Méditation…


Extrait du discours d’Albert Camus, à l’occasion de la remise du Prix Nobel qui lui était attribué, le 10 Décembre 1957 à Stockolm.

A une époque où « tout fout le camp », il est bon de se replonger dans quelques unes des plus belles pages de cet auteur, si injustement dévalué par une classe intellectuelle qui a régné presque sans partage, pendant une bonne partie du siècle auquel ma génération appartient, sur la Rive Gauche d’un fleuve qui coule toujours, sans elle car elle sombre dans l’oubli, et pire encore, dans l’opprobe, en raison des compromissions voire des complicités qu’elle n’a pas fini d’ assumer en raison de ses mesnsonges et de ses silences au cours des années noires du goulag. 

                                                    Henri Cartier-Bresson—Magnum]  

 

 

« Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas.

 Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse.

Héritière d’une histoire corrompue où se mêlent les révolutions déchues, les techniques devenues folles, les dieux morts et les idéologies exténuées, où de médiocres pouvoirs peuvent aujourd’hui tout détruire mais ne savent plus convaincre, où l’intelligence s’est abaissée jusqu’à se faire la servante de la haine et de l’oppression, cette génération a dû, en elle-même et autour d’elle, restaurer, à partir de ses seules négations, un peu de ce qui fait la dignité de vivre et de mourir.

Devant un monde menacé de désintégration, où nos grands inquisiteurs risquent d’établir pour toujours les royaumes de la mort, elle sait qu’elle devrait, dans une sorte de course folle contre la montre, restaurer entre les nations une paix qui ne soit pas celle de la servitude, réconcilier à nouveau travail et culture, et refaire avec tous les hommes une arche d’alliance.

Il n’est pas sûr qu’elle puisse jamais accomplir cette tâche immense, mais il est sûr que partout dans le monde, elle tient déjà son double pari de vérité et de liberté, et, à l’occasion, sait mourir sans haine pour lui.

 C’est elle qui mérite d’être saluée et encouragée partout où elle se trouve, et surtout là où elle se sacrifie. C’est sur elle, en tout cas, que, certain de votre accord profond, je voudrais reporter l’honneur que vous venez de me faire. »

A méditer, dans le contexte actuel ?????

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