Mots qui fâchent…( suite ).


Dans un précédent billet, j’avais dressé une première liste de « mots qui fâchent » les Français.

Cf: https://berdepas.wordpress.com/2008/07/08/mots-qui-fachent/

Dans la litanie des mots devenus imprononçables dans le galimatias des politiciens, le mot « RIGUEUR » arrive désormais en bonne place. On se souvient de l’époque de Raymond Barre, auquel ce concept a été si souvent reproché , qui lui a coûté d’innombrables déboires en politique.

Il suffit de se référer aux réactions suscitées par les quelques phrases de François Fillon à propos des mesures envisagées afin de réduire la progression des déficits budgétaires et de ralentir celle de l’endettement pour s’en rendre compte.

Cf « Le Point.fr ». Publié le 07/05/2010 à 08:30 – Modifié le 07/05/2010 à 11:00  :« Le Parti socialiste dénonce le « plan de rigueur » de Fillon. »

Comme si on pouvait douter, aujourd’hui encore, de la nécessité d’imposer à la nation, avant qu’il ne soit trop tard, une sévère cure d’amaigrissement des dépenses budgétaires !!!!

Mais ce dont ce pays a le plus besoin, c’est avant tout de s’imposer une cure de vérité

Car depuis trop longtemps, le peuple français s’est accoutumé , comme on s’habitue à une drogue, à accepter de vivre dans le mensonge.

Le « mensonge », ou son substitut le « non-dit » font partie des pratiques devenues, hélas, d’une banalité navrante depuis toujours dans la vie politique française, habituée à la « langue de bois »,  depuis l’époque où on  prenait encore au sérieux les communistes, auteurs de cette géniale invention sémantique. 

La crise financière que traverse l’ensemble de la planète, est en train de se transformer en une crise économique, doublée en Europe, d’une crise politique et peut -être même d’une crise morale comme les démocraties européennes n’en ont pas traversé depuis longtemps.

Sous la pression des « marchés » si souvent vilipendés par ceux qui aimeraient bien revenir à des pratiques qui, dans le passé, ont ruiné bien des économies, le voile se soulève et laisse apparaître les faiblesses, et les lacunes de l’appareil institutionnel européen, incapable de produire des décisions de nature à recréer un climat de confiance dans la pérennité du  système monétaire sur lequel s’est construite la prospérité de l’Europe.

Car, focaliser la responsabilité de cette crise sur les « mensonges » des dirigeants grecs est en soi, déjà, une supercherie.

Tout d’abord il serait opportun de soulever la question de savoir quels ont été les bénéficiaires de la politique de laxisme budgétaire des Gouvernements grecs successifs.
Les Gouvernements de Droite,qui étaient aux affaires avant l’arrivée de Papandréou au pouvoir, portent une lourde responsabilité, sans aucun doute. Mais n’ont-ils pas cédé à la pression permanente d’une opposition de Gauche virulente depuis toujours dans ce pays qui vit sous la menace des extrêmes séduites par l’anarchisme ??? N’ont-ils pas payé trop cher le prix d’une paix sociale sans cesse menacée ??? Et a-t-on entendu la voix des Partis d’opposition, dénonçant une politique d’assistanat et de prébendes insensée ????

Ce n’est pas un hasard, non plus, si le FMI et les prêteurs européens ont imposé des mesures de redressement qui visent en premier lieu, les fonctionnaires, qui étaient jusqu’ici les « privilégiés » du système dans lequel la « démocratie » dont les Grecs sont les inventeurs s’est dévoyée, et dans lequel un clientèlisme effronté nécessite que l’on mette un prix toujours plus fort pour acheter des voix….

Au surplus, comment expliquer que les autorités européennes aient fermé les yeux sur des pratiques qu’apparemment personne n’ignorait ????

Enfin , l’accusation de spéculation adressée aux » marchés », si elle n’est pas totalement infondée, doit tout de même être nuancée.

Car ce que commodément on nomme les « marchés », ce sont tout simplement les créanciers des Etats qui se sont endettés au-delà des limites raisonnables, qui s’inquiètent de la solvabilité de ceux à qui ils ont confié leur argent, l’argent des épargnants que les Banques ont ainsi utilisé, celui des retraités que les fonds de pension ont investi en considérant que la signature d’un Etat est un gage de sécurité des placements.

Quand aux Agences de Notation que l’on essaie de rendre coupables de ce début de catastrophe financière pour les Etats, après leur avoir reproché de n’avoir pas dénoncé les turpitudes des banques américaines à l’origine de la crise qui a fait basculer la place de New York et derrière elle, toutes les places financières, on ne peut tout de même pas leur reprocher de tirer, cette fois, la sonnette d’alarme, et de placer les Gouvernements au pied du mur, en les obligeant à prendre, enfin, leurs responsabilités.

En résumé, il est clair que la liste des mots qui fâchent va s’allonger. Le mot « vérité » et son contraire le « mensonge » y font une entrée fracassante.

Présumons qu’avant peu, un autre mot fera son entrée au palmarès des « mots qui fâchent »: celui de » morale », en politique, un mot qui est tombé depuis trop longtemps en désuétude…..