Les critiques débiles et irresponsables, exprimées ces derniers jours, à l’égard de Sarkozy, accusé d’être « à la botte » de Mme Merkel, non seulement sont injustes, mais n’ont qu’un seul but: celui d’affaiblir le Président français à un moment où il est confronté à un face à face difficile et aux menaces qui pèsent sur notre crédibilité pour ceux qui doutent de notre capacité à faire face aux montagnes de dettes contractées pendant les trente dernières années.
S’agissant des responsabilités de ceux qui ont dilapidé le « crédit » de la France, il n’est pas douteux qu’elles soient partagées entre la Gauche et la Droite.
Nous payons les conséquences de la boulimie d’un Etat budgétivore, plombé par les charges que font peser sur ses citoyens, des structures étatiques en forme de « mille-feuilles », trop lourdes à porter, alourdi par une Fonction Publique dont les mérites ne sont pas contestables, mais qui a fini par devenir pléthorique sans pour autant que la qualité du service public en soit meilleure que dans des pays moins pourvus.
La France souffre d’avoir fait la part trop belle à une génération d’économistes keynésiens, qui ont réussi à convaincre nos politiciens de Droite comme de Gauche, que le déficit budgétaire était source de croissance, et donc de création d’emplois.
Elle souffre du handicap structurel de ses PME, trop petites pour affronter le « vent du large » et se développer à l’exportation, et s’est laissée endormir par la fascination des « gros contrats » décrochés par ses grandes entreprises, dans l’aéronautique, le nucléaire, l’armement etc…. Des PME qui rechignent à dépasser la taille fatidique des 50 emplois au-delà de laquelle le chef d’entreprise se voit flanqué d’un Comité d’Entreprise et soumis à des contraintes syndicales qui polluent le climat relationnel interne.
Elle souffre du handicap que lui impose un syndicalisme divisé, peu représentatif du monde du travail, implanté surtout dans la fonction publique et les grandes entreprises, et qui pratique une surenchère permanente qui lui est imposée par la concurrence entre syndicats, qui ont fait du « toujours plus » l’alpha et l’oméga de leurs revendications.
Elle souffre également de l’imprégnation d’une opinion peu favorable aux entreprises et aux entrepreneurs, dont la « culture » est marquée, dans ses profondeurs, par le discours de ceux qui, depuis le XIXème siècle, n’ont pas vu le monde changer autour d’eux, et qui continuent à divulguer une vision du monde de l’entreprise à la Emile Zola ou à la Proudhon.
Elle souffre enfin, sous l’influence d’une Gauche utopique, de ne plus considérer le travail que comme une forme d’esclavage, au profit de « patrons profiteurs », et d’avoir abandonné l’idée que le travail est seul créateur de richesses, qu’il peut aussi, être un moyen, pour l’individu, de se libérer,et de s’épanouir.
La Gauche, qui avait prédit l’avènement d’une « société des loisirs » où l’on travaillerait de moins en moins, qui a fait de la réduction du temps de travail et de la retraite à 60 ans ( alors que la durée de vie ne cesse de s’allonger ) des chevaux de bataille qui contribuent à façonner l’opinion, cette gauche là porte une lourde responsabilité dans le déclin de nos capacités productives.
Rien de tout cela, en Allemagne.
La « germanophobie » qui s’exprime, depuis peu, et notamment à Gauche, me fait penser à la réaction des cancres qui, du fond de la classe, stigmatisent les bons élèves accusés d’être des « faillots ». Ceux qui ont choisi de jouer les contestataires du prof, qui chahutent en classe, et souffrent d’un « poil dans la main », trouvent insupportable la réussite de ceux qui bossent et acceptent des sacrifices pour réussir.
La Gauche française a raté le coche, notamment sous Jospin. Alors qu’elle bénéficiait d’une période de croissance, au point qu’à cette époque l’un des sujets de discorde entre Chirac et Jospin était l’existence d’une « cagnotte », dont l’utilisation divisait la Droite et la Gauche, alors que ni l’une, ni l’autre ne songeait sérieusement à l’affecter au remboursement de la dette.
Dans le même temps, le Socialiste Shroeder sacrifiait la poursuite de sa carrière politique, en imposant à l’Allemagne les douloureuses réformes de structure dont Mme Merkel récolte les fruits aujourd’hui.
Les Allemands ont su « se serrer la ceinture » dans une période de moindre difficulté, contrairement aux Français dont les dirigeants politiques n’ont jamais su résister au clientèlisme.
Les résultats sont là. Il suffit de se référer aux tableaux qui suivent , pour mesurer l’écart de compétitivité qui sépare les deux pays.
(Tableaux publiés pat l’Hebdomadaire « Le Point » et tirés de :Michel Didier et Gilles Koléda, Compétitivité : France-Allemagne, le grand écart, Economica.)
C’est la transposition au monde moderne de la Fable de La Fontaine: » La Cigale et la Fourmi » !!!!
Le « modèle allemand » a besoin de l’Europe, ce n’est pas douteux.Que l’Allemagne ait tiré profit d’un euro fort, qui a pénalisé ses « partenaires » de U.R., ce n’est pas douteux non plus. Mais si elle a pu le faire avec le résultat que l’on sait, c’est qu’elle a su faire les efforts d’adaptation et de réformes nécessaires quand il était temps, que sa population a dû en payer le prix en acceptant des sacrifices, devant les quels nous avons toujours rechigné. Pour les « sacrifices », c’est notre tour !!! Hélas.
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Les effets pervers du » modèle allemand »
FERDINAND FICHTNER, économiste à l’institut de recherche DIW à Berlin, est allemand. Né à Stuttgart, il ne craint pourtant pas la hausse des prix que maudissent ses compatriotes, hantés par l’hyperinflation des années 1920.
» Dr Fichtner » considère aussi que son pays n’a pas à se glorifier de la quête de la productivité qu’il a menée ces dix dernières années. » Cela a contribué aux maux de la zone euro « , ose-t-il. Le raisonnement de ce keynésien est singulier dans un pays où l’on ne cesse de blâmer le laisser-aller des Grecs et d’encenser le modèle allemand. Mais M. Fichtner a de solides arguments.
Selon lui, les réformes du gouvernement Schröder pour restaurer la compétitivité ont, in fine, déséquilibré l’économie. A force de compressions salariales consenties, le pays a, certes, développé ses exportations. Mais avec d’autres effets pervers. » Entre 2001 et 2006, l’inflation a été plus élevée que les hausses salariales. Résultat, le pouvoir d’achat des ménages a baissé et la part de la consommation s’est contractée dans le produit intérieur brut (PIB) « , souligne-t-il. Les exportations du pays ont ainsi bondi bien plus vite que les importations rendant l’économie très – trop – dépendante de l’extérieur.
Or, ce que l’Allemagne a vendu, d’autres l’ont acheté. Qui ? 60 % des exportations d’outre-Rhin sont à destination de l’Union européenne, 40 % de la zone euro. Les Portugais ou les Grecs ont donc importé des produits allemands… bien souvent en s’endettant.
Crédit facile
Surtout, explique M. Fichtner, la contraction des salaires allemands a conduit la Banque centrale européenne (BCE) à adopter une politique monétaire inappropriée pour certains pays. Explication : l’absence d’inflation en Allemagne, poids lourd de la zone euro, a biaisé le jugement de la BCE, qui a opté pour une politique monétaire adaptée à la première économie européenne mais trop expansionniste pour Lisbonne, Madrid, Dublin ou Athènes. L’argent a inondé ces pays nourrissant des bulles (immobilier…), alimentées par un crédit facile. Tandis que la hausse des prix a entraîné celle des salaires, réduisant leur compétitivité.
Cela ne veut pas dire que Grecs, Espagnols, Portugais ou Irlandais n’ont pas de responsabilité dans la crise mais cela explique en partie les distorsions entre le sud et le nord de l’Europe, voire entre l’Allemagne et les autres.
Plus préoccupant, le profil de l’économie d’outre-Rhin nourrirait, aujourd’hui, l’hostilité de son peuple – qui n’a tiré aucun profit personnel de l’euro – à défendre la survie de l’Union monétaire, se désole Ulrike Guérot du cercle de réflexion European Council on Foreign Relations. Avec une économie allemande à l’aise dans la mondialisation plane l’idée que le pays peut laisser tomber les maillons faibles de l’euro, dit-elle. Oubliant que les banques allemandes notamment régionales, ne survivraient sans doute pas à une déconfiture de l’Europe du Sud.
Claire Gatinois Le Monde daté 3/11/2011
jf.
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L’Europe divise les Français. Alors qu’Angela Merkel est attendue lundi à l’Elysée, quatre Français sur dix (41%) jugent Nicolas Sarkozy «pas assez ferme» face à la chancelière allemande. C’est le résultat d’un sondage TNS-Sofres i-télé réalisé à l’occasion du discours du président à Toulon, jeudi soir.
jf.
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