Je viens de refermer ce livre que j’avais exhumé de ma bibliothèque. En parcourant les rayons où s’entassent les ouvrages que j’ai accumulés, au fil des années, mon regard s’est posé sur celui-ci dont le titre m’a intrigué : » La Trahison des Clercs » !!!
Ce titre, qui s’applique si bien à ce que je m’efforce, billet après billet, sur ce blog, de dénoncer, à savoir le mensonge, la lâcheté, la corruption intellectuelle de ceux que je désigne souvent, en les brocardant, sous le terme de « zintellectuels », a réveillé ma curiosité à l’égard d’un ouvrage qui, à l’époque de sa première édition,- en 1927, je crois – avait fait l’effet d’un « pavé dans la marre ».
Je me suis souvenu avoir acheté ce livre au moment où la querelle entre Sartre et Camus divisait la classe intellectuelle française, notamment à propos de la Guerre d’Algérie. A cette époque, Camus, l’Algérie, étaient pour moi des sujets brûlants, qui ne se sont jamais éloignés, dans ma mémoire…
Je me suis donc replongé dans les quelques 300 pages de cet ouvrage, fort dense, où Julien Benda règle ses comptes avec » Les hommes dont la fonction est de défendre les valeurs éternelles et désintéressées », qu’il appelle « les clercs », c’est à dire, selon lui, « les intellectuels ».
Il leur reproche d’avoir failli dans leur mission. Selon lui, la mission sacrée de l’intellectuel est de sortir de sa réserve dès lors que la Vérité et la Justice sont menacées. Il ne doit pas s’engager dans les controverses partisanes, mais se consacrer à sa vocation première qui est « la méditation, la connaissance désintéressée, l’amour du beau ». L’engagement partisan corrompt l’intellectuel et l’écarte de sa mission.
Il reproche aux intellectuels de son époque, d’avoir failli, et à Sartre, tout particulièrement, d’avoir , par son engagement idéologique, ouvert une brêche, dans laquelle d’autres intellectuels, après lui, se sont engouffrés.
Cela nous a valu, par haine du capitalisme américain, l’exaltation, au mépris de la Vérité et de la Raison, des dictatures nées dans et hors de l’Union Soviétique. Les mêmes intellectuels se sont dévoyés en défendant les pires dérives totalitaristes : le stalinisme, le régime castriste, la « Révolution culturelle » de Mao, la « libération » du Cambodge par les Khmers rouges, ou la défense d’un Khomeiny magnifié comme un disciple de Gandhi.
La liste de ces « escroqueries intellectuelles » est longue…
Or à aucun moment ces intellectuels, anciens trotskystes, ou maoïstes, dont certains ont toujours pignon sur rue aujourd’hui, dans les médias, et dans le monde de la culture, dans celui de l’Education Nationale, n’ont fait la moindre amende honorable.
A titre d’exemple, dès qu’il s’agit d’évoquer les relations présentes et passées, avec l’Algérie, un seul « historien » s’exprime, dans tous les médias, pour délivrer « son » message qui n’est autre que celui d’un ancien trotskyste militant, qui n’a jamais renié son engagement idéologique.
Dans la querelle qui opposa Camus à Sartre, à l’occasion de la parution de « l’Homme Révolté », Camus fustige ces intellectuels » qui n’ont jamais placé que leur fauteuil dans le sens de l’Histoire » et met l’accent sur « ces intellectuels bourgeois ( les « bobos » d’aujourd’hui, ndrl ) qui veulent expier leur origine, fut-ce au prix de la contradiction et d’une violence faite à leur intelligence » (Les Temps Modernes n82 Août 1952).
Benda cite George Orwell ( souvent cité sur ce blog ), pour qui « la gauche morale » pétrie d’auto-satisfaction, prépare le lit du totalitarisme: » les intellectuels sont portés au totalitarisme bien plus que les gens ordinaires »… La « liberté d’expression » se limite, selon eux à la liberté laissée à leur propre expression, et ne concerne en rien ceux qui ne pensent pas comme eux….
Il suggère qu’à toutes les époques où la France a dû affronter l’adversité, jusqu’à engager sa jeunesse dans des conflits armés, il y a eu des « zintellectuels » pour trahir leur pays.
Dans les années qui ont précédé la deuxième guerre mondiale, une fraction de la classe intellectuelle choisissait, avec les Mauras ou les Brasillach d’agir sur l’opinion pour favoriser les thèses de l’ennemi nazi.
L’Histoire les a rangés dans le tiroir des traîtres.
Pendant la Guerre d’Algérie, nous avons eu les Communistes qui avaient choisi de prendre les armes contre les soldats français, et les « porteurs de valises », tous légitimés par une classe intellectuelle favorables au terrorisme du FLN . On se souvient de la terrible phrase de Sartre, en préface au livre de Franz Fanon, « Les damnés de la Terre ». » « Car, en ce premier temps de la révolte, il faut tuer : abattre un Européen c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre ; le survivant’» !!!
Aujourd’hui, dans un contexte ou de lourdes menace pèsent sur la France, sur son identité, sur sa sécurité, sur son devenir, émergent à nouveau, dans des médias formatés et domestiqués, ceux qui alimentent de violentes polémiques, qui sont inaptes à tout débat d’idées,et pour qui, la trahison de « la Vérité », le « déni de réalité » sont des moyens d’abattre, dans la controverse, ceux qui s’opposent à leurs idées.
Dans ce cas, le mensonge, la diffamation, la diabolisation sont des armes courantes, que l’on est prêt à mettre au service de postures idéologiques favorables à une immigration sans frein, et à une islamisation rampante. Cela permet de s’exonérer de la nécessité d’argumenter, et de répondre avec de vrais arguments…….
Les Finkielkraut, les Onfray, les Zemmour, les Houellebecque, les Marcel Gauchet, et j’en passe, en font la triste expérience.
Finkielkraut, en particulier, fait partie de leur cibles favorites: en philosophe critique de la modernité, il apparaît comme un « bouc émissaire » rêvé, car il est l’un des rares héritiers, dans une société en perte de repères, d’une pensée universaliste, croyant aux bienfaits d’une Culture qui élève et unifie.
L’intelligentsia actuelle l’accuse d’avoir une conception républicaine « une et indivisible », conservatrice et dépassée car le philosophe, depuis « La défaite de la pensée » (1987), s’échine à défendre sa conception de la citoyenneté française
Comme on a du mal à le réfuter sur le plan des idées, vu l’étendue de sa culture et la qualité de ses arguments, on pratique, à son égard, l’injure, l’attaque ad hominem pour le déconsidérer, le diaboliser, suivant l’ultime stratagème développé par Schopenhauer dans « L’art d’avoir toujours raison » : l’important n’est pas de convaincre du point de vue rationnel, mais de mettre l’adversaire à terre par tous moyens : « Si l’on s’aperçoit que l’adversaire est supérieur et que l’on ne va pas gagner, il faut tenir des propos désobligeants, blessants et grossiers. Etre désobligeant, cela consiste à quitter l’objet de la querelle (puisqu’on a perdu la partie) pour passer à l’adversaire, et à l’attaquer d’une manière ou d’une autre dans ce qu’il est. »
A l’image de Sartre dans les années 50, les intellectuels d’aujourd’hui, prennent prétexte du passé colonial de la France pour exiger une dérogation aux règles communes de la République : elles estiment, qu’en fonction de leur histoire d’anciens « colonisés », la France afin d’expier doit reconnaître des droits spécifiques aux immigrés issus de ses anciennes colonies.
Afin de faire aboutir leurs revendications, elles n’hésitent pas à culpabiliser tous ceux qui ne partagent pas leur point de vue.
Ces minorités se sentent soutenues par des intellectuels qui considèrent que la France doit faire repentance pour expier son passé colonial.
Chacun l’aura compris, il s’agit d’une escroquerie intellectuelle, basée sur de fausses analogies et l’anachronisme historique qui consiste à juger les événements du passé en fonction de la grillle de valeurs du moment.
La Gauche intellectuelle est devenue « le Parti du Bien », celui de la « bien-pensance »,immigrationniste, islamophile, et vaguement « communautariste ».
Tout cela au nom d’un « progressisme » qui ressemble à une fuite en avant, devant les difficultés à venir…
C’est une des constantes du totalitarisme de vouloir sans cesse « faire table rase du passé » afin de promouvoir un improbable « Homme Nouveau. »
Dans 1984, Orwell a parfaitement montré que, toute trace du passé étant systématiquement détruite, ou ce passé ayant été recomposé selon les besoins de la propagande du moment, le grand décervelage des masses peut commencer. C’est ce à quoi s’est attelé les groupuscule des « pédagogistes », qui s’applique à « détricoter » notre Histoire, afin d’accélérer la perte de repères des générations futures.
S’étant enrôlés sous la bannière d’un relativisme nihiliste, ces intellectuels pratiquent dans leurs officines, sans sourciller, la « messe noire » de l’inversion des valeurs.
Ainsi, pour les historiens adeptes de la repentance, la colonisation de l’Algérie ne fut rien d’autre qu’ un génocide programmé, alors que ce ne fut qu’une guerre de conquête semblable à beaucoup d’autres, menées à la même époque, par la plupart des pays occidentaux participant à la course à la conquête de nouveaux territoires. Dans aucun d’entre eux, il n’existe cette exigence de repentance martelée, depuis des décennies, en France, par certains de ces « zintellectuels ».
Telle est la manière dont se comportent les nouveaux « Clercs »….
Mais, viendra le jour où ils entreront à leur tour dans le tiroir des traîtres….La « trahison des clercs » reste un sujet littéraire inépuisable….
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