, pour paraphraser le Général de Gaulle, sautent comme des cabris en criant « l’Europe, l’Europe, l’Europe », c’est une analyse lucide des erreurs passées afin d’en tirer les conséquences au lieu de diaboliser tous ceux qui, pointant ces erreurs, refusent de s’engager sur une voie qui risque fort de conduire à l’effritement d’un projet européen qui porte cependant les espoirs des générations futures.

Pour conclure, au fond, ma grand-mère, presque illettrée, mais pourvue d’un solide bon sens, avait raison : « Il n’y a pas de bon vent pour le navire qui ne sait pas où il va et il n’y a pas de bon vent pour le navire qui ne sait pas d’où il vient : il ne saura jamais où il va ».

Nouveau Monde….


Du fond de mes 86 ans, j’observe, avec un certain détachement et une pointe de scepticisme, les convulsions d’un monde qui fait mine de croire qu’il peut encore se réinventer.

Enfant, sur les bancs de l66yy6hhy ‘école, j’avais appris que Christophe Colomb avait découvert « Le Nouveau Monde » ….Plus tard, passionné par l’Histoire et parcourant les livres, j’ai pris la mesure des bouleversements que cette découverte allait susciter sur les équilibres d’un monde ancien qui ne s’en est toujours pas remis….

Adolescent j’ai assisté, sans bien comprendre ce qui justifiait le déchaînement des horreurs d’une guerre dans laquelle s’affrontaient le Bien et le Mal et dont j’ai cru comprendre que l’issue nous permettrait, enfin, d’espérer vivre dans un « Monde Nouveau ».

A la Libération, le Conseil National de la Résistance jetait les bases d’une société nouvelle, enfin apaisée, inspirée par un idéal de justice sociale et de liberté. Je me souviens également, qu’à la même époque, le communisme triomphant à l’Est de l’Europe laissait entrevoir à la jeunesse dont je faisais partie, la perspectives de « lendemains qui chantent ». On sait ce qu’il en est advenu.

Plus tard, De Gaulle revenant aux affaires après en avoir été chassé à l’occasion du conflit sanglant de la Guerre d’Algérie créera « L’Union pour la Nouvelle République » sur laquelle reposait l’espoir de voir émerger une France indépendante et fière d’elle même, dont le destin, tournant le dos à son passé colonial était de s’entendre avec l’Allemagne et avec les autres nations européennes pour créer « un Monde Nouveau » auquel la jeunesse dont je faisais partie a longtemps cru avant de sombrer dans d’amères déceptions…

De Gaulle parti, et sous l’ère Pompidou, le sémillant Chaban-Delmas a vainement tenté de nous faire espérer en l’avènement d’une « Nouvelle Société » : ce ne fut pas une réussite.

Plus tard, Valérie Giscard d’Estaing, convaincu que la France voulait être gouvernée au centre, a tenté, à son tour, de nous faire croire qu’avec l’assentiment de 2 Français sur 3, il parviendrait à moderniser une société menacée de « ringardisation » par l’héritage gaullien. On sait ce qu’il en est advenu.

Mitterrand lui succédant nous annonça par la voix de Jacques Lang que la société française allait enfin passer de « l’ombre à la lumière ». On connait la suite.

Chirac succédant à Mitterrand nous laissa un temps espérer qu’il pourrait mettre un terme à la « fracture sociale » identifiée par le regretté Philippe Seguin »….

Sarkozy succédant à Chirac faisait irruption dans le paysage politique en bousculant l’opinion avec des thèmes tels que « Travailler plus pour gagner plus » : au fond, remettre la France au travail c’était un peu ouvrir la perspective d’un « Nouveau Monde » dans lequel le travail, le mérite, seraient enfin reconnus et récompensés. Il est clair que la perspective de cette société-là n’aura pas convaincu les Français…

Sarkozy remercié, Hollande surgit avec un slogan qui faisait mouche dans une opinion désormais prête à croire, naïvement, que « le changement c’était maintenant »… On connait la suite.

L’élection abracadabrantesque de Macron semble avoir convaincu les Français qu’il était nécessaire de jeter le vieux monde aux oubliettes : Macron, qui se voulait accoucheur d’un Nouveau Monde aux perspectives à la fois rassurantes et flatteuses, se retrouve empêtré dans les vicissitudes d’un monde qui refuse de basculer dans le Progrès, sans trop savoir de quel progrès il s’agit.

Sans doute devrait-il méditer sur l’expérience de ses prédécesseurs. Changer le monde n’a jamais été une entreprise facile. Passer d’un ancien monde à un nouveau monde est une redoutable entreprise.

N’est pas Christophe Colomb qui veut : de méchants historiens ont rapporté que lorsque Christophe Colomb s’est embarqué pour l’Amérique, son intention était de redécouvrir les Indes. En fait, en prenant la mer, il ne savait pas où il allait, il ne savait pas ce qu’il découvrirait en mettant un pied sur le continent américain, il ne savait pas vraiment où il était. Et pourtant …. N’y avait-il pas chez Macron quelque chose de Christophe Colomb ???

En effet, Macron me semble parfois ne plus savoir où il va – probablement pour avoir oublié d’où il vient – car il ignorait sans doute tout de cette France profonde qui lui résiste et pour laquelle il n’a jamais su trouver les mots pour convaincre qu’on le suive alors qu’il ne sait pas où il va…

B6