L’héroïsme de Plantu.


Plantu est ce dessinateur dont les caricatures font souvent office d’éditorial dans le quotidien « Le Monde ».

Son talent, reconnu, consiste à exprimer, et à synthétiser, en un dessin et peu de mots ses pulsions de révolte, ou une opinion refoulée par les lecteurs « bobo-gauchos » qui font la clientèle de ce journal considéré, un peu pompeusement, par certains comme le « quotidien de référence » de la Presse française.

Ses cibles n’épargnent pas plus les « Grands » de ce monde que le personnel de la classe politique française, cette dernière lui fournissant des sources d’inspiration inépuisables, les politiciens de Droite bénéficiant souvent d’un » traitement de faveur ». Car il est difficile de ne pas déceler chez Plantu, une inspiration nourrie de convictions vaguement anarcho-gauchistes, fleuretant, de temps à autres avec un populisme de bon aloi puisque conforme aux canons de la » pensée unique ».

L’un de ses derniers exploits médiatiques a déchaîné les polémiques opposant ceux pour qui il n’existe aucun sujet interdit dés lors qu’il s’agit d’exprimer des convictions, dans le cadre d’une liberté de la Presse et de l’indulgence dont bénéficient les humoristes de tout poil, y compris ceux dont l’insolence se pare des attributs du mauvais goût , et ceux pour qui il y a des limites à ne pas dépasser, même lorsqu’il s’agit de l’humour, souvent à sens unique, pratiqué par quelques « amuseurs institutionnels ».

Car,  si la morale de ces bricoleurs du rire leur interdit de se gausser des drag queens, ils se donnent pour « mission sacrée » le devoir de cracher ou de vomir sur « le Pape et sa sinistre clique », dont les activités, notoirement hostiles au Progrès de l’Humanité, doivent être sabotées coûte que coûte.

En »surfant » sur la vague qui a accompagné le déferlement planétaire d’accusations à l’encontre de l’Eglise, coupable d’avoir masqué pendant trop longtemps l’abjection des actes commis par certains prêtres à l’égard de jeunes enfants,- actes impardonnables aggravés par le silence de la hiérarchie catholique -, au sujet desquels le Pape Benoît XVI vient, enfin de s’exprimer, en demandant au nom de l’Eglise tout entière, un pardon quelque peu tardif, il s’est attiré les foudres de ceux pour qui il y a des limites à ne pas dépasser.

Les faiblesses de l’Eglise ainsi que les hésitations du Pape ont inspiré à Plantu, une série de  dessins « courageux » que l’on peut contempler sous:

 http://www.plantu.net/actu/SOCIETE-DESSINS.pdf

Outre quelques dessins carricaturant certaines prises de position du Pape – que je considère moi-même comme contestables – il  représente notamment Benoît XVI, tel un pédophile maintenant un enfant dans une position équivoque, insinuant ainsi, qu’il aurait pu, en personne se livrer à des actes pervers, ce qui expliquerait son silence sur la pédophilie dans le clergé.

Les catholiques en ont évidemment ressenti une douloureuse blessure, qui s’est exprimée avec la discrétion coutumière de cette catégorie de citoyens. Blessure avivée par le fait que, comme chacun sait, l’Eglise n’a pas pour principe, de réagir aux innombrables pamphlets et autres modes de raillerie dont elle est régulièrement la cible : ce qui signifie que cet humoriste intrépide ne risque pas grand chose.

Ma liberté de pensée et la distance que depuis mon plus jeune âge, j’entretiens avec l’Eglise, m’autorise à exprimer sur cet exploit humoristique, une opinion qui froissera bien des « consciences » proches de la « police de la pensée ».

Car il s’agit, de la part de Plantu d’un acte d’héroïsme gratuit, surtout quand on sait que le Pape et l’Eglise sont habitués à « tendre l’autre joue » pour y recevoir les crachats de ceux qui se parant, eux-mêmes, du qualificatif d’anti-calotins, et confondant laïcité et « laïcisme », ont fait du combat contre cette église-là l’un des ressorts de leur vie de militants.

Mais dans le contexte actuel, où les insultes ne sont admises qu’unilatéralement, les limites ne sont plus édictées par les Lois de la République. Les interdictions nous viennent d’ailleurs, et la sanction peut très vite devenir dangereusement universelle, pour peu qu’elle soit prononcée sous la forme d’une « fatwa ». Plantu chez qui sommeille un désir de jeter un pont entre l’orient et l’occident ne l’ignore pas….

C’est pourquoi, je n’hésite pas à dire combien j’applaudirai à l’héroisme à deux balles de Plantu, le jour où il aura le courage de représenter en première page du Journal « Le Monde », le Prophète Mohamed dans la même attitude que celle du Pape Benoït XVI, avec la petite Aïcha, ou une musulmane en burqa nous montrant ses dessous achetés dans les meilleures boutiques de Paris ou de Dubaï, ou encore une scène de mariage afghan entre un vieillard taliban de 75 ans et une gamine de douze ans, et mieux encore et plus près de chez nous, une bande de « jeunes maghébins » en train de « défoncer », à six contre un, un jeune Français, en hurlant « nique ta mère, nique la France ».

Ce jour là, Plantu sera devenu, pour moi, un vrai héros.