Je ne suis pas « gaulliste » et je n’ai pas besoin de vous faire un dessin pour m’en expliquer.
« Vous m’avez compris » !!!!.
Mais, j’ai une bonne mémoire, et mes 81 ans font qu’elle remonte loin dans le temps.
Elle remonte à une époque que les générations actuelles n’ont pas vécue…. Et ma mémoire se souvient, malgré les efforts de tous ceux qui, accrochés à l’image du « personnage providentiel » que fut de Gaulle, tentent de gommer tout ce qui pourrait ternir la légende du personnage.
J’ai de bonnes raisons, partagées avec beaucoup de mes compatriotes , pour ne pas céder à la fascination inconditionnelle qu’exerce, plus que jamais aujourd’hui, ce personnage qui appartient, je l’admets tout de même, à notre Histoire.
Certes, je suis, comme la plupart des Français, d’accord pour mettre à son actif l’appel à la résistance du 18 Juin, et le combat qu’il a mené pour redonner à la France une place de premier plan dans les affaires du monde. Je lui reconnais le rôle qui a été le sien dans le redressement du pays, dans l’après-guerre. De même que je lui reconnais le mérite d’avoir doté la France des solides institutions qui lui permettent, aujourd’hui encore, de rester à flots, malgré la médiocrité de ceux qui sont à la barre du navire.
Je ne lui conteste donc pas la place qu’il occupe dans notre Histoire et qui se justifie par ses qualités de visionnaire et son obsession de la « grandeur », dès lors qu’il s’agissait de la France.
Sur le chapitre de la « décolonisation », mon jugement est plus nuancé. Je comprends toutefois que l’on puisse ne pas le partager.
La décolonisation a été un courant mondial, puissant, contre lequel il était difficile de lutter. Il l’avait compris et c’est à mettre à son actif. De même qu’il faut mettre à son actif sa lucidité à l’égard du risque que représentait l’irruption dans notre société d’une immigration débridée si l’affaire algérienne s’était conclue par l’intégration de cette terre et de ses habitants à la France.
L’indépendance de l’Algérie était probablement inéluctable pour de multiples raisons trop longues à énumérer ici: la légitimité des aspirations du peuple algérien à redevenir maître de son destin est devenue peu contestable. Mais comment faire admettre à ceux qui étaient nés là-bas, qui vivaient là-bas, travaillaient là-bas, depuis deux, trois ou quatre générations, qu’en quelques années, ils devenaient des étrangers sur cette terre qu’ils aimaient, et dont la France avait fait trois de ses plus beaux départements ???
Aurions-nous pu faire l’économie d’une guerre atroce qui a marqué profondément ma jeunesse et la génération à laquelle j’appartiens ??? Je ne sais.
Ce dont je suis sûr c’est que tout cela aurait pu se terminer autrement.
Je ne « lui » pardonne pas son « double langage », qui a poussé tant de nos officiers, parmi les plus brillants, sur le chemin de la révolte.
Je ne « lui »pardonne pas, et je ne « lui » pardonnerai jamais, le mépris avec lequel « il » a traité le peuple des Pieds-Noirs, puis l’indifférence cynique avec laquelle « il » a consenti au massacre des Harkis. Le résultat en a été « la valise » pour les Pieds-Noirs et « le cercueil »pour les malheureux Harkis qui n’ont pu être « rapatriés »en France, à cause des ordres donnés par le pouvoir gaulliste. J’ai eu des « Harkis » sous mes ordres, et je souffre encore aujourd’hui d’avoir dû les abandonner à leur sort tragique.
Je ne « lui » pardonne pas d’avoir « laissé faire », quand les Accords d’Evian sont devenus, du fait, unilatéral, des Algériens, un « torchon de papier », ce qui a fait de « l’Indépendance » de l’Algérie, une mascarade tragique.
Mes sentiments mitigés à l’égard de de Gaulle, m’autorisent à des propos que d’aucuns, parmi ses adorateurs, jugeraient « irrévérencieux »et même marqués au sceau de l’ingratitude.
Surtout lorsque ces propos consistent en de douloureux rappels à la mémoire, pour des déclarations, pour des décisions, pour des actes, que l’Histoire, avec le recul, ne manquera pas de lui imputer.
J’ai l’outrecuidance d’en évoquer un florilège ( très incomplet ), à un moment où, la France, en plein désarroi, aurait la tentation de tendre l’oreille vers ceux qui se prévalent d’une prétendue fidélité gaulliste qui inspirerait leur action.
1- Naissance (???) de la guerre d’Algérie.
De nombreux historiens considèrent que « les évènements de Sétif » ont ét le point de départ d’un mouvement de rébellion qui deviendra, dix ans plus tard, la Guerre d’Algérie.
Or c’est sous le Gouvernement Provisoire de la République, présidé par de Gaulle, que se produisit, du 8 au 13 mai 1945, la répression sanglante des émeutes de Sétif, en Algérie. Une répression qui fit de 8 000 à 13 000 morts selon les historiens.
Or, c’est de Gaulle qui a donné carte blanche aux autorités, le 12 juin, pour que cette répression soit impitoyable.
Jamais la Marine et son artillerie, appuyée par l’aviation (le Ministre de l’Air était le communiste Charles Tillon !!! ) n’aurait pu bombarder la population des douars dans le bled sans un ordre express du Général.
Les Communistes présents dans ce Gouvernement Provisoire, sont toujours restés silencieux sur cet épisode tragique de notre Histoire. On dit que les historiens n’ont jamais pu retrouver les traces des documents officiels qui évoquent les conditions dans les quelles ces décisions ont été prises. Curieux, non ??? En tout cas, dans ses Mémoires de Guerre (1955), le Général éluda la question en ne consacrant aux évènements de Sétif qu’une demi-phrase.
« L’omerta » a fait le reste…..
2.- de Gaulle et les Arabes.
L’indépendance octroyée à l’Algérie a permis à de Gaulle de se bâtir une stature prestigieuse dans le monde arabe, et a été le point de départ d’une « nouvelle Politique Arabe » de la France.
Et pourtant, il suffit de se reporter aux oeuvres de celui qui est devenu en quelque sorte son « mémorialiste »pour mesurer l’écart entre son « image » et sa « pensée » à propos des Arabes.
Même si on ne peut « en appeler aux morts »pour juger d’un présent qu’ils n’ont pas vécu, on est en droit de s’interroger sur ce que serait la position du Général de Gaulle, aujourd’hui, sur la « politique arabe » de la France…..
Citations:
» Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont les Arabes, les Français sont les Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? » (Cité par A. Peyrefitte. C’était de Gaulle. Éditions Gallimard, 2000. Propos tenus le 5 mars 1959).
« Si nous faisons l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! »
« L’intégration, c’est une entourloupe pour permettre que les musulmans qui sont majoritaires en Algérie à dix contre un, se retrouvent minoritaires dans la République française à un contre cinq. C’est un tour de passe-passe puéril ! On s’imagine qu’on pourra prendre les Algériens avec cet attrape-couillons ? Avez-vous songé que les Arabes se multiplieront par cinq, puis par dix, pendant que la population française restera presque stationnaire ? Il Y aurait deux cents, puis quatre cents députés arabes à Paris ? Vous voyez un président arabe à l’Élysée ? » (Charles de Gaulle, rapporté par Alain Peyrefitte).
Prémonitoire quand on sait ce qu’est devenue « l’intégration » chère à quelques beaux esprits, dans notre pays.
» Qu’est-ce que les Arabes ? Les Arabes sont un peuple qui, depuis les jours de Mahomet, n’ont jamais réussi à constituer un État… Avez-vous vu une digue construite par les Arabes ? Nulle part. Cela n’existe pas. Les Arabes disent qu’ils ont inventé l’algèbre et construit d’énormes mosquées. Mais ce fut entièrement l’œuvre des esclaves chrétiens qu’ils avaient capturés… Ce ne furent pas les Arabes eux-mêmes… Ils ne peuvent rien faire seuls. » (Cité par Cyrus Sulzberger, Les derniers des géants, Éditions Albin Michel, 1972) »
3.- de Gaulle et le racisme.
Les déclarations d’un de Gaulle tomberaient aujourd’hui sous le coup de la Loi. Et l’on imagine les vociférations du MRAP et de SOS Racisme si ces mots étaient prononcés aujourd’hui:
« C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France.
Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. Qu’on ne se raconte pas d’histoires ! Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leur djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français !
Ceux qui prônent l’intégration ont une cervelle de colibri, même s’ils sont très savants. Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisions l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées !
Conversation entre De Gaulle et Alain Peyrefitte le 5 mars 1959 suite aux événements d’Algérie
C’était de Gaulle, tome 1, Alain Peyrefitte, éd. éditions de Fallois/Fayard, 1994 (ISBN 9782213028323), p. 52.
On imagine ce que serait, aujourd’hui, le discours d’un de Gaulle, sur le « port du voile », sur « la viande hallal », et sur bien d’autre aspect de ce « multiculturalisme » qui fait tant frétiller « le bobo », et tant de « gogos »aux « cervelles de colibri » qui tiennent le haut du pavé médiatique en France. Et sous de Gaulle, le « Djihadisme » n’existait pas encore, même si, dans la Guerre d’Algérie on trouve quelques signes et prémisses d’un combat religieux…..
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En conclusion, vous allez me poser la question de savoir pourquoi j’évoque ces textes connus de tous les Historiens, à un tournant de notre histoire politique. La réponse est simple.
Il s’agit, pour moi, de rafraîchir quelques mémoires, au moment où certains se préparent à se prévaloir d’un « gaullisme » dont ils se prétendent les « héritiers », pour se démarquer, avec dédain, des thèses de leurs concurrents dans la course à l’Elysée, au prétexte qu’elles sont « extrémistes », qu’elles véhiculent des opinions « racistes », et qu’elles portent atteinte à « l’identité de la France » et à son image universelle de Nation généreuse et ouverte à tous les opprimés ( on dirait aujourd’hui « à toute la misère du monde »…), à ceux qui sont convaincus que la nation française a vocation à être le produit d’un « métissage » qui la ferait ressembler au Brésil…..(Je n’ai rien contre le Brésil, bien au contraire. Mais le Brésil est le Brésil, et la France est la France !!!).
A tous ceux qui sont dotés de « cervelles de colibri », j’ai jugé qu’il n’était pas inutile de rafraîchir la mémoire, et de nourrir celle des plus jeunes de nos concitoyens. Afin qu’ils n’utilisent la « référence gaulliste »qu’avec une extrême circonspection….
A la face de ces « néo-gaullistes », j’ai envie de dire : de Gaulle, reviens, « ils sont devenus fous » !!!.
(1).- « C’était de Gaulle ». Titre d’un ouvrage d’Alain Peyrefitte. Tout au long de sa carrière politique, Alain Peyrefitte fut un proche du général de Gaulle. Il publie ainsi C’était de Gaulle, recueil de propos du général de Gaulle paru en trois tomes de manière posthume, le premier en 1994 et le dernier en 2000 qui fait aujourd’hui autorité. (Wikipedia).
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