La brutale accélération de l’Histoire, et ses conséquences sur les équilibres et la stabilité du monde arabe agite et trouble actuellement les opinions. Celles-ci sont soumises à un véritable déferlement de commentaires, ou d’analyses plus ou moins fumeuses ou contradictoires, émanant de ceux qui se sont créé un véritable fonds de commerce, celui de « spécialistes » de l’Islam et de « politologues » du Monde Arabe.
Il y a tout d’abord la prise d’assaut de nos écrans de télévision, par toute une « légion » de « chercheurs au CNRS » ( dont on se demande vraiment ce qu’ils « cherchent » et à quoi ils servent !!!), d’Universitaires enseignant dans nos grandes écoles ( dont on se demande ce qu’ils enseignent quand on constate le degré d’ignorance de nos élites sur tout ce qui concerne l’islam et le monde musulman !!!!), de journalistes « spécialistes » du monde arabe, d’anciens diplomates, qui, tous, viennent tenter de nous expliquer, – a posteriori -, ce qui se passe, alors que pour la plupart d’entre-eux, tout comme le citoyen moyen, ils n’ont rien vu venir…..
Mais la palme revient aux hommes ( et femmes ) politiques, qui viennent, sans retenue ni pudeur, nous dire que le pouvoir en place n’a pas su anticiper des évènements qui lui explosent au visage, et que l’on aurait dû….que l’on aurait pu ….Un déluge de « il faut que »…. il faut qu’on…..
Il est vrai que les bourdes diplomatiques récentes, – qui ont été commises par des Ministres que l’on imaginait mieux avisés, et protégés contre ces « boulettes » par une carapace de professionnalisme -, ont servi sur un plat d’argent, la bonne soupe que nous resservent ces légions de « faux-culs ».
Mais on a rarement vu défiler sur nos plateaux de télévision autant de « démocrates » dont la sagacité est surprenante: aucun d’entre-eux, et pour rien au monde, n’aurait serré la main de l’un de ces dictateurs déboulonnés, les uns après les autres, par les foules arabes gagnées par une sorte de fureur, devant l’aveuglement autoritaire de dirigeants prédateurs de ce monde arabe dont tout le monde parle sans y avoir mis les pieds autrement que dans le cadre d’une « mission » officielle, ou d’un voyage d’études organisé, ou d’ invitations « amicales », à moins que ce ne soit dans un cadre touristique ….
Bande de faux-culs qui depuis des décennies fréquentent ces pays, pour y rencontrer l’exotisme, se baigner dans leur folklore oriental de pacotille, et se griser du parfum des épices, du thé à la menthe et du coucous aux sept légumes, sans jamais s’interroger sur la misère ambiante, sans jamais se scandaliser d’un climat répressif qui dure depuis le lendemain de la décolonisation….
Bande de faux-culs prêts à invectiver, en les qualifiant de « racistes », ( c’est devenu l’injure suprême), ou de « nostalgiques » de l’époque coloniale, tous ceux qui, les yeux ouverts, critiquent depuis toujours les imposteurs qui se sont installés au pouvoir dans ces pays prétenduement « libérés » de la colonisation….
On se demande alors, avec qui ces démocrates « purs et durs » auraient traité s’ils avaient été au pouvoir, pour pourvoir à l’approvisionnement en gaz et en pétrole de la France.
Car, avec un peu plus de lucidité, et un soupçon d’honnêteté intellectuelle,il n’est pas difficile de constater que ,- hélas pour le clergé des droits de l’homme -, les ressources pétrolières de la planète, sont dans leur majorité, entre les mains de dictateurs doublés de prédateurs quasi indéboulonables, sauf à refuser de leur acheter leur pétrole, ou à leur envoyer les « Marines » ou la Légion étrangère…..
Ces faucons, qui sont de tous les combats pour la « liberté », sont souvent ceux qui nous ont habitués, à une certaine époque, à joindre leur voix à celles des communistes luttant « héroïquement » contre le colonialisme de la France, mais ne voyaient pas que la Russie soviétique pour le compte de laquelle ils agissaient, – et qui par ailleurs armait le bras de ceux qui se révoltaient contre la France -, était la plus grande puissance coloniale que le 20ème siècle ait connu et asservissait des peuples entiers, bernés par le mythe de la « démocratie…populaire ».
Les mêmes borgnes « donneurs de leçons » sont aussi ceux qui se sont acharnés, déchaînés même, pendant des décennies, contre la dictature de Pinochet, en observant une discrétion ambiguë et polie vis a vis de Fidel Castro, autre dictateur inamovible….
Cela, c’est hier. Mais aujourd’hui, la compétition est ouverte entre tout les faucons qui veulent être les premiers à « condamner » et à suggérer des sanctions contre de dangereux dictateurs, qui, ayant conquis le pouvoir par l’imposture, sont prêts à se battre pour le conserver….
Il y aurait beaucoup à dire, une fois de plus, sur toutes ces « belles consciences »….
Mais là n’est pas le débat. Le vrai débat d’aujourd’hui, concerne l’avenir des révoltes en cours dans ce monde arabe, qui semble vouloir se réveiller, enfin.
Car comme l’écrit Malek Chebel dans le dernier numéro du Point, « le monde arabe doit réussir une mutation gigantesque ».
Il doit prouver à la face du monde, que la « Démocratie » n’est pas un paradigme réservé aux peuples occidentaux, mais que les peuples arabes, et surtout les générations nouvelles assez peu perméables à un obscurantisme religieux d’un autre âge, sont capables de s’approprier ce concept et les valeurs de liberté, et de justice qui lui sont attachées.
De l’issue des soubresauts en cours, nul ne peut préjuger.
Mais quelle que soit cette issue, il y aura toujours, a posteriori, des légions de faux-culs pour nous faire part de leurs prédictions sur ce qui s’est passé hier….