Le doute s’empare de l’Europe….


Jean-Marc Ayrault est à Berlin pour défendre la politique économique de son Gouvernement. Pour sa première visite en Allemagne,  le premier ministre français, doit s’efforcer de convaincre Berlin de la volonté de la France de remplir ses engagements européens.

 Il pourra s’appuyer sur la publication, le jour même, dans les deux pays, d’un taux de croissance du PIB similaire, 0,2 % au troisième trimestre.

Tout au long de la journée, le premier ministre a multiplité les déclarations rassurantes à ses interlocuteurs allemands. « Nous respecterons l’objectif de 3 % » de déficit public par rapport au PIB en 2013, a affirmé M. Ayrault au cours d’un colloque devant des entrepreneurs allemands.

Ses déclarations sont reçues avec un scepticisme poli, car dans le même temps, la Commission européenne prévoit  un déficit de 3,5 %, l’an prochain pour la France, De nombreux économistes doutent que l’objectif de 3 % puisse être atteint, et pas seulement par la France, en raison du ralentissement de la croissance attendu du fait de la récession qui sévit dans les pays d’Europe du Sud.

Afin de tenter de sauver la face vis à vis des « marchés » qui guettent les premiers signes de défaillance française, J-M. Ayrault et Mme Merkel ont tenu une conférence de presse commune ce jeudi 15 novembre. La chancelière allemande, sans grande conviction, a souhaité « le plein succès » du pacte de compétitivité envisagé par le gouvernement français: « Nous souhaitons une France forte, tout comme la France souhaite une Allemagne forte pour que nous devenions une Europe forte », a-t-elle déclaré.

On ne peut pas dire que l’enthousiasme se reflète sur les visages des deux conférenciers au sortir de leur prestation devant les journalistes allemands.

Jean-Marc Ayrault et Angela Merkel à Berlin, le 15 novembre.
Jean-Marc Ayrault et Angela Merkel à Berlin, le 15 novembre. | AFP/ODD ANDERSEN

Jean-Marc Ayrault affiche son air habituel de chien battu, tandis que Madame Merkel semble perplexe, voire abattue par autant de légèreté du côté des autorités françaises, qui semblent ne pas avoir encore pris la mesure de l’ampleur et de la durée de la crise à laquelle l’Europe doit faire face.

 D’autant que si, depuis plusieurs jours, en Allemagne, plusieurs médias ont dépeint la France comme le nouvel « homme malade de l’Europe » , d’autres échos identiques ont été entendus en Angleterre ou l’hebdomadaire  The Economist consacrera sa Une du 17 novembre à la France, qu’il désigne comme la « bombe à retardement de l’Europe ».

La couverture de "The Economist" du 17 novembre.
La couverture de « The Economist » du 17 novembre.  | D.R.

Du côté français on tente de se rassurer en mettant en avant le fait que l’Allemagne a aussi des problèmes. Cette attitude, bien française, pourrait servir d’illustration au propos célèbre d’Ernest Renan, qui, en gros, prétend qu’un Français ne peut pas être parfaitement heureux, tant qu’à côté de lui, un autre est plus heureux que lui. Mais que le Français peut supporter les pires épreuves, s’il a le sentiment que d’autres sont bien plus malheureux que lui…..

Alors que « le malheur de l’Allemagne » ferait notre malheur à tous, car sans l’économie allemande qui sert de contrepartie et de garantie à la solidité de l’Euro, notre monnaie commune s’effondrerait, avec des conséquences catastrophiques pour tous les pays de la zone Euro.

Il est temps qu’à pied, à cheval, en train, ou en avion et même en « Sarko One », nos gouvernants parcourent le monde et ouvrent les yeux sur l’ampleur des défis qui nous sont lancés par des pays qui en moins de cinquante ans, en s’imposant des sacrifices douloureux, nous ont rattrapé dans tous les domaines de l’économie, et sont en train de nous dépasser, et, bien pire, sont en train de devenir nos principaux créanciers,-  avec les pays du Golfe….qui profitent de l’état de délabrement de nos finances, pour se payer « la France », « par appartements »…

On comprend mieux pourquoi, après avoir tant débiné son prédécesseur, François Hollande a reçu en catimini, ces derniers temps, le gratin des roitelets du Golfe, et a rendu visite, – en « SARKO ONE » s’il vous plaît !!! – au Roi d’Arabie saoudite, pour lui présenter ses hommages….

Illustration:

http://www.lepoint.fr/monde/france-bahrein-quand-francois-hollande-recoit-un-dictateur-06-08-2012-1493370_24.php

« Ironie du sort, c’est justement par un tweet (relayé par le Figaro.fr) qu’une journaliste politique de l’Agence France-Presse, accréditée à l’Élysée, s’est chargée de donner l’alerte, le 23 juillet à 11 heures du matin. Évoquant une « visite-surprise », en tout cas « pour les journalistes AFP », elle joint à son texte une photo montrant François Hollande aux côtés du roi Hamed ben Issa Al Khalifa, sur le perron de l’Élysée »

Ah !!! Les tweets !!! On ne peut plus rien faire en cachette….

Bouderies entre cousins « germains »…


La rumeur a couru, dans les salles de rédaction, de l’existence d’un rapport d’experts commandé par le Gouvernement allemand, qui, selon les mêmes rumeurs contiendrait des préconisations concernant les réformes structurelles nécessaires à la France, pour son redressement.

Cette rumeur a beaucoup irrité dans les allées du pouvoir. Surinterprétée par les « germanophobes »qui vibrillonent au sein de la Gauche, elle a servi d’argument à ceux qui cultivent l’opinion du retour d’une Allemagne dominatrice et donneuse de leçons à un Président socialiste droit dans ses bottes, qui affronte dans son pays une impopularité sans précédent. 

Elle survient à un moment où ce Président essaie de corriger le cap d’une politique qui jusqu’ici n’a convaincu personne,- sauf parmi les « inconditionnels »de « l’entourage » -, pas plus dans le pays qu’à l’étranger. C’est donc peu dire que les esprits en sont troublés, dans l’actuelle majorité.

Cela peut se comprendre. Le  réflexe d’énervement est justifié. Que les Allemands envisagent de nous donner des leçons pour réformer la France serait à la fois vexant et culotté car il y a dix ans, la République fédérale était la grande malade de l’Europe. Et il  a fallu beaucoup de temps et d’hésitations au Social Démocrate Gehrard Shröeder, avant d’engager les réformes qui lui ont permis de positionner son pays sur une trajectoire vertueuse.

Ces petites bouderies ne doivent pourtant pas dissimuler l’essentiel : le Allemands sont réellement inquiets de l’état de notre économie, de sa stagnation depuis trois trimestres, de ses déficits, et de l’absence de mesures structurelles de réduction (et non de gel) des dépenses publiques, autant de mesures nécessaires pour inverser la tendance.

Les Allemands n’ont pas tort:  selon Eurostat, le dernier taux de chômage connu s’établit à 5,4 % chez eux,  contre 10,8 % ici.

Ils craignent que la France ne glisse insensiblement vers une situation à l’italienne ou à l’espagnole, ce qui les laisserait seuls à porter le poids de l’Euro et de sa crédibilté en tant que monnaie d’échange face au Dollar, au Yen et à la Livre. 

Mais pardessus tout, ils craignent que la France de François Hollande, considérant  que les difficultés actuelles ne sont que temporaires et que tout ira mieux dès que le cycle économique traditionnel s’inversera, mi-2013 et en 2014, esquive les réformes douloureuses nécessaires à un redressement durable et à un retour de sa compétitivité.

Car les Allemands ont compris, eux,  que ce que les Français appelent «  crise », sous-entendant qu’elle est passagère, est une vraie mutation historique et ils se sont donné les moyens de faire face au « nouvel état du monde » si souvent évoqué dans ces pages…

Espérons que François Hollande, au cours d’une conférence de presse élyséenne attendue, lèvera les interrogations et les doutes….Car, partout, le doute existe:

Ô Sole mio….


Il se dessine, parmi les « faiseurs d’opinion », une tendance à mettre l’Allemagne en accusation, et à lui reprocher une certaine forme d’aveuglement face à l’évolution de la situation économique en Europe, où la menace d’une récession se fait de plus en plus précise.

D’autres, plus intelligemment, comme l’Italien Mario Monti, s’efforcent de procéder par la persuasion et plaident auprès de l’opinion allemande, pour tenter d’infléchir ce qui ressemble à une forme de « psychorigidité », pour ceux qui font mine d’ignorer les moments difficiles que les Allemands ont dû traverser au lendemain de la réunification, et surtout, lors de la mise en oeuvre, par Gherard Schroeder, d’une politique de redressement financier qui pèse encore lourd dans la mémoire collective allemande, qui reproche, à l’Europe d’alors, de l’avoir laissée seule affronter ces difficultés. Ces mêmes difficultés aux quelles l’Europe d’aujourd’hui est confrontée.

Comme toujours, en pareille situation, il faut s’efforcer, avant de se forger un jugement, de prendre en compte tous les aspects du problème, et d’entendre tous les arguments, y compris ceux qui écorchent nos oreilles….

« L’affrontement » Italie-Allemagne, fait l’objet des titres des grands journaux italiens.

La Stampa y consacre un article au titre évocateur, soulignant la somme d’orgueil national et de préjugés qui, de part et d’autre, pollue un débat difficile qui, pour être constructif, ne peut se poursuivre que d’une manière sereine et dans l’objectivité.

Je reproduis, ci-après cet article, paru le 6 Août, dans une traduction réalisée par « Presseurope ».

« Trop d’orgueil et de préjugés »

6 août 2012

La Stampa                        Turin       Partagé 167 fois en 10 langues

Malgré les efforts du Premier ministre italien Mario Monti pour amadouer l’opinion allemande, ses concitoyens déplorent un sentiment nationaliste et anti-européen en Allemagne. La faute aux idées préconçues, mais aussi à l’attitude des Italiens, écrit La Stampa.

« Comment convaincre les Allemands que nous ne voulons pas de leur argent ? Dans l’interview qu’il a donné au Spiegel, Mario Monti a fait cette fois tout son possible.

Fort de sa compétence, il a tenté à nouveau d’expliquer que nous autres italiens avons payé bien plus cher qu’eux l’aide à la Grèce, à l’Irlande, au Portugal et que, étant donnés les taux actuels de rendement des titres de la dette publique, ce sont les Italiens et les Espagnols qui subventionnent les Allemands, et non le contraire.

Il n’est pas facile de le faire comprendre.

En Allemagne aujourd’hui, les difficultés de l’Union monétaire ne produisent pas seulement un désenchantement de masse envers l’intégration européenne, semblable à ce qui se passe aussi en Italie, mais aussi un véritable phénomène culturel auprès d’une partie de la classe dirigeante allemande, qui tend à considérer qu’elle a raison contre le reste du monde, ou presque.

« La semaine dernière, le quotidien très populaire Bild a annoncé à grands cris à ses lecteurs, comme si c’était un scoop, que la prolongation de la crise était tout bénéfice pour l’Allemagne, estimant que celui-ci était de 60 milliards d’euros pour les trente derniers mois. Un chiffre considéré comme assez vraisemblable par plusieurs experts. Et pourtant, pas grand chose n’a bougé. Les populistes se glorifient de cette nouvelle preuve de succès patriotique, la plupart font semblant de ne rien voir.  

« Qu’est-ce qu’il se passe sur les marchés ? Quelques traders l’ont très bien expliqué récemment au New York Times : ils savent que les titres de la dette italienne, actuellement de haut rendement, pourraient être une excellente affaire, mais ils continuent à les vendre au lieu de les acheter, par peur que ne se propage parmi leurs collègues un “tsunami de pessimisme collectif” qui pourrait désarçonner l’Italie.

« C’est cette réalité que persistent à nier de nombreux économistes allemands. Leur théorie ne la prenant pas en compte, pour eux, elle n’existe pas. Ils affirment que les rendements à 6 ou 7% pour la dette de l’Italie et de l’Espagne sont rationnels, et que c’est même bien fait pour elles. Le hic c’est que [au sein du directoire de la Banque centrale européenne], tous ont pris acte de cette évidence, sauf le représentant de la Bundesbank. C’est là toute l’importance des décisions de jeudi dernier.

« Le nouveau nationalisme allemand répond le plus souvent à côté de la question, dans un court-circuit dangereux entre démagogie électorale et dogmes d’un monde académique conformiste. On accuse les pays du Sud et la France de vouloir pousser la BCE à faire marcher a planche à billets pour financer la gabegie des politiciens, comme ils l’ont fait par le passé. En Italie, cette pratique irresponsable a été abandonnée dès 1981, dix ans avant le Traité de Maastricht.

« En même temps, il faut reconnaître que divers événements italiens ont contribué à alimenter la défiance allemande.

« Dans les années 1990, les deux pays souffraient de maux similaires. Mais, pendant la décennie suivante, se sont succédés à Berlin des gouvernements capables de les soigner, alors qu’à Rome, ce fut loin d’être le cas. L’invocation à la légère des eurobonds par nos responsables politiques trahit leur désir que les Allemands payent une partie de l’addition à notre place.

« Il est donc juste, même si cela peut paraître bizarre, que le compromis issu de la réunion du conseil de la BCE [Francfort achètera de la dette souveraine des Etats en difficulté uniquement après que ceux-ci auront demandé l’intervention du Fonds européen de stabilité financière] subordonne les interventions pour dompter les marchés à des initiatives politiques (précisément parce qu’il s’agit de redresser les marchés ; on ne crée pas de monnaie en excès).

« Nous explorons un nouveau territoire, où il faut vérifier à chaque moment ce qui doit être décidé par le vote des citoyens et ce qui est du ressort des techniciens. Dans les deux pays, il faut être plus vigilants sur l’esprit que sur la lettre des Constitutions qui nous ont apporté la démocratie à la fin des années 1940. Quant aux traités européens, au besoin, on peut les modifier. »(Fin de citation).

Traduction : Françoise Liffran

Il reste donc encore beaucoup de travail à « Super-Mario », pour emporter l’adhésion des Allemands à une thèse en faveur de laquelle, ne plaident pas le comportement économiques passé, de l’Italie,…ce qui explique le scepticisme du citoyen allemand. Pour s’en convaincre, il suffit de lire cet article du « monde.fr »:  

http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/08/08/l-italie-minee-par-la-corruption_1743830_3214.html

La Crise ???  » Mon oeil « .


 

L’ article de l’économiste allemand Hans-Werner Sinn, publié dans mon billet précédent, « mérite un détour », même s’il comporte des affirmations dérangeantes pour ceux qui voudraient « se servir » dans les Caisses de l’Allemagne, qui ne sont pas aussi pleines qu’on le dit…

De nombreux autres articles de la Presse allemande vont dans le même sens. Ils mettent en doute la possibilité pour les pays européens du Sud de demeurer dans l’Euro en s’abritant derrière la garantie allemande:

 http://www.presseurop.eu/fr/content/article/2440031-cet-euro-la-n-plus-de-sens

Ces articles mettent en évidence des réalités que l’on fait mine d’ignorer en France:  la France a couvert une part majeure, avec l’Allemagne, du risque que représentent les dettes des pays du sud. Elle l’a fait en aggravant dangereusement le poids de sa dette. 

Le deuxième fait est que seule l’Allemagne a mené une politique de baisse de ses coûts de production internes et notamment du prix du travail.

Le troisième fait, est qu’il n’y aura pas de miracle pour sauver l’Euro.

Ceux qui accusent la BCE d’« affamer les peuples », ou qui reprochent à l’Allemagne »son manque de solidarité», n’ont pas pris la mesure des difficultés dans lesquelles nous nous débattons, tous ensemble, en Europe.

Un rachat d’obligations d’État par la banque centrale ne règle en rien le problème de fond : l’endettement plus qu’excessif de nos économies et leurs écarts croissants de compétitivité.

Se contenter de soigner les symptômes du mal s’apparente à jeter de l’argent par la fenêtre. Tel est le raisonnement que fait la Bundesbank et que font, avec elle, une majorité d’Allemands. On peut les comprendre : ils sont les garants, en dernier ressort, de la survie financière de l’Europe.

 L’Espagne devra demander un plan de sauvetage ouvrant la voie à une surveillance européenne. Pas question de renouveler l’expérience de l’an dernier, quand Berlusconi s’était soustrait à ses engagements. Pas question, non plus, de créer un précédent où pourrait s’engouffrer un autre pays (sans doute, les Allemands pensent-ils à  la France ?) qui serait en difficultés et réticent à s’engager sur la voie des réformes…

Quand à la France, il suffit « d’ouvrir un oeil » pour constater qu’elle souffre de deux maux: le manque de compétitivité par rapport à l’Allemagne, et le poids de la garantie donnée aux pays du sud.

Le poids de cette situation est dramatique !!! Car il est aggravé par la tendance de l’économie française à devenir une « économie de consommateurs » qui tourne le dos à une économie de production, et donc de création de richesses.

Or, autrefois de nombreuses entreprises arboraient en France le fier qualificatif d’« import-export ». En ce temps là – pas si éloigné – faire du commerce c’était échanger des produits et des services conçus et réalisés dans son propre pays contre des biens ou des services réalisés ailleurs du fait de la géographie, de savoir- faire différents ou de complémentarité avec nos fabrications.

C’était le temps où la France jouissait d’une balance commerciale excédentaire.

Aujourd’hui en France tout concourt à faire de notre pays une « grosse économie » paresseuse et dépendante de ses créanciers, qui se contente d’importer tout ce qu’elle n’a pas (plus) le courage ou l’envie de produire.

Une économie basée sur la « consommation »intérieure, une consommation entretenue partiellement par des libéralités résultant d’un « modèle social que le monde entier nous envie », et pour cause, puisqu’il permet d’entretenir l’illusion à une fraction croissante de la population qu’elle peut continuer à vivre en profitant de tous les avantages du « système », sans avoir de sacrifices à consentir. 

Je prendrai trois exemples emblématiques de notre économie fondée sur « la consommation » :

– la téléphonie mobile : jadis (il y a moins de 15 ans) lors du lancement de ce service, des constructeurs français, de taille internationale, étaient présents sur le marché. Ainsi, la Sagem ou Alcatel et vendaient des téléphones de qualité, produits pour l’essentiel de leurs composants en France, aux côtés de Nokia ou de Siemens, autres marques européennes qui produisaient sur le continent.

Aujourd’hui la téléphonie mobile « émarge » pour 5 milliards d’euros dans le déficit du commerce extérieur.

Plus aucun téléphone n’est fabriqué en France depuis des années , Alcatel se contentant d’apposer sa marque sur des téléphones low cost produits en Chine.

Pis encore, si on fait le compte des équipements professionnels de télécommunication, des applications téléchargées sur les différents sites payants par les utilisateurs et évidemment de la vente des téléphones, on peut dire que cette activité est devenue une source massive d’évasion de richesses et de perte d’indépendance pour notre pays.

Il en est de même pour tout le secteur de l’informatique, de la fabrication d’ordinateurs à celles des logiciels et grandes applications qui dominent le marché. Windows, Explorer, Google, Facebook etc….Rien de tout cela ne provient de notre « génie créateur »….

Autre secteur phare de ce qui fit la « richesse » de notre économie:

– l’automobile : il y a 10 ans encore l’automobile participait à hauteur de 10 milliards d’euros au solde positif de notre commerce extérieur.

Aujourd’hui le solde négatif est d’environ 5 milliards d’euros et le processus s’accélère avec l’entrée sur le marché européen de nouveaux constructeurs, tels que les Coréens, capables de produire des voitures compétitives non seulement sur le plan de la qualité mais sur celui des prix. Des voitures qui concurrencent directement celles qui symbolisaient le « savoir-faire » français, c’està dire des voitures de petite et moyenne taille, consommant peu et à un prix abordable par les « classes populaires ».

( Car en France, un résidu de « lutte des classes » a longtemps interdit à nos constructeurs de fabriquer des modèles « haut de gamme », trop chers et réservés aux « riches »…)

 Si Renault, malgré la conjoncture morose, gagne encore de l’argent c’est à la fois sur des marchés étrangers (hors Europe) mais aussi et surtout parce qu’il produit à bas coût hors de France, ce que Peugeot avait jusqu’ici renoncé à faire… 

Avec un taux d’occupation des usines de 60 % en France on peut estimer que la survie de notre industrie automobile vit ses dernières heures. A un moment ou à un autre il faudra bien fermer nos usines – ou alors accepter qu’elles ne servent plus que de musées du XXe siècle industriel.

Le cas de Peugeot vient d’illustrer dramatiquement ce propos.

Il y a, depuis toujours, un secteur de notre économie, qui échappe à la débandade industrielle que nous connaissons. C’est le secteur de l’Agro-alimentaire.Il reste toujours un secteur porteur et qui produit un excédent annuel (en 2011) de près de 11 milliards à notre balance du commerce extérieur.

Mais attention : nos produits sont bien peu positionnés sur « l’air du temps » : bio, sans engrais ni pesticides. Là encore nous n’avons pas  encore pris les bonnes décisions il y a 10 ou 15 ans, et le coût de la main d’œuvre agricole pèse de plus en plus sur nos prix. Nos produits sont de plus en plus concurrencés par des produits similaires, mais de qualité inférieure, produits à bas prix , dans des « anciens pays de l’Est ».

Le secteur du « Luxe » reste excédentaire, mais la plupart des produits sont de plus en plus souvent fabriqués « ailleurs », et ce secteur ne vit que du prestige de ses marques mondialement connues, mais ne crée que très peu d’emplois en France…

Alors, que déduire de ces constats, sinon que notre pays n’aime plus guère produire, qu’il se croit encore dans la position dominante d’un Empire pouvant dicter ses lois économiques au monde entier. Les prétentions ridicules de nos hommes politiques qui font « comme si », et donnent des leçons d’économie à la planète entière, font probablement sourire, en Asie et dans les pays émergents….

Le dernier numéro du Point, postérieur à la rédaction de cet article, en conforte le contenu. 

Les pays de l’Europe du Sud partagent les mêmes illusions, et sont confrontés au même destin, si aucun réveil ne se produit.

Le cas de l’Espagne, que j’ai évoqué dans un précédent billet est significatif. Ce pays a basé son économie sur le tourisme et la construction immobilière, cette dernière ayant été « boostée » par les apports massifs de capitaux venus des autres pays européens.

Les fonds abondants reçus de la Communauté européenne ont été dépensés en investissements d’infrastructures nécessaires, mais parfois démesurés. Des aéroports de taille pharaonique, des routes à quatre voies gratuites qui traversent des régions désertes et sur lesquelles on rencontre, de temps à autres, un camion ou un véhicule de tourisme etc….

Peu de fonds ont été consacrés à une industrialisation, même timide, capable de générer des richesses produites par le pays, pour rééquilibrer les « richesses venues d’ailleurs » et issues du travail des autres….

Le pire, pour les Espagnols, c’est que l’industrie du tourisme ne fait même plus vivre des Espagnols, car les emplois créés par ce secteur sont le plus souvent occupés par des Roumains, des Bulgares, des Russes, hommes ou femmes qui vous servent de plus en plus souvent dans les restaurants et les bistrots…

Car il y a certains emplois pour lesquels les Espagnols s’estiment « trop riches » pour les occuper….

 Les gouvernements européens, qu’ils soient socialistes, ou qu’ils appartiennent à la droite démagogue, doivent se résoudre très vite à abandonner le mythe d’une la « relance keynésienne par la consommation ».

On ne peut consommer que dans la mesure des richesses que l’on produit. Dans le cas contraire, on « vit au-dessus de ses moyens » !!!

C’est donc une politique de l’offre qu’il faut mettre en oeuvre en essayant de réveiller les forces vives qui dans chacun de nos pays sont encore en mesure de retrousser leurs manches et se remettre au travail.

C’est ce que semblent vouloir faire les Socialistes en France, mais sans s’attaquer, pour des raisons de pure idéologie, et pour ne pas mécontenter leur clientèle électorale, au coût et à la durée du travail dans l’industrie.

La réindustrialisation de l’Europe demandera nécessairement du temps et des sacrifices.

A défaut de faire face à ces réalités, nous deviendrons collectivement des pays d’assistés, dépendant du crédit des autres, condamnés à vendre, petit à petit leurs « bijoux de famille » pour conserver artificiellement un niveau de vie disproportionné avec leur richesse réelle, des pays visités comme des musées des XIXe et XXe siècles. 

Mais nous ne serons jamais plus un continent capable de tenir son rang, face à un « nouvel état du monde », qui avec 7 milliards de terriens sera laborieux ou ne sera pas.

Ce « nouvel état du monde » que les Européens du Sud ( la France est à l’intersection de l’Europe du Nord et de celle du Sud ) refusent de regarder en face, préférant se replier sur eux-mêmes, et enfouir leur tête dans le sable, comme le font, paraît-il, les Autruches….

La crainte qui est en train d’envahir ceux qui portent un regard lucide sur ce qui se prépare, c’est celle du constat de l’impuissance de nos dirigeants politiques, dépassés par l’ampleur des problèmes qu’ils ont refusé d’affronter jusqu’ici.

Le Monde est devenu trop grand et trop complexe pour nos dirigeants qui sont restés trop petits….

Crise: l’oeil de Berlin.


Je t’aime….moi non plus !!!

Dans le débat qui enfle autour du rôle et des responsabilités de l’Allemagne dans les difficultés rencontrées par les pays impactés par la nécessité d’une politique de réduction de leurs déficits publics, il faut tendre l’oreille vers les arguments développés par les Allemands, car, comme disait ma Grand Mère, « qui n’entend qu’une cloche n’entend qu’un son »…..

Le Monde publie dans un article fort bien documenté, le point de vue d’un économiste allemand:

http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/07/31/pourquoi-paris-et-berlin-s-opposent_1740576_3232.html

Hans-Werner Sinn est considéré comme l’économiste le plus influent en Allemagne. Il est professeur d’économie et de finances publiques à l’université de Munich et y dirige le
Centre d’études économiques. Il est président du think tank CESifo (Société munichoise pour la promotion de la recherche en économie), et membre du Conseil d’experts économiques pour le ministère de l’économie allemand. Il préside l’Institut international de finances publiques.

Son point de vue est d’autant plus significatif qu’il représente une opinion largement répandue dans le peuple allemand, qui l’exprime avec des mots simples comme « on ne va pas éternellement continuer à payer pour les autres », surtout si « les autres refusent les sacrifices consentis il y a dix ans par le peuple allemand », gouverné alors par un Socialiste lucide et courageux, en la personne de Gerhard Schröder.

Voici quelques extraits de cet article intéressant:

 « L’euro traverse une grave crise, et il n’est pas évident que tous ses membres puissent s’y maintenir. Néanmoins, il faut espérer que l’euro survive à ce choc, car il s’agit d’un élément clé du projet européen.

Tout comme la France, l’Allemagne est prête à faire les sacrifices nécessaires pour sauver la zone euro. Cependant, il ne faudrait pas demander à Berlin de mettre à disposition des sommes démesurées. Hors de l’Allemagne, et particulièrement en France, certains ignorent les risques déjà assumés par ces deux pays.

Le président français François Hollande souhaite une mutualisation des dettes souveraines, un projet auquel l’Allemagne s’oppose. Comment comprendre cette position ?

Pour convaincre l’Allemagne de mettre davantage la main à la poche, on a affirmé qu’elle en avait le devoir moral, prétendant qu’elle était le principal bénéficiaire de l’euro. Mais c’est oublier que l’Allemagne a subi sa propre crise de l’euro. »

Hans -Werner Sinn poursuit, je cite:

« Dans les années précédant la crise, deux tiers de l’épargne allemande sont donc partis à l’étranger, au moment même où la reconstruction de l’Allemagne de l’Est demandait des investissements importants. Une certaine torpeur s’est installée, comme en témoignent plusieurs indicateurs.

Pendant de nombreuses années, l’Allemagne a donc affiché les plus bas taux d’investissement net de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et la croissance la plus faible d’Europe.

La sortie des capitaux hors d’Allemagne a provoqué une hausse importante du chômage. En 2005, il a atteint un sommet et a poussé le chancelier Gerhard Schröder à mener des réformes sociales douloureuses. Des millions de chômeurs allemands se sont retrouvés privés de leurs allocations. Le résultat ne s’est pas fait attendre : Gerhard Schröder n’est pas parvenu à se faire réélire en 2005. »(Fin de citation).

Ces sorties de capitaux allemands ont « irrigué » toute l’Europe. L’Espagne, entre autres, en a largement profité, car une partie de ces capitaux s’est investie dans l’immobilier espagnol favorisant son développement, nourrissant la bulle immobilière, et favorisant un « enrichissement artificiel » de ce pays.

Les Allemands ont payé durement le prix de ces évasions de capitaux. En terme d’investissements et en terme d’emploi. Selon Hans-Werner Sinn, je cite:

 « Ceci explique sans doute pourquoi Berlin rejette le projet de mutualisation de la dette. Après avoir souffert d’un manque de capitaux nécessaires à la création d’emplois, les Allemands devraient maintenant compenser en partie les pertes causées par les titres « toxiques » émis par les pays du sud de l’Europe. C’est un peu trop leur demander.

Il est vrai que l’économie allemande s’est montrée plus performante en 2010 et en 2011, l’épargne n’osant plus quitter le pays. L’immobilier et le bâtiment, après avoir connu plusieurs années de stagnation, redémarrent. Après les pays du Sud, c’est maintenant au tour de l’Allemagne de profiter d’un boom dans ce secteur. Il y a cependant une différence majeure : c’est l’argent des Allemands qui est ainsi investi, plutôt que celui d’épargnants étrangers.

En revanche, deux années de succès modéré ne sont pas grand-chose après dix ans de stagnation. Entre 1995 et 2011, le taux de croissance allemand a été le deuxième plus faible de tous les pays de la zone euro. »(Fin de citation).

Les Allemands ont ainsi « mangé leur pain noir » et le reste de l’Europe, dont l’Espagne, en a largement profité, à l’époque. Ils estiment que la cure a été suffisante et n’ont pas envie de s’en offrir une nouvelle: chacun doit se serrer la ceinture à son tour….

L’actuelle « prospérité » relative de l’Allemagne ne doit pas faire illusion car, selon cet économiste que je cite » deux années de succès modéré ne sont pas grand-chose après dix ans de stagnation. Entre 1995 et 2011, le taux de croissance allemand a été le deuxième plus faible de tous les pays de la zone euro.

Ce rappel fait, les critiques adressées au plan de sauvetage ne signifient pas que l’Europe doive rester inactive. Les mécanismes d’aides pour surmonter les brèves crises de liquidités sont justifiés. Mais éviter à tout prix l’insolvabilité est dangereux.

Voilà cinq ans déjà que l’Europe injecte généreusement des liquidités dans les économies les moins compétitives de la zone euro.

Depuis fin 2007, la Banque centrale européenne (BCE) a apporté son aide en transférant des crédits de refinancement émis par les pays du centre de l’Europe en faveur des pays dits « périphériques » de la zone euro.

La banque centrale allemande, à elle seule, a dû y contribuer à hauteur de 730 milliards d’euros.

De plus, depuis mai 2010, plus de 200 milliards d’euros en titres publiques ont été achetés par la Banque centrale européenne, tandis que près de 400 milliards d’euros ont été accordés par les programmes de sauvetage intergouvernementaux et par le Fonds monétaire international (FMI).

Et si l’on ajoute à cela l’apport du nouveau fond de sauvetage européen, le Mécanisme européen de stabilité (MES), et l’aide promise par le FMI, on obtient un total d’environ 2 200 milliards d’euros.

L’Allemagne a fourni la part la plus importante de ces liquidités. »(Fin de citation).

On comprend mieux ainsi que les Allemands ne souhaitent pas continuer indéfiniment à alimenter un « puits sans fond ». D’autant que ces mêmes Allemands ne sont pas persuadés que tout cela ne se terminera pas par une déconfiture généralisée de tous ces pays qui, habitués à vivre à crédit et au-dessus de leurs moyens ne parviennent plus à revenir à des pratiques budgétaires plus raisonnables et adaptées à leurs capacité de créer des richesses.

L’économiste allemand poursuit:

« Si tous les fonds de sauvetage sont employés et si la Grèce, l’Irlande, l’Italie, le Portugal et l’Espagne viennent à faire faillite, ne remboursent rien et quittent la zone euro, mais que l’euro continue d’exister, l’Allemagne perdrait plus de 771 milliards d’euros. Cette somme équivaut à 30 % de son PIB actuel.

La France est également très exposée. Un tel scénario catastrophe amènerait Paris à subirune perte de 579 milliards d’euros, ou 29 % de son PIB. Les pertes potentielles pourraient être encore plus grandes si ces pays se maintenaient dans la zone euro. »(Fin de citation).

Alors, quelle issue, pour cette situation dramatique, aggravée par une incompréhension généralisée, de la part des peuples européens, d’une problèmatique dont la complexité leur échappe ???

Qu’en pense Hans-Werner Sinn ???

« La Grèce a bénéficié d’une aide extérieure de 460 milliards d’euros au travers de diverses dispositions.

L’aide apportée jusqu’ici à la Grèce représente donc l’équivalent de 214 % de son PIB, soit environ dix fois plus que ce dont l’Allemagne a bénéficé grâce au plan Marshall.

Berlin a apporté environ un quart de l’aide fournie à la Grèce, soit 115 milliards d’euros, ce qui représente au moins dix plans Marshall ou deux fois et demi un Accord de Londres.

Les problèmes de la zone euro ne peuvent trouver de solution dans un apport supplémentaire de crédit. Ce serait tenter de soigner le mal par le mal. L’inflation dans les pays du sud de l’Europe a été alimentée par l’afflux de crédits et leur compétitivité en a souffert. Par exemple, les prix sont aujourd’hui 60 % plus chers en Grèce qu’en Turquie. Avec un tel écart, rien ne sert d’engager des réformes ou de prendre des mesures pour restaurer la compétitivité des pays du sud de l’Europe. Car la marche est trop haute pour être à égalité avec leurs partenaires commerciaux de la zone euro.

Il n’y a que deux voies possibles pour restaurer leur compétitivité sans provoquer une poussée inflationniste dans les pays du centre de la zone euro : soit les pays affectés sortent de l’union monétaire et dévaluent leurs nouvelles monnaies, soit ils restent au sein de la zone euro et acceptent de s’engager dans un long et difficile effort de baisse des prix. Les deux solutions sont douloureuses, mais la seconde – que les économistes appellent « dévaluation interne » – est sans doute la plus dangereuse.

Elle est en effet porteuse de fortes instabilités politiques et pourrait mener ces pays au bord de la guerre civile, car elle nécessite une importante réduction des salaires. En conséquence, seule la sortie de l’euro peut être considérée comme une réponse viable. Le Mécanisme européen de stabilité, ou même les euro-obligations, ne parviendront qu’à retarder les décisions qu’il faudrait déjà prendre aujourd’hui. Plus nous attendons, plus les dettes de tous les pays en crise et les pertes des pays du centre de l’Europe augmentent.

Une sortie temporaire des pays qui sont en situation de crise est donc souhaitable pour qu’ils puissent rétablir une certaine compétitivité. Il s’agirait pour eux d’une sorte de cure de réhabilitation pour leurs économies aujourd’hui dépendantes du crédit. »(Fin de citation).

La conclusion de cet économiste allemand est redoutable: pas de sortie de crise, sans sortie des pays aux abois de la zone Euro !!! Avec les énormes conséquences qui en résulteront, dans ces pays, sur les équilibres sociaux et politiques….

Le diagnostic est sévère. C’est celui qui est partagé par une majorité d’Allemands. Or ce sont eux qui détiennent les clefs de toute solution financière en Europe.

Demain, j’émettrai quelques remarques personnelles sur la manière dont je perçois, modestement, les difficultés qui sont devant nous, et que, par démagogie, nos gouvernants plus soucieux de préserver leur image auprès de leur clientèle électorale, que de s’attaquer aux vrais problèmes, s’efforcent de nous masquer….

PS: Il n’y aura pas de miracle. La crise de l’euro ne va pas s’évaporer dans la moiteur de l’été. «Super Mario», le sympathique surnom de Mario Draghi, Président de la Banque Centrale Européenne, n’a pas de baquette magique pour nous éviter une rentrée agitée.

 

  

 

Chinoiseries.


Réel ou truqué ??? Qui peut me le dire ??? Une vidéo qui fait un buzz !!!

En tout cas bien informé, et remarquable pédagogue, ce « vénérable » Professeur d’économie Chinois …..

Il a certainement compulsé ce succès littéraire, dont il existe peut-être une traduction dans la langue des mandarins :

Quoi qu’il en soit, cette vidéo vaut le détour. Cliquez sur le lien:

http://www.youtube.com/v/DMKb9A6Kouk&hl=fr_FR&fs=1&rel=0&border=1″></param><param

Pour ceux qui voudraient nous faire croire aux « lendemains qui chantent » !!!! 

Coup de Point …


Lecteur assidu de l’hebdomadaire « Le Point », je me précipite à chacune de ses parutions sur l’Editorial de Claude Imbert, dont j’apprécie le ton, et le fond, même s’il m’arrive de trouver, parfois, qu’il est écrit dans un « style ampoulé »….

Le dernier de ces éditoriaux, paru dans le n°1965 du 13 Mai, intitulé « L’Europe de Damoclès », est dans la même veine que ceux qui l’ont précédé. Consacré aux difficultés que traversent l’Europe et sa monnaie bousculées par une tempête déclenchée par » les marchés », il reprend un thème souvent évoqué sur ce blog, celui de la fin prévisible des illusions qu’accompagne le discrédit de ceux qui ont habitué nos concitoyens aux discours mensongers, aux » lendemains qui chantent » puisqu’on « rasera gratis, et autres billevisées empreintes de démagogie…..

J’en extrais ce chapitre auquel j’adhère sans réserve, mais qui énervera plus d’un Français habitué à la « marmelade » consensuelle et si possible, « politiquement correcte »:

« La France, quant à elle, reçoit en recommandé l’avis d’avoir à réduire en trois ans trente années consécutives de déficit public. Trente années de concession au moindre travail, aux 35 heures et à ses RTT exquises, aux emplois bidon, à l’euphorie festive, à la guimauve victimaire, tout le bric-à-brac de l’ « exception française ». Trente années de comédie compassionnelle où une nation geignarde ne voit pas le « tiers état » du tiers-monde qui reluque avec envie le sort des plus pauvres de nos pauvres. Alors, branle-bas général et freins de rigueur ! Mais, dit la nourrice, sans prononcer son mot qui ferait pleurer les bambins….. »

Et un peu plus loin,  » puisque la Grèce est à l’ordre du jour, demandons à son aïeule de nous prêter un homme et une idée ! L’homme, c’est Damoclès, un euphorique qui voyait tout en rose ( !!!). Pour lui apprendre que l’Histoire est tragique, son souverain fit suspendre, retenue par un seul crin de cheval, une épée au-dessus de sa tête. Tel est désormais le sorte de l’euro. »

 

J’ajouterai, avec la permission de Claude Imbert, que les Français, dont les nouvelles générations ne savent plus qui est Damoclès – et s’en contre-foutent – s’ils levaient la tête, s’inquiéteraient de la solidité du crin de cheval qui retient l’épée, et auquel la paix, la prospérité, et le bonheur de ces mêmes générations sont suspendus…..

Pour mémoire: 

Selon Wikipédia :  Denys l’Ancien, tyran de Syracuse, vivait dans un château cerné d’une fosse et sans cesse sous la surveillance de nombreux gardes. Denys, qui était toujours inquiet, se trouva des courtisans qui devaient le flatter et le rassurer. Parmi eux, Damoclès, roi des orfèvres, ne cessait de flatter son maître sur la chance qu’il avait d’être le tyran de Syracuse. Agacé, celui-ci lui proposa de prendre sa place le temps d’une année. Au milieu du festin, Damoclès leva la tête et s’aperçut qu’une épée était suspendue au-dessus de lui, et n’était retenue que par un crin du cheval de Denys. D’autres disent que cette épée était suspendue par le tyran Denys. Et ainsi il montra à Damoclès que son rôle de tyran possédait deux faces, c’était à la fois un sentiment de puissance et le risque d’une « mort » pouvant nous frapper à tout moment. C’est pourquoi depuis le XIXe siècle, on parle d’une « épée de Damoclès » pour décrire une situation particulièrement dangereuse ou pénible.  

Le « socialisme » cherche sa route en Europe….


Face à « la crise », les Socialistes européens divergent.

Les Travaillistes anglais rendent leur tablier. Les électeurs anglais leur préfèrent la coalition entre une carpe et un lapin…. 

Alors que partout, l’Europe se serre la ceinture, la première secrétaire du Parti Socialiste français veut manier l’arme budgétaire pour faire repartir l’économie.

« Elle conseille d’accorder une prime de «200 euros aux 16 millions de ménages en remboursement de TVA qui relancerait la consommation». Elle propose aussi de remettre au goût du jour l’une des mesures phares du gouvernement de Lionel Jospin, «un grand programme d’emplois jeunes nouvelle formule pour donner une chance à ces jeunes d’avoir un travail, d’avoir un salaire et donc de pouvoir consommer».

Pendant ce temps en Espagne,le chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero a annoncé devant les parlementaires plusieurs mesures radicales dont une baisse des salaires des fonctionnaires et des membres du gouvernement de respectivement 5% et 15%. Objectif : ramener le déficit à 3% du PIB en 2013.

 «Indigne d’un gouvernement qui se dit socialiste». Sur la chaîne nationale TVE, Cayo Lara, chef de file du parti Izquierda Unida (Gauche Unie), enrage. Comme lui, plusieurs parlementaires espagnols ont dénoncé le nouveau programme d’austérité présenté par le chef du gouvernement socialiste José Luis Rodriguez Zapatero ce mercredi.
 
Au menu de cette nouvelle cure : une baisse de 5% en moyenne des salaires des fonctionnaires à partir de juin 2010 et un gel en 2011. Le premier ministre a assuré que cette coupe serait proportionnelle aux revenus: les hauts salaires de la fonction publique seront plus lourdement affectés. Les membres du gouvernement eux-mêmes vont baisser leur salaire de 15%. Sur ce volet, la presse espagnole ne manque pas de rappeler qu’en septembre dernier, le gouvernement Zapatero s’était engagé auprès des syndicats à revaloriser les salaires des fonctionnaires de 0,3% en 2010.

Mémé Aubry, forte de ses certitudes, semble, une fois de plus se tromper de route et être en retard d’un chapitre dans la lecture de la situation économique de son pays….

 

D’instinct, elle sent que parler de « rigueur » quand on a envie d’être celle qui, demain, rasera gratis, c’est suicidaire !!!

Quand à s’attaquer aux traitements des salariés de la fonction publique, qui constituent le « fonds de commerce » traditionnel de son Parti, c’est sauter dans le vide sans parachute.

Et pourtant, le vide ….. n’est-ce pas l’élément dans lequel le Parti Socialiste français a l’habitude de se mouvoir ????

Mots qui fâchent…( suite ).


Dans un précédent billet, j’avais dressé une première liste de « mots qui fâchent » les Français.

Cf: https://berdepas.wordpress.com/2008/07/08/mots-qui-fachent/

Dans la litanie des mots devenus imprononçables dans le galimatias des politiciens, le mot « RIGUEUR » arrive désormais en bonne place. On se souvient de l’époque de Raymond Barre, auquel ce concept a été si souvent reproché , qui lui a coûté d’innombrables déboires en politique.

Il suffit de se référer aux réactions suscitées par les quelques phrases de François Fillon à propos des mesures envisagées afin de réduire la progression des déficits budgétaires et de ralentir celle de l’endettement pour s’en rendre compte.

Cf « Le Point.fr ». Publié le 07/05/2010 à 08:30 – Modifié le 07/05/2010 à 11:00  :« Le Parti socialiste dénonce le « plan de rigueur » de Fillon. »

Comme si on pouvait douter, aujourd’hui encore, de la nécessité d’imposer à la nation, avant qu’il ne soit trop tard, une sévère cure d’amaigrissement des dépenses budgétaires !!!!

Mais ce dont ce pays a le plus besoin, c’est avant tout de s’imposer une cure de vérité

Car depuis trop longtemps, le peuple français s’est accoutumé , comme on s’habitue à une drogue, à accepter de vivre dans le mensonge.

Le « mensonge », ou son substitut le « non-dit » font partie des pratiques devenues, hélas, d’une banalité navrante depuis toujours dans la vie politique française, habituée à la « langue de bois »,  depuis l’époque où on  prenait encore au sérieux les communistes, auteurs de cette géniale invention sémantique. 

La crise financière que traverse l’ensemble de la planète, est en train de se transformer en une crise économique, doublée en Europe, d’une crise politique et peut -être même d’une crise morale comme les démocraties européennes n’en ont pas traversé depuis longtemps.

Sous la pression des « marchés » si souvent vilipendés par ceux qui aimeraient bien revenir à des pratiques qui, dans le passé, ont ruiné bien des économies, le voile se soulève et laisse apparaître les faiblesses, et les lacunes de l’appareil institutionnel européen, incapable de produire des décisions de nature à recréer un climat de confiance dans la pérennité du  système monétaire sur lequel s’est construite la prospérité de l’Europe.

Car, focaliser la responsabilité de cette crise sur les « mensonges » des dirigeants grecs est en soi, déjà, une supercherie.

Tout d’abord il serait opportun de soulever la question de savoir quels ont été les bénéficiaires de la politique de laxisme budgétaire des Gouvernements grecs successifs.
Les Gouvernements de Droite,qui étaient aux affaires avant l’arrivée de Papandréou au pouvoir, portent une lourde responsabilité, sans aucun doute. Mais n’ont-ils pas cédé à la pression permanente d’une opposition de Gauche virulente depuis toujours dans ce pays qui vit sous la menace des extrêmes séduites par l’anarchisme ??? N’ont-ils pas payé trop cher le prix d’une paix sociale sans cesse menacée ??? Et a-t-on entendu la voix des Partis d’opposition, dénonçant une politique d’assistanat et de prébendes insensée ????

Ce n’est pas un hasard, non plus, si le FMI et les prêteurs européens ont imposé des mesures de redressement qui visent en premier lieu, les fonctionnaires, qui étaient jusqu’ici les « privilégiés » du système dans lequel la « démocratie » dont les Grecs sont les inventeurs s’est dévoyée, et dans lequel un clientèlisme effronté nécessite que l’on mette un prix toujours plus fort pour acheter des voix….

Au surplus, comment expliquer que les autorités européennes aient fermé les yeux sur des pratiques qu’apparemment personne n’ignorait ????

Enfin , l’accusation de spéculation adressée aux » marchés », si elle n’est pas totalement infondée, doit tout de même être nuancée.

Car ce que commodément on nomme les « marchés », ce sont tout simplement les créanciers des Etats qui se sont endettés au-delà des limites raisonnables, qui s’inquiètent de la solvabilité de ceux à qui ils ont confié leur argent, l’argent des épargnants que les Banques ont ainsi utilisé, celui des retraités que les fonds de pension ont investi en considérant que la signature d’un Etat est un gage de sécurité des placements.

Quand aux Agences de Notation que l’on essaie de rendre coupables de ce début de catastrophe financière pour les Etats, après leur avoir reproché de n’avoir pas dénoncé les turpitudes des banques américaines à l’origine de la crise qui a fait basculer la place de New York et derrière elle, toutes les places financières, on ne peut tout de même pas leur reprocher de tirer, cette fois, la sonnette d’alarme, et de placer les Gouvernements au pied du mur, en les obligeant à prendre, enfin, leurs responsabilités.

En résumé, il est clair que la liste des mots qui fâchent va s’allonger. Le mot « vérité » et son contraire le « mensonge » y font une entrée fracassante.

Présumons qu’avant peu, un autre mot fera son entrée au palmarès des « mots qui fâchent »: celui de » morale », en politique, un mot qui est tombé depuis trop longtemps en désuétude…..

La »Tragédie Grecque »….


«Le mauvais exemple est contagieux.»
[ Sophocle ] – Electre

 

L’exemple de la Grèce, confrontée à des réalités qu’elle refusait de regarder en face, jusqu’ici, devrait faire réfléchir tout ceux qui, en Europe sont habitués à vivre dans le mensonge et détestent ceux qui appellent « un chat, un chat »…..

Car, outre les mensonges répétés de ses dirigeants, plus préoccupés de masquer la réalité de la situation financière du pays que d’y remédier, de quoi la Grèce souffre-t-elle ???

Les recettes de l’Etat ne couvrent pas ses dépenses, et son déficit budgétaire cumulé atteint des niveaux insupportables. Soit.

Le faiblesse des recettes provient de l’inefficacité d’un système fiscal qui exonère totalement les « bas revenus », c’est à dire la majeure partie de la population, qui compense ses « bas revenus » par des activités « au noir » qui échappent à l’impôt, lequel repose essentiellement sur les « classes moyennes » qui pour maintenir un niveau de vie décent sont condamnées à déployer des prodiges d’imagination pour frauder et se dégager de la pression fiscale. En outre, la plupart des « grosses fortune »s vivent en dehors du pays. Les richesses « visibles » mais difficilement saisissables sont celles du clergé orthodoxe, qui possède un patrimoine immobilier et de terrains considérables….

L’excès de dépenses publiques provient, en premier lieu, d’une fonction publique pléthorique : le rêve de tout jeune grec est d’obtenir un emploi « protégé », même s’il est mal payé, quitte à arrondir ses fins de mois en exerçant une autre activité.

Ce n’est donc pas un hasard si les « fonctionnaires » sont en première ligne parmi les « victimes » annoncées des mesures de redressement rendues incontournables par la gravité de la situation du pays.

Dans « le Monde », un article traitant de ce sujet révélait qu’en Grèce, « impopulaires, les fonctionnaires sont une cible facile : les travailleurs du secteur privé, souvent moins protégés, ne sont pas forcément choqués de voir ces armées de « ronds de cuir » mis sur le grill. Ne dit-on pas qu’au Parlement – où siègent 300 députés – les employés seraient 1 500 ? Et qu’ils ont bénéficié, jusqu’alors, d’un quinzième et d’un seizième mois ? Curieusement, seuls les salaires des fonctionnaires sont censés diminuer. La réduction du nombre, pléthorique, des agents de la fonction publique, n’est pas (encore) officiellement au menu. Certains analystes pensent que cela pourrait venir à l’automne. »

 Hier matin, France-Inter diffusait un reportage d’une de ses envoyées spéciales à Athènes qui interrogeait une jeune femme employée de la fonction publique qui déclarait sans ambages: « dans le secteur où je travaille, nous sommes trop nombreux. Sur les dix personnes qui émargent seules cinq travaillent réellement et suffiraient pour assurer le service. Les autres viennent travailler par intermittence, car en fait, nous n’avons pas assez de places dans le bureau pour nous asseoir tous, et encore moins pour classer tous nos dossiers…Il vaudrait mieux que nous soyons moins nombreux et que nous soyons mieux payés. »

Cela devrait évoquer des similitudes, dans certains pays…. 

Chaque famille possède dans ses relations un homme politique qui l’aidera à « placer » un de ses protégés dans une administration. Le « clientèlisme » est le moteur principal de la vie politique en Grèce.

Ajoutez à cela le poids de « l’assistanat » très lourd dans ce pays où le fait de disposer d’un revenu sous forme d’aide ou d’allocation est banalisé.

Les entreprises sont habituées à jongler avec les solutions permettant d’échapper au fisc. Tout se paie en espèces, y compris la chambre d’hôtel où vous venez de passer une nuit. L’hébergement de touristes chez l’habitant permet également à de nombreux grecs d’arrondir leurs revenus en toute exonération d’impôt.

En second lieu, ce qui « plombe » la Grèce sur le plan de l’équilibre de ses finances publiques, ce sont ses dépenses militaires d’un volume injustifié. Le Grecs la justifient par la menace d’un conflit avec la Turquie,- memebre, comme elle de l’OTAN -, tant que « l’affaire chypriote » ne sera pas réglée et d’une soi-disant menace bulgare, qui semble surréaliste dans le contexte européen actuel.

L’irresponsabilité, sur le plan politique, est partagée entre la Droite et la Gauche. Le pays placé sous « coupe réglée »par deux familles qui règnent politiquement depuis la chute des « colonels », les Caramanlis à droite et les Papandréou à Gauche, est anesthésié et a perdu tout espoir de voir les choses évoluer en profondeur. L’adhésion de la Grèce à l’Europe n’a rien changé à l’immobilisme de ses structures, si ce n’est qu’elle a permis pendant un temps d’entretenir l’illusion d’une prospérité temporaire et artificielle, grâce aux subventions européennes destinées théoriquement à financer la modernisation du pays.

Tout ceci explique la fureur du peuple grec, qui semble découvrir l’étendue du désastre auquel ce pays est confronté.

Mais, si les politiciens leur ont menti sur la situation réelle de ce sympathique petit pays, comme ils ont menti aux institutions européennes, ceux qui se sont contentés  d’avaler les couleuvres, sont coupables d’aveuglement, car la faillite prochaine du pays, sans doute accélérée par « la crise », était prévisible.

Le peuple ne pouvait pas ignorer que le pays vivait « au-dessus de ses moyens ». Et si ses dirigeants sont coupables, ceux qui les ont élus ne le sont pas moins.

La Grèce va devoir se soumettre à des réformes douloureuses, celles qu’elle a voulu éviter pendant trop longtemps,et toutes les grèves, toutes les rebellions, tous les attentats ne feront qu’agraver son cas et abaisser sa note de solvabilité et de crédibilité auprès des Agences de notation….

L’idée à la mode en Europe, serait de supprimer les Agences de notation qui font la pluie et le beau temps sur les marchés.

Un peu comme ceux qui trouvent l’hiver trop long et trop rigoureux espèrent des jours meilleurs, en …cassant le thermomètre !!! 

 … » le ressentiment ne sert de rien dans le malheur« .
Oedipe à Colone
Citations de Sophocle