Pauvres, mais honnêtes….


Hommage à ma grand mère.

Dans le débat sur l’insécurité, qui atteindra un nouveau paroxysme au cours de la très prochaine campagne présidentielle, il y a un argument souvent avancé dans les médias, qui fait partie de la vulgate des discours « de Gauche »,  et qui m’agace au plus haut point.

Il est, en effet, devenu classique de faire un lien direct entre « la pauvreté », ou la précarité et « l’insécurité ».

Ce lien,  constitue, à mes yeux, un « amalgame » tout aussi détestable que celui que les mêmes médias ne cessent de dénoncer, à savoir « l’amalgame entre insécurité et immigration » .

Issu d’une famille plus que modeste, élevé, adolescent, par une grand-mère qui était une « forte femme », illettrée, qui avait éduqué, seule, en « faisant des ménages », ses deux enfants ( ma mère devenue une pianiste brillante et mon oncle, un Instituteur et pédagogue réputé), j’ai vécu la pauvreté au quotidien, les semaines où nous ne mangions que des pâtes et des patates…..

J’ai attendu de faire mon service militaire pour réaliser à quel point ma grand-mère était illettrée. Elle m’a adressé en tout et pour tout, dans sa vie, deux lettres reçues pendant que j’étais sous les drapeaux, deux lettres que j’ai conservées comme un trésor personnel, et qui montrent qu’elle savait à peine écrire et que les mots lui manquaient pour exprimer les idées fortes qui étaient les siennes. Mais qui montrent également les trésors d’affection dont elle était capable, malgré son caractère autoritaire.

Alors que je préparais mon bac Mathématiques, elle m’obligeait, restant à mes côtés jusqu’à une heure avancée de la nuit, à lire et relire mes cours, et vérifiait que j’avais bien fait tous les exercices mentionnés sur mon « cahier de textes », dont je devais lui faire la lecture dès que je m’installais à ma table de travail, qui n’était autre que la table de la cuisine….

Faisant mine de parcourir mes dissertations de philo, elle insistait pour que je corrige mes fautes d’orthographe,- comme si elle était capable de les identifier(!!!)-, et relisant ma copie j’en trouvais toujours deux ou trois, parfois plus encore qui m’avaient échappé car j’avais horreur de relire ce que j’avais écrit.  Je ne suis d’ailleurs toujours pas guéri de ce vilain défaut …..

Grâce à l’attention vigilante, ferme, mais affectueuse de cette femme de caractère, j’ai pu franchir les premiers obstacles d’un parcours scolaire puis universitaire qui m’ouvrait la voie vers d’autres ambitions.

Il faut dire qu’à cette époque, on était éduqué dans le respect des « anciens »……

Aussi mon propos de ce jour sera dédié à ma Grand-Mère.

Et il prend la forme d’une protestation contre l’opinion banalisée par le discours de ceux qui font un lien étroit entre l’insécurité et la pauvreté.

Ce serait, donc, la pauvreté qui motiverait les « voyous », et qui, aux yeux de certains, légitimerait leurs actes de rébellion contre la société et ses Lois ???

Je considère que cela est insultant pour tout ceux qui, – issus de familles pauvres, mais solidement éduqués , structurés par des valeurs simples, accessibles à tous, mais saines parce que stimulantes et faisant appel à l’orgueil et au respect de soi-même, condition première du respect « des autres » -, ont pour ambition de s’élever au dessus de la condition de leurs parents, par l’effort, le travail et parfois le sacrifice.

L’héritage que j’ai reçu, est un héritage, partagé dans beaucoup de familles actuelles, dont on ne parle pas assez souvent. Il ne se chiffre pas en unités monétaires. Car il n’a pas de prix.

Cet héritage c’est une somme de principes, simples et clairs, accessibles à tous, que ma grand mère répétait inlassablement. En voici quelques uns:

– » On a » le droit » (hé oui !!! c’était son expression) d’être pauvres. Mais on a pas le droit d’être sale. Alors surveilles ta tenue. Ta vieille chemise, je te l’ai repassée, de même que le pantalon de ton père que j’ai raccourci. Et va te donner un coup de peigne avant de partir au Lycée. »

– » On a « le droit » (!!!) d’être pauvres. Ce n’est pas un déshonneur. Mais on n’a pas le droit d’être malhonnêtes. L’honnêteté, c’est notre orgueil. Et n’oublie pas: qui vole un oeuf, vole un boeuf !!! »

–  » Sois exigeant envers toi-même, avant de l’être vis à vis des autres »….

– « Marche droit et suis ta route » !!!  « N’écoute pas les mauvais conseils ». Un seul chemin: »le droit chemin » !!!….

– etc, etc…..

Je suis convaincu qu’il existe encore bien des familles populaires dans lesquelles ces principes font partie  de la morale du quotidien. Mais on n’en parle pas assez.

C’est probablement ce qui explique que les régions  les plus pauvres de France, ne sont pas celles où il y a le plus de voyous.

C’est un point sur lequel, la Gauche, qui semble entrer en période de « révision générale », ferait bien de réviser son discours.

9 réflexions au sujet de « Pauvres, mais honnêtes…. »

  1. Je ne joue pas les naïfs puisque dans ma vie personnelle j’essaie autant que faire se peut d’avoir un comportement moral !
    Et puisque JP Chevènement a bel et bien « inventé » les « sauvageons », c’est bien la preuve que le Gouvernement Jospin se préoccupait lui aussi des incivilités et de la délinquance.

    jf.

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  2. Pourquoi déclarez-vous que la « morale » est un « gros mot » ???????
    Qui donc a décrété morale =gros mot …à part vous ???
    Dois-je vous rappelez que c’est un Ministre de l’Education Nationale …de gauche…,JP Chevènement, qui a rétabli l’instruction civique à l’école ????

    jf.

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  3. Ce qui me révolte c’est que l’on puisse laisser entendre qu’il y a un lien direct entre la pauvreté et la délinquance.
    Il y a des voyous chez « les pauvres » comme chez « les riches ».
    Mais il y a chez « les pauvres », des gens qui ont une éducation de « pauvres »certes, mais basée sur le travail, l’effort, la dignité, l’honneur, le respect de soi-même, qui conditionne le respect des autres, en un mot, des gens qui ont une morale. Encore un gros mot, aujourd’hui !!!

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  4. Je comprends très bien vos propos, pour être en quelque sorte passé par là. Nos parents avaient des principes, mais il n’est pas étonnant que le modèle actuel qui veut, que seuls sont reconnus les gens qui s’enrichissent fasse des émules. De plus, les bonnes directions (trouver un emploi dans l’administration, dans l’industrie, etc..) faisait qu’il était plus facile d’avoir un objectif (dans les années 50-60)

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  5. Ah bon ??? Je croyais avoir compris que cela faisait encore débat, entre les « misérabilistes » et les autres….
    Mais si ce que vous dites est vrai, il n’est jamais trop tard. Car laisser croire que c’est la pauvreté qui engendre l’insécurité, c’est grave !!!… Il y a encore beaucoup de « gens pauvres » qui sont d’honnêtes gens. Ils font peut-être partie des « catégories défavorisées » ( quel barbarisme !!!), et même s’ils ont « tout perdu », il leur reste l’honneur de pouvoir se promener dans les rues, la tête haute.

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  6. Il y a belle lurette que la Gauche a révisé son discours mais bien entendu vous l’avez zappé…
    C’est pas grave, faut bien que vous trouviez matière à lui faire des « reproches »….

    jf.

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