A chacun ses morts….


 

Je lis, assez régulièrement, et toujours avec beaucoup de plaisir, le quotidien algérien francophone « El Watan » ( qui signifie, si ma mémoire  ne me trahit pas « La Patrie », en Arabe).

C’est pour moi, à défaut de me rendre en Algérie, ce pays que comme beaucoup d’autres » j’ai tant aimé », une manière de garder le contact avec ce peuple qui est resté pour moi, à travers les vicissitudes, un peuple  familier.

Je continue ainsi, comme je le faisais il y a soixante ans, à consulter les nouvelles sportives, à suivre de près le Mouloudia, ce vieux club de foot, que je rencontrais dans ma jeunesse lorsque je jouais, dans l’équipe « Junior » du RUA, ou la JSK ( la Jeunesse Sportive de Kabylie).

Je m’intéresse, à travers la lecture des faits divers, à ce qui se passe à Sétif, à Bordj Bou Areridj, à Bordj Menaïel, à Médea ou à Batna….

Et je lis, avec beaucoup d’intérêt, certains articles de fond, qui témoignent d’une évolution récente, et heureuse de ce pays, en faveur d’une certaine liberté d’opinion.

Les Algériens, eux aussi, et malgré les vicissitudes passées, s’intéressent de près à ce qui se passe en France. La vie politique française ne leur est pas indifférente, et l’audace de leurs commentaires surprendrait bien des Français habitués à la pensée formatée que diffusent nos propres médias.

Le récent épisode terroriste vécu par la France, et son issue ont été abondamment commentés dans « El Watan ». De même que les péripéties des obsèques du « sérial-tueur » Mohamed Merah, dont personne, de chaque côté de la Méditerranée ne s’est disputé la dépouille….

El Watan a publié, à cette occasion, les innombrables commentaires suscités chez ses lecteurs, par cet épisode tragique.

Ce qui est frappant, c’est de constater la lucidité du regard que portent les Algériens, sur nos voyous de banlieue. Pour eux, Mohamed Medah est Français. Ils récusent sa qualification de « Franco-Algérien ». Il est, pour eux, un pur produit de notre société, de son laxisme, de ses moeurs.

Voici un échantillon des commentaires sucités en Algérie, par cette affaire.

http://www.elwatan.com/actualite/les-virulentes-reactions-des-lecteurs-d-el-watan-sur-mohamed-merah-29-03-2012-164650_109.php

Dès l’annonce de l’inhumation en Algérie de Mohamed Merah, le présumé auteur des assassinats de Toulouse, les réactions sur le site web d’El Watan ont été nombreuses et virulentes. »Je cite:

 « Pour les lecteurs, l’histoire de Mohamed Merah est une affaire franco-française dans la mesure où le présumé assassin, est né, a grandi, étudié et a été enrôlé en France. Si son père veut qu’il soit enterré en Algérie, c’est son droit. Mais que ce droit ne prime pas sur ceux des victimes en le recevant  «comme un martyr».

« Pour les lecteurs, c’est le père qui est responsable de la destinée de Mohamed. Ils écrivent : «Aujourd’hui, il veut se racheter en réhabilitant l’image d’un fils devenu tueur d’enfants pour la transformer en celle d’une victime à travers l’organisation de funérailles d’un héros.»

« Nous citerons quelques-unes de ces centaines de réactions révélatrices d’une opinion très hostile aux actes du présumé auteur des assassinats de Toulouse.  

 «Qu’on l’enterre et on n’en parle plus ! Il lui reste le droit à la sépulture. Non, il n’est pas des nôtres. Il est comme la peste qui nous a plombé dix ans durant.»

«Des manifestations auraient dû être organisées pour montrer qu’il nous reste un minimum de dignité dans ce pays. Ne laissons pas notre pays être souillé par un individu qui croit aller au paradis en tuant des enfants.»
«Refuser son enterrement en Algérie, c’est exprimer fermement notre détermination à dire non aux comportements à la fois violents et lâches qui tendent à nous caractériser. Sinon on montrerait à nos enfants et au monde entier que l’Algérie cultive la lâcheté comme valeur.»

 «C’est une honte pour nous les Algériens d’accepter de recevoir la dépouille de ce monstre. C’est un produit français alors qu’il reste là bas ! On n’en veut pas.» 

D’autres lecteurs écrivent : «Il est né, a grandi et étudié en France. Ce sont ces mêmes Français qui présentaient les assassins comme victimes durant les années 1990 qui l’ont accueilli. Qui a privilégié la religion sur les autres constantes dans leurs colonies ? Pour endormir le peuple, aujourd’hui, on veut nous retourner la balle.»

«Est-ce un diplomate qui a fait beaucoup pour l’Algérie ? Dommage qu’un terroriste soit accueilli avec autant d’égards alors qu’il n’a eu aucune pitié quand il a assassiné. Mon vœu est que le consulat ne lui accorde pas l’autorisation d’être enterré sur le sol des martyrs.»

«Inhumé sur la terre des martyrs ! Ce voyou s’invite dans le débat sur les nationalités. Si j’étais le père de ce monstre, je me tirerais une balle dans la tête, mais ce père n’a pas de figure.»

 D’autres encore vont plus loin dans leurs réactions et condamnent l’assassinat des enfants :

«A Rouen, l’institutrice qui a fait observer de force une minute de silence à ses élèves en classe, est maintenant face à une commission disciplinaire !

« Comment un tel voyou, entraîné au Pakistan, apprenant à se cacher derrière l’islam pour effectuer des actes terroristes, peut-il être célèbre en Algérie ? Notre pays a eu déjà assez de ces zélés qui utilisent la religion comme bouclier. Il n’a fait que donner une bouffée d’air et une bonne poussée à Marine Le Pen dans sa campagne électorale !! Ce n’est qu’un petit voyou égaré !! Pourquoi Air Algérie doit-elle payer pour un petit voyou tueur d’enfants ?»

«Il faut savoir que ce jeune est un terroriste qui a tué des innocents et lorsqu’on dit ‘terroriste’, les Algériens savent ce que c’est.

« Pire encore, c’est un Français, pas un Algérien. Comment se fait-il qu’on refuse de déplacer vers l’Algérie les ossements d’un artiste comme Cheikh El Hasnaoui, qui porte les valeurs et la nationalité algériennes, et qu’on ouvre les bras à des ratés de la banlieue française ? Que dire de son père ? L’Algérie n’aurait pas dû lui ouvrir ses portes lorsqu’il est sorti de prison en France. Il ne faut pas oublier que ce père était un trafiquant de drogue en France et, parce qu’il n’a pas réussi là-bas, il est revenu en Algérie. Notre pays ne doit pas être un pays d’accueil pour les terroristes.»

Comme  on peut le constater, le jugement des Algériens est sévère, et je doute que l’on puisse trouver, en Algérie, des opinions comparables à celles des enseignants français ( encore des « idiots utiles » de l’Islamisme…) qui ont proposé à leurs élèves une minute de silence à la mémoire de ce voyou. 

De même que le jugement que portent, en général, les Algériens sur nos voyous de banlieues, dont les comportements, et les agissements ne trouvent que très peu de justifications. Ce jugement ne s’embarrasse pas des considérations fumeuses dont nous bassinent nos « zozos » et autres « pseudo-sociologues »….. 

Car les Algériens savent à propos des conditions de vie « inhumaines »imposées à nos banlieues, qu’ils sont des millions  qui, aujourd’hui, aimeraient bien en bénéficier!!!!