La rumeur a couru, dans les salles de rédaction, de l’existence d’un rapport d’experts commandé par le Gouvernement allemand, qui, selon les mêmes rumeurs contiendrait des préconisations concernant les réformes structurelles nécessaires à la France, pour son redressement.
Cette rumeur a beaucoup irrité dans les allées du pouvoir. Surinterprétée par les « germanophobes »qui vibrillonent au sein de la Gauche, elle a servi d’argument à ceux qui cultivent l’opinion du retour d’une Allemagne dominatrice et donneuse de leçons à un Président socialiste droit dans ses bottes, qui affronte dans son pays une impopularité sans précédent.
Elle survient à un moment où ce Président essaie de corriger le cap d’une politique qui jusqu’ici n’a convaincu personne,- sauf parmi les « inconditionnels »de « l’entourage » -, pas plus dans le pays qu’à l’étranger. C’est donc peu dire que les esprits en sont troublés, dans l’actuelle majorité.
Cela peut se comprendre. Le réflexe d’énervement est justifié. Que les Allemands envisagent de nous donner des leçons pour réformer la France serait à la fois vexant et culotté car il y a dix ans, la République fédérale était la grande malade de l’Europe. Et il a fallu beaucoup de temps et d’hésitations au Social Démocrate Gehrard Shröeder, avant d’engager les réformes qui lui ont permis de positionner son pays sur une trajectoire vertueuse.
Ces petites bouderies ne doivent pourtant pas dissimuler l’essentiel : le Allemands sont réellement inquiets de l’état de notre économie, de sa stagnation depuis trois trimestres, de ses déficits, et de l’absence de mesures structurelles de réduction (et non de gel) des dépenses publiques, autant de mesures nécessaires pour inverser la tendance.
Les Allemands n’ont pas tort: selon Eurostat, le dernier taux de chômage connu s’établit à 5,4 % chez eux, contre 10,8 % ici.
Ils craignent que la France ne glisse insensiblement vers une situation à l’italienne ou à l’espagnole, ce qui les laisserait seuls à porter le poids de l’Euro et de sa crédibilté en tant que monnaie d’échange face au Dollar, au Yen et à la Livre.
Mais pardessus tout, ils craignent que la France de François Hollande, considérant que les difficultés actuelles ne sont que temporaires et que tout ira mieux dès que le cycle économique traditionnel s’inversera, mi-2013 et en 2014, esquive les réformes douloureuses nécessaires à un redressement durable et à un retour de sa compétitivité.
Car les Allemands ont compris, eux, que ce que les Français appelent « crise », sous-entendant qu’elle est passagère, est une vraie mutation historique et ils se sont donné les moyens de faire face au « nouvel état du monde » si souvent évoqué dans ces pages…
Espérons que François Hollande, au cours d’une conférence de presse élyséenne attendue, lèvera les interrogations et les doutes….Car, partout, le doute existe: