Ce bras qui tant de fois…..


 

« Ce bras qu’avec respect toute l’Espagne admire,

Ce bras qui tant de fois a sauvé cet empire… » (Corneille, Le Cid).

Ce bras qu’il a tant fait le salut militaire
Ce bras qu’il a porté des sacs de pommes de terre
 Ce bras qu’il a gagné des tas de baroufas
 Ce bras, ce bras d’honneur, voilà qu’y fait chouffa !

( Edmond Brua. La Parodie du Cid).

« Le bras d’honneur est un geste qui marque la dérision, une manière impolie et obscène de marquer sa réprobation.L’expression « faire un bras d’honneur » est également utilisée de manière imagée, pour pointer le désintérêt de quelqu’un pour quelque chose ou quelqu’un. »( Wikipedia).

Inutile de dire que le « bras d’honneur » télévisé de Gérard Longuet à l’adresse de ceux qui font une obsession de la « repentance » que la France doit assumer, pour ce qu’elle a fait en Algérie pendant la période où ce territoire était sous sa souveraineté, a quelque peu « énervé » les caciques au pouvoir en Algérie.

Comme toujours, en pareille circonstance, c’est à dire lorsque l’Algérie redevient un sujet d’actualité, je ne me contente pas des éructations habituelles d’une certaine presse française. Je me tourne vers « les sources »et vais consulter la Presse Algérienne.

La Presse de langue arabe, le plus souvent « aux ordres » du Parti dominant, le FLN, n’a pas de mots assez durs pour condamner « le geste » de Gérard Longuet.

La Presse de langue française est un peu plus nuancée, surtout si on fait la part entre le fond des articles qui traduisent l’opinion des journalistes et les commentaires des lecteurs, qui il faut le reconnaître, sont traités avec une tolérance dont pourraient s’inspirer certains « modérateurs » dans la Presse française.

Ainsi le numéro d’El Watan de ce jour, réagit dans un long article qui ne nous apprend pas grand chose sur l’opinion ambiante dans les milieux du pouvoir chez qui cette affaire de repentance a pris des formes obsessionnelles.

En insistant sur ce qu’a pu commettre la France en Algérie pendant ce qu’ils appellent « la période coloniale », ils ne se rendent pas compte de la perche qu’ils tendent aux historiens honnêtes, ceux qui ont le recul nécessaire pour porter un jugement dépouillé d’arrières pensées idéologiques, pour rappeler toutes les raisons qu’aurait la France de réclamer, elle aussi, un effort de repentance aux Algériens.

Je ne m’étendrai pas sur ce sujet que j’ai fréquemment et abondamment traité dans de multiples billets, sur mon blog. Pour s’y reporter, il suffit de frapper le mot « repentance » dans la case de recherche qui se trouve dans la colonne de droite de mes billets.

L’article qu’El Watan consacre, ce jour, à « l’affaire du bras d’honneur »peut être consulté sous: http://www.elwatan.com/une/algerie-france-la-droite-veut-polluer-la-visite-de-hollande-03-11-2012-190940_108.php.

El Watan voit, dans l’affaire « du bras d’Honneur » de Gérard Longuet, une tentative de la Droite française, de faire échouer la visite officielle qu’envisage de faire Hollande à l’Algérie.

Mais ce qui est intéressant, pour se faire une opinion éclairée, c’est de consulter les commentaires de lecteurs algériens, qui traduisent, certains avec beaucoup de bon sens, l’opinion populaire, qui loin d’entretenir un esprit de revanche semble souhaiter que l’on mette un bémol sur les refrains de la « repentance » pour parvenir à une relation enfin apaisée…

Comme chaque fois, j’en citerai quelques uns parmi les plus étonnants. Les autres, ceux qui vivent encore sous l’empire des thèses de Franz Fanon, pourront être consultés sous la même adresse. Ils révèlent le degré de saturation idéologique que la propagande du FLN a insufflé à une partie du peuple algérien, qui récite un « cathéchisme » pseudo-révolutionnaire qui a largement été inspiré par la « classe intellectuelle » française, et par les « pieds-rouges » qui ont succédé aux pieds-noirs…. 

Je cite, sans rien modifier, pas même l’orthographe…

« Accord de coopération militaire.

François Hollande réussira-t-il là où son prédécesseur a échoué ? Probablement. Sa  visite en Algérie, en décembre prochain, serait l’occasion de parapher un accord d’importance stratégique car il s’agirait du domaine militaire. A en croire le Canard enchaîné, «la rencontre Hollande-Bouteflika sera l’occasion d’officialiser un accord de coopération militaire. Un projet négocié en juin 2008, sous le règne de Sarkozy, et qui attendait l’aval du Conseil d’Etat». Selon l’hebdomadaire français, l’accord porterait sur «des échanges stratégiques, la lutte antiterroriste, des manœuvres communes et un partenariat en matière d’industrie de défense, d’exportation d’armement et de formation d’officiers algériens en France». Une première. »

Autres citations:

-Mohcine Belabès, président du RCD : «Il faut arrêter le chantage avec l’histoire et aller à l’essentiel»

«Ce genre de dérapages est condamnable de part et d’autre. Les deux pays ont intérêt à dépasser cela et à s’occuper de l’essentiel, sans faire dans le chantage avec l’histoire. Il y a plus important que ce genre de petitesse. Les deux pays doivent s’occuper de leurs intérêts économiques, sociaux et diplomatiques sans aucune surenchère.»

persifleur le 03.11.12 | 15h57

méga bras d’honneur !

Va-t-on de nouveau entendre en décembre dans les rues d’Alger les jeunes scander « Hollande président » comme ils l’ont fait dans un passé récent pour Chirac. A l’époque c’était un immense bras d’honneur fait à Bouteflika et sa clique par son peuple sous les caméras du monde entier. Et bizarrement l’opportuniste « famille révolutionnaire » n’avait pas soufflé mot sur ce « petit » incident de peur de provoquer le courroux légendaire de l’omniscient démiurge qui comme chacun le sait aime bien les bains de foules qui crient à gloire éternelle !

Stayf le 03.11.12 | 15h56

réalité amère

Venez à l’étranger vous saurez que notre image né pas aussi belle que ça excluant une poignée d’instruits qui ont réussi à briller, et encore là la majorité de ces brillants sinon tous, ont brillé en francais et pas en arabe ou en kabyle il fo le reconnaitre! le reste c,est pathetique..!Je trouve qu’on est devenus plus arrogants que jamais. Notre aisance financière nous a rendus fous de vanité au point qu’on croit que le monde entier doit s’agenouiller devant notre nif par intérêt à notre argent. La France et tout le monde savent que tout cet argent vient du petrole et pas de la sueur du front de ce peuple paresseux et ce gouvernement incompétent! Pour la relation avec la france, les choses s’amélioreront quand « la génération de la guerre » aura disparu avec ses vieilles rancunes, car ils sont définitivement irréconciliables, il y a eu trop de morts, trop de malheurs, trop de frustrations et c’est difficile d’oublier tout ça et se jetter dans les bras de Holland et le recevoir en héros, n’oublions pas que c’était la gauche qui a été l’acteur majeure des crimes dans notre pays. Pour l’instant l’Algérie est dirigée par une junte militaire qui essaye de se maintenir au pouvoir à l’aide des milliards du pétrole et du gaz, vivant dans le magnifique ghetto luxueux du Club des Pins, entouré par des pauvres dépenaillés qui les regardent avec fatalisme.Cette junte militaire a été compétente pour gagner la guerre militaire contre l’Islamisme radical. Mais incompétente pour gagner la guerre économique et sociale. Oublions la France et ne lui donnons pas trop d’importance qu’elle ne mérite pas, elle est en crise, cherche donc une issue pour survivre. Rappelez-vous que la france occupe encore des territoires dans le monde illégalement, est ce qu’elle mérite vraiment notre confiance?

Juba II le 03.11.12 | 15h20

On aboie la caravane passe!

Je ne peu comprendre ces aboiements de certains congénères contre un sous fifre de l’ex gouvernement Sarko que beaucoup de Français crachotes rien qu’en parlés. En l’occurrence les sieurs soit disant intellos Algériens Pourquoi ne pas commencer par les nôtres c’est à dire nos gouvernants corrompus de plusieurs générations, par vos plumes acerbes de faire descendre le peuple dans les rues pour réclamer leurs droits inaliénable qui est jeté à la fosse à purins depuis 50 ans. Pour moi les intellectuels Algériens sont comme des Imams de mousquets ils font le contraire de ce qu’ils prêchent, par conséquent hélas! du grand hélas! la grande majorité des Algériens vivent en ostentation avec la réalité des communs des mortels. Que la droite Française se gargarise au sommet de sa pyramide pour vomir sur les pauvres Algériens si bas, dont on peu comprendre le parallèle avec leurs paradis perdu! mais qu’on aboie plus fort qu’eux je ne suis pas d’accord le faite qu’il faut commencé par balayer devant sa porte pour notre hygiène et faire front proprement!

Balayer devant sa porte. Chacun doit balayer devant sa porte. C’est la clé d’une possible réconciliation sincère entre les Algériens et les Français. Le reste n’est que du vent que le souffle de l’Histoire emportera…

Raconte encore…


( Suite ).

Ma grand-mère est en conversation avec sa copine, Madame Jacono, qui habite également au cinquième étage, de l’autre côté de la rue. Elles ont beaucoup d’affinités car elles partagent de nombreux souvenirs de jeunesse: toutes deux ont grandi dans le « quartier de la Marine ». Toutes deux ont appris la couture « chez les religieuses », toutes deux se sont retrouvées seules pour élever leurs enfants, ayant été abandonnées à leur triste sort par leur mari…

Ma grand-mère, femme de ménage au Consulat de Suisse. Madame Jacono cuisinière chez un pharmacien des beaux quartiers. Toutes deux sont fières de leurs enfants. On sait ce que sont devenus, par le sacrifice de ma grand-mère, mon oncle et ma mère. Madame Jacono a eu un fils devenu pilote de remorqueurs à la Compagnie de Navigation Schiaffino, et une fille pharmacienne à Bab El Oued.

Elles s’entendent à merveille: quand Madame Jacono « fait ses courses », elle prévient ma grand-mère et lui demande si elle a « besoin de quelque chose ». Je revois ma grand-mère descendant par le balcon, depuis le cinquième étage, un couffin attaché au bout d’une longue corde, dans lequel elle a déposé de la monnaie, et dans lequel Madame Jacono dépose deux boules de pain et un choux-fleur.

Ce jour-là, elles sont en conversation et mon oreille indiscrète en surprend des bribes: je crois comprendre qu’il s’agit de mon arrière grand-père, Vincent le bottier, et d’Alphonsine sa femme….

J’en profite, alors que la conversation entre les deux femmes se termine et que ma grand-mère retourne à son fourneau pour préparer notre repas, pour « entreprendre » ma grand-mère.

« Dis-moi Grandmère, c’est quoi cette histoire du « Bar de la Marine »dont vous parliez tout à l’heure ???. Tu ne m’en as jamais parlé ??? ».

Ma grand-mère arrête de tourner sa cuillère de bois dans une sauce tomate qui sent le basilic. Elle s’essuie les mains sur son tablier.

– « Tu sais, mon fils, me dit-elle, le quartier de la Marine, qui n’existe plus aujourd’hui ( il a été rasé pour être remplacé par des immeubles modernes ), c’était juste deux rues dans lesquelles tout le monde se connaissait.

Le quartier de la Marine, avant les démolitions…

– « Le « Bar de la Marine » c’était un petit bar, une sorte de petite buvette dans une baraque en bois, qui était le rendez-vous de tous ceux qui travaillaient sur les quais. (C’est dans ce petit bar que Vincent, débarquant de la balancelle qui l’avait amené de Sorrente à Alger , avait rencontré Lucien Ayache, ce négociant en peaux, qui l’avait aidé à s’installer comme bottier …).

–  » Je sais, Grandmère, tu m’a déjà raconté cette histoire. Mais je n’en connais pas la suite ??? »

– « Quand mon père est mort, usé par le travail, et par le chagrin de n’avoir plus aucune nouvelle de trois de ses garçons, les trois aînés, partis de Sorrente, l’un au Canada, les deux autres en Amérique du Sud, Alphonsine a dû faire face: elle avait encore quatre enfants, encore jeunes à élever. Pendant sa maladie, mon père avait vendu son atelier de bottier au fils d’Ayache à qui il avait enseigné le métier, et qui avait pris la suite de Vincent avec l’aide financière de son père Lucien, devenu un ami de la famille.

Avec le produit de cette vente, ou du moins ce qu’il en restait après la disparition de Vincent, ma mère avait acheté le petit « Bar de la Marine » qui était devenu le point de rencontre du quartier. S’y retrouvaient, les dockers du port, les employés de l’Amirauté, les marins de passage, et les commerçants juifs du quartier. Quand il y avait beaucoup de monde, j’aidais ma mère à servir au bar. 

Plus tard, la buvette s’est agrandie en s’installant dans les murs d’ un vieil entrepôt sous les voûtes, et ma mère s’étant mise aux cuisines, préparait des salades de tomates au basilic, des omelettes à l’oignon, des macaronades, des raviolis, et des aubergines farcies. Ma soeur Louise et moi travaillions avec elle….

« – Tu avais quel âge à cette époque Grandmère ??? »

« – Je devais avoir 16 ans ( je revois encore aujourd’hui une vieille photo jaunie de ma grand-mère jeune fille. Une jolie fille au yeux clairs…).

« – C’est dans ce bar que Joseph Jacono a rencontré ma copine Rose qui venait souvent me chercher pour aller chez les religieuses où nous apprenions à coudre. Joseph Jacono était pilote de l’Amirauté: il pilotait les grands navires qui entraient et sortaient du port d’Alger. Il est mort pendant « la guerre de 14 ». Son navire de guerre a été coulé par les Allemands.

« – Et c’est dans ce bar que j’ai rencontré ton grand-père. C’était un bel homme: grand blond aux yeux bleus, il avait un accent suisse-allemand qui en faisait un personnage étrange, dans ce bar où on parlait le Français, l’Arabe, l’Italien, l’Espagnol, le Maltais et les langues de tous les marins de passage, dont les navires faisaient escale au port. Ton grand-père me faisait la cour, ce qui ne plaisait pas beaucoup à ma mère qui trouvait qu’il buvait trop.

J’aurais dû écouter ma mère….me dit ma grand-mère en se détournant pour essuyer une larme…. 

Un lourd silence s’installe entre nous. Je sais que cette histoire d’amour se terminera mal….

( à suivre).