« Le temps des cerises ».


Il n’est pas nécessaire d’être un fin politologue pour percevoir les ressorts profonds de la crise qui est devant nous. Cette crise est avant tout celle des illusions et de la confiance perdues, un peu partout, en Occident.

Le malaise de l’Occident se nourrit de la vacuité des discours politiciens, de la perception par les peuples angoissés, de l’absurdité des idéologies, de leur impuissance à imposer un « prêt-à-penser » universel. Ce malaise est exacerbé par le sentiment désormais ancré dans la conviction populaire, que la réalité se dresse comme un mur auquel viennent se heurter des mots vidés de leur contenu.

Les mots en « isme », souvent moqués sur ce ce blog, en raison du « systématisme »qu’ils introduisent dans le domaine de la pensée, ont perdu leur crédit.

Les XVIII et XIX èmes siècles ont vu s’effondrer le « catholicisme »et le modèle de société qu’il véhiculait. Le XXème siècle aura été celui de l’écroulement du « national socialisme », puis du  « communisme » et de la révélation des horreurs dans lesquelles ils s’étaient fourvoyés pour tenter de durer.

 Avec eux, le « socialisme » et l’idéologie sociale-démocrate ont été ébranlés. Après avoir renoncé  aux références marxistes et aux aspirations révolutionnaires  la « social-démocratie » se cherche des « repaires » nouveaux entre la gauche dite « révolutionnaire », le centre-gauche réformiste et  l’économie de marché. Sa vocation à remplir la fonction de « redistribution des richesses »est vidée de l’essentiel de son contenu en période de récession où s’impose la necessité de « créer des richesses » avant d’en distribuer…..

Quand au « libéralisme », traversé par de nombreux courants qui rendent parfois sa doctrine illisible, il subit, en ce XXIème siècle, le choc en retour des crises financières puis de la crise économique engendrée par celle de la « dette souveraine » des nations occidentales, dans les quelles j’inclus, par commodité, le Japon et les Etats Unis. Entraîné par une nouvelle génération d’idéologues « ultra-libéraux » dans des excès ravageurs, il prête le flanc aux attaques de ceux qui voient dans sa doctrine, la fin des valeurs de « solidarité ».

Nous sommes au milieu du gué.

Et les Français sont devenus sceptiques et allérgiques à tout nouveau « cathéchisme ».

Ils ne croient plus aux grandes envolées lyriques autour des thèmes favoris de ceux qui nous auront amenés dans l’impasse par quarante ans de discours fumeux, de finasseries sémantiques pour chasser du vocabulaire, pourtant nécessaire à toute saine pédagogie, les mots qui fâchent, tels que « la rigueur », « le courage », l »effort », « le travail », « la compétition », qui sont pourtant » les mots clés » de la réussite des pays qui sont en train de nous réduire à ce que nous sommes.

Devenus dépendants d’un Etat impuissant, dont les Caisses sont vides, les Français font mine de croire qu’ils peuvent continuer à tout espérer d’un pays écrasé par le poids de son endettement, un pays qui sous peu, sera devenu le premier emprunteur de la zone Euro.

Ce pays qui glisse imperceptiblement vers le mal qui ronge ses habitants, celui de « l’assistanat », rêve de se faire soutenir par l’Allemagne, qui a eu la chance d’avoir été gouvernée par des Socialistes lucides et courageux et qui ont su prendre en temps opportun les décisions qui l’ont remise sur le chemin de la vertu, au risque de perdre leur électorat. 

C’est tout le sens du combat peu glorieux mené par la Gauche française, François Hollande en tête: celui de la « mutualisation des dettes » des pays du « Vieux Continent ». Ce qui reviendrait à faire payer par ceux qui ont géré leurs affaires « en bons pères de familles », les dérives laxistes, la philanthropie d’un Etat qui n’a pas encore compris qu’il ne pouvait plus continuer à « faire le riche » et « faire le généreux » avec l’argent qu’il n’a pas.

Hollande s’est trouvé des alliés, dans ce combat, auprès des pays qui sont en piteux état, ceux du « Club Med », dont l’effondrement de la croissance mondiale a mis à nu l’état catastrophique des finances  engendré par une gestion calamiteuse, faite d’imprévoyance, de gabegies, de corruption, d’incivisme et de légereté.

 » L’Allemagne paiera » !!! Cette petite musique illusoire ne tient aucun compte d’un phénomène qui a peu à peu, gagné toute l’Europe: ceux qui travaillent, qui acceptent des sacrifices, ceux qui mobilisent leur intelligence dans la création de richesses, plutôt que dans des proclamations incantatoires, ne veulent plus payer pour ceux qui ont pris l’habitude de se « faire raser gratis »….. 

Pour arroser ce bouquet d’illusions, les champions du « poker-menteur » font mine de croire au retour d’une croissance qui permettrait de reprendre la « fuite en avant ».

Comme si, même dans le cas peu probable d’une proche reprise mondiale, la France qui a gâché toutes ses chances en matière de compétitivité, était en mesure de profiter de cette reprise, comme a pu le faire le Gouvernement de Lionel Jospin, en son temps,…pour réduire le temps de travail hebdomadaire à 35 heures, ce qu’aucun pays, sur la planète n’avait jamais osé faire jusqu’ici !!!

Il y a désormais, en France, ceux qui attendent et espèrent en chantant,  » quand reviendra le temps des cerises », alors qu’il n’y a plus de cerisiers, et ceux qui vont « planter leur choux ailleurs », là où leur récolte ne sera pas confisquée par ceux qui ont faim, et qui devront, au moins pour un temps, se contenter de queues de cerises….

Quand nous chanterons le temps des cerises
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête.
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur.
Quand nous chanterons le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur.