Même si nous refusons de regarder le monde, le monde nous regarde.
Maintenant que se dégonfle le soufflet de la contestation qui a accompagné la décision du Gouvernement de mettre fin aux exceptions françaises dans le domaine des retraites, et notamment, de reculer l’âge de départ à la retraite à 62 ans, il est temps de s’interroger sur la perception, à l’étranger de la période de défilés, de grèves, de blocages en tous genres qu’ a connus la France.

Pour avoir observé de l’extérieur de nos frontières, toute cette agitation, pour avoir parcouru jour après jour la presse internationale, il m’apparaît clairement que la réputation notre pays,- dont la Gauche française se préoccupe si souvent-, ne sort pas grandie de la crise qui a fait de ce mois d’octobre, un moins qui pèsera lourd dans l’avenir politique de notre pays.
Là où s’écrit une partie de notre avenir, c’est à dire en Asie, où les populations industrieuses construisent peu à peu l’essor de ce continent qui avant peu imposera sa domination économique à l’Europe et particulièrement à la France, les observateurs étrangers ont été féroces.
Au-delà des caricatures habituelles – les Français paresseux, donneurs de leçons à la terre entière, empêtrés dans une appréhension des affaires du Monde teintée d’un marxisme mal digéré et rejeté de toutes parts sur la planète –, leurs reportages ont décrit notre société comme peuplée de « babyboomers vieillissants », de « post-soixante-huitards« agrippés à leurs privilèges, et de jeunes qui avant même d’être entrés dans la vie active sont déjà découragés par les efforts qu’ils devront fournir pour préserver leur niveau de vie.
Le monde a été stupéfait de voir avec quelle vitesse l’incendie des banlieues s’est propagé au cœur de nos plus grandes cités – la presse étrangère n’avait jamais autant parlé de la place Bellecour ! Le correspondant de Tchastny Korrespondent (Moscou) a même mené l’enquête au Mirail : « Si vous voulez quitter l’Europe pour atterrir dans un pays du tiers-monde, il vous suffit d’aller à Toulouse, de prendre le métro et de rester assis jusqu’au terminus… Dans ces quartiers, tout signe de civilisation occidentale a disparu.»
Beaucoup d’observateurs étrangers ont décrypté la manipulation syndicale qui s’est déroulée dans une ambiance d’hystérie collective et suicidaire.
La télévision espagnole s’est attardée, plusieurs soirs de suite à montrer Marseille asphyxiée et croulant sous des montagnes d’ordures, son port durablement coulé par ses dockers inconscients et jusqu’auboutistes, sa rade encombrée de bateaux immobilisés au large, incapables d’accéder aux quais bloqués par la grève d’une quarantaine de grutiers.
La critique a fait place aussi à la stupéfaction devant ce pays privilégié où des «rentiers sociaux»défilent derrière des syndicats« révolutionnaires-conservateurs », alors que leurs revendications paraissent surréalistes dans des pays qui sont confrontés à la nécessité d’appliquer des plans de rigueur sans précédent, au nom de réalités économiques et démographiques implacables.
« Cette réforme est une évidence… Allez la France, sois réaliste », écrivait The International Herald Tribune à la mi-octobre.
« Les Français se mentent à eux-mêmes», expliquaient d’autres médias en rappelant que la quasi-totalité des grands pays du monde ont déjà choisi de reculer l’âge légal de départ à la retraite (65 à 67 ans en moyenne), alors qu’une partie de la France s’est battue pour rester à 60 ans, voire 55 ou 50 ans !
The Spectator (Londres) a évoqué « une forme de déni des réalités, celle qu’on peut voir dans les rues d’Athènes et de Paris ». Le Royaume-Uni venait d’annoncer son colossal plan d’austérité : « Ici, on accepte de plus en plus qu’il faille se serrer la ceinture. Cela, les Français ne l’ont pas encore compris. »
El Pais, quotidien espagnol modéré a consacré de larges pages à la description ironique du folklore qui a accompagné ces manifestations, jouant sur l’orgueil espagnol dont le peuple fait face à une crise bien plus grave que celle que traverse la France, dans un calme relatif, même si le Gouvernement Socialiste de Zapatero n’échappe pas à de féroces critiques….
La France qui avait acquis, il y a quelques décennies, la réputation d’avoir la » Droite la plus bête du monde », peut se targuer, aujourd’hui, d’avoir la Gauche la plus ringarde d’Europe.
Alors que dans toute la péninsule européenne la social-démocratie est en crise, la France se paie le luxe d’entretenir, à la gauche de sa Gauche, une nuée de micro-partis qui pataugent dans les illusions d’un communisme révolutionnaire, et continuent à entretenir la flamme d’une rhétorique vaguement léniniste ou trotskyste, dont les propos menacent sur sa gauche un Parti Socialiste qui ne parvient pas à épouser son époque et à élaborer un projet crédible, qui tienne compte du monde tel qu’il est et non tel que quelques apprentis révolutionnaires voudraient qu’il soit.
Tout cela est navrant.
A un moment où la Chine qui n’en finit pas de se réveiller, avec la superbe des peuples qui savent qu’ils ont devant eux un grand destin, nous tend la main .
Non sans calculs à long terme, elle se propose de nous « aider » à relancer quelques secteurs de notre économie restés compétitifs, et pour investir avec nous dans le développement du « Hi-tech ». Près de Chateauroux, des ouvriers français travailleront encadrés par 800 cadres venus de Chine dans des activités nouvelles financées par les Chinois : ça promet !!!!
Après avoir proposé à la Grèce de racheter le Pirée pour en faire un grand port moderne, par où passeront, demain, les produits chinois qui submergeront l’Europe, la Chine devenue le principal créancier des Etats Unis en plein désarroi, la Chine qui se moque bien de nos états d’âme sur les Droits de l’Homme, la Chine projette son ombre sur l’économie mondiale dont elle est devenue l’un des acteurs principaux.
Et pour nous protéger, pendant combien de temps encore, pourrons-nous nous cacher derrière le parapluie d’une agitation syndicale stérile, pour éviter de regarder notre déclin en face ???
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