Comme de très nombreux Français, je n’aime pas Depardieu. Je veux parler de l’homme, que je trouve souvent vulgaire, grossier, un peu veule, et parfois arrogant.

Mais je reconnais à l’acteur, un immense talent. Ses nombreux films, – tous ne sont pas excellents -, nous ont accompagnés dans notre vie, et certains ont marqué notre mémoire, tout comme certaines de ses répliques. Il a fait de la réplique sur « le nez » de Cyrano de Bergerac, un inoubliable grand classique…Et lorsque je relis quelques pages des « Misérables » de Victor Hugo, je ne puis m’empêcher de me représenter Jean Valjean sous le visage de Depardieu.

Et je partage l’avis de ceux qui pensent que Depardieu a plus apporté, au cours de sa longue carrière, au rayonnement et au prestige de la France, que ce Monsieur Ayrault, cet obscur petit prof’ d’Allemand devenu grand apparatchik dans un Parti Politique.

Un Parti politique, dont les sympathisants n’ont pas eu de mots assez durs pour condamner l’apostrophe désastreuse d’un Sarkozy, Président de la République française, s’adressant à un citoyen en lui jetant au visage, un « casse toi pauv’ con »qui restera dans les mémoires…..

Or ce que signifie Ayrault en traitant Depardieu de « minable », ne vole pas plus haut qu’un « cass’toi pauv’con ». Et les qualificatifs utilisés par les partisans et courtisans de ce gouvernement de nuls ne valent pas mieux que les mots de Sarkozy. Car en matière de « déchéance », ils s’y connaissent… 

En fait, entre Ayrault, et Depardieu  le plus « minable » des deux, n’est peut-être pas celui qu’on pense….

J’ajouterai, que l’on peut penser ce que l’on veut de la décision de Depardieu. Il suffit de consulter les commentaires sur internet pour le constater: ils varient selon toutes les nuances en fonction du point de vue que l’on a depuis sa situation personnelle.

Ceux qui estiment que « ça suffit », qu’ils sont les vaches à lait d’un Etat boulimique, qui jusqu’ici n’a apporté de réponse à la situation de crise traversée par le pays qu’à coup de hausses des prélèvements ressentis comme des « sanctions » par ceux qui créent les richesses de la nation, et qui attendent de savoir sur qui et sur quoi vont peser les « économies » nécessaires, ceux-là approuvent Depardieu, qui par son geste traduit les sentiments de beaucoup de Français.

Ceux, par contre, qui attendent avec angoisse le versement du RSA et des diverses allocations qui l’accompagnent pour pouvoir aller acheter le jeu vidéo qui fera plaisir pour Noël, à l’enfant qui aimerait en avoir un, parce que tous les copains à l’école en ont un, condamnent sévèrement Depardieu.

On peut les comprendre…. 

Ceci dit, il me paraît pour le moins curieux, pour ne pas dire paradoxal de s’entendre donner soudain des leçons de patriotisme et de nationalisme par ceux qui se gaussent à longueur d’année dès que l’on prononce le mot de « Patrie », de « Nation », « d’identité nationale » de « patriotisme », considérés par les belles âmes comme des propos ringards, à une époque où il vaut mieux se donner l’élégance d’être « Universalistes » et « ouverts sur le Monde »….Ceux-là même qui concluent leurs réunions partisanes par l’Internationale, car la Marseillaise, qui est pourtant un chant révolutionnaire, leur écorche les lèvres….

Cette poussée ( j’ai envie de dire cet excès ) d’amour de la France me paraît suspect de la part de ceux qui ont toujours mis « les Français, et leur propre nombril, au-dessus de la France »……

D’autant que ce sont les mêmes dont « le Général » se gaussait, en ironisant sur ceux qui à longueur d’année, « sautent comme des cabris » en ânonnant « l’Europe, l’Europe, l’Europe »…. et qui ont déja oublié que l’un des fondements de la Communauté repose sur la « libre circulation des personnes, des capitaux et des biens », de même que sur la « liberté d’établissement » dans n’importe quel pays de la Communauté, à condition de se conformer à ses Lois.

Cela ne semble pas gêner beaucoup Monsieur Ayrault de voir de nombreux étrangers s’installer en France, d’y dépenser leur argent pour y acheter des maisons, d’y rénover des villages entiers qui sans eux tomberaient en ruines, ou de faire de notre Côte d’Azur un lieu de résidence pour milliardaires russes, et pour les roitelets du Golfe.

Et puisque nous sommes sur le terrain de la « morale », l’argument qui consiste à dire « vous avez bénéficié pendant votre jeunesse de l’Instruction que vous avez reçue dans nos écoles ou nos Universités », est un argument fallacieux .

On a envie de lui répondre: « si j’ai pu suivre des études en France, et bénéficier de ses infrastructures, le travail de mes parents y a contribué par leurs impôts, sans parler de l’impôt que j’ai pu payer moi-même dès que j’ai pu avoir un emploi ».

Que dire, alors, de ceux qui vont à l’école et dont les parents n’ont jamais payé un sou d’impôt sur le revenu ??? Faut-il les priver de la nationalité française, si celle-ci est liée au seul paiement de l’impôt sur le revenu ???En les traitant de « minables » ??? 

Cela concernerait alors, près de la moitié des foyers français qui n’est pas imposable (ceux déclarant les revenus les plus faibles et/ou bénéficiant de réduction ou crédit d’impôts comparables ou supérieurs à leurs revenus déclarés), alors que 37 % du montant des recettes de cet impôt est acquitté par seulement 1 % des foyers fiscaux.

Ces arguments sont terriblement culpabilisants pour les jeunes qui, sitôt munis de leurs Diplômes, s’en vont chercher fortune « ailleurs »…… dans des pays offrant des perspectives que la France n’est plus capable d’offrir à sa jeunesse.

Ces jeunes là, qui ont tout reçu de la France, avant de s’en aller ailleurs, sont-ils, eux aussi, des « minables » ???

Qui est plus coupable, pour Monsieur Ayrault ??? Depardieu qui s’en va après avoir payé, selon lui, 145 millions d’impôts et avoir créé 80 emplois permanents, ou le jeune qui, sitôt diplômé, part faire carrière à Londres ou à Hong Kong ????

Au fond, cette « affaire », a pris à mes yeux des proportions excessives, et ne sert, en définitive qu’à créer un rideau de fumée destiné à masquer, à la clientèle électorale de ceux qui gouvernent, un gros mensonge. 

On cache derrière cet écran de fumée, que l’on glisse, lentement mais sûrement, vers une politique « sociale libérale »qui n’est pas celle que l’on avait promise, en trouvant, à chaque occasion, des « boucs émissaires »autour desquels on organise un grand tapage médiatique pour détourner l’attention, pour flatter la Gauche de la Gauche, pendant que l’on repousse la poussière sous le tapis….

Et cela ne grandit pas Monsieur Ayrault au point de lui permettre de traiter Depardieu de « minable »…..