Si je prends le risque d’alimenter un peu plus la polémique, c’est que les deux affaires qui viennent de déchainer les passions, sont symptomatiques d’une dérive qui menace gravement la liberté d’opinion et le débat démocratique dans notre République au sein de laquelle se développent de plus en plus de pratiques qui traînent derrière elles un relent de parfum stalinien.
Il n’est plus possible aujourd’hui d’émettre une opinion,- même si elle est fondée -, qui soit contraire à la vulgate des discours ambiants, sans que cela donne lieu à un déchaînement de vociférations, auxquelles une certaine presse accorde complaisamment son écho afin de participer au lynchage et même si possible, à la curée du « contrevenant ».
S’agissant d’Allègre, je me garderai bien de motiver mon soutien en m’appuyant sur des arguments scientifiques, vu mon incompétence totale en la matière.
Même si je suis tenté de m’associer aux doutes professés par ce scientifique, en ce qui concerne l’aptitude des climatologues à prévoir le temps qu’il fera à la fin du siècle, lorsqu’on sait que nos météorologues se trompent souvent lorsqu’il s’agit de prévoir le temps qu’il fera pendant le weekend prochain, je veux m’en tenir aux seuls principes.
On aura rarement vu – honneur aux quelques éditorialistes qui l’ont souligné – un « Comité » de « savants » s’adresser à une Ministre de la République – fût-elle Ministre de la Recherche Scientifique – pour trancher un différent scientifique !!!
J’ai toujours cru que ces différents, qui ont toujours existé dans la communauté des chercheurs, se réglaient à coups de « communications scientifiques », et de débats au sein de l’Académie des Sciences, débats contradictoires, dont les contradictions contribuent à établir une authentique vérité scientifique.
C’est sans doute la première fois que dans le « monde libre » auquel nous croyons appartenir, des savants demandent au Pouvoir Politique de trancher un débat de ce type.
Les précédents sont nombreux certes, mais dans l’Histoire des Républiques Populaires, où toute position exprimée, même dans le domaine de la science, devait être conforme à l’idéologie régnante, et approuvée par les représentants de la « science officielle ». Le savant Sakarov en a fait la cruelle expérience en Russie Soviétique…..
C’est donc au nom du principe démocratique de liberté d’expression que nous devons ce soutien à Allègre, comme nous le devons à Zemmour.
Zemmour que l’on voit (trop) souvent dans des émissions légères de fin de soirée, – et qui s’est fait une spécialité de tenir le rôle de celui qui s’exprime à contre-courant des idées véhiculées par les oracles du prêt à penser -, s’est laissé embarquer, par des « animateurs »d’émissions de divertissement sur des terrains éminemment sensibles, terrains sur lesquels sévissent les « ayatollah » qui prolifèrent dans notre pays.
Soutenu par d’éminentes personnalités, qui ne partagent pas forcément le point de vue contesté qui a donné lieu à un concert de vociférations, il s’est trouvé en position de coupable d’avoir exprimé sur des antennes réservées aux opinions formatées, un point de vue partagé par beaucoup de Français.
Un haut magistrat réputé lui a apporté son soutien au nom du principe de la « liberté d’expression », sur son blog personnel, mais aussi dans plusieurs organes de presse.
Ce Magistrat exprime une opinion que l’on se doit de partager si on est attaché à certaines valeurs bafouées par ceux-là même qui prétendent donner des leçons de respect démocratique à tout vent.
– « Les propos d’Eric Zemmour manquent d’une vision plus large, vous avez raison. Mais il faut resituer sa phrase dans le contexte d’un débat polémiste où les arguments qu’on lui opposait étaient simplistes et outranciers. Zemmour rappelle d’ailleurs ce contexte dans sa lettre à la Licra et explique ses propos. Reste que ses propos ne me paraissent pas absurdes, comme je le dis dans mon blog, car, à partir de ma vision judiciaire, je fais un constat similaire, sans pour autant tirer de conclusions définitives car je ne suis pas un statisticien. Ce que je dis, c’est qu’il me semble à moi aussi que les petits trafiquants sont bel et bien majoritairement noirs ou arabes. Mais je constate, à l’inverse, que les gros trafiquants, eux, ne sont pour la plupart ni noirs ni arabes. »
Questionné par le journaliste du NouveObs, sur les raisons de son soutien aux propos de Zemmour, ce Magistrat répond:
« Mais surtout, si je soutiens Zemmour, c’est pour prendre la défense de la liberté d’expression. Je souhaite un renversement de la charge républicaine de la preuve. Aujourd’hui, c’est aux personnalités qui usent de la liberté d’expression de se justifier. Alors que cela devrait être à ceux qui les accusent de prouver que les propos qu’ils incriminent sont scandaleux. A aucun moment la Licra ou le CSA ne se sont demandés si les propos de Zemmour pouvaient être vrais ou faux. On s’est simplement indigné devant le fait qu’il ait exprimé une opinion considérée comme anti-humaniste sur un sujet sensible.
Je constate qu’à chaque fois qu’un propos est taxé de scandaleux, on assiste de plus en plus au même processus : c’est la décence ou l’indécence républicaine qui prime sur la vérité. »
A la question qui suit, le Magistrat répond:
– » Cela témoigne d’un phénomène inquiétant : de plus en plus, dès qu’on use de la liberté de parole sur des sujets sensibles, des associations portent plainte, ce qui aboutit à un mouvement de contrition et d’excuses de la part de celui qui est attaqué.
Or, ma vision en matière de liberté d’expression est que je préfère l’affrontement d’idées dans l’espace démocratique que la judiciarisation des idées. Car si, en apparence, cette judiciarisation donne l’image d’une société de droit, elle témoigne en fait de la fragilité de cette société qui a tellement peur du débat d’idées qu’elle éprouve le besoin de se réfugier dans la loi. Cette société est malade, elle n’a plus confiance en elle, on ne voit pas plus loin que le bout de son nez et on refuse le dialogue contradictoire. J’ai donc des scrupules à défendre cette judiciarisation poussée à l’extrême qui fait que les citoyens s’excusent pour leurs idées sans que cela permette d’ouvrir le débat. » ( Fin de citation ).
J’ajouterai personnellement, que cette société refuse désormais de connaître les données mêmes des problèmes qui lui sont posés, sans doute pour tenter d’échapper à la difficulté de leur solution.
Car les quelques chiffres dont nous disposons, confirmés par les enquêtes peu diffusées sur le problème évoqué par Zemour, démontrent qu’il n’a pas tort, ou du moins que son seul tort c’est de dire tout haut ce que beaucoup de Français pensent…tout bas.
Je m’associe donc à ce soutien, au nom des mêmes principes, n’en déplaise à tous les soit-disant « modérateurs » qui pullulent désormais dans notre entourage quotidien.
PS: Pour avoir une idée du retentissement de l’affaire Zemmour, dans des pays aux quels la France sert souvent de référence, consulter l’article paru dans la revue « Causeur », sous le titre: