A Bruxelles, après une nuit cauchemardesque, les dirigeants européens ont accouché d’un dispositif complexe, sur lequel « les commentateurs » n’ont pas fini de gloser.
Je ne vais pas en rajouter une couche, en me livrant à une analyse critique du résultat de ces discussions, que l’on peut entendre sur toutes les ondes, .
Une fois de plus, ce sont « les marchés », qui n’en déplaise aux « penseurs » de la « démondialisation », qui seront les arbitres du formidable affrontement auquel nous assistons, et auquel j’ai fréquemment fait allusion dans ces pages, en évoquant « le nouvel état du Monde ».
Mais d’ores et déjà, le grand vainqueur, celui qui marquera ce siècle de son empreinte, c’est ce groupe de pays que l’on a coutume d’évoquer sous le nom de « pays émergents ».
Je serais curieux d’entendre les commentaires de ceux qui, pendant des années nous ont saoulés de leurs agressions verbales, leurs leçons de morale, leurs discours culpabilisateurs, leurs démonstrations de générosité, et qui s’étaient attribué un label, celui de « Tiers Mondistes ».
Ces esprits généreux, avec des « richesses » qu’ils ne possédaient pas (comme toujours!!!), avaient fini par faire de nous des européens honteux, dont le « devoir » était de permettre à ce que l’on appelait « le Tiers-Monde », de participer au partage d’une opulence financée à crédit, afin qu’ils puissent accéder à la modernité, en favorisant le transfert de notre savoir-faire technologique afin qu’ils puissent accéder à leur tour au développement et à la « société des loisirs » qui nous était promise….
Et bien, nous y sommes.
Nous avons tellement transféré, que nous ne maîtrisons plus des pans entiers de notre industrie et de notre savoir faire industriel.
Nos « élites » nous expliquaient avec condescendance, que notre habileté consistait dans le transfert des processus de fabrication, alors que nous conservons le pouvoir que confère l’intelligence, la noble fonction de l’invention, de la céativité, du design, et du marketing.
On connaît la suite….
Nous ne sommes plus capables de fabriquer le moindre de ces objets que nous convoitons, au point d’en être devenus « accros »: téléviseurs extra-plats, ordinateurs, smartphones,et même, nos machines à laver, nos fours à micro-ondes ou nos « machines à café »….sans parler des 4X4, ou des limousines de luxe qui aujourd’hui concurrencent les nôtres.
Pire encore, ils ont appris à faire des porte-containers géants, des pétroliers, et même des porte-avions et bientôt des avions longs courriers….
Et nous, endettés jusqu’à la moelle, nous sommes regardés, aujourd’hui, avec une sorte de commisération par les nouveaux riches de la planète, ceux qui ont compris que le travail est la principale source de richesse, et que l’on accède pas à l’opulence sans souffrir un peu.
D’ailleurs, notre propre opulence ne s’était-elle pas construite sur les souffrances des générations qui nous ont précédé ???
Quant aux « richesses », elles ont ostensiblement changé de main.
Endettés jusqu’à la corde, ces ex-pays industriels, aux quels était attaché le qualificatif « d’Occidentaux », les voici contraints de tendre la main et de « négocier », avec une humilité blessante, un soutien financier des ces ex-pays du « Tiers-Monde » devenus pudiquement « émergents ».
Je l’écrivais, dans un récent billet: nous payons des décades de gouvernance irresponsable, de démagogie et de gabegie budgétaire,d’illusions entretenue par des bonimenteurs, de faiblesses devant les chantres du « toujours PLUS », revendicateurs d’un toujours plus de bien-être, au risque de compromettre celui des générations futures.
Les pays émergents qui verseront leur écot, afin de nous éviter une faillite humiliante ne nous feront pas de cadeaux, eux.
La Chine appelée à contribuer au sauvetage de l’Euro, qui est déjà la principale créancière des Etats Unis d’Obama, ne tardera pas à se manifester, en demandant des contreparties sous des formes diverses, et en particulier, sur le plan commercial.
On peut tout craindre pour le futur, dans une Europe déboussolée, sans cap et sans capitaine, une Europe qui brade déjà une souveraineté qu’elle n’a jamais eue pour avoir trop tardé à émerger, une Europe sabordée économiquement par une génération de pseudo-visionnaires, qui l’on embarquée, par pure idéologie, sur un navire qui prend l’eau, celui d’une concurrence mondiale sans frein.
J’ai honte d’appartenir à cette génération de glands européens….