Alors que nos « zintellectuels », relayés par des médias enthousiastes, célébraient le « Printemps Arabe » et « l’avènement de la Démocratie » dans les pays où des dictateurs « laïques » faisaient régner un ordre répressif rejeté par des peuples qui n’en pouvaient plus de tant de brutalité et d’injustices, j’émettais sur ce blog des doutes sur la sincérité de cet « élan démocratique », du moins chez beaucoup d’Arabes,en même temps que j’émettais des craintes sur l’issue de tant de désordres dont les conséquences pouvaient faire craindre que l’Hiver qui vient soit rigoureux….
Il faut avoir une connaissance bien superficielle du monde Arabe, pour sous-estimer la puissance des courants islamistes divers qui le traversent.
Il était évident que certains de ces mouvements ne rateraient pas l’occasion que leur offre la période de désordre provoquée par le « Printemps », pour pousser leur avantage, et tenter d’utiliser les « voies de la Démocratie » pour accéder à un pouvoir dont ils étaient tenus éloignés jusqu’ici, par la force.
Ce qui s’est passé en Libye, ce qui se passe aujourd’hui en Tunisie, et pis encore en Egypte, ce qui se passera demain en Syrie incite à la prudence en même temps qu’à la réflexion.
Car un monde Arabe nouveau est en train de se dessiner sous nos yeux, de plus en plus agité par des forces incontrôlables, sur lesquelles l’Occident n’a plus aucune emprise.
Car ce qui se passe sous nos yeux, en Egypte est significatif. Nos « zozos » habituels en restent muets d’inquiétude pour ne pas dire d’effroi devant une évolution à laquelle ils ne comprennent plus grand chose. Les plus exaltés d’entre eux se risquent à des analyses, en tenant d’interprêter les moindres petits signes d’avancées dans le sens qu’ils appellent de leurs voeux, prenant comme très souvent, leurs rêves pour des réalités….
La décision du président Mohamed Morsi de faire voter dans la précipitation une nouvelle constitution est un seconde tentative de coup de force après celui qui a consisté à s’octroyer par décret tous les pouvoirs.
Ainsi se dessine l’aboutissement d’un processus dont le résultat aura consisté à mettre à bas une Dictature, pour la remplacer par une autre, infiniment plus « rétrograde », plus « intolérante » et plus cruelle, surtout si la « Charia » parvient à trouver sa place dans une Constitution islamique, à laquelle les « révolutionnaires » égyptiens cherchent à s’opposer.
Car« depuis septembre, explique un « spécialiste », il y a en Égypte une polarisation entre les libéraux, qui veulent inscrire dans la constitution les droits et les libertés des citoyens, et les islamistes qui poussent à une islamisation de la constitution. La décision de Morsi est un électrochoc ».
L’adoption expéditive du texte pourrait permettre au président égyptien, issu des Frères musulmans, de mettre rapidement au pas, ses opposants, dont les dernières élections ont montré qu’ls étaient minoritaires dans le pays.
C’est dire l’importance de l’épreuve de force qui se déroule sous nos yeux. Aux dernières nouvelles, il semblerait que Morsi soit enclin à lâcher du lest en revenant sur le décret lui accordant les pleins pouvoirs…. Affaire à suivre, car quelle que soit la décision qu’il prendra, il est évident que les masques sont tombés et que les intentions sont claires: à court ou à moyen terme l’Egypte deviendra une « République Islamique ».
Il est un pays dont on parle très peu, et qui ne semble pas prendre part à l’agitation actuelle: c’est la Turquie. De nombreux pays arabes, au Machrek comme au Maghreb, sont tentés de le prendre comme modèle de pays islamique refusant de tourner le dos à la modernité.
Depuis peu, la Turquie, membre de l’OTAN, avance discrètement ses pions sur cet échiquier bouleversé. Avec l’intention de retrouver, par d’autres moyens que ceux de la conquête armée, sa zone d’influence traditionnelle, celle qui était la sienne à l’époque de l’Empire Ottoman….
Nous aurons l’occasion de revenir sur ce sujet….