
Deux mots si voisins, que l’on ne peut prononcer l’un sans songer à l’autre….
Devant la tragédie qui vient de s’abattre sur tant de familles, on reste sans voix.
« Où sont les enfants morts et les printemps enfuis ??? ». Ce vers de Victor Hugo* s’enfonce comme une vrille dans l’âme de ceux qui viennent de perdre, sans savoir pourquoi, de petits êtres chers.
L’acte de terrorisme qui vient de frapper des soldats désarmés, et pis encore, des enfants innocents, appartient à l’injustifiable, et les mots ne sont jamais assez forts pour le condamner.
Il faut avoir vu, de près, avoir été touché, de près, par un attentat, pour ressentir la douleur que ressentent les familles qui viennent de perdre un enfant.
Une fois de plus, je ferai référence à Camus, si injustement condamné pour avoir condamné le terrorisme, au nom d’une justice « révolutionnaire », qui pour lui n’était pas la Justice mais une parodie de Justice, à laquelle il préférait sa mère qui incarnait l’innocence.
Aucune idéologie, aucun système de pensée en « isme », ne justifie la violence aveugle du terroriste, et son mépris pour la vie, même celle des innocents.
Dans l’Homme révolté, mais aussi, dans deux pièces, Les Justes et dans l’adaptation scénique des Possédés de Dostoïevsky, Camus manifeste son horreur et son rejet de l’acte terroriste.
En 1905, un petit groupe de socialistes-révolutionnaires russes est chargé de « liquider » le Grand-Duc Serge, oncle du Tsar. Celui à qui il revient de lancer la bombe sur la calèche, est pris d’un scrupule quand il aperçoit que deux enfants y ont pris place. L’un de ses complices lui en fait violemment le reproche: les ordres sont les ordres. Les autres militants soutiennent l’idéaliste.
Camus condamne sans appel, la pratique cynique de la violence arbitraire du terrorisme. « Massacrer les enfants, c’est renoncer à l’honneur, et l’honneur, c’est la dernière richesse du pauvre » ( Actuelles III. Chroniques Algériennes, III.23 ).
Il est sain de relire ces pages, à l’heure où il existe encore, parmi nous, des esprits aveuglés par leurs haines et leurs obsessions idéologiques, qui sont prêts à chercher, au nom d’une Justice dont ils pervertissent la morale, des justifications à des actes de barbarie qui n’épargnent personne, même les innocents.
Quand on pense que, ce soir même, et cela prend une valeur symbolique dans les circonstances actuelles, la Télévision Nationale, qui s’était honorée en diffusant un documentaire objectif sur la guerre d’Algérie, consacrera sa soirée à un téléfilm intitulé « Pour Djamila », évquant complaisament le cas de Djamila Boupacha, une jeune terroriste algérienne de 22 ans, poseuse de bombes, qui cherchera à justifier ses actes, pendant la « Bataille d’Alger » …..
Pour mémoire, Djamila Boupacha est une militante du Front de libération nationale algérien. En 1960 elle est accusée d’avoir déposé une bombe à Alger elle est arrêtée, torturée, violée et emprisonnée puis envoyée en France métropolitaine où elle est jugée fin juin 1961. En 1962 elle est amnistiée en application des accords d’Évian.
Défendue par Gisèle Halimi, l’affaire Djamila Boupacha a pris une ampleur médiatique importante lorsqu’un Comité pour Djamila Boupacha est créé, présidé par Simone de Beauvoir, et qui comprenait parmi ses membres Jean-Paul Sartre, Louis Aragon, Elsa Triolet, Gabriel Marcel, Geneviève de Gaulle et Germaine Tillion. Une belle brochette de comparses d’un terrorisme sanglant, au nom d’une idéologie, dont on sait aujourd’hui, ce qu’elle cautionnait….
Curieusement, on retrouvera, parmi les personnages de ce film, Simone de Beauvoir, dont on sait qu’elle fut la compagne de celui qui écrivit cette phrase terrible, dans une préface au livre de Franz Fanon « Les damnés de la terre » :
« Il faut tuer: abattre un Européen, c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé: restent un homme mort et un homme libre; le survivant pour la première fois sent un sol national sous la plante des pîeds ».
Quand on imagine que l’auteur des crimes odieux de ces derniers jours, est peut-être convaincu d’avoir agi pour défendre « le sol national », au nom d’une idéologie d’un autre âge….
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