Le phénomène des « dominos » semble se poursuivre dans les pays arabes.
Après la Tunisie, c’est l’Égypte qui est dans l’oeil du cyclone. En attendant la suite….
Comme pour la Tunisie, personne n’a rien vu venir. Pas plus nos diplomates, que nos Services de Renseignements, pas plus nos Chefs d’état que leurs Ministres, pas plus nos médias à la pointe de l’information « a posteriori ».
Cela est vrai en France,qui pourtant a toujours entretenu, avec la Tunisie, des liens quasi affectifs, cela est vrai en Europe, dont la Diplomatie, est une fois de plus aux abonnés absents, cela est vrai aux Etats Unis sans qui l’Égypte ne survivrait pas, les Etats Unis qui disposent de liens et de contacts très étroits avec les plus hauts responsables de l’armée égyptienne, soutien vertébral du régime menacé, et qui tient le destin de ce pays entre ses mains.
Obama a beau jeu de passer un savon aux responsables de la CIA qui ont eu l’air dépassés par la complexité des problèmes posés à l’Occident par la situation au Moyen Orient.
On assiste au concert du choeur des « angélistes » qui n’ont jamais eu de mots aussi sévères qu’aujourd’hui, pour condamner ces régimes autoritaires, policiers et corrompus dont se sont dotées les masses arabes, après s’être libérées du « joug colonial »….
Cela me rappelle l’épisode iranien, lorsque, – après que toutes les sommités mondiales soient venues faire des « salamalecs » au shah d’Iran autoproclamé « Empereur des Perses » au cours d’éblouissantes manifestations où s’étalaient, à la fois, l’opulence du régime et la pauvreté du peuple, la culture millénaire des Perses et l’analphabétisme des Iraniens -, le régime a chancelé sous la poussée de l’Islamisme Chiite, dont la France- « Patrie des Droits de l’Homme – acueillait le grand Pape en la personne de Khomeini, ce « démocrate » et « humaniste » aujourd’hui vénéré en Iran…..
Un petit rappel n’est pas inutile:
« La volonté du Shah de permettre à son pays d’accéder à la modernité améliora considérablement le niveau de vie des Iraniens et permit au pays une évolution rapide dans les années 60 et 70. Mais elle contribua à élargir le fossé économique, social et culturel entre une élite fortement occidentalisée et une classe populaire sensible au conservatisme religieux. En 1978, de plus en plus critiqué, le shah dut faire face à un soulèvement populaire (la révolution iranienne) qui s’accentua au fil des mois et d’où émergèrent les fondamentalistes chiites inspirés par l’ayatollah Khomeini. En janvier 1979, après avoir perdu progressivement ses soutiens traditionnels et l’appui occidental, Mohammad Reza Pahlavi nomma en dernier recours l’opposant social-démocrate Chapour Bakhtiar au poste de premier ministre et quitta ensuite l’Iran. Le renversement du gouvernement Bakhtiar et la déclaration de neutralité de l’armée, quelques semaines plus tard, précipitèrent sa chute et contribuèrent à l’avènement de Khomeini. Contraint à l’exil et atteint d’un cancer, Mohammad Reza Shah Pahlavi décéda en Égypte l’année suivante. » ( Wikipedia ).
Curieux clin d’oeil de l’Histoire, puisque c’est en Egypte que le Shah s’est éteint, et avec lui, l’espoir de voir l’Iran échapper à un destin tragique……
Refont surface la même méconnaissance des ressorts de la révolte populaire dans les pays arabes, la même ignorance de ceux qui tirent les ficelles, l’absence totale de culture, en Occident, sur tout ce qui concerne l’Islam, au point d’ignorer, pour la plupart de nos hommes politiques de l’époque de la chute du Shah, les différences entre Musulmans Chiites et sunnites.
Similitudes, angélitudes, lâchitudes….
Ainsi, pourrait-on croire, à entendre actuellement le « choeur de vierges » de la pensée politique, que les Frères Musulmans ne sont pas plus dangereux, en Égypte, que ne l’ont été, dans le passé, selon les mêmes, les ayatollahs iraniens.
On feint d’oublier que le cerveau des attentats du 11 Septembre au World Trade Center, était un membre de la confrérie des Frères Musulmans. Ceux qui projettent sur ces pays leurs fantasmes inassouvis de révolutions sont prêts à tout oublier, pourvu que ces « Frères » se joignent aux « révolutionnaires » qui sont décidés à mettre à terre la dictature de Moubarak.
Ils s’imaginent pouvoir faire des « Frères Musulmans », les « supplétifs » de leurs combats révolutionnaires, alors que c’est le contraire qui risque de se produire.
Ceux qui ne s’y trompent pas, car eux connaissent bien « le terrain », ce sont les Israéliens, dont le jugement sur la « légèreté » d’Obama est sévère, et qui comparent le lâchage de Moubarak à celui du Shah d’Iran par le Président américain de l’époque, Jimmy Carter, qui n’a pas laissé dans l’Histoire, un souvenir impérissable, c’est le moins qu’on puisse dire……
Ce qui se passe à nos portes, car la Méditerranée reste notre frontière Sud, est extrêmement préoccupant, et mérite d’être analysé avec circonspection. Ce raz de marée populaire est en train d’enfanter d’un cataclysme géopolitique dont nul ne sait quelles seront les répercussions sur les équilibres futurs de cette partie du monde.