Hollande: bientôt à poil ???


En démocratie, on a les dirigeants qu’on mérite.

Au cours de la dernière élection présidentielle, les Français ont été irrités par les excès «  gesticulatoires » d’un Sarkozy qui, malgré quelques maladresses, n’avait pourtant pas tellement démérité. Ils ont été conditionnés par des médias et des Instituts de sondage qui, après l’avoir encensé, puis lâché, et enfin lynché un Président qui avait été, pourtant, confortablement élu en 2007,  et ont boosté la candidature de son adversaire.

Pourtant, la candidature de François Hollande, dont la campagne a été artificiellement magnifiée, reposait sur un programme sans contenu crédible pour des analystes lucides de la situation du pays.

Se présentant comme un Président « normal »,- comme si la normalité pouvait être un critère déterminant dans le  choix d’ un Président de la République-, il a enfumé les Français en leur donnant l’espoir,- illusoire -, d’échapper aux efforts et à la rigueur indispensables à l’amorce d’un réel désendettement du Pays, condition de son « redressement » et à la refondation d’un modèle social, devenu ruineux,  qui « plombe » la compétitivité de nos entreprises.

Elu par défaut, Hollande a, un peu trop rapidement perdu de vue qu’il n’a été élu qu’à une courte majorité, contrairement à son prédécesseur.

Bénéficiaire d’un « Sarkozy bashing » ininterrompu pendant cinq ans, il a pensé pouvoir se prémunir contre le même traitement que celui subi par son prédécesseur grâce à la « posture » du Président « normal ».

Malheureusement pour lui, cette posture, dont il a abusé, de même qu’il a abusé d’un « anti-Sarkozysme » qui lui avait servi de programme politique, et lui avait permis de battre son adversaire d’une courte tête, s’est rapidement retournée contre lui.

Sa « normalité » est devenue un sujet de critiques et même de railleries, aggravées par les imprudences capricieuses de sa concubine, qui font désormais le menu de toutes les émissions satiriques, et de la presse « people ».

Son inaction, censéee prendre le contre-pied de « l’agitation » de son prédécesseur, commence à énerver pas mal de ses électeurs envahis par le doute et l’angoisse de ce que ce « Grand Président », devenu imprévisible, leur prépare…

En résumé ce dont est « victime » François Hollande ,« c’est d’une sorte de désenchantement des Français face à la dureté de la crise. On est dans l’attente de résultats de la part des Français qui savent que la situation est dure, qu’on ne pourra pas l’améliorer très vite, mais qui restent impatients et déçus de voir que peu de temps après l’alternance, la situation ne s’est pas améliorée ».( Les Echos ).

Les Français attendent donc que le masque tombe, et que cessent les attitudes ambigües et les faux-semblants. Ils attendent que le Premier Ministre existe autrement que comme un collaborateur de second plan et prenne enfin les problèmes à bras-le-corps, au lieu de les abreuver de discours creux, de proclamations incantatoires pimentées de langue de bois.

Les Français se demandent à quoi servent la plupart des Ministres, qui ont réussi, – à part trois ou quatre exceptions –  à faire oublier, en quelques mois, leur nom et même les fonctions qu’ils occupent.

Cette déception se mesure dans les résultats catastrophiques des derniers sondages :

http://www.lexpress.fr/actualites/1/societe/lourde-chute-des-cotes-de-popularite-de-hollande-et-ayrault_1164833.html

« PARIS – Les cotes de popularité de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault ont chuté lourdement en septembre par rapport à août, de 11 points à 43% pour le président de la République et de 7 points à 50% pour le Premier ministre, selon le baromètre mensuel Ifop pour le Journal du Dimanche (JDD). »

Interrogé, en Allemagne, sur le fait que la chancelière allemande montait dans les sondages tout en étant en fin de mandat alors que lui, en début de mandat, baissait, le président a déclaré : « Je demande à être jugé sur les résultats et cela prendra le temps nécessaire ».

Selon l’IFOP, 43% des sondés sont satisfaits de François Hollande en septembre (56% en juillet, 54% en août). 56% (+11) sont mécontents (44% en juillet et 45% en août). 1% ne se prononce pas (inchangé par rapport à août).

Dans le détail, 5% des sondés (-2) se déclarent « très satisfaits » du président et 38% (-9) « plutôt satisfaits« . Ils sont 34% (+8) à être « plutôt mécontents« , et 22 % (+3) « très mécontents« .

Selon Frédéric Dabi, directeur du pôle Opinion de l’Ifop, il s’agit de « l’une des plus fortes baisses » enregistrées par ce baromètre qui existe depuis 1958 et est à ce titre le plus ancien:

« Seuls Charles de Gaulle, en juin 1962, après les accords d’Evian, et Jacques Chirac, en juin 2005, après l’échec du référendum sur le traité constitutionnel européen, ont enregistré une baisse plus importante que François Hollande, avec respectivement -13 points et -12 points« , relève M. Dabi.

Il semble donc que l’entretien télévisé de M. Hollande sur TF1 le 9 septembre, censé redonner confiance aux Français, n’a pas permis de rétablir le lien entre « le peuple » et le chef de l’Etat, lien qui avait commencé à se distendre dès l’été.

En déplacement samedi en Allemagne, au côté d’Angela Merkel, François Hollande a misé sur « le temps » pour faire ses preuves. Vieille ruse « Mitterrandienne »: « laisser du temps au temps », pour pouvoir durer….

L’étude de l’Ifop, menée sur une période inhabituellement longue (du 13 au 21 septembre), n’est pourtant qu’une confirmation, – pour ceux qui seraient tentés de douter de ses résultats – puisqu’elle donne des scores très proches de ceux donnés lundi par BVA, pour qui 53% des personnes interrogées ont désormais une « mauvaise » opinion de François Hollande, et 46% une « bonne ». BVA avait mesuré une chute de 15 points de popularité, mais sur trois mois (juin-septembre).

 J’avais, souligné, il y a quelques temps déjà, dans un précédent billet, l’état de doute dans lequel se trouvait l’opinion, face aux dérobades d’un Président qui continuait à faire mine de croire que la situation du pays était le résulat de la politique menée par son prédécésseur.

Je prédisais, malgré le scepticisme de certains des lecteurs de ce blog, qu’après « le doute » viendrait « la chute ».

Nous y sommes, alors même que Hollande n’a pas encore annoncé les mesures sévères qu’il sera contraint de prendre pour replacer la France sur une trajectoire « vertueuse ».

Car, tous les pays développés qui ont redressé leur croissance et leurs finances publiques, à l’image du Canada, de la Suède ou de l’Allemagne, ont accordé la priorité à la compétitivité et à la baisse des dépenses publiques, dont l’effet récessif est moindre que les hausses d’impôts.

 La France de Hollande a pris leur contre-pied. Pour l’instant. 

Elle porte les recettes destinées à couvrir les dépenses publiques à 52 % et 58 % du PIB. Elle laisse à nouveau dériver le déficit de la Sécurité sociale (15 milliards en 2012 pour le régime général). Elle accroît de 10 milliards les prélèvements sur les grandes entreprises, qui constituent son atout décisif dans la mondialisation au moment où elle sort du classement des 20 nations les plus compétitives.

En outre, par des maladresses et des menaces inutiles, elle provoque un exil massif des centres de décision, des managers, des entrepreneurs et des patrimoines en appliquant une fiscalité confiscatoire sur le capital et le travail. Elle impose les revenus de l’épargne en supprimant les prélèvements forfaitaires .

Et surtout, elle exclut toute réforme de l’État.

L’année 2013 sera décisive pour la France comme pour la zone euro

L’heure de vérité, celle qui risque de mettre le pouvoir à nu devant les Français, avec de sévères risques de violences et de troubles sociaux, c’est pour 2013.

Patientons.