Il m’arrive de lire « Le Monde ». Et il m’arrive assez souvent de me demander si la capacité d’indignation de ce journal est à la hauteur des faits qu’il dénonce.
Ainsi, dans son édition de ce jour, il évoque « le destin maudit d’Hadijatou Mani, une jeune Nigérienne de 24 ans, qui semblait tracé. Fille d’esclave du centre du Niger, elle l’était devenue elle-même dès l’âge de 12 ans, vendue 500 dollars à un maître qui ne l’exploitait pas seulement pour les travaux domestiques et agricoles mais également comme wahiya, une esclave sexuelle. Lundi 27 octobre, Hadijatou Mani est entrée dans l’histoire de son pays en le faisant condamner par la Cour de justice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) : première condamnation pour le Niger sur un tel sujet, premier cas de la sorte jugé par cette instance régionale. L’Etat nigérien est coupable de n’avoir pas protégé la jeune femme à laquelle il doit verser 10 millions de francs CFA (15 000 euros) de dommages et intérêts. Hadijatou Mani en réclamait cinq fois plus. »
Ainsi donc, l’esclavage existe encore au Niger ???
Dans un précédent billet, je mentionnais une émission d’Arte, dénonçant la subsistance de situations d’esclavage en Mauritanie, émission suivie d’un débat passionnant entre deux historiens africains de l’esclavage, qui n’hésitaient pas à affirmer que la culpabilisation systématique de l’Occident pour son indéniable passé esclavagiste, était un moyen utilisé dans beaucoup de pays africains pour masquer derrière un nuage de fumée leurs complicités passées et leurs pratiques actuelles dans ce domaine.(https://berdepas.wordpress.com/2008/06/26/arte-brise-le-tabou/ ).
Les innombrables organisations qui font profession de défendre « Les Droits de l’Homme » dans le monde sont bien discrètes sur ces pratiques scandaleuses, qui semblent à ce point banalisées dans la « culture » de certains pays, que leurs ressortissants sont tentés d’étendre leurs usages jusque dans les pays européens, lorsqu’ils sont amenés à y séjouner.
L’Editorialiste du Monde aurait pu se fendre d’un billet d’humeur sur cette information. Mais le quotidien a probablement d’autres chats à fouetter à l’heure actuelle.