Je viens, enfin, de terminer la lecture entamée pendant mon voyage au Rajasthan, d’un livre de plus de 400 pages, conçu comme une sorte de « pavé dans la mare », intitulé « Une Révolution sous nos yeux ».
Son auteur, Christopher Caldwell, est, selon son éditeur, un journaliste, Diplômé de Harvard, spécialiste des affaires européennes, éditorialiste au Financial Times et rédacteur au Weekly Standard ainsi qu’au New York Times Magazine.
Ce livre comporte une préface de Michèle Tribalat, dont j’ai commenté, sur ce blog, des ouvrages précédents dont « Les Yeux grands fermés » ( Denoël 2010 ). Cette préface intitulée « Comment l’Islam va transformer la France et l’Europe » est éloquente.
Cette préface annonce parfaitement le thème central de ce livre, passionnant du début à la fin, même s’il comporte quelques longueurs, car il évoque des sujets soigneusement occultés par les médias européens, et écartés du débat politique sous le même prétexte que celui utilisé à propos du livre de Samuel Huttington, « Le choc des Civilisation ».
L’écrivain français Jean Raspail, avait évoqué, également, ce sujet, et je lui avais consacré un article sous:
https://berdepas.wordpress.com/2010/09/30/les-yeux-ouverts-2/
Car si les constats effectués sont accablants, les prédictions qu’il ose proférer, sont, selon ses détracteurs, « auto réalisatrices »: c’est l’expression inventée par les artistes du « politiquement correct »pour jeter l’anathème sur un livre, en lui imputant, par avance la responsabilité des événements qu’il aura prédits.
Ce livre, paru en 2009 aux Etats-Unis, aucun grand éditeur français n’a voulu l’endosser au cours de ces trois dernières années. Ce qui donne une idée de l’étouffoir qui pèse sur le débat public…..
Pour Caldwell : « L’immigration de masse en Europe et la consolidation de l’Islam sur le continent sont en train de changer la vie européenne de manière irréversible ». Il ajoute : « le problème fondamental de l’Europe avec l’Islam, et avec l’immigration en général, c’est qu’en Europe les communautés les plus fortes ne sont, culturellement parlant, pas du tout européennes (…) Il est sûr que l’Europe sortira changée de sa confrontation avec l’Islam. Il est bien moins sûr que ce dernier se révèle assimilable ».
Tel est le coeur de la thèse développée par l’auteur de cet ouvrage.
Bien documenté, fourmillant de références, de sources puisées auprès des meilleurs exégètes du Coran, ce livre nous laisse perplexes devant la naïveté inconsciente de beaucoup de nos dirigeants contemporains.
Cette naïveté n’est pas nouvelle. Il cite, entre autres, page 164, Ernest Renan qui dès 1883 , énonçait cette vérité qui résulte d’un constat encore vérifiable aujourd’hui:
« Les libéraux qui défendent l’Islam ne le connaissent pas. L’Islam c’est l’union indiscernable du spirituel et du temporel, c’est le règne du dogme,c’est la chaîne la plus lourde que l’humanité ait jamais portée. Dans la première moitié du Moyen Age, l’Islam a supporté la philosophie parce qu’il n’a pas pu l’empêcher, car il était sans cohésion, peu outillé pour la terreur…..Mais quand l’Islam a disposé de masses ardemment croyantes, il a tout détruit. La terreur religieuse et l’hypocrisie ont été à l’ordre du jour. L’Islam a été libéral quand il était faible, et violent quand il a été fort ».
« Renan se plaignait déjà de la complaisance de ses contemporains. Il n’y a là rien de neuf. »
Tout ceux qui, comme moi, sont nés, ont grandi parmi les Arabes, entretenant avec eux une familiarité favorisée par la pratique de leur langue apprise à l’école, mais surtout sur les terrains de foot, et au cours de discussions passionnées avec des copains d’enfance, et qui connaissent le fond, souvent bien caché, de leur pensée à l’égard des « Européens », tous ceux qui ont, de la culture, des moeurs, des frustrations, et des amertumes de « l’Arabe moyen » une connaissance qui n’est pas que « livresque », tous ceux-là sont depuis toujours, surpris par la perception idyllique, pour ne pas dire angélique, mâtinée d’orientalisme littéraire, qui inspire la plupart des chroniqueurs et des commentateurs de ce monde qui, en réalité leur est étranger.
Le voeu pieux de certains d’entre eux, selon lequel notre « tolérance »favorisera l’assimilation des générations d’immigrés désormais installées en Europe, sans aucune volonté de regagner, un jour, leur pays d’origine est un leurre.
Je cite Caldwell dont la démonstration est plus éclairante encore:
» Dans la plupart des cités d’immigrés, les paraboles constellent les étages des immeubles comme autant de boutons, recevant les informations venant de leur terre d’origine. » Ce qui, selon Caldwell, inverse le rôle de la télévision, qui au lieu de participer à l’assimilation des immigrés, les maintient en contact permanent avec leur pays d’origine. Au lieu de les séduire et de les familiariser avec la culture européenne traditionnelle, – et ce malgré toutes les contorsions de nos médias complaisants -, la télévision les « assimile à un Islam mondialisé ».
Pour beaucoup d’entre eux, notre télévision joue même le rôle d’un repoussoir, en donnant de notre société une image dissolue, et perçue comme décadente, par ceux qui s’en écartent, considérant que l’Islam et le Coran les conduisent sur le chemin d’une pureté leur ouvrant l’accès d’un « paradis » dont la porte est fermée aux « mécréants ».
Le spectaculaire développement d’internet, dans le monde arabe a « conféré une nouvelle force aux habitudes de discours prémodernes: la rumeur, le ragot, les mythes urbains, les contes de bonne femmes » circulent avec une facilité inégalée jusqu’ici.
Caldwell cite en exemple un constat effectué au Danemark, où « beaucoup de jeunes Palestiniens, pour la plupart des réfugiés de la guerre civile libanaise, ne croient pas que le versement des allocations qu’ils reçoivent les rende redevables envers l’Etat danois »; ils considèrent en effet que cet argent a été volé à des familles comme la leur, et qu’il transite par les Nations Unies, et que le Danemark se sert au passage et en prélève la moitié !!!
De même, cela fait partie de la désinformation que favorise internet, plus de la moitié ( 56% ) des musulmans britanniques ne croient pas que les Arabes aient commis les attentats du 11 Septembre, contre 17% qui sont de l’avis contraire.
Caldwell évoque également le problème posé par la double nationalité de nombreux musulmans en Europe. Pour beaucoup d’entre eux, la double nationalité ne signifie pas une « double loyauté ». Il cite le cas de nombreux musulmans français qui se sont « illustrés »pendant la guerre d’Irak en combattant les américains, alors que la France avait opté pour une position de neutralité dans ce conflit.( Page 227).
A propos de l’islamophobie, il relève l’habileté de ceux qui se servent de ce vocable servi à toutes les sauces, en englobant sous ce terme, « l’inconduite envers les musulmans, le racisme, la peur du radicalisme musulman et l’opposition à certaines positions politiques islamistes. » En outre « toute réticence européenne à accueillir l’immigration musulmane est stigmatisée comme islamophobie. C’est aussi vrai de toute suggestion faite aux immigrés ou à leurs enfants de s’adapter au mode de vie des européens. »( Page 235 ).
Le chapitre sur l’Islam et le sexe ( Page 287 ), est passionnant car il éclaire, par une analyse qui repose sur des préceptes puisés aux sources de l’Islam, la difficulté, pour les musulmans, d’entretenir des rapports sains et décomplexés avec la femme.
L’élévation de la virginité, avant la consommation du mariage, à un dogme indépassable, les prive de tous rapports normaux, avant d’avoir atteint l’âge, et surtout la capacité financière, de créer une famille et d’assurer sa subsistance matérielle.
Elle génère des refoulements insurmontables, dans l’environnement d’une société européenne « permissive » . Elle alimente le mépris pour la femme occidentale considérée comme une pute potentielle. Elle génère des comportements insupportables dans certaines cités de banlieues où les femmes se sentent humiliées par le regard porté sur elles, par ceux qui se réclament d’une pureté coranique.
On comprend que la condition féminine sépare de manière radicale le monde occidental et le monde musulman
Comme le prétend Michèle Tribalat dans sa préface, « les Français doivent lire ce livre, car c’est d’eux qu’il est question, et jamais on ne leur a parlé comme le fait Christopher Caldwell. »
PS:
Plusieurs d’entre vous m’ont demandé de publier des photos prises lors de mon voyage au Rajasthan.
Je n’ai pas réussi à le faire directement sur ce blog.
Mais vous pouvez y accéder, en vous rendant sur le site de « flickr.com », en cliquant sur « More Photos », au bas de la colonne de photos que l’on peut voir en marge de ce billet.
Régalez-vous !!! Les photos sont d’inégale qualité, mais les contrastes, les couleurs, les Palais, les visages du Rajasthan sont exceptionnels.