Le « canard sans tête » bouge encore….


Canard

L’UMP ressemble à un « canard sans tête ». En effet, avez-vous essayé de couper la tête à un canard ??? Même sans tête, il continue à battre des ailes, en essayant de courir, et…en laissant des plumes sur son chemin….

Après des semaines de lutte picrocholine entre deux prétendants à la succession de Sarkozy à la tête de l’UMP, la droite aigrie et divisée se retrouve assise sur un tas de cendres.

Mon propos n’est pas, ici, de revenir sur la qualification du comportement des deux « égos » qui s’affrontent, au mépris de l’opinion des militants de leur Parti dont ils se sont approprié l’incarnation, et ont poussé les limites de leur combat jusqu’à « l’autodestruction ». Sur ce point tout a été dit, ici même.

Mon souhait, c’est de pousser plus loin l’analyse, et d’interpréter la signification et les conséquences de cet affrontement sur les perspectives de la Droite française. 

Deux tendances s’affrontent aujourd’hui, pour la présidence du grand parti de la droite française. 

Ce qui les différencie ne semble pas porter sur le fond mais sur « l’emballage idéologique »: les différences portent plus sur  plus du « contenant » que sur du « contenu ». L’idéologie économique est la même: libérale donc moins d’État, et plus de marché. Sur les questions de société, peu de différences : un style sobre et mesuré s’oppose à l’ autre qui se présente comme exprimant les idées d’une « droite sans-complexe ».

Ce « canard sans tête »,  auquel ressemble aujourd’hui « la Droite » dite « parlementaire », par opposition à l’autre Droite, celle qui aspire à devenir « parlementaire » mais qui n’y parvient pas, empêchée par un système électoral, digne d’une République bananière, conçu pour lui barrer la route de toutes les Institutions, attend de savoir à quelle sauce il sera mangé.

Car il existe désormais, un fossé profond entre ceux qui se présentent comme les partisans d’une « Droite » sinon molle, mais flexible, prête à épouser l’air du temps, à suivre un itinéraire « politiquement correct » suivant le chemin tracé par d’illustres prédécesseurs dont Chirac fut le dernier représentant en terminant son dernier mandat sur une ligne quasi « radicale-socialiste », et ceux qui ont choisi un autre chemin : celui d’être plus à l’écoute d’un électorat qui se sent de moins en moins bien représenté et défendu sur le plan parlementaire  par une « élite » de plus en plus coupée du peuple.

Le peuple français est un peuple hautement « politisé » qui a beaucoup appris au cours d’une Histoire riche en péripéties électorales, et qui se défie de plus en plus des « promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent », et se défie encore plus des « faiseurs d’opinion », sondeurs et médias prisonniers d’un conformisme dans lequel ils se sont eux-mêmes enfermés, et qui contribuent à « enfumer » le citoyen.

En outre, le peuple français épouse les tendances observées dans toute l’Europe, y compris dans des pays considérés comme les berceaux de la « démocratie apaisée », dans lesquels l’opinion se « droitise », sous l’effet de phénomènes auxquels aucun pays n’échappe actuellement.

Au fond donc, l’affrontement entre Coppé et Fillon, indépendamment de son caractère révoltant pour le militant de base qui ne cache plus sa colère, est un épiphénomène.

Sur le fond, rien ne différencie le message dont chacun des deux « belligérants » est porteur, vis-à-vis de l’ électorat traditionnel de la Droite. Mais, il y a deux peuples de Droite aujourd’hui.

L’un qui, effrayé par les bouleversements qui transforment à vive allure notre société, cherche une Droite rassurante et protectrice, qui lui épargne d’avoir à vivre dans un climat conflictuel permanent, qui rêve vaguement à un monde dans lequel « tout le monde il est beau et tout le monde il est gentil « .

L’autre, déçue et irritée de constater que ses vrais problèmes, ceux du chômage et de la précarité certes, mais aussi ses problèmes identitaires et de sécurité, sont traités avec une sorte de légèreté apparente par une partie du personnel politique qui semble  englué dans un miel de synthèse entre le souci de ne pas tenir des propos « clivants » afin de « ratisser large » et qui semble plus motivé par le désir de « rassembler »une clientèle électorale, que par le souci de défendre les revendications de son électorat .

 Dans cet affrontement, il y a donc, d’un coté ceux qui revendiquent le droit d’appeler « un chat, un chat » et de « dire les choses », de l’autre ceux qui préfèrent le langage ampoulé, proche de la langue de bois, qui facilite « l’enfumage » des « mous ».

Ainsi, le style mesuré, sobre et ambigu des uns, s’oppose au style direct et « décomplexé » des autres. 

Mais ce n’est pas tout: les premiers accusent les seconds de « fricoter » avec une forme de « populisme »proche du discours traditionnel du Front National, et à l’inverse, les seconds accusent les premiers d’ambiguité et de molle frilosité cachant mal le désir de conquérir le pouvoir à droite pour mener ensuite une politique de Gauche sur le plan sociétal.

En fait, donc, la fracture entre Copé et Fillon, n’est que la manifestation superficielle d’un malaise beaucoup plus profond. Ce malaise, la Gauche au pouvoir, fait tout pour l’exploiter et c’est de bonne guerre. Elle multiplie les initiatives parlementaires sur des questions sociétales, précisément, qui, soumettent la Droite à l’épreuve. C’est le cas pour le « mariage pour tous », ou « le vote des étrangers ».

On comprend que la classe médiatique, celle des « faiseurs d’opinion », tout comme la Gauche, marquent ostensiblement leur préférence pour Fillon……

Ce qui « dérange » Fillon et ses partisans, c’est que Copé aborde des questions auxquelles Fillon ne veut pas répondre clairement et préfère rester dans le vague….

L’illustration nous en est fournie sur nos écrans, le soir de l’affrontement télévisé entre les deux adversaires : à la question du journaliste de service concernant la phrase de Copé sur « le petit pain au chocolat », Fillon laisse entendre qu’il n’est pas en désaccord avec Copé, mais « qu’il ne l’aurait pas dit comme ça !!! »….En clair, Fillon admet qu’il existe un « racisme anti-français », mais qu’il est préférable, dans un but de « rassemblement », de ne pas en parler, de même qu’il est préférable d’éviter d’aborder certains thèmes, surtout lorsque ceux-ci alimentent le discours du Front National.

Les dernières élections partielles semblent indiquer que le « canard sans tête bouge encore », et donner raison aux partisans d’une « Droite décomplexée ». Mais il faudra attendre les Municipales pour savoir si nos deux Pieds Nickelés ont creusé leur tombe ou celle de la Droite toute entière….

Mais, attention !!! Si c’est la « tendance Fillon »qui l’emporte dans ce kriegspiel d’opérette, l’affaire pourrait tourner au drame: une fraction de la « tendance Copé » pourrait rejoindre le Front National, et « les rêves » de nos Pieds Nickelés pourraient se transformer en cauchemar….

2 réflexions au sujet de « Le « canard sans tête » bouge encore…. »

  1. A propos des partielles….:
    Relayés à l’envie par la presse, les cocoricos de l’UMP et du R-UMP, suite aux trois législatives partielles de ce dimanche 9 décembre, méritent une autre analyse que celle « officielle ».

    Ah…si les journalistes faisaient vraiment leur boulot……!!!

    D’abord, notons que le PS ne perdra pas sa majorité même si Mme Roqué, dans l’Hérault, était battue dimanche prochain, elle qui n’avait au second tour de juin 2012 que 10 voix d’avance sur le candidat UMP. Personne ne prévoyait d’ailleurs que la majorité présidentielle pourrait en gagner à l’occasion de ces trois partielles.

    Alors, regardons de plus près.

    13 ème circonscription des Hauts de Seine

    M. Devedjian (UMP – filloniste) perd 6487 voix par rapport à juin dernier.

    Le candidat de gauche, M. Landfried en perd 5 731.

    1 ère circonscription du Val de Marne

    M. Plagnol (UDI) perd 11 883 voix.

    Le candidat de gauche, M. Mellouli, 8528 voix en moins.

    6 ème circonscription de l’Hérault

    M. Aboud (UMP) perd 1880 voix.

    La candidate de gauche, Mme Roqué en perd 8822.

    Ainsi l’opposition perd un total de 20250 voix et la gauche 23081.

    Pas de quoi pavoiser ainsi pour MM Fillon-Copé.

    Ils subissent une dégringolade quasi identique à celle de la gauche.

    C’est peut-être de bonne guerre que les frères ennemis crient victoire ( une fois de plus….) mais c’est dramatique que la presse reprenne sans aucun discernement leur analyse fallacieuse.

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