Alors que médias et élites se concentraient sur la crise en Grèce ces dernières semaines, les dérapages de la nuit du 14 juillet et la menace d’attentats terroristes passaient aux oubliettes. Read more at: http://www.atlantico.fr/decryptage/et-pendant-temps-france-brule-t-elle-dans-indifference-generale-thierry-get-xavier-raufer-2240737.html#YQtujh34J7m3svMU.99
C’était prévisible. Mon allusion d’hier à Philippe Muray et à « Festivus, Festivus », son petit chef-d’oeuvre de dérision littéraire, m’a donné envie de feuilleter, une fois de plus cet ouvrage, dans son édition de 2008, publiée chez Flammarion, dans la collection « Champs, essais », ainsi que « L’Empire du Bien », un essai au vitriol…
« Festivus, Festivus », est construit autour d’une conversation avec Elisabeth Lévy, dont on sait les talents de polémiste portant un regard aigu et critique sur notre société à la dérive.
C’est plus fort que moi.
Chaque fois que je vois s’ébrouer dans notre société festive et libertaire, tous ces parangons du « nouveau vivre-ensemble », éperdus d’insouciance, et libérés de toute entrave depuis la proclamation bénie d’une société où « il est interdit d’interdire », je ne puis m’empêcher de replonger dans la lecture de ce bouquin, annoté, page après page, des mes observations personnelles, voire de mes « exclamations » quand le passage provoque mon hilarité quelques fois amère, tant l’écriture de Muray, qui manie avec subtilité, le paradoxe, ou l’ironie jubilatoire, suscite chez moi, des fous-rires bienfaisants….
Ainsi, à la page 76 de « Festivus, Festivus », où Elisabeth Lévy rapporte que selon « le Directeur du Guide du Routard », soixante-dix pour cent des libraires étant des femmes, celles-ci devraient en quelque sorte refuser de vendre « Plateforme » de Michel Houellebecq, au prétexte que ce livre est « avilissant ». De même que , dans une librairie « branchée » de Paris, il est impossible de se procurer le livre de Renaud Camus, « Corbeaux », dans lequel celui ci relate « l’Affaire Renaud Camus ». On sait que Renaud Camus dénonce, avec un talent littéraire reconnu, le « Grand remplacement » du peuple français par des peuples venus d’ailleurs…. Le libraire questionné répond : « je ne vends pas ce genre de livres » !!!! Curieuse conception de la tolérance, au pays de la « liberté de pensée » et de la démocratie….
Les libraires font ainsi partie, avec les journaleux, du vaste réseau de censure qui règne sur le monde littéraire français, animé par des « rejetons du soixante-huitisme », prompts à mettre en accusation, voire à poursuivre pénalement tout ceux qui ne pensent pas comme eux….
Pour Murray, ils participent désormais « à toutes les expéditions plumitives fomentées sans cesse, et pour diverses raisons, plus vertueuses-venimeuses les unes que les autres, contre tel ou tel écrivain un peu hérétique, par rapport, disons, aux diktats des calotins sociaux du Monde et de Télérama, dont la vision pieuse et cafarde a détrempé à peu près tout ce qui reste de la littérature et de la pensée. Depuis que les libraires donnent publiquement leur avis , ils ne sont plus libraires mais « garde-chiourme ». (Fin de citation ).
La dernière « expédition plumitive » de l’hebdomadaire « L’Obs », s’en prend aux écrivains blancs, hétérosexuels qui selon le plumitif auteur de l’article seraient privilégiés par rapport à leurs concurrents noirs. Le temps serait donc venu de boycotter les écrivains blancs, pour les punir d’attirer plus de lecteurs que leurs collègues noirs !!!!
Comme on le voit, on touche le fond de la stupidité prétentieuse d’une certaine classe intellectuelle !!!
Certaines émissions prétendument « littéraires » apparemment destinées à susciter la curiosité et le goût d’ouvrir des livres, et qui, en réalité n’ont d’autre but que de canaliser les goûts, et orienter les lecteurs vers « ce qu’il faut lire » pour être « dans le vent », et surtout pour détourner le lecteur de ce qu’il faudrait lire pour préserver son esprit critique et sa capacité de jugement personnel….
Le monde du Livre s’associe ainsi, à son tour, à l’énorme farce médiatique que nous inflige le « couple obscène médias-politiciens » – selon le mot du sociologue Michel Wierviorka. La France est anesthésiée par une classe médiatico-politique qui s’évertue à détourner l’opinion des réalités aux quelles notre pays est désormais confronté.
La fureur déclenchée dans le « microcosme »par le succès littéraire rencontré, – malgré un déferlement de la critique chargée du « conservatoire de la bienpensance » -, par la parution des livres de Zemmour et de Houellebecq est significative : ces deux auteurs ne font que tendre à notre société, un miroir dans lequel elle refuse de se voir.
Notre société plongée dans un coma profond se détourne du « réel »auquel elle oppose un déni hargneux.
Elle se complait dans une sorte de rêve entretenu sournoisement par une classe politico-médiatique, en lévitation. La fête continue. Il faut que la fête continue !!! Festivons !!! A tout prix.
Nous sommes condamnés à vivre sous « l’Empire du Bien ». Un livre qu’il faut avoir lu, pour apprendre à ouvrir les yeux sur ce que nous réserve la « société progressiste » dans laquelle nous vivons.
’Empire du Bien reprend sans trop les changer pas mal de traits de l’ancienne utopie, la bureaucratie, la délation, l’adoration de la jeunesse à en avoir la chair de poule, l’immatérialisation de toute pensée, l’effacement de l’esprit critique, le dressage obscène des masses, l’anéantissement de l’Histoire sous ses réactualisations forcées, l’appel kitsch au sentiment contre la raison, la haine du passé, l’uniformisation des modes de vie. »
Ceux qui restent éveillés vivent un cauchemar.
Philippe Muray nous en décrit quelques bribes, dans son style burlesque et inimitable . Une fête de l’absurde qui se déroule sous nos yeux, sur le modèle d’une vaste gay-pride ( je le cite) : « Un bataillon d’agents de développement du patrimoine ouvre la marche, suivi presque aussitôt par un peloton d’accompagnateurs de détenus. Puis arrivent, en rangs serrés, des compagnies d’agents de gestion locative, d’agents polyvalents, d’agents d’ambiance, d’adjoints de sécurité, de coordinateurs petite enfance, d’agents d’entretien des espaces naturels, d’agents de médiation, d’aides-éducateurs en temps périscolaire, d’agents d’accueil des victimes et j’en passe. […] Il s’agit du rassemblement imaginaire de tous les nouveaux « emplois jeunes » de Martine Aubry, […] une sorte de Halloween à l’échelle nationale, une Love Parade en plein Paris, une Job Pride, pourquoi pas ? »
Et, page 240 de Festivus, Festivus, : » L’opinion d’en haut se fout pas mal de l’opinion d’en bas. C’est elle qui a la parole, et elle a déterminé souverainement un certain nombre d’urgences parmi lesquelles, en effet, l’éradication de la différence des sexes figure à une place de choix. …..
Le féminisme outré, le militantisme gay obsessionnel et divers autres communautarismes déchaînés sont les réservoirs inépuisables d’où jaillissent de nouveaux moines fanatiques qui, s’ils ont un anneau dans le nez, des piercings partout et des roulettes aux pieds, n’en sont pas moins les exacts descendants des insatiables Tartuffes simoniaques de l’Inquisition espagnole ».( Fin de citation )
Telles sont les « forces intellectuelles » qui, tenant le haut du pavé de la pensée, préparent notre société à l’émergence, de « l’Homme Nouveau », parfaitement « formaté », que l’on peut admirer dans les séquences publicitaires de la télévision, un brin efféminé, toujours un peu gland,un brillant à l’oreille, le torse épilé, mais pourvu d’une barbe de quelques jours, l’anti-macho, à peine propre sur lui, mais correct, du moins politiquement. Amateur de glisse et de patin-à-roulettes que l’on voit, parfois le Dimanche, traversant Paris en files indiennes, se « réappropriant » la Capitale chère à l’Andalouse….Et sur les plages, il étale son penchant pour l’adoration de soi : la mode des « selfies » illustre le narcissisme d’une certaine jeunesse qui n’adore plus rien qu’elle-même, tatouée, alcoolisée, droguée, elle ne rêve que de finir sa vie « en boîte » , dans l’hystérie des danses collectives, noyée dans des torrents de décibels…
« Plus rien ni plus personne n’est différent de rien ni de personne, sous l’effet de la déferlante hyperfestive, et ce ne sont jamais, pour dire le vrai, que des effondrements de frontières dont se réjouit Homo festivus, avec l’exubérance que l’on sait, chaque fois qu’il descend dans la rue : la destruction de la très vieille loi oedipienne (dont la défaite ouvre enfin une voie royale au matriarcat), l’effacement de la fonction paternelle, la disparition du passé, le triomphe de la vision infantile du monde, la réduction à néant de la différence sexuelle, l’évanouissement de l’univers concret et de ses divisions obsolètes (intérieur/extérieur, public/privé, intime/social)sont ses profondes et vraies raisons de faire la fête. » ( Fin de citation ).
Telle est l’ambiance festive dans laquelle nous baignons, avec une sorte d’insouciance immature, entretenue par les faiseurs d’opinion sous la dépendance intellectuelle desquels on souhaiterait nous maintenir, en condamnant au silence tous ceux qui ne marchent pas dans la combine….
Mais, est-ce bien cette France-là que le peuple veut ????