Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme celui là qui conquit la toison,
S’en est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
J’avais promis de raconter !!! Mais par où commencer, tant les impressions, les images, les souvenirs de rencontres se bousculent dans la mémoire ????
Deux semaines de plongée dans un univers si éloigné du nôtre que l’on a bien du mal à retrouver ses marques quand on rentre chez soi.

Deux semaines aux Indes.
Un pluriel qui a une réelle signification. Car l’Inde, c’est bien plus qu’un continent. C’est une mosaïque de civilisations, de cultures,de religions, de langues et de bien d’autres choses.
Et nous n’en avons vu qu’une petite partie: le Rajasthan, un des Etats du Nord de l’Inde, l’un des plus colorés, l’un de ceux où les contrastes entre les paysages, les populations, entre les castes, entre l’opulence et la misère sont les plus frappants.
Mais tout cela nous le savions, sans même avoir à nous y rendre.
Cela se trouve dans tous les manuels de géographie, et dans tous les Guides de voyage.
Qui n’a pas vu, à la télévision, des images de la somptueuse beauté des Palais et des Temples, des exemples de réussite industrielle spectaculaire et d’enrichissements fabuleux, en même temps que des témoignages de l’insoutenable présence de la misère, et de son cortège de loqueteux, de crasse, d’odeurs putrides, et de pollution ???
Confronté à cette réalité, on éprouve un choc violent, dès les premiers instants.
Et pourtant !!! Curieusement, au bout de quelques jours on s’y habitue.
Cela peut paraître révoltant, comme on peut être révolté par le fatalisme avec lequel les plus misérables acceptent leur condition, comme on peut être révolté par l’indifférence des indiens nantis, eux-mêmes, face à cette misère qui dans certains cas rabaisse l’Homme à l’état de bête, parmi les bêtes, vaches, chèvres, chiens, singes, qui circulent librement dans les rues, sur les routes, et font l’objet d’un respect, voire d’une vénération religieuse étonnants pour un occidental .
L’Indien donne le sentiment d’appartenir aux peuples heureux: cela paraîtra contradictoire avec le constat précédent, mais les Indiens ne manifestent aucune agressivité, ne nourrissent aucune amertume. Ainsi, ils n’ont aucun ressentiment contre l’Anglais qui les a colonisés: ils assument « l’héritage » colonial dans ses aspects négatifs, mais également dans ses aspects positifs, dont celui de la langue anglaise, pratiquée, plus ou moins bien par la plupart des indiens.
A aucun moment nous n’avons ressenti ce sentiment de malaise ou d’insécurité, que l’on éprouve parfois, quand on voyage dans des pays africains ou au Maghreb, où, de plus en plus souvent, s’exprime une sourde hostilité dès lors que l’on s’écarte des lieux touristiques….
Bien au contraire: il n’est pas rare que les indiens,-surtout les plus jeunes- viennent au devant de vous pour poser la question rituelle: « Where are you coming from ??? ». Et quand vous répondez « France », il n’est pas rare qu’ils vous saluent, avec un large sourire, d’un « bonjour !!! comment-allez-vous ??? » !!!Et viennent spontanément au devant de vous pour vous serrer la main….

"Hello!!! Welcome!!!"
La jeunesse indienne, j’y reviendrai. Elle constitue la vraie richesse de pays-continent, d’UN MILLIARD ET QUATRE CENT MILLIONS d’habitants, dont la démographie ascendante en fera, avant deux décennies le pays le plus peuplé de la planète, dépassant la Chine.
Peirefitte avait publié un ouvrage, qui il y a quelques décennies, avait soulevé un étonnement sceptique en Europe, sous le titre de « Quand la Chine s’éveillera ». Depuis, la Chine s’est réveillée…
L’Inde pourrait aujourd’hui fournir la matière d’un ouvrage identique, Car, « Quand l’Inde s’éveillera »…..
L’extraordinaire vitalité de ce pays, perçue à travers le Rajasthan, qui n’est pas, et de loin, la région la plus industrialisée, est impressionnante.
Et les indiens ont parfaitement conscience de la force qu’ils représentent au sein des « BRIC » ( Brésil, Russie, Inde, Chine ) avec leur taux de croissance à deux chiffres, et des potentialités gigantesques dans des domaines où l’on commence à percevoir sa compétitivité. Textile, métallurgie, nouvelles technologies, informatique, et…tourisme grâce aux avions gros porteurs.
Nos soucis, si lourds à porter en cette sinistre conjoncture dans laquelle « la crise » nous a plongés, sont des soucis de nantis. Les plus misérables de nos SDF, comparés à la misère ordinaire que l’on a rencontrée, font figure de riches.
Notre jeunesse, est une jeunesse dorée, comparée à ces jeunes que l’on rencontre sur les routes, qui font plusieurs kilomètres , à pied, (ou en vélo pour les « privilégiés »), avec le sac à dos qui leur sert de cartable, vêtus de l’uniforme, propres et bien coiffés, pour se rendre à l’école, en petits groupes joyeux mais disciplinés, conscients de la chance qu’ils ont de pouvoir étudier, quand d’autres seront condamnés à l’illettrisme et à l’ignorance….

Ecolières
A la place des panneaux publicitaires qui, chez nous, vantent les nouveaux modèles de voitures ou la lingerie fine des demoiselles, on voit proliférer le long des routes les publicités pour les Instituts privés de Technologie ou de Formation à l’Informatique, ou les écoles d’ingénieurs….

Pub pour un "Institut de Technologie".
Mais ce qui m’a encore plus frappé, c’est la ferveur des indiens, dans les Temples.

Supplique à Ganesh
A quelque caste qu’ils appartiennent, ils sont habités par une foi mystique, qui, dans notre Occident devenu athée, et qui ne croit plus en rien, ferait l’objet de sarcasmes, tant il est difficile de comprendre pour les rationalistes que nous sommes, que l’on puisse adorer autant de Dieux, vénérer des vaches, des singes ou des rats, chercher à respecter des règles de vie qui nous semblent désuètes, juste pour mériter une bonne « réincarnation »….
Notre matérialisme nous perdra. C’est par lui que les peuples émergents nous tiennent. Notre appétit insatiable de consommation, c’est leur chance: il nous enchaîne, car, vivant au-dessus de nos moyens, rêvant de « toujours plus » , en échange de « toujours moins d’efforts et de sacrifices », il nous place, peu à peu, sous leur dépendance. Ils le savent, et ils savent que leurs sacrifices seront un jour récompensés…..
(A suivre…)
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