«Le mauvais exemple est contagieux.»
[ Sophocle ] – Electre

L’exemple de la Grèce, confrontée à des réalités qu’elle refusait de regarder en face, jusqu’ici, devrait faire réfléchir tout ceux qui, en Europe sont habitués à vivre dans le mensonge et détestent ceux qui appellent « un chat, un chat »…..
Car, outre les mensonges répétés de ses dirigeants, plus préoccupés de masquer la réalité de la situation financière du pays que d’y remédier, de quoi la Grèce souffre-t-elle ???
Les recettes de l’Etat ne couvrent pas ses dépenses, et son déficit budgétaire cumulé atteint des niveaux insupportables. Soit.
Le faiblesse des recettes provient de l’inefficacité d’un système fiscal qui exonère totalement les « bas revenus », c’est à dire la majeure partie de la population, qui compense ses « bas revenus » par des activités « au noir » qui échappent à l’impôt, lequel repose essentiellement sur les « classes moyennes » qui pour maintenir un niveau de vie décent sont condamnées à déployer des prodiges d’imagination pour frauder et se dégager de la pression fiscale. En outre, la plupart des « grosses fortune »s vivent en dehors du pays. Les richesses « visibles » mais difficilement saisissables sont celles du clergé orthodoxe, qui possède un patrimoine immobilier et de terrains considérables….
L’excès de dépenses publiques provient, en premier lieu, d’une fonction publique pléthorique : le rêve de tout jeune grec est d’obtenir un emploi « protégé », même s’il est mal payé, quitte à arrondir ses fins de mois en exerçant une autre activité.
Ce n’est donc pas un hasard si les « fonctionnaires » sont en première ligne parmi les « victimes » annoncées des mesures de redressement rendues incontournables par la gravité de la situation du pays.
Dans « le Monde », un article traitant de ce sujet révélait qu’en Grèce, « impopulaires, les fonctionnaires sont une cible facile : les travailleurs du secteur privé, souvent moins protégés, ne sont pas forcément choqués de voir ces armées de « ronds de cuir » mis sur le grill. Ne dit-on pas qu’au Parlement – où siègent 300 députés – les employés seraient 1 500 ? Et qu’ils ont bénéficié, jusqu’alors, d’un quinzième et d’un seizième mois ? Curieusement, seuls les salaires des fonctionnaires sont censés diminuer. La réduction du nombre, pléthorique, des agents de la fonction publique, n’est pas (encore) officiellement au menu. Certains analystes pensent que cela pourrait venir à l’automne. »
Hier matin, France-Inter diffusait un reportage d’une de ses envoyées spéciales à Athènes qui interrogeait une jeune femme employée de la fonction publique qui déclarait sans ambages: « dans le secteur où je travaille, nous sommes trop nombreux. Sur les dix personnes qui émargent seules cinq travaillent réellement et suffiraient pour assurer le service. Les autres viennent travailler par intermittence, car en fait, nous n’avons pas assez de places dans le bureau pour nous asseoir tous, et encore moins pour classer tous nos dossiers…Il vaudrait mieux que nous soyons moins nombreux et que nous soyons mieux payés. »
Cela devrait évoquer des similitudes, dans certains pays….
Chaque famille possède dans ses relations un homme politique qui l’aidera à « placer » un de ses protégés dans une administration. Le « clientèlisme » est le moteur principal de la vie politique en Grèce.
Ajoutez à cela le poids de « l’assistanat » très lourd dans ce pays où le fait de disposer d’un revenu sous forme d’aide ou d’allocation est banalisé.
Les entreprises sont habituées à jongler avec les solutions permettant d’échapper au fisc. Tout se paie en espèces, y compris la chambre d’hôtel où vous venez de passer une nuit. L’hébergement de touristes chez l’habitant permet également à de nombreux grecs d’arrondir leurs revenus en toute exonération d’impôt.
En second lieu, ce qui « plombe » la Grèce sur le plan de l’équilibre de ses finances publiques, ce sont ses dépenses militaires d’un volume injustifié. Le Grecs la justifient par la menace d’un conflit avec la Turquie,- memebre, comme elle de l’OTAN -, tant que « l’affaire chypriote » ne sera pas réglée et d’une soi-disant menace bulgare, qui semble surréaliste dans le contexte européen actuel.
L’irresponsabilité, sur le plan politique, est partagée entre la Droite et la Gauche. Le pays placé sous « coupe réglée »par deux familles qui règnent politiquement depuis la chute des « colonels », les Caramanlis à droite et les Papandréou à Gauche, est anesthésié et a perdu tout espoir de voir les choses évoluer en profondeur. L’adhésion de la Grèce à l’Europe n’a rien changé à l’immobilisme de ses structures, si ce n’est qu’elle a permis pendant un temps d’entretenir l’illusion d’une prospérité temporaire et artificielle, grâce aux subventions européennes destinées théoriquement à financer la modernisation du pays.
Tout ceci explique la fureur du peuple grec, qui semble découvrir l’étendue du désastre auquel ce pays est confronté.
Mais, si les politiciens leur ont menti sur la situation réelle de ce sympathique petit pays, comme ils ont menti aux institutions européennes, ceux qui se sont contentés d’avaler les couleuvres, sont coupables d’aveuglement, car la faillite prochaine du pays, sans doute accélérée par « la crise », était prévisible.
Le peuple ne pouvait pas ignorer que le pays vivait « au-dessus de ses moyens ». Et si ses dirigeants sont coupables, ceux qui les ont élus ne le sont pas moins.
La Grèce va devoir se soumettre à des réformes douloureuses, celles qu’elle a voulu éviter pendant trop longtemps,et toutes les grèves, toutes les rebellions, tous les attentats ne feront qu’agraver son cas et abaisser sa note de solvabilité et de crédibilité auprès des Agences de notation….
L’idée à la mode en Europe, serait de supprimer les Agences de notation qui font la pluie et le beau temps sur les marchés.
Un peu comme ceux qui trouvent l’hiver trop long et trop rigoureux espèrent des jours meilleurs, en …cassant le thermomètre !!!
… » le ressentiment ne sert de rien dans le malheur« .
Oedipe à Colone
Citations de Sophocle
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