Trotski n’est pas mort: il bouge encore.


Sources:

 Internet, Wikipédia, Le Livre Noir du Communisme, Dictionnaire Historique.Trotsky, Leon.My life :an attempt at an autobiography.Pathfinder Press , 1970.http://www.canalacademie.com/ida125-Trotsky-les-Trotskistes-et-la.html

TROTSKI, de son vrai nom Lev Davidovitch BRONSTEIN, dit Léon, est avec Lénine et Staline, une figure mythique de la Révolution d’Octobre et des débuts de l’URSS.

Comme très souvent dans l’histoire des mouvements révolutionnaires, les inspirateurs de la révolte, se séparent car ils poursuivent des objectifs divergents, puis finissent par se combattre, et enfin, à s’entre-déchirer.

Très vite, et pour faire court, Bronstein devient un opposant à Staline, auquel il reproche une dérive bureaucratique du mouvement communiste, et avec lequel il est en désaccord sur les objectifs de l’Internationale. Staline souhaitant limiter, au moins dans un premier temps, le processus révolutionnaire à l’Union Soviétique, et Bronstein étant partisan de la « révolution permanente », de donner le pouvoir au prolétariat ouvrier et non à une oligarchie d’aparatchicks, et de susciter la « révolution du prolétariat européen », puis mondial.

Arrêté, déporté en Sibérie orientale, Bronstein s’évade et gagne l’Angleterre sous le faux nom de TROTSKI.

 

De l’étranger, il mène l’opposition à Staline et poursuit son idée de révolution mondiale, qui l’oblige à mener une existence d’homme traqué, en Turquie, en France, en Norvège, puis au Mexique où il mourra assassiné d’un coup de piolet dans la tête, par un agent stalinien, Ramon Mercader.

Longtemps condamné à la clandestinité pour se protéger de la menace stalinienne, Trotski en est devenu un « spécialiste ». Dans son ouvrage « La Révolution permanente »,publié en 1930, il fait de l’action clandestine l’arme principale du projet révolutionnaire.

Sa pensée continue d’influencer, en France, certaines organisations d’extrême gauche.

Le programme de la IVe Internationale inspiré par Trotsky en 1938, est un « programme de transition » vers le socialisme. Le vrai, selon lui.

 Il s’agissait de se démarquer de la social-démocratie. En effet, La démarche de Trotsky consiste à rompre avec la propriété privée des moyens de production et la nécessité de faire des profits.

 Cela se traduit entre autres par : le contrôle ouvrier sur la production, l’échelle mobile des salaires et du temps de travail, la revendication de conseils d’usines et de quartier, la nationalisation sans remboursement ni indemnités des secteurs clés de l’économie (banques, grosses firmes, etc.).

 Ces mesures devraient favoriser le prolétariat dans son rapport de force avec la bourgeoisie et le rendre révolutionnaire : un lien serait créé entre des revendications économiques, (qui sonnent familièrement à l’oreille des Français), et l’objectif politique du socialisme.

 Confrontés à un isolement au sein même du monde du travail, à la répression étatique et patronale et à l’hostilité, parfois violente, des grands partis de la gauche, le Parti Socialiste et le Parti communiste, mais prêts à travailler, suivant des objectifs déterminés et vitaux, dans de larges alliances (fronts uniques), ou même cas plus rare,à défendre leurs options dans d’autres formations (entrisme).

 Ils affichent une culture de la dissidence, du fait de leur isolement relatif, et jouent, de tout temps, le rôle d’incubateur d’un grand nombre de groupuscules, de cénacles et de petits partis, et parfois aussi un vivier de nouveaux cadres, notamment pour le Parti Socialiste.

Selon Wikipédia « le terme « d’entrisme » a été utilisé de manière impropre (selon les trotskystes qui parlent alors de « travail syndical ») pour désigner les opérations de noyautage secret menées principalement en France par le courant lambertiste (OCI des années 1970-1980) et dont un élément célèbre en France sera Lionel Jospin (premier ministre 1997-2002) qui coupa les ponts avec l’OCI bien avant d’accéder au pouvoir.

Parmi ses dirigeants les plus influents ou les militants plus connus de « l’Organisation Communiste Internationale », on a compté, outre Pierre Boussel (Lambert apôtre du Lambertisme), l’historien Pierre Broué, Stéphane Just, Gérard Bloch, Jean-Christophe Cambadélis (dit « Kostas », aujourd’hui au PS), Jean-Luc Mélenchon, l’actuel maire socialiste de Bondy, Gilbert Roger, le producteur Jacques Kirsner (Charles Stobnicer dit « Berg »), le philosophe Pierre Dardot, les journalistes Gérard Desportes, Sylvain Cypel, Laurent Mauduit,[Pierre Marcelle]] le syndicaliste Jean Grosset, ou encore Jean-Jacques Marie et Gérard Filoche, Inspecteur Général du Travail, membre du Comité Directeur du PartiSocialiste, sans oublier Marc Blondel le « patron » de Force Ouvrière »….

 La cellule spectacle rassemblait les réalisateurs Alain Corneau, Bertrand Tavernier, Bernard Murat, Alex Métayer, Nadine Trintignant et Dominique Labourier.

 Appartenant aujourd’hui à l’UMP, Jean-Paul Alduy, maire de Perpignan a également été membre de cette organisation.

Dans tous les cas (secret ou ouvert), l’entrisme est une tactique ambivalente: elle peut aussi bien favoriser l’organisation trotskiste, en l’aidant à recruter des adhérents afin d’organiser, ultérieurement, une scission et la création d’un « parti révolutionnaire », que se « retourner contre elle », les infiltrés adoptant peu à peu l’idéologie et les convictions du parti infiltré, jusqu’à en devenir un cadre authentique. Pour ces raisons, l’entrisme n’est pas nécessairement reçu de façon hostile par l’organisation d’accueil: François Mitterrand connaissait parfaitement, dès 1971, le passé trotskyste de Jospin .

Daniel Bensaïd, le philosophe de la LCR, a théorisé l’entrisme dans un Essai de taupologie générale, qui fait de nombreuses allusions au marranisme, du nom des Juifs s’étant convertis au catholicisme sous les Rois catholiques mais ayant conservé en secret leur foi et leurs rites: il y a, selon lui, un point commun entre le messianisme des marranes et celui des « révolutionnaires professionnels » trotskistes . »

Les rapports entre les factions communistes et la religion sont toujours troublants.

« L’entrisme ». C’est le sujet sur lequel j’ai souhaité m’attarder dans ce billet.

L’entrisme est une stratégie qui consiste à faire entrer de manière concertée des membres d’une organisation dans une autre organisation aux idées proches, mais concurrentes. Le terme entrisme est intrinsèquement lié à l’histoire  du trotskisme, mais est aussi employé depuis lors pour décrire des pratiques du même ordre (infiltration, noyautage, etc.).

L’objectif est d’influer sur l’orientation et la puissance d’un courant d’idées au sein de l’organisation ciblée, dans le but de parvenir à infléchir la stratégie de l’ensemble de l’organisation. Il existe deux types d’entrisme :l’officiel (que Trotski appelle « à drapeaux déployés ») et le clandestin.

Le recours à l’entrisme est envisagé lorsque le mouvement trotskiste se sent trop faible et trop peu influent face aux soubresauts de l’histoire ou, au contraire, face à l’apathie des masses ouvrières qui se tournent plutôt du côté des PC nationaux ou des partis sociaux-démocrates.

Pour les trotskistes, la seule voie pour donner une efficacité concrète à leurs idées reste alors de chercher à « influer » en « entrant » discrètement, et en se donnant des apparences moins radicales, dans  les institutions, voire les entreprises et surtout depuis Mai 1968 dans les medias, dans des organisations,  qui jouent un rôle réel dans la vie politique.

Le noyautage des institutions, celui des médias, devient particulièrement actif dans les périodes troublées de la vie politique.

La Guerre d’Algérie a été un terrain particulièrement fertile pour l’action secrète (on disait alors « subversive ») dans laquelle excellent les trotskistes.

Dès la fin des hostilités et la proclamation du cessez-le-feu, sortent de l’ombre les trotskistes qui se sont engagés aux côtés du FLN dès le 1er novembre 1954, date de l’insurrection algérienne.  

 À peine effleurées dans le peu d’ouvrages parus et traitant le sujet, les activités des militants trotskistes et libertaires sont le plus souvent ignorées.

 Publiques ou clandestines, ces actions de soutien ont été diverses.
De l’impression de tracts au transport de dirigeants du FLN en passant par la construction d’une usine d’armes au Maroc, l’engagement militant est sans faille.

Il oblige ces femmes et ces hommes à des activités inattendues (fabrication de faux papiers, voire de fausse monnaie…) et conduira certains d’entre eux en prison.

Leur solidarité avec le FLN s’accentuera au rythme de l’évolution du conflit de 1954 à 1962. Après l’indépendance, quelques-uns parmi ces militants continueront l’aventure en Algérie même, dans l’espoir que la guerre se transforme en révolution socialiste « exportable ».

Les Trotskistes et les « Pieds Rouges »…

Ils seront les  » pieds-rouges  » du nouveau régime de Ben Bella jusqu’au coup d’État de Boumediene qui les obligera en 1965 à retraverser la Méditerranée.

(Voir, sur ce blog, mon article intitulé « En marge de la polémique sur le film Hors-la-Loi »): https://berdepas.wordpress.com/2010/05/25/en-marge-de-la-polemique-sur-hors-la-loi/

Dans cette aventure peu glorieuse, on retrouvera des noms connus de la société civile française, qui sont toujours restés discrets sur leurs « exploits »: aux côtés de personnages troubles et experts en « double je », tels que Hervé Bourges, un ancien de « Témoignage Chrétien », devenu conseiller de Ben Bella et qui opta pour la nationalité algérienne, ce qui ne l’empêcha nullement, sous Mitterrand de devenir Président de Radio France International, puis de France Télévision, avant de terminer comme Président du CSA, de nombreux trotskistes ont oeuvré, dans l’ombre, à l’éclosion d’un régime inspiré des utopies révolutionnaires, en Algérie.

Michel Pablo, l’un des théoriciens de « l’entrisme » et du militantisme trotskiste et ses partisans s’engagent à plein temps dans le soutien au FLN et développent, comme on l’a vu ci-dessus,   des activités clandestines (impression de tracts, fabrication de faux papiers, faux monnayage, et même création d’une usine d’armement secrète au Maroc) qui feront d’eux, le premier parti français à prendre cause pour l’indépendance, leur activisme valant à Pablo d’être arrêté en juin 1960 (grâce à une campagne internationale en sa faveur, il est libéré en octobre 1961).

Parmi ces militants ont retrouvera la trace de Edwy Plenel, qui réussira plus tard son « entrisme » dans le monde de la Presse en devenant un « spécialiste » du journalisme d’investigation, qui le portera à la Direction de la Rédaction du « quotidien de référence » des Français, le Journal « Le Monde ».

L’actuel historien Mohamed Harbi co-auteur avec Benjamin Stora ( futur trotskiste à partir de Mai 68) d’une Histoire de la Guerre d’Algérie, est alors le contact entre le FLN et le PCI . Cette action clandestine est relayée par l’action publique d’Yvan Craipeau (qui rejoint l’Union de la gauche socialiste), Yves Rous (devenu cadre de la SFIO), Pierre Naville, le mathématicien Laurent Schwartz, l’avocat Dechézelles, Filiâtre, Gilles Martinet, etc., tandis que Lambert soutient le MNA de son ami Messali Hadj.

Les partisans de Michel Pablo créent aussi un Comité contre l’envoi des contingents en Algérie .Plus tard, Michel Fiant (pabliste) met en place le réseau Jeune Résistance contre la guerre, auquel participe le jeune Alain Krivine, et qui collabore, malgré quelques rivalités, avec le réseau Jeanson et le réseau Curiel . (Source Wikipedia).

Le projet utopique de ces « révolutionnaires en peau de lapin », c’est alors de pousser l’Algérie à devenir une sorte de Cuba aux portes de l’Europe, et d’en faire une base arrière pour d’autres actions subversives, à l’occasion d’une crise politique.

Mai 1968 sera une nouvelle occasion de résurgence de l’activisme trotskiste.

 Dans le « monde étudiant », qui n’a jamais été un fief communiste plutôt tourné vers le « monde ouvrier », les trotskistes vont démontrer leur habilité dans le noyautage des organisations étudiantes.

En conséquence, les « groupuscules » trotskistes (JCR, OCI, VO) ou maoïstes (UJC-ml…) fleurissent au profit d’une UNEF de plus en plus moribonde à cette époque, car sans courroie de transmission efficace parmi les jeunes.

 Sentant les effets de l’influence grandissante des trotskistes au sein de l’UNEF, le Parti Communiste Français s’attaquera – parfois physiquement – aux « groupuscules ». Durant le seul mois de décembre 1967 :
• A Rouen, des militants du PCF empêchèrent physiquement la tenue d’une réunion de la JCR.
• A Brive, un tract PCF accusa Voix Ouvrière (ancêtre de Lutte Ouvrière) d’être financée « par les flics et les monopoles » et attaqua physiquement les vendeurs de Voix Ouvrière dans la rue.
• A Lyon, le PCF attaqua une réunion de l’OCI et de Révoltes (le journal du CLER).
• A l’usine Alsthom Saint-Ouen les diffuseurs du bulletin de VO furent attaqués par les militants de la CGT.

Ces « arguments » physiques montrent que les staliniens craignaient de perdre leur influence auprès des jeunes, jusque dans les usines.

Et le réflexe bureaucratique prima chez les staliniens. De plus en plus, le mensonge et l’amalgame deviennent leurs armes favorites, tandis qu’ils retrouvent l’esprit des « procès de Moscou ». Par exemple, en mars 1968, les lambertistes furent qualifiés de « fascistes de gauche » dans un tract du PCF diffusé sur la faculté d’Orsay.( source « http://www.pouvoir-ouvrier.org/histoire/1968.html).

 Les « étudiants » trotskistes n’ont jamais pardonné à la CGT et au PC d’avoir préféré négocier, à l’occasion du célèbre « Grenelle » entre Pompidou et Seguy,  des avancées sociales plutôt que d’abattre la république bourgeoise qu’ils détestaient. Les trotskistes, maoistes et autre révolutionnaires de l’extrême gauche de l’époque, se rabattront plus tard sur la conquête, grâce à « l’entrisme », de postes clé dans les institutions qu’ils n’ont pas pu renverser.

 On a vu la suite avec ce que sont devenus des Cohn Bendit, des Kessler, des Geismar, Serge July, Sauvageot, Benjamin Stora et bien d’autres.

 Leur détestation de l’état bourgeois les a conduits à faire cause commune avec la frange la plus réactionnaire du capital et de la finance pour tenter d’abattre enfin cet état tant détesté…

Les héritiers de cette longue aventure idéologique sont toujours là.

Ainsi, à titre d’exemple, les Edwy Plenel, les Benjamin Stora,  ce dernier devenu, grâce aux réseaux trotskistes présents dans les medias, une sorte d’historien officiel de la Guerre d’Algérie, s’exprimant le plus souvent, sans contradicteur, comme un « porte-parole » du FLN chez qui il a conservé de fortes amitiés, à l’exemple de Mohamed Harbi, cité ci-dessus, accusateur sans nuances de la présence française dans les anciens départements français, et apôtre d’une repentance à sens unique.

 Certes, la mouvance révolutionnaire gauchiste est devenue assez habile pour ne laisser au premier plan que des personnages vaguement folkloriques tels que Arlette Laguillier, ou le facteur Besancenot, mais les vrais, les purs, les durs, ceux qui mènent le combat souterrain, celui qui consiste à saper méthodiquement et silencieusement, les fondements de la « République bourgeoise » qu’ils exècrent, ceux là sont un peu partout et forment au sein de la société française des réseaux actifs et redoutables.

Derrière chaque scandale qui affaiblit un peu plus les institutions, et la représentation politique nationale, il suffit de gratter un peu pour les trouver, tapis dans l’ombre, ou tirant des ficelles, prêts à exploiter la situation, pour faire progresser leur projet silencieux.

PS: Pour ceux de mes lecteurs qui en auront la curiosité, ou qui souhaitent en savoir plus sur le personnage « romantico-révolutionnaire » de Trotski, et qui seraient intéressés par la présence, les objectifs et l’action des trotskistes en France, je recommande l’écoute ou la lecture du texte de la remarquable communication de l’Historien  et Politologue André Lazar, devant l’Académie des Sciences Morales et Politiques, au cours d’une séance présidée par l’Historien Leroy-Ladurie.

http://www.canalacademie.com/ida125-Trotsky-les-Trotskistes-et-la.html

Passionnant !!!