Lecteur assidu de l’hebdomadaire « Le Point », je me précipite à chacune de ses parutions sur l’Editorial de Claude Imbert, dont j’apprécie le ton, et le fond, même s’il m’arrive de trouver, parfois, qu’il est écrit dans un « style ampoulé »….
Le dernier de ces éditoriaux, paru dans le n°1965 du 13 Mai, intitulé « L’Europe de Damoclès », est dans la même veine que ceux qui l’ont précédé. Consacré aux difficultés que traversent l’Europe et sa monnaie bousculées par une tempête déclenchée par » les marchés », il reprend un thème souvent évoqué sur ce blog, celui de la fin prévisible des illusions qu’accompagne le discrédit de ceux qui ont habitué nos concitoyens aux discours mensongers, aux » lendemains qui chantent » puisqu’on « rasera gratis, et autres billevisées empreintes de démagogie…..
J’en extrais ce chapitre auquel j’adhère sans réserve, mais qui énervera plus d’un Français habitué à la « marmelade » consensuelle et si possible, « politiquement correcte »:
« La France, quant à elle, reçoit en recommandé l’avis d’avoir à réduire en trois ans trente années consécutives de déficit public. Trente années de concession au moindre travail, aux 35 heures et à ses RTT exquises, aux emplois bidon, à l’euphorie festive, à la guimauve victimaire, tout le bric-à-brac de l’ « exception française ». Trente années de comédie compassionnelle où une nation geignarde ne voit pas le « tiers état » du tiers-monde qui reluque avec envie le sort des plus pauvres de nos pauvres. Alors, branle-bas général et freins de rigueur ! Mais, dit la nourrice, sans prononcer son mot qui ferait pleurer les bambins….. »
Et un peu plus loin, » puisque la Grèce est à l’ordre du jour, demandons à son aïeule de nous prêter un homme et une idée ! L’homme, c’est Damoclès, un euphorique qui voyait tout en rose ( !!!). Pour lui apprendre que l’Histoire est tragique, son souverain fit suspendre, retenue par un seul crin de cheval, une épée au-dessus de sa tête. Tel est désormais le sorte de l’euro. »
J’ajouterai, avec la permission de Claude Imbert, que les Français, dont les nouvelles générations ne savent plus qui est Damoclès – et s’en contre-foutent – s’ils levaient la tête, s’inquiéteraient de la solidité du crin de cheval qui retient l’épée, et auquel la paix, la prospérité, et le bonheur de ces mêmes générations sont suspendus…..
Pour mémoire:
Selon Wikipédia : Denys l’Ancien, tyran de Syracuse, vivait dans un château cerné d’une fosse et sans cesse sous la surveillance de nombreux gardes. Denys, qui était toujours inquiet, se trouva des courtisans qui devaient le flatter et le rassurer. Parmi eux, Damoclès, roi des orfèvres, ne cessait de flatter son maître sur la chance qu’il avait d’être le tyran de Syracuse. Agacé, celui-ci lui proposa de prendre sa place le temps d’une année. Au milieu du festin, Damoclès leva la tête et s’aperçut qu’une épée était suspendue au-dessus de lui, et n’était retenue que par un crin du cheval de Denys. D’autres disent que cette épée était suspendue par le tyran Denys. Et ainsi il montra à Damoclès que son rôle de tyran possédait deux faces, c’était à la fois un sentiment de puissance et le risque d’une « mort » pouvant nous frapper à tout moment. C’est pourquoi depuis le XIXe siècle, on parle d’une « épée de Damoclès » pour décrire une situation particulièrement dangereuse ou pénible.