Le débat fait rage en France, comme chaque fois que la France redresse, même modestement, la tête.
Le combat politique, les ambitions présidentielles, les crises d’ego multiples, incitent ceux qui, n’ont qu’une obsession sournoise, celle de rogner les ailes de Sarkozy, à critiquer jusque dans la démesure, l’action que mène la France, même lorsque celle-ci se pare de la légitimité de l’ONU qui désormais constitue, pour les démocraties, le label indispensable à toute initiative armée dans le monde.
Label dont les dictatures se dispensent effrontément.
Etait-il légitime d’intervenir en Libye et en Côte d’Ivoire ???
Oui répondent ceux qui considèrent que la France doit tenir son rang dans le monde, honorer son siège de membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu, affirmer son statut de puissance régionale en Méditerranée et en Afrique, cette arrière-cour stratégique léguée par notre histoire et par la géographie ??? Elle doit honorer sa réputation de « Patrie des Droits de l’Homme », partout où d’abominables massacres sont commis par des autocrates démagogues ou des fous de Dieu, qui n’hésitent pas à tirer sur leur propre peuple dès lors qu’il manifeste et réclame un peu plus de liberté et de justice ????
Le débat renaît chaque fois que la France se retrouve en première ligne, soit par ses armes, soit par sa diplomatie.
Des experts autoproclamés et certains politiques, à droite comme à gauche, le répètent à l’unisson : « la France est piégée, les opérations s’enlisent, tant en Libye qu’en Côte d’Ivoire. Nous allons payer cher ces actes de guerre, car ils sont entachés de « néo-colonialisme », cette tare héritée d’une décolonisation mal digérée, dont se servent, un demi-siècle après, ceux qui ne guériront jamais de leur haine de la France ».
Et pourtant, en vérité, la France n’est pas la seule ancienne puissance coloniale au monde.
Entends-t-on les mêmes accusations, les mêmes critiques acerbes ou les mêmes jérémiades, dans des pays voisins dont le passé colonial n’est pas plus glorieux que celui de la France ??? Le passé colonial de l’Espagne, celui de l’Angleterre, celui de l’Italie, et, entre autres, …. celui de la Russie soviétique ne manquent pas de pages sombres, d’épisodes tragiques. Ce n’est pas pour autant que ce passé, sans cesse ressassé, remonte à la surface, chaque fois que l’un de ces pays se trouve confronté à son Histoire.
A écouter ceux qui nous « bassinent » depuis des lustres avec l’obligation de repentance, la France est condamnée, pour « les siècles des siècles » et pour les générations présentes et futures, à faire son « mea-culpa », et à tendre l’autre joue chaque fois qu’elle est bafouée….
Je leur conseille la lecture de l’ouvrage passionnant de Daniel Lefeuvre, un historien très peu médiatisé, intitulé » Pour en finir avec la repentance coloniale ».
Il démonte avec les bons vieux outils de l’historien orthodoxe (analyse critique des sources et des chiffres, contexte, comparaisons historiques…), les contrevérités, les trucages et les billevesées des anticolonialistes de salon qu’il appelle les «Repentants».
Et pour ma part, j’ai tendance à considérer que l’Afrique appartient désormais aux Africains. Il leur appartient, en conséquence, de se « prendre en charge », d’assumer leur indépendance vieille maintenant d’un demi-siècle, et de régler leurs comptes entre eux.
Nous nous éviterons bien des critiques, et parfois bien des déboires, en renonçant à nous « ingérer » dans leurs affaires, au nom d’un « droit d’ingérence » qui nous sera toujours contesté, bien qu’il nous soit inspiré par de beaux et généreux esprits, ou par nos « humanistes » professionnels, et même lorsqu’il est légitimé par les plus hautes instances internationales.
Je m’étonne du silence de nos « historiens » de la Gauche médiatique, à propos de ce « droit d’ingérence » popularisé par Kouchner: comment auraient réagi nos révolutionnaires, en 1789, si l’Angleterre, par exemple, était intervenue pour mettre fin, en France, à un « bain de sang », qui, à l’époque, a horrifié toute l’Europe ????
A chacun ses bains de sang…..