Défense et éloge du Conservatisme.


Conservateur

Un vent mauvais semble s’être levé, dont la bourrasque vient de secouer la vie politique française, et aurait selon certains, emporté de son souffle puissant les dépouilles de ce qui restait des Partis politiques traditionnels, empêtrés dans leurs incohérences, et réduits à l’impuissance par des combats de petits chefs et des trahisons sans panache….

La campagne désastreuse de Fillon, dont le programme aux accents « conservateurs » promettait « du sang et des larmes »aux Français, dans un effort rigoureux de redressement du pays s’est terminée par un cuisant échec personnel, entraînant dans sa déroute la Droite politique, traversée par d’éternels doutes sur elle même, et déchirée entre ses « tendances molles » attirées vers le Centre, et ce que, abusivement, l’on désigne sous le vocable accusateur de « Droite dure »aux motifs qu’elle refuserait de renoncer à ses valeurs qui en valent bien d’autres….

L’Extrême Centre qui a surgi sous l’impulsion de Macron, – cet « Objet Politique Non Identifié »- , tente d’imposer – laborieusement – une conception « sociale libérale » de la société que l’on serait tenté de caricaturer sous l’ironie d’une définition que j’emprunte à un humoriste : celle du « renard libre dans un poulailler libre, où les poules s’accouplent avec des canards pendant que les coqs copulent entre eux sous le regard « bienveillant » de la fermière »….

Il est clair que « l’accident Fillon » a fait dévier le cours de l’Histoire, car après le quinquennat catastrophique de Hollande, le jeu normal des Institutions et de l’alternance faisait de cette échéance électorale qu’est l’élection présidentielle, une promesse de bataille imperdable pour la Droite.

Mais ce qui semblait inévitable la veille peut nous sembler inconcevable le lendemain. Ce n’est qu’après coup que l’on peut décrire le fil des événements à la manière d’un enchaînement logique où les acteurs d’hier n’étaient que les marionnettes d’un grand récit écrit d’avance. Car l’irruption jupitérienne de Macron, les Historiens le montreront un jour, était vraisemblablement préparée et organisée en sous-main avec la complicité de la classe médiatique : elle ne doit rien à la « génération spontanée »….

Est-ce à dire que sur le fond des choses la crise française vient de se dissiper  miraculeusement ???

Ce serait ignorer que la France est travaillée depuis plusieurs années par des courants de fond que nourrit la peur de la dissolution de la Patrie, et plus largement, celle de voir une certaine acception de notre civilisation se dissoudre.

Pour moi, il est clair que les questions « identitaires » ne tarderont pas à ressurgir, n’en déplaise à ceux qui tentent de « ringardiser » ceux qui les posent . Elles ressurgissent partout, en Europe, et nous n’en sommes qu’au début !!!

La fièvre catalane, en Espagne, nous en fournit un exemple inquiétant : le peuple catalan qui possède une identité forte, une Histoire, une culture, un style de vie, et selon lui, une langue se soulève contre l’Espagne castillane qui voudrait l’ignorer, et veut exister par lui-même….

Le rejet d’un Islam conquérant, voire arrogant, et les peurs suscitées par une absence de politique d’immigration faisant craindre le danger d’un envahissement, se répand en Europe.

Islam

Sondage Fondapol paru dans le Figaro.

Le « conservatisme » est donc appelé à s’inscrire durablement dans la démocratie contemporaine en Europe. A toutes les époques de notre Histoire il resurgit lorsque les fondements de la société sont fragilisés, et lorsque les nations doutent d’elles-mêmes et du destin qu’on leur promet sans qu’elles l’aient réellement choisi.

Je dirai même que dans ces circonstances les questions qu’il soulève redeviennent existentielles.

Qui sommes-nous? D’où venons nous ? Qu’avons-nous en commun? Que nous apportent ceux qui nous contestent et veulent nous imposer leur mode de vie ??? Ces questions essentielles, réveillées à la fois par une mondialisation conçue par « les marchands »  dont beaucoup considèrent qu’elle échappe à tout contrôle, par un terrorisme islamiste qui n’est pas prêt à renoncer à son projet de mettre à bas notre société, par une immigration massive qui échappe, elle aussi, à tout contrôle à un moment où l’Afrique connaît une croissance démographique sans précédent…

Notre société est menacée, en outre, par la crise de la transmission des valeurs qui la fondent et qui se sont forgées au fil des siècles d’une Histoire mouvementée, et ébranlées par un individualisme qui se radicalise tout en donnant libre cours à toutes sortes de  fantasmes qui vont de l’auto-engendrement  au transhumanisme en passant par le LGBTisme….

Michel Onfray, dans un interview au Figaro consacré à Michel Houellebecq a fort bien caractérisé les pathologies de notre époque, subtilement décrites par Houellebecq dans son dernier roman, « Soumission »? Je le cite :  » En tant que sismographe, il enregistre toutes les secousses en rapport avec la tectonique des plaques civilisationnelles: il a diagnostiqué l’effondrement spirituels des générations produites par des parents soixante-huitards, l’écœurement d’une sexualité indexée sur la seule performance, la marchandisation des corps et des âmes, des carrières et des pensées, la contamination de l’art contemporain par le snobisme et le marché, la tyrannie de l’argent en régime libéral, la fin de la France depuis l’abandon de sa souveraineté lors du Traité de Maastricht. » Fin de citation.

Quoi qu’on en dise, les inquiétudes que suscitent les menaces qui pèsent sur nos sociétés ne relèvent pas du délire réactionnaire de quelques intellectuels qui auraient convaincu les Français qu’ils étaient malheureux : elles sont perçues par les peuples eux-mêmes qui, peu à peu, perdent confiance en leurs « zélites » dont ils accusent l’autisme et le repli sur elles-mêmes….

Le vote des peuples est là pour en témoigner: il s’exprime clairement, en France par un record d’abstentions et par le refus d’apporter son vote à des « zélites » suspectées de trahir la volonté populaire, et par une ascension spectaculaire des Partis extrémistes.

J’ajouterai que le Conservatisme appartient à un courant important de la pensée française : il témoigne d’un scepticisme résolu devant la démesure d’une prétendue modernité qui « perd les pédales »  et méprise le besoin fondamental d’ancrage et d’enracinement.

Ce n’est pas la première fois que la France, dans son Histoire, est confrontée à cette problématique, et au cours des siècles passés, « la querelle des anciens et des modernes » n’a jamais été réellement, et durablement tranchée au profit des « modernes ».

Un courant important de la pensée française critique aujourd’hui, ouvertement, l’hégémonie progressiste et conteste le modèle qu’elle voudrait imposer dans la vie publique. Le politiquement correct reste très puissant,  mais de plus en plus nombreux sont ceux qui ne tolèrent plus son emprise et ont le courage  de l’affronter. Et nombreux sont ceux dans les jeunes générations qui, malgré une propagande qui commence sur les bancs de l’école, lourdement soutenue par des médias complices, manifestent un désir de retour à des valeurs traditionnelles.

Qu’on se le dise, avec l’accession de Macron au pouvoir, les Français ne viennent pas de se convertir d’un coup à la mondialisation heureuse, au multiculturalisme, au métissage et à la confusion des cultures, ni à un communautarisme militant: ils n’ont pas basculé d’un seul coup dans une société se rêvant hors-sol. Et ils éprouvent toujours la même défiance à l’égard des Institutions européennes qui jusqu’ici, se sont révélées incapables de répondre aux aspirations réelles des peuples.

Il arrive qu’un système politique, pour différentes raisons, déforme en profondeur les préférences collectives d’un pays et ne parvienne plus à traduire ses aspirations profondes. Cela provoque un sentiment d’aliénation démocratique.

C’est le sentiment qu’éprouve « la France périphérique » qui se sent de plus en plus abandonnée et trahie par le « parisianisme » d’une pensée prétendument progressiste et ignorante des réalités de la France profonde.

Nous ne sommes pas encore parvenus au terme de l’Histoire du conservatisme en France et en Europe….

L’Europe, l’Europe, l’Europe !!!!


De Gaulle

https://youtu.be/zufecNrhhLs

Le général de Gaulle en avait fait l’une de ses plus célèbres tirades ( avec celle du « quarteron de Généraux » ), dans la quelle il ironisait sur ceux qui sautent sur leur chaise comme des cabris en criant l’Europe, l’Europe, l’Europe…..

Depuis l’époque où de Gaulle exprimait son scepticisme à propos du destin de la France dans une Europe « unifiée », que dis-je, uniformisée sous la botte d’une camarilla de hauts fonctionnaires issus de la haute bureaucratie, depuis cette époque beaucoup d’eau a coulé sous les ponts….

Le scepticisme n’a pas reculé. Bien au contraire me semble-t-il.

Et au lieu de pointer leur doigt accusateur vers les « eurosceptiques » qui refusent d’épouser la religion d’une Europe ouverte à tous les vents, car « ouverte aux autres » au point d’en avoir oublié ses frontières, les « cabris » du Général feraient bien de s’interroger sur les raisons qui font qu’après un demi-siècle, le projet européen s’est enlisé et ne suscite plus aucun enthousiasme auprès des générations actuelles.

Lorsque j’avais trente ans, je fus contraint d’accepter l’idée que, pour que la France puisse enfin se consacrer à son destin européen, il lui fallait obéir à l’injonction qui lui était faite devant l’opinion mondiale, de tourner le dos à son passé colonial.

Je dus alors, faire un douloureux travail sur moi-même, qui a fait de moi, en quelques années, un « européen de raison « . J’ai fini par me ranger aux côtés de ceux qui, considérant que la France, n’étant plus une puissance de « premier rang », seule l’Europe pouvait lui ouvrir la voie d’un nouveau destin.

J’ai cru, alors, que l’Europe, que j’ai eu l’occasion, professionnellement, de parcourir en tous sens, pouvait devenir, pour les jeunes de ma génération, une Patrie de substitution: j’y ai trouvé partout les traces de cette culture dite « judéo-chrétienne » qui pouvait rassembler les peuples, à condition qu’ils aient voix au chapitre.

Passionné de musique depuis toujours je n’ignorais rien de Beethoven. Je me suis investi dans la découverte de la littérature européenne, et j’ai appris à décrypter les philosophes allemands, à pénétrer la poésie ténébreuse de Goethe, j’ai admiré passionnément Jacques Brel, je suis allé au théâtre pour écouter de grands acteurs belges, et j’ai même été jusqu’à lire des traductions de Shakespeare, et à me plonger dans « l’Enfer » de Dante, à relire Virgile et les philosophes grecs dont je ne savais que le peu que l’on apprenait en classe à travers les versions latines ou grecques…

C’était l’époque d’une intense politique d’échange culturels franco-allemands qui annonçait ce qu’allait devenir « Erasmus » sur le plan éducatif, et j’ai même été…. jusqu’à épouser une Allemande, convaincu que l’avenir était dans une fusion des peuples !!!

C’est dire que je n’ai rien négligé pour devenir un Européen convaincu !!!

Mais cela n’a pas duré : peu à peu, les désillusions se sont accumulées et ont pris le dessus sur mon enthousiasme.

Ayant des attaches sentimentales à Bruxelles, j’ai été aux premières loges pour entendre parler des Institutions européennes, pour rencontrer des fonctionnaires européens, et pour entendre les rumeurs qui bruissent tout autour de cette oligarchie devenue apatride gavée de privilèges en tous genres, et pour qui l’Europe n’est plus un rêve fou, mais un fromage dont il convient de se partager les meilleures parts….

J’ai appris que pour devenir un fonctionnaire de cette gigantesque bureaucratie, il valait mieux avoir un parent dans la place ou être un homosexuel bien introduit plutôt que de tenter sa chance dans des concours dont les dés sont pipés, car il arrive souvent que le lauréat d’un concours ne soit pas celui qui est recruté…..

C’était l’époque où le regretté Philippe Seguin était devenu, pour moi, la seule « pointure » politique française à laquelle j’accordais du crédit.

Je m’en suis déjà expliqué….

Ses prises de positions m’ont ouvert les yeux. J’ai compris vers quelle Europe, une oligarchie de bureaucrates ivres de puissance voulaient nous entraîner.

Après Jacques Delors, le seul européen sincère de ma génération, j’ai vu se succéder les pantins donneurs de leçons, qui à la tête de la Commission européenne tentaient, pour exister, de réduire au silence ceux qui protestaient contre le projet stupide de transformer chaque Nation en une Province d’un ensemble qui ne sait même plus où sont ses frontières.

Alors, je n’ai pas besoin de beaucoup insister pour faire comprendre que je ne suis pas plus surpris que cela par le résultat des élections allemandes : comme disait « le Général », il faut prendre les choses comme elles sont !!!

Il est clair que malgré les tentations d’en étouffer l’expression, un fort courant est en train de naître en Europe.

Une fois encore, incapables de répondre aux réelles aspirations des Européens, le troupeau des cabris qui sautent sur leurs pattes en criant l’Europe, l’Europe, l’Europe, a recours aux insultes et à l’invective pour faire taire la voix de ceux qui sont traités de « populistes » quand ce n’est pas de « fachos ».

Tout cela parce qu’ils revendiquent le droit de défendre leur identité, et parce qu’ils ne partagent pas le projet funeste de faire de l’Europe une sorte de nouveau Brésil, – sans l’Amazonie !!! -, ouvrant largement ses portes à un Islam devenu fou, et de renoncer à nos valeurs qui valent bien les leurs, pour faire la place à des populations qui rejettent et combattent nos modèles de société.

Ces incapables ont été inaptes à faire de l’Europe autre chose qu’une fragile puissance économique, un grand souk, qui fait l’affaire de gros intérêts qui en « tirent les ficelles », alors que les citoyens attendent que l’Europe soit un rempart, une protection contre les assauts qu’elle va devoir subir de partout, car sa richesse due au travail et aux sacrifices des générations de l’après guerre aux quelles j’appartiens, attise les convoitises de peuples faméliques livrés au pillage de leurs dirigeants et au ravage de guerres intestines depuis que la décolonisation les a livrés à eux-mêmes….

Si l’Europe ne change pas de projet, et de direction, il est fort à parier que la montée des « populisme » se poursuivra, en France, en Allemagne, mais aussi en Autriche, en Hongrie, en Pologne et même dans les pays nordiques….

Le « populisme », n’en déplaise à certains, c’est la voix des peuples s’exprimant contre l’aveuglement, l’autisme et la trahison des « zélites ». Ceux qui, avec mépris, utilisent ce terme, feraient bien de se souvenir de l’article 3 de la Constitution du 4 octobre 1958 qui rappelle que «La souveraineté nationale appartient au peuple», il ne fait que reconnaître le pacte originel qui est, depuis plus de deux cents ans, le fondement de notre Etat de droit. Nulle assemblée, nul traité international ne saurait donc accepter de violer délibérément ce pacte fondamental.

Les peuples, du moins ceux qui ont conservé une parcelle de lucidité et de bon sens, en ont conscience: ils ne refusent pas l’Europe, contrairement à ce dont, avec une bonne dose de mauvaise foi, on cherche à nous convaincre.

http://premium.lefigaro.fr/actualite-france/2017/09/29/01016-20170929ARTFIG00063-les-europeens-face-aux-migrants.php

Les peuples le font savoir avec de plus en plus de force : ils ne veulent pas de cette Europe là, car, pour le peuple français du moins, il est clair que la conception actuelle de l’Europe, remet en question l’un des fondements les plus solides de notre Pacte républicain  !!!!

Les « Cocus » pathétiques….


le_cocu_magifique

J’écoutais, hier soir, d’une oreille distraite un « débat » entre « experts », animé par un journaliste connu pour avoir été longtemps, à l’époque où la Droite exerçait l’illusion du pouvoir, un inconditionnel de la Gauche. ( Car en France, où l’on salue une prétendue « liberté de la Presse », de nombreux journalistes ne font pas mystère de leur engagement qui peut aller jusqu’à un sectarisme assumé).

Ne prêtant plus aucune oreille aux échanges qui donnaient à ce débat l’allure d’une empoignade sans intérêt, je me suis concentré un instant sur la mine de quelques uns des intervenants.

Un spectacle inouï, tant il reflétait le malaise de ceux que l’on a connu, pendant le précédent quinquennat, pour avoir été de fidèles petits soldats de François Hollande, et surtout de ceux qui ont été ses « frondeurs » au nom de leur « fidélité aux engagements de campagne du candidat Hollande », cocufiés par le Président élu…..

Le sujet était bien entendu, la politique conduite par la « République En Marche » sous la direction de Macron.

Macron a été élu, on s’en souvient, grâce à ses appuis médiatiques et à son habileté de communicant doué d’une solide formation théâtrale, qui lui a permis de laisser croire à « celles zé ceux » qui ont voté pour lui, qu’il mènerait une politique « et de droite et de gauche », et ce,  « en même temps »…..

Or, il était émouvant d’observer la mine pathétique des participants à ce débat, connus pour avoir appartenu à la Gauche éternelle, et qui se sont laissés embarquer dans l’aventure d’En Marche, – espérant sans doute y trouver la perspective d’une nouvelle carrière -, contraints à avouer que la politique menée par le Gouvernement actuel n’était pas « et de droite et de gauche », mais plutôt « et de droite et de droite » !!!!

L’un des intervenants, plantant une banderille dans le flanc d’un jeune député LER abasourdi, va jusqu’à émettre l’idée « qu’à ce jour, il ne voit pas grande différence entre la politique de Macron et celle que proposait Fillon, si ce n’est sur le plan du style de la communication  » !!!

Car, il faut admettre que Macron venant du « camp socialiste », « protégé » de Jacques Attali, ex-Secrétaire Général adjoint de l’Élysée sous Hollande, avant de devenir son Ministre des Finances, on était fondé à croire – naïvement – qu’il était un homme de Gauche….

L’ex-député socialiste devenus député d’En Marche, se trémoussant sur son siège, avait des airs de « Cocu » refusant d’admettre qu’à cette heure, il avait été berné, et faisait mine de croire que « celles zé ceux » qui l’avaient trompé reviendraient à de « meilleurs sentiments le moment venu »…..

« Le moment venu »…..

Car, en effet, il y aura un moment où il faudra bien lâcher du lest à une Gauche impatiente de se trouver, à nouveau, des raisons d’exister ….

Ce sera alors le moment d’observer la mine de ceux qui, à droite, – avides de perspectives de carrières dans « le monde nouveau » ont chois de rejoindre « En Marche » ou de s’en tenir à une attitude « constructive » mais assez peu gratifiante jusqu’ici -, devront avaler la couleuvre des « réformes sociétales »destinées à nous faire entrer de force dans ce fameux « monde nouveau » dont même ses plus fidèles adeptes, nombreux parmi les « quadras », ignorent où il nous emmènera…..La PMA en est un tout premier échantillon, que beaucoup considèrent comme un dévoiement de la médecine et constituerait le point de bascule vers le transhumanisme. 

Car, qu’on se le dise !!! Les « social libéralisme » c’est « le renard libre dans un poulailler libre », où les poules peuvent coucher sans honte avec des canards, et où les coqs copulent entre eux sous le regard ébahi de « bienveillance » de la fermière….

C’est l’ouverture des vannes pour tous les fantasmes de ceux qui ne supportent plus la moindre contrainte morale dans une société en voie de décomposition qui ne rêve que de « mixité », de « multiculturalisme », et où le « vivre ensemble » consiste à « tolérer » sans limite, dans un « monde ouvert » où il est interdit de se « replier sur soi-même », un monde où « l’enfant-roi » n’a plus sa place, celle-ci étant occupée par les « parents-rois »…..

(http://premium.lefigaro.fr/vox/societe/2017/09/15/31003-20170915ARTFIG00272-francois-xavier-bellamy-pma-pour-toutes-derniere-frontiere-avant-le-transhumanisme.php).

«  »On est face à une idéologie qui veut faire des enfants sans père ni union avec le sexe opposé (bonjour, le plaisir !) moyennant le fric de l’Etat et la tambouille génétique. C’est le Meilleur des mondes. » (Causeur.fr)

Jusqu’au « facho »Michel Onfray, pour qui l’ouverture de la PMA aux femmes célibataires et aux couples lesbiens est un pas de plus vers la gestation pour autrui (GPA). 

Alors, il sera intéressant ( si on peut dire !!! ) d’observer les gesticulations de cette deuxième brigade de « cocus du macronisme », dans les débats à venir qui nous promettent de nouvelles émotions pathétiques….

En espérant que tout ce cinéma ne se terminera pas par une tragédie: car faute d’alternance possible, c’est un boulevard qui s’offrira aux extrêmes qui attendent leur heure….

Abdallah.


Diaporama_25_BCA

Lebada

(Cliquez sur les liens ci-dessus)

Le poste que je dirigeais alors, à Lebada, à proximité de la jonction entre les frontières de l’Algérie, de la Tunisie et de la Lybie, – dont la mission était d’intercepter les passeurs d’armes et de munitions destinées aux maquis de l’intérieur de l’Algérie – comportait un vingtaine d’hommes auxquels s’ajoutaient six harkis que l’on avait affectés à mon unité sans me demander mon avis.

Ces harkis devinrent très vite, pour moi, les meilleurs soldats de ma petite unité, constituée essentiellement d’appelés, souvent indisciplinés, contestataires, qui se demandaient ce qu’ils étaient venus faire là, dans ce désert, où il n’avaient, en aucune manière, le sentiment de servir la France….

Paradoxalement, je décelais, chez ces harkis une grande fierté de porter l’uniforme et un véritable respect pour leur chef que j’étais, et un sincère attachement à la France.

Leur endurance, leur connaissance du terrain, leur habileté à déchiffrer et à lire les traces que les « rebelles » laissaient sur leur passage, leur capacité à en évaluer le nombre, ont été pour nous, à de nombreuses reprises , un concours précieux qui nous a évité bien des pièges et parfois nous a permis d’échapper à des embuscades meurtrières…

Parmi ces Harkis, il y eut Abdallah .

Abdallah était le plus jeune de la harka: il avait 25 ans et il était donc plus âgé que moi….

Les autres Harkis avaient entre trente et quarante cinq ans, mais leur sens de la discipline et le fait que je parlais arabe avec eux faisaient qu’ils ne me posaient aucun problème.

Abdallah était le fils d’un ancien tirailleur, qui avait combattu pour libérer la France, et dont la photo écornée et jaunie ne quittait jamais son vieux portefeuille. Abdallah était fier de nous montrer son père en tenue de tirailleur à la poitrine ornée de la médaille militaire, – une haute distinction parmi les combattants – arborant ses galons de Caporal , ce qui avait facilité, après la guerre, sa nomination comme Garde-Champêtre de son petit village de Kabylie, et ce qui lui coûtera la vie, car il avait été égorgé par le FLN….

C’est sans doute un désir de vengeance qui avait motivé l’engagement d’Abdallah aux côtés de la France.

Abdallah était de toutes les patrouilles, de toutes les embuscades, solide malgré sa petite taille, courageux jusqu’à l’inconscience du danger, mais instinctif et habile à sentir tous les pièges, dans une nature sauvage dont il connaissait toutes les possibilités de dissimulation du danger.

J’ai conscience du fait que lui, – et les autres harkis -, nous ont plus d’une fois sauvé la vie et nous évitant ces pièges et en nous guidant sur un terrain apparemment désertique mais d’où la mort pouvait surgir à chaque instant.

Je pense très souvent à ces harkis dont « le crime » a été de rester fidèles à la France qui a fait preuve, à leur égard d’une injustifiable ingratitude.

Lorsque j’ai quitté l’uniforme, « libéré de mes obligations militaires », ils étaient au garde-à-vous devant la Jeep qui allait m’accompagner à la Gare de Souk Aras : ils avaient tenu à porter mes affaires personnelles et mon paquetage jusqu’à la Jeep, et je les sentais aussi émus que moi-même.

Plus tard, je rencontrerai le Lieutenant Toma, notre Commandant de Compagnie devenu Capitaine, à Alger où il se faisait soigner à l’Hôpital Maillot, pour une grave blessure subie au combat. Toma avait quitté le 25ème Bataillon de Chasseurs Alpins pour fonder, près de la frontière tunisienne, un Commando de Chasse dans lequel s’était enrôlé Abdallah. J’apprendrai qu’Abdallah avait été tué au cours d’une opération.

Quelques mois plus tard j’apprendrai que Toma était mort à son tour, tué au cours d’un combat que raconte Jean Mabire  dans un livre passionnant :

Commando de Chasse

Je n’ai jamais réussi à savoir ce que sont devenus les autres harkis dont j’ai recherché, en vain, la trace pendant toute ma vie. Mais je redoute que leur sort ait été celui des milliers de Harkis « liquidés » après l’Indépendance de l’Algérie, dans des conditions souvent atroces par le FLN.

La « grandeur de la France » et le prestige du Général de Gaulle en ont pris, depuis cette époque, un sacré coup dans ma mémoire….

Une voix s’est éteinte….


philippe Seguin

Une voix s’est éteinte et son silence est assourdissant.

C’est le troisième mail que je reçois émanant des abonnés qui suivent mon blog depuis plusieurs années, et qui s’interrogent sur mes orientations politiques.

Le dernier d’entre eux me fait,- à juste titre -, observer que certains de mes billets ont été, successivement critiques à l’égard de Chirac au quel je reprochais d’avoir été un leurre pour la Droite, puis à l’égard de Sarkozy dont j’ai toujours considéré qu’il n’avait de pire ennemi que lui même, puis à l’égard de Hollande, cet apparatchik sans envergure dont les ambiguïtés et l’inaptitude à revêtir le costume du Président qu’il est devenu, presque par hasard, ont été ridiculisés partout où il a promené sa bedaine, et enfin, à l’égard de Macron, ce brillant énarque issu de la bobocratie financière,- un monde que je connais bien pour l’avoir côtoyé pendant près de 35 ans -, fou de morgue et d’orgueil, et ivre de la puissance que lui confère une élection inattendue, obtenue en raison de la médiocrité de ceux qui lui étaient opposés.

Mais alors, m’interroge-t-il, où vous situez-vous, politiquement ???

La question est pertinente et mérite que j’y apporte une réponse claire.

J’ai bientôt 85 ans, et une mémoire redoutable.

Au cours de cette longue vie, j’ai vécu toutes sortes de situations qui ont affermi mon caractère et peu à peu, mes convictions. Cela ferait sans doute sourire bien des jeunes aujourd’hui, mais je fais partie des survivants, de plus en plus rares, qui ont connu l’époque de René Coty et la fin de la IVème République, qui ont sacrifié trois ans de leur jeunesse à une Guerre fratricide et cruelle en Algérie, qui ont vécu Mai 58 et l’arrivée au pouvoir de de Gaulle et son célèbre « Je vous ai compris », puis l’avènement de la Vème République, qui ont vu se succéder à la tête de l’Etat, Pompidou et Mai 1968 avec sa génération de « révolutionnaires » en peau lapin qui n’ont à leur actif qu’une « révolution sexuelle » qu’accompagne l’abaissement du niveau de la morale individuelle , puis Giscard, puis Mitterrand porté au pouvoir par Chirac qui a ainsi traîtreusement assouvi sa haine de Giscard. 

J’ai connu l’époque du Monarque Républicain en la personne de Mitterrand, puis les « coups de mentons » de Chirac qui faisaient croire au peuple de Droite que ce radical-socialiste était des leurs, j’ai connu les gesticulations d’un Sarkozy dont je pense qu’il faisait une bonne analyse de l’état de la société française mais qu’il n’a jamais été en capacité de la transformer, et enfin Hollande sur le cas duquel je ne m’étendrai pas tant sa médiocrité a pu déchaîner les sarcasmes au point qu’il fut le seul Président de la Vème République qui décida, de lui-même ( ??? ) de ne pas se présenter pour le renouvellement de son mandat.

Je suis de ceux, – j’ai découvert ensuite que nous étions majoritaires dans le pays – qui, refusant d’apporter leur voix à Marine Le Pen ( qui à mes yeux n’aura jamais l’envergure d’un Chef d’État ), mais refusant de voter pour Macron qui,  pour moi représente le prototype de ces hauts fonctionnaires « pantouflards » passés par Sciences Po et par l’ENA, tous construits sur le même modèle, arrivistes, prétentieux, qui ont des idées superficielles sur tout, et qui peuvent vous démontrer une chose et son contraire dans le même discours, et « en même temps »…. tant leur prétendue pensée est « complexe » !!!!

Une catégorie de personnages pour lesquels j’ai accumulé, – durant ma longue carrière au cours de laquelle j’ai dû les côtoyer, et parfois les affronter – de fortes préventions. Car je les crois capables de dire et de faire le contraire de ce qu’ils pensent, juste pour arriver à leurs fins….

Le programme de Macron, censé être « du juste milieu », ni de droite ni de gauche n’est rien d’autre, à peine actualisé, que le grand programme du parti radical, sorte de juste milieu décrit en son temps par Daniel Halévy dans La République des comités (1934) et qui entend éviter les « valeurs clivantes »: «Autant d’expressions interdites. France, le moins possible, et vidées de sens et d’amour. Ainsi se prépare en eux ce désert, cette brousse de croyances arrachées qui composera leur âme défaite, et d’où menace de s’élever un jour, pour d’étranges revanches, un feu messianique.» (Daniel Halévy).

Alors, me direz-vous, y-a-t-il dans le paysage politique qui émerge de ces propos désabusés, un personnage qui trouve grâce à vos yeux ???

Il en est un, et un seul aux idées duquel j’ai tout de suite adhéré, et aux quelles je suis resté fidèle. Ce personnage politique, c’est Philippe Séguin, dont je me sens orphelin !!!

Philippe Séguin avait dix ans de moins que moi, à quelques jours près. Très vite, lorsque ce personnage a émergé dans le paysage politique, j’ai éprouvé de l’intérêt pour le parcours de ce Pied Noir de Tunisie, issu d’une famille fort modeste, qui n’a pas connu son père mort à la guerre, élevé par sa mère, – une Institutrice de la « colonisation » -.

« La France était mon père de remplacement », disait-il et j’éprouvais naturellement de la sympathie pour ce parcours et cette profession de foi.

Certes, il était un Gaulliste convaincu, alors que pour moi, le personnage de de Gaulle, – dont je reconnais volontiers la dimension historique, et l’œuvre de redressement spectaculaire de la France – , porte la tache indélébile du mépris avec lequel il a traité les Pieds Noirs auxquels j’associe les harkis, pour mettre fin à la Guerre d’Algérie.

Il n’empêche que la haute idée que de Gaulle avait de son pays m’a toujours impressionné et séduit. Donc, ce point-là n’était pas pour m’éloigner de Philippe Séguin.

Et, cerise sur le gâteau de la sympathie que m’inspirait le personnage, il était, comme je le suis, un grand amateur de foot ….

Philippe Séguin est devenu mon « maître à penser » à partir de son discours fleuve prononcé à l’Assemblée Nationale pour combattre le projet de traité de Maastricht. J’ai suivi ce discours télévisé de plus de deux heures au cours duquel il expose sa conception d’une Europe des Nations et combat  » l’abandon majeur de souveraineté que constituent l’extension très large du principe de la majorité qualifiée (en lieu et place de l’unanimité des États) et la perspective affichée d’une monnaie unique pour 1999 lui paraissent une remise en cause radicale de l’héritage de 1789 et du pacte passé entre le citoyen français et la République. »

« Pendant près de deux heures et demi, «jusqu’à l’aube», en un combat ressemblant étrangement à celui de la chèvre de la fable, Philippe Séguin lutta pied à pied pour convaincre les députés des risques politiques, sociaux et économiques découlant des transferts de souveraineté massifs (notamment la monnaie) au profit d’une Europe proto-fédérale via l’adoption du traité de Maastricht. »

Avant de rendre les armes, au petit matin, non pas devant la cruauté d’un vieux loup de passage mais devant le suffrage référendaire acquis d’extrême justesse (51% pour la ratification du traité en septembre 1992) sur la base de convictions parfois sincères mais aussi de peurs et fantasmes agités comme aujourd’hui dès lors qu’est évoqué le sujet européen…..J’en ai eu les larmes aux yeux !!!

https://www.cvce.eu/obj/discours_de_philippe_seguin_paris_5_mai_1992-fr-208cafc7-f175-4e91-af4f-da4769440e83.html

Tout comme moi, Séguin n’avait rien d’anti-européen, il était au contraire profondément attaché à l’unité européenne et en particulier à l’accueil dans l’Union des pays de l’Est rescapés du communisme soviétique. En revanche, il voyait avec une lucidité hors du commun le danger de fonder la construction européenne sur la logique d’une gigantesque usine à gaz bureaucratique. Sa crainte majeure tenait à la destruction de la démocratie nationale.

J’ai toujours considéré, fidèle à sa conception de l’Europe que je partage toujours, que l’Europe que l’on nous propose, sous l’influence de puissantes oligarchies apatrides, n’a été rien d’autre, jusqu’ici,  qu’une fuite en avant dans une course à un élargissement qui ne correspondait qu’à une logique d’extension des marchés de consommation, servie par la logique d’une volonté de puissance échappant au contrôle des peuples, affirmée par une Commission européenne composée d’une élite de seigneurs de la haute bureaucratie européenne….

Il n’y a chez ces gens aucune volonté de rapprocher les peuples européens par ce qu’ils ont de plus précieux à partager : leurs savoirs-faire, leur culture, leur art de vivre, et leur besoin d’une réelle protection commune face aux dangers qui menacent la Patrie européenne.

Séguin n’aurait pas sa place dans le concert de ceux qui aujourd’hui « sautent comme des cabris sur leur chaise en criant l’Europe, l’Europe, l’Europe », car comme l’aurait prophétisé de Gaulle,  » le diable est désormais dans le confessionnal . Il ne faut surtout pas faire venir l’exorciste.» !!!

On comprend mieux aujourd’hui, les raisons qui ont conduit Jacques Chirac à vouloir depuis l’origine écarter Philippe Séguin du pouvoir : on trouve, bien entendu parmi ces raisons, et comme en 1995, la méfiance instinctive des années 1990 envers le lutteur de Maastricht, et le pourfendeur du «Munich social». Mais, pardessus tout, la méfiance de Chirac était motivée par l’extraordinaire force de caractère de Séguin, et le respect qu’il imposait en raison de sa stature, de son franc parler et de la haute idée qu’il avait des vertus républicaines, qui en faisaient un éventuel concurrent redoutable….

Car Chirac élu grâce à un programme inspiré par Séguin, celui de la « fracture sociale », aussitôt élu, s’est empressé de trahir ses engagement électoraux en leur tournant le dos, et en nommant Juppé pour faire une autre politique, ce que Séguin n’a jamais digéré.

Cette « fracture sociale » n’a pas été réduite depuis. Elle s’est même aggravée. Il y a deux France qui vivent côte à côte et qui s’ignorent : la « France d’en-haut », et la France périphérique si bien décrite par le géographe Christophe Guilluy. La bourgeoisie triomphante du XIXème  se fond dans un magma qui, dans une bienveillance affectée, célèbre « la mixité sociale », « le multiculturalisme », « le respect de l’Autre » et « le vivre ensemble »…

Bénéficiaire des bienfaits de la mondialisation, cette nouvelle bourgeoisie en oublie jusqu’à l’existence d’une « France d’en-bas », exclue des citadelles que sont devenues les grands métropoles.

Pendant ce temps, dans « la France périphérique », les classes populaires coupent les ponts avec la classe politique, les syndicats et les médias. Leurs cris de détresse ne sont plus entendus. Chassées des banlieues où elles ne se sentent plus protégées par la montée d’un communautarisme de plus en plus agressif, elles se réfugient à la périphérie des grands ensembles urbains, loin des centre-villes dont les logements ne sont plus accessibles qu’à une classe de privilégiés.

La voix forte de Philippe Séguin nous manque pour dénoncer l’hypocrisie d’une époque, et d’une classe politique qui se sert de la légitimité des Institutions pour confisquer le pouvoir et, avec la complicité des médias, réduire le peuple au silence, sous la menace de le renvoyer avec mépris, à son « populisme »….

Elle nous manque pour dénoncer les pitreries d’un pouvoir ivre de lui-même dont le triomphe n’est dû qu’à la médiocrité de ceux qui ont tenté de s’opposer à lui.

Et pourtant, faut-il souhaiter l’échec de la camarilla qui gouverne aujourd’hui le pays ??? Sans doute pas, car cet échec aurait de lourdes conséquences, tant ce pouvoir est en train, par aveuglement, de faire le lit des extrêmes…..Car un dangereux engrenage est enclenché, celui du mépris des grands et du dégoût populaire : une fracture qui ne peut que conduire au pire.

Alors, attendons de voir la suite…..Mais ce sera très dur car on ne fait pas disparaître près d’un demi-siècle de dépenses fiscales incontrôlées et d’addiction aux taxes et impôts d’un coup de baguette magique.

PS : si à un certain moment j’ai pu écrire quelques billets de soutien à un François Fillon au cours de la dernière campagne présidentielle, c’est moins par attirance pour le personnage que j’ai toujours trouvé un brin « faux-cul », que parce qu’il se prévalait de sa « proximité » avec Philippe Séguin, et que je retrouvais dans ce programme, sur certains points, les accents courageux de celui qui fut son mentor. Je me suis trompé.

 

Toqué de Tocqueville…


Tocqueville

« Il y a en effet une passion mâle et légitime pour l’égalité qui excite les hommes à vouloir être tous forts et estimés. Cette passion tend à élever les petits au rang des grands ; mais il se rencontre aussi dans le cœur humain un goût dépravé pour l’égalité, qui porte les faibles à vouloir attirer les forts à leur niveau, et qui réduit les hommes à préférer l’égalité dans la servitude à l’inégalité dans la liberté. »

— Alexis de Tocqueville – De la démocratie en Amérique, T. I, première partie, chap. III (Vrin).

Cela m’arrive de temps à autres : lorsque je suis envahi par le doute sur les vertus de notre Démocratie, alors je me replonge dans la lecture de Tocqueville, pour prendre quelque recul, et pour retourner aux sources et retrouver les repères de l’authenticité.

C’était le cas, hier soir : après avoir abrégé l’écoute d’un de ces débats truqués auxquels la télévision nous a habitués, j’ai jeté un œil sur les rayons de ma bibliothèque et mon regard s’est arrêté sur  » De la démocratie en Amérique« , un ouvrage dans une collection de poche que j’ai souvent compulsé, aux pages noircies de remarques et de notes exprimant mes réactions du moment, à chaque fois que j’ai ouvert ce livre.

Ce n’est pas la première fois que cela m’arrive !!! J’ai d’ailleurs déjà commis un billet sur cet auteur qui remonte à quelques temps déjà :

https://berdepas.com/2012/10/01/toque-de-tocqueville/

Nous sommes en 1831. La Révolution française a enfanté l’Empire et la France se remet à peine du désastre des guerres napoléoniennes. La Royauté, de retour, vient de se lancer dans une expédition punitive en Algérie, qui se terminera après bien des batailles, par la conquête de cette autre rive de la Méditerranée….On connaît la suite !!! Certains la connaissent mieux que d’autres…..

Alexis de Tocqueville dont l’œuvre mériterait de longs développements, a déjà acquis une estimable réputation de défenseur de la liberté individuelle et de l’égalité en politique, les deux concepts étant à son sens indissociables. Il défend la démocratie tout en identifiant les risques de dérive qui y sont inhérents. Tocqueville souligne notamment l’évolution possible de la démocratie vers une dictature de la majorité au nom de l’égalité. Prémonitoire….

Tocqueville reste encore aujourd’hui, l’une des plus grandes références de la philosophie politique libérale.

L’ouvrage de Tocqueville relate les conclusions qu’il tire d’un voyage d’études effectué en Amérique qu’il considère alors comme un véritable laboratoire pour l’observation des conséquences de l’application concrète des principes démocratiques.  » J’ai choisi le pays chez qui la démocratie a atteint le niveau le plus complet et le plus paisible afin d’en discerner clairement les conséquences naturelles et d’apercevoir, s’il se peut, les moyens de la rendre profitable aux hommes »……  » j’y ai cherché une image de la démocratie elle même, de son caractère, de ses préjugés, de ses passions: j’ai voulu la connaître, ne fut-ce que pour savoir au moins ce que nous devions espérer ou craindre d’elle ».

En parcourant les pages de Tocqueville, je me suis sans cesse interrogé sur le jugement que l’auteur porterait aujourd’hui sur notre « démocratie »…..

Tocqueville n’avait manifestement pas prévu que les dérives d’un système démocratique puissent aboutir à une forme de dictature des minorités telle que nous la vivons actuellement, dans un pays où 25% des électeurs qui se sont déplacés aux urnes puissent décider de qui gouvernera le pays et pour en faire quoi. Un pays où de grands Partis Politiques ont choisi de tourner le dos au peuple qui ne les écoute plus, et de s’appuyer sur un agglomérat de minorités pour conquérir puis exercer le pouvoir, rejetant dans le mépris, ce peuple qui se sait majoritaire, mais qui prisonnier de l’image « populiste » dont on l’a affublé, est réduit à un silence rageur…. ( 1 ).

Tocqueville avait pourtant bien identifié le fait que la démocratie peut favoriser, par perte du lien social, des comportements contraires aux intérêts de la société en son ensemble. Je le cite :  » L’un des caractères distinctifs des siècles démocratiques c’est le goût qu’y éprouvent tous les hommes pour les succès faciles et les jouissances présentes. Ceci se retrouve dans les carrières intellectuelles comme dans les autres. La plupart de ceux qui vivent dans des temps d’égalité sont pleins d’une ambition tout à la fois vive et molle: ils veulent obtenir sur le champ de grands succès, mais ils désireraient se dispenser de grands efforts. Ces instincts contraires les mènent directement à la recherche des idées générales, à l’aide desquells ils se flattent de frais, et d’attirer le regard du public, sans peine. »

C’est bien le cas qui me préoccupe, s’agissant de la France d’aujourd’hui, où des individus sans grande envergure, propulsés par la classe médiatique sur le devant de la scène, s’imaginent « à la place du Calife », et nourrissent une « Guerre des Chefs » qui leur donne l’illusion d’exister politiquement.

En parcourant ce livre, je me demandais quelles leçons un Tocqueville pourrait tirer du spectacle que nous offrent les Démocraties occidentales, où la recherche du pouvoir dans un strict objet de carrière personnelle, où les combats de chefs ont supplanté les débats d’idées, et où des minorités de tous poils, ethniques, culturelles, cultuelles, sexuelles, et autres….tirant parti de la mode du « politiquement correct » qui entoure d’indulgence, voire de tolérante bienveillance toute attitude « victimaire », réduisent au silence l’immense majorité qui peuple les contrées oubliées de la France profonde.

Ce que j’écris là pourrait s’appliquer de la même manière à l’Amérique où la récente élection de Trump nous a offert le spectacle d’une Démocratie, – celle la même que Tocqueville considérait comme exemplaire et susceptible d’inspirer la France- traversée par l’une des plus grave crise de son Histoire tant il est clair que l’Amérique profonde ne partage plus les idéaux et les valeurs de l’Amérique des élites et des grands ensembles urbains.

Et en relisant quelques une des notes que j’avais consignées en marge de cet ouvrage, je mesurais à quel point les maux dont souffrent nos démocraties sont anciens et ont survécu, chez nous, à tous les changements de majorité que la France a connues depuis plus de trente ans…..

( 1 )J’ai évoqué, dans un précédent billet la conception que les petits génies d’un Think Tank qui a beaucoup inspiré la Gauche française, – mais pas seulement -, avaient de la Démocratie dans un « monde nouveau »:

https://wordpress.com/post/berdepas.com/37569

En mai 2011, le think tank progressiste Terra Nova, publiait une note intitulée: «Gauche, quelle majorité électorale pour 2012?» dans laquelle elle présentait la base sociologique sur laquelle la gauche devait selon elle s’appuyer pour être majoritaire. Les auteurs écrivaient ainsi: «Contrairement à l’électorat historique de la gauche, coalisé par les enjeux socioéconomiques, cette France de demain est avant tout unifiée par ses valeurs culturelles, progressistes: elle veut le changement, elle est tolérante, ouverte, solidaire, optimiste, offensive. C’est tout particulièrement vrai pour les diplômés, les jeunes, les minorités. Elle s’oppose à un électorat qui défend le présent et le passé contre le changement, qui considère que «la France est de moins en moins la France», «c’était mieux avant, un électorat inquiet de l’avenir, plus pessimiste, plus fermé, plus défensif».

Un exemple, parmi tant d’autres de « racolage » politicien pratiqué par de prétendues « zélites » qui s’étonnent aujourd’hui de l’indifférence du Peuple à leurs fantasmes de « monde nouveau »… !!!