Fonds souverains ou prédateurs ???


Les « fonds souverains » sont des fonds publics sous tutelle de l’Etat et dont les réserves de long terme sont gérées distinctement des réserves de change des autorités monétaires et des entreprises publiques.

Il ne faut pas confondre ces Fonds avec des “Fonds d’investissement”, dont les ressources sont, soit le produit d’une collecte d’épargne, soit le recours au marché monétaire pour emprunter à d’autres banques, la trésorerie nécessaire à leur activité.

Les “Fonds Souverains”, sont des Fonds constitués, le plus souvent, par les Etats “nouveaux riches”, qui doivent leur enrichissement, pour certains d’entre eux, à la “manne pétrolière”, et pour d’autres à leurs capacités exportatrices, générant une balance commerciale excédentaire se traduisant par excédents de trésorerie ne trouvant pas d’emplois rentables dans leur propre pays. Ces derniers sont le plus souvent des pays asiatiques en pleine expansion économique.

Les pays du Golfe ont depuis longtemps été en pointe dans ce type d’activité. Déjà en 1953, le Koweit créait le « Koweit Investment Authority » (KIA) à l’aide de ses excédents de ressources pétroliers. 

 Un rapport du Sénat français ( http://www.senat.fr/noticerap/2007/r07-336-notice.html ) indique que:« En 2007, les fonds souverains ont investi 67 milliards de dollars dans des sociétés occidentales, soit plus du tiers de l’activité mondiale des fusions-acquisitions. A compter de mai 2007 et durant la crise des subprimes, ils ont acquis pour environ 65 milliards de dollars de participations dans des banques et institutions financières occidentales, essentiellement entre novembre 2007 et janvier 2008, dont près de la moitié par les deux fonds de Singapour “GIC” et “Temasek” ».

Comme on le voit, nos « émirs » ne se contentent plus d’acheter des hôtels particuliers Avenue Foch à Paris.

Ce rapport du Sénat montre que la classe politique est parfaitement informée des velléités d’un certain nombre d’Etats de s’approprier, à travers ces Fonds qu’ils contrôlent intégralement, quelques uns des plus beaux fleurons de la réussite économique des entreprises du monde occidental.

Mais, à part quelques articles parus dans certains organes de la Presse économique, on lit assez peu, dans la Presse de grande diffusion, de “papiers” faisant état du phénomène inquiétant, de la pénétration des plus belles entreprises par des Etats, qui tôt ou tard ne se priveront pas de privilégier leurs intérêts stratégiques, au détriment des intérêts de l’entreprise dont ils ont pris insidieusement le contrôle, et au détriment de ses actionnaires privés et des salariés.

        C’est ainsi que GIC (Government of Singapore Investment Corporation) – un fonds datant de 1981 et constitué à partir d’excédents budgétaires – a investi le 15 janvier 2008, dans Citigroup 6 milliards 8 de dollars alors que le mois précédent, GIC en a déjà investi 11 milliards 5 dans UBS. Total 18 milliards 3 de dollars.

Il n’est pas douteux qu’à l’occasion de la “crise des subprimes” et de la vertigineuse chute des cours de l’action Citigroup, le Gouvernement de Singapour aura renforcé ses positions dans l’actionnariat de ce groupe bancaire américain, parmi les plus performants. 

        Les investissements de Temasek Holdings – un fonds constitué en 1974 à partir de la trésorerie issue des excédents commerciaux – sont tout aussi impressionnants : 1 milliard 4 en juillet 2007 dans Barclays et 5 milliards 3 de dollars la veille de Noël dans Merril Lynch.

 Dans l’état actuel de la législation des pays “développés”, tous «  les investissements des fonds souverains s’opèrent dans un cadre légal et non pas dans un espace de non-droit » comme l’a rappelé le Président de la Commission des Finances du Sénat, Jean Arthuis.

        Alors, ces fonds souverains, doivent-ils être considérés comme des« prédateurs » ou des « sauveurs » de l’économie ?

 La réponse évoquée dans les conclusions du rapport du Sénat, cité ci-dessus est-elle satisfaisante ??? :

 

«  Les opérations des fonds souverains suscitent rarement des craintes quand elles conduisent à délocaliser des emplois d’ouvriers. Par contre, quand elles se traduisent par une offre publique d’achat sur une grande entreprise, elles sèment l’effroi et il faut alors s’opposer à elles sous couvert de patriotisme économique.

Les interventions des fonds souverains prennent de l’ampleur et se caractérisent par l’émergence d’un nouveau capitalisme d’Etat, une forme de renationalisation de nos entreprises par des pays étrangers ».

 

 Pour ma part, j’en doute. Surtout quand on considère précisément, l’ampleur des ressources dont ces  Fonds disposent, et l’impact qu’ils sont susceptibles d’exercer sur la finance mondiale

                

 Cette menace, qui pèse sur toutes les économies en situation de faiblesse, et particulièrement sur les entreprises dont le cours des actions a atteint un niveau susceptible d’attirer la convoitise de ces nouveaux prédateurs, devrait faire réfléchir nos gouvernants.

D’autant plus que dans beaucoup de cas, les hauts-dirigeants de ces entreprises, peu sensibles aux considérations de “nationalisme économique », seront tentés de favoriser l’entrée de ces nouveaux actionnaires dans la mesure où ils viendront ” stabiliser et consolider” l’actionnariat en apportant des fonds propres qui contribueront au développement des entreprises concernées.

Nos syndicalistes nationaux, habitués à pourfendre l’économie de marché, et son corollaire , le Capitalisme, et pour qui le terme de « libéralisme »est une grossièreté, sont pour la plupart, ignares en matière d’économie ( à moins qu’ils ne fassent semblant de l’être ).

Ils feraient bien de s’informer et de se pencher sur ce risque nouveau qui sous peu mettra en péril un nombre considérable d’emplois dans notre pays…

Lois du marché.


L’article que j’avais écrit, à propos de la crise financière qui accapare toute l’actualité, ayant mystérieusement disparu de mon blog, je persiste et signe et j’en reprends les éléments essentiels dans ce nouveau papier.

J’indiquais que, soit par incompétence, soit par une sorte d’omerta convenue, les politiciens des pays concernés, autant que les journalistes – et pas seulement les « journaleux » de la presse quotidienne, mais également ceux de la presse économique – se sont bien gardés  d’émettre la moindre information laissant supposer que le monde était menacé d’une crise planétaire aussi profonde.

Celui qui disposait des meilleures informations sur la situation réelle des grandes banques d’affaires américaine, qui les premières sont tombées sous les coups des traders de Wall Street, est bien entendu l’ancien patron de la Banque Fédérale, le sieur Greespan, qui s’en est allé sur la pointe des pieds, laissant à son successeur le soin de démêler la crise américaine.

Et pourtant !!! L’origine de la déferlante qui submerge actuellement les Bourses mondiales, se trouve dans la pratique des Banques américaines, qui remonte à quelques années, qui consiste à prêter, pour l’acquisition de biens immobiliers, à des emprunteurs dont la solvabilité était douteuse.

Sous l’influence des « petits génies » qui occupaient le haut du pavé dans de nombreuses banques, les créances douteuses figurant au bilan des institutions de crédit immobilier, ont été transformées en titres négociables, qui, de cession en cession de banque à banque, se sont propagés dans l’ensemble du système bancaire américain , et ont quelques fois débordé les frontières de l’oncle Sam.

Ancien membre de l’Etat Major d’un grand groupe bancaire, aujourd’hui à la retraite, j’ai vécu, l’apparition dans les effectifs de la Direction des Finances, d’une nouvelle race de banquiers,bardés de diplômes des Grandes Ecoles et de Masters obtenus dans les Universités américaines, peu formés aux disciplines du métier de Banquier traditionnel, mais imbattables dans celles des mathématiques de haut vol, dans celles de la statistique, de la modélisation, du calcul de probabilités et de la mise en équation des paramètres de rentabilité d’un produit bancaire.

Ces banquiers d’un nouveau genre, aux systèmes de rémunérations « hors normes », qui faisaient preuve d’une condescendance irritante à l’égard des banquiers traditionnels aux quels j’appartenais, considéraient comme de la piétaille ceux qui, dans le réseau des agences se battaient au quotidien, pour atteindre des objcetifs de collecte de ressources toujours plus élevés.

Des campagnes de marketing puissantes étaient sensées aider les réseau à »vendre » à une clientèle avant tout soucieuse de maximiser les revenus de ses placements, des produits de plus en plus complexes représentés par des Sicav et autres Fonds de placements constitués du « panachages » de valeurs censés protéger l’épargnant des baisses de revenus et des accidents boursiers.

Plus la compléxité de ces « panachages » était grande, plus elle offrait des garanties de sécurité et de rendement, et moins les « commerciaux » chargés de vendre ces produits y comprenaient quelque chose, plus ils devaient faire effort de persuasion à l’égard de clients déconcertés par le caractère abstrait des produits considérés.

La prolifération de « titres virtuels » n’est pas étrangère à le constitution de la bulle financière qui vient d’éclater.

En effet, les Banques américaines spécialisées dans le financement des l’immobilier, se détournant des règles les plus élémentaire du métier, se sont lancées dans une politique de distribution du crédit abherrante.

 Depuis toujours, le métier de banquier traditionnel, consiste à utiliser l’argent que lui confient les déposants, en repectant des règles d’éthique, mais aussi des règles prudentielles sous le contrôle des Institutions dont c’est la mission, qui veillent à la transparence des comptes qui leur sont soumis.

Depuis toujours le Banquier sollicité pour financer l’acquisition ou la construction d’une maison d’habitation est tenu de s’assurer que l’emprunteur est solvable et pourra faire face à ses engagements de remboursement pendant toute la durée du prêt, et que le même emprenteur est en mesure de faire un « apport personnel » qui s’est toujours situé autour de 30% du montant de l’investissement à financer.

Mais l’emballement à la hausse du marché de l’immobilier aux USA, a entraîné les Banques prêteuses sur une mauvaise pente, qui consiste à prêter jusqu’à 100 et parfois 120% du montant necessaire au financement du projet d’investissement, le tout sur des durées de plus en plus longues, avec des annuités assorties de taux variables.

La politique de bas taux d’intérêt pratiquée par la FED sous l’impulsion du célèbre Greespan a facilité cette déviance vis à vis des méthodes traditionnelles.

Le travail des petits « génies » de la banque a fait les reste. Les créances douteuses nées de l’insolvabilité d’un nombre croissant d’emprunteurs, ont été « transformées » en titres négociables de banque à banque, qui se sont répandus dans l’ensemble du système bancaire américain. Ces titres assortis d’un rendement élevé, d’où le surnom de « subprimes » en raison des intêrets perçus auprès des emprunteurs en retard de règlement, n’ont plus représenté, lorsque le marché de l’immobilier américain s’est effondré sous l’effet des ventes massives d’immeubles appartenant à des emprunteurs insolvables, dans les bilans des banques qui imprudemment en ont acheté d’énormes quantités, que des valeurs purement virtuelles.

Les Bourses de tous les pays qui comptent dans l’économie mondiale, ont sanctionné sévèrement,ces entorses aux Lois du Marché.

Mais le cauchemard n’est pas terminé. Car le cours de l’action d’un grand nombre d’entreprises occidentales performantes se situe à un niveau historiquement bas.

Elles deviennent des proies faciles pour les spéculateurs qui disposent de moyens de trésorerie considérables. Ceux-ci se préparent, en douce, à faire leur marché », en prenant le contrôle de ces nouvelles proies, à peu de frais.

Dans cette catégorie se classent les « Fonds souverains », dont – à part quelques articles dans des hebdomadaires peu lus et dans la presse spécialisée en économie, on nous parles très peu.

Ce sera le sujet de mon prochain papier.