Printemps d’ici…


Après quelques jours d’une pluie qui s’était longtemps fait attendre, les vents venus du Sud ont chassé les nuages. C’est une lumière nouvelle que le soleil, à nouveau généreux, nous offre, dès le lever du jour.

Ici, le soleil se lève sur la mer et se couche derrière les montagnes.

Ayant vécu trente ans de l’autre côté de la Méditerranée, j’ai mis longtemps à m’habituer à l’étrange sensation d’avoir le Sud devant moi, lorsque je regarde la mer, alors que le Nord se trouve dans mon dos.

Mais, sur les deux rives de la Méditerranée, la lumière est la même lorsque le printemps pointe le bout de son nez. Une lumière crue qui aveugle encore au petit matin lorsque le soleil peine à s’élever au-dessus de l’horizon. Mais aux alentours de midi, le soleil devient brûlant dès qu’on s’expose à ses rayons, à l’abri du vent. A la tombée du jour, les ombres s’allongent sur le paseo qui longe la plage. Les contrastes s’accentuent, et le Penon qui se dresse majestueusement au-dessus des flots, se pare de couleurs flamboyantes

PenonDans les monts de l’arrière-pays, la nature s’éveille et le promeneur éprouve le sentiment du renouveau  dans une nature sauvage qui semble émerger de son sommeil : Février nous annonce déjà le Printemps.

Comment résister au plaisir divin de se promener dans les champs d’amandiers dont la floraison explose dans une féerie des blancs et des roses pâles, pour écouter le chant des oiseaux qui, sans perdre de temps, entreprennent de s’accoupler. Les merles, en particulier, bien gras et nourris aux olives demeurées dans les oliviers abandonnés, ont retrouvé leur chant mélodieux destiné à séduire les merlettes… Un chant particulier, un chant d’amour, que l’on n’entend qu’à cette époque de l’année et qui ressemble à un appel à celle qui voudra bien accepter de « fonder famille », afin de perpétuer l’espèce….

Amandiers 3On entend le bourdonnement des abeilles déjà à l’oeuvre autour des pollens nouveaux, ainsi que le bruit de l’eau qui transpire par tous les pores de la terre, puis s’écoule dans les caniveaux dans un murmure à écouter attentivement car ce chant ne dure pas : ce sera bientôt la fin de la saison humide, et le retour des mois secs.

Respirons, à pleins poumons, et jusqu’à l’ivresse, les parfums de la nature qui flottent dans l’air frais du matin : le thym sauvage qui mélange ses effluves au parfum des amandiers, et tente de dominer l’odeur des absinthes, de la lavande et du romarin .

Au loin, une demeure paysanne, dans un champ d’oliviers, aux murs d’enceinte recouverts de bougainvillées, d’où semble provenir le chant d’un coq.

En aspirant l’air frais du printemps, donnons nous le plaisir de participer encore une fois à ce renouveau, car l’âge avance de son pas lourd, et nous signifie que le printemps de la vie n’est pas éternel.

Avec l’âge les pentes sont devenues plus rudes et le souffle est court dès que le pas s’accélère, mais chaque arrêt, en embrassant d’un regard circulaire ce paysage lumineux, et en levant la tête vers un ciel où seul, un petit nuage s’est égaré, est une occasion de rêver et d’apprécier ce que la nature sait offrir à ceux qui savent la contempler.

Soudain, un vol de moineaux espiègles qui piaillent comme pour manifester leur joie d’être ensemble, met fin aux rêveries du promeneur.

Un petit vent frais s’est levé, pour nous rappeler que le soleil qui a franchi le sommet de la montagne nous privera très vite de la chaleur de ses rayons….

Il est temps de redescendre au bord de mer, là où chaque vague est une promesse : la promesse d’un murmure suivi du bruit des galets qui roulent, dans la mousse, sous le reflux des eaux.