Comme les 14 millions de Français qui regardaient TF1, hier soir, à l’heure du Journal de 20 heures, j’attendais le moment où DSK viendrait, enfin, s’expliquer, voire s’excuser devant les Français…
Dès les premiers mots, les premières attitudes, les premières mimiques, les premiers clignements de paupières de ses yeux mi-clos, les premiers pincements de lèvres, j’ai compris que l’on allait assister, comme prévu, à un véritable numéro de comédien, d’un comédien bien préparé, qui sait son texte sur le bout des doigts, qui a dû répéter cent fois les répliques à des questions qu’il connaissait à l’avance, un comédien sûr de son talent, qui allait exécuter sans le moindre trémolo dans la voix, un acte de contrition dans le plus pur style papal qui lui sied si bien.
Toute cette mise en scène était manifestement conçue pour nous endormir.
Et, après quelques minutes, le procédé a produit, sur moi, son effet.
Je me suis effectivement endormi, d’un sommeil profond mais agité, sans doute parce que j’étais grisé par la promenade, de ce début de soirée, à grands pas, sur le paseo, au bord d’une mer agitée par un vent vigoureux.
Et je me suis enfoncé dans un rêve. Que dis-je ??? Un rêve ???
Non !!! Un vrai cauchemar !!!
C’était au lendemain de l’élection présidentielle. La veille, avait eu lieu le défilé sur nos écrans, du cortège habituel de ceux qui, vainqueurs ou vaincus venaient se féliciter du résultat d’un vote qui, pourtant, renversait tous les pronostics des sondeurs de l’insondable.
Sarkozy avait été battu dès le premier tour, par Marine Le Pen, élue par 38% des Français qui avaient « préféré l’original à la copie », et devant le spectre d’une dictature d’extrême-droite, « rétrograde », « totalitaire » et « xénophobe », les Français « bien-pensants » avaient courageusement reporté leur voix, au deuxième tour, sur….Martine Aubry.
Martine, avait été élue par le raz-de-marée de ceux qui, indifférents à ce qui se passe dans le reste du monde, s’accrochaient désespérément à l’illusion des promesses électorales d’une candidate qui avait été assez habile pour laisser croire au retour d’un Etat Providence et à la perspective d’une Présidence Maternelle: la mère de Lille prenait sous son aile protectrice la France des assistés, celle des laissés pour compte, et celle des héritiers soixante-huitards de ceux qui nous préparaient une « civilisation des loisirs »…
Les agences de notation étaient déchaînées, et c’était à celle qui sanctionnerait par la note la plus dégradante une France pourtant en pleine euphorie populaire.
Tout comme en 1981, ce « cher vieux pays » venait de « passer de l’ombre » d’une présidence hystérique « à la lumière » d’une promesse de bonheur paisible et sans limite pour tous ceux qui rêvent encore d’un retour aux 35 heures, à la retraite à 60 ans et à l’ augmentation du nombre des fonctionnaires, à une actualisation substantielle d’un SMIC porté à 1.500 Euros, à des « allocations de solidarité » toutes sortes, pour les jeunes à partir de 18 ans, pour les vieux n’ayant jamais travaillé en France, jusqu’à la centième année incluse.
Les Allocations Familiales étaient supprimées pour les familles de moins de trois enfants mais doublées pour les familles de cinq enfants et plus. Une promesse électorale qui rencontrait un franc succès dans nos « banlieues »….
L’Assistance Médicale Gratuite était étendue à tout étranger séjournant en France, avec ou sans papiers.
D’ailleurs, il n’y aurait bientôt plus de « sans-papiers » en France, puisque tout étranger pouvait s’en procurer en s’adressant au Tabac du coin de la rue.
Une impressionnante GayPride avait salué l’avènement d’une société nouvelle, festive, devenue, enfin tolérante, et d’interminables queues se formaient devant l’entrée de la Mairie de Paris, où les couples d’homosexuels se pressaient pour recevoir de Bertrand Delanoë, les sacrements républicains du mariage.
L’Imam de la Grande Mosquée de Roubaix avait décrété une journée de prières, dans les grandes artères de la première ville musulmane de France, pour remercier Allah d’avoir, dans sa sagesse, permis, exceptionnellement, l’élection d’une telle femme aux plus hautes responsabilités de l’Etat.
Celle-ci absorbée par ses nouvelles fonctions avait délégué son époux, Maître Brochen, devenu « Premier Homme de France », pour représenter la République à ces festivités…
La défaite de Sarkozy entraînait l’explosion de l’UMP, dont la faction modérée rejoignait le centre de Bayrou tandis que la Droite Populaire négociait une alliance avec le Front National, et les libéraux, atomisés, se cherchaient un leader, comme les grenouilles à la recherche d’un Roi….
Pendant ce temps, la liberté de circulation des personnes et des capitaux donnait à l’Europe de nos technocrates tout son sens: les épargnants retiraient leur argent des Banques françaises écrasées par la défaillance des Etats incapables de rembourser leurs dettes, et les Banques Suisses, celles du Lichenchtein, et de la plupart des paradis fiscaux étaient assaillies de demandes d’ouverture de compte…
La France, telle le Titanic, en pleine euphorie populaire allait droit dans le mur……lorsque, soudain, apparaît dans mon cauchemar, l’image de DSK.
Celui-ci, de sa voix grave, dans un propos entre-coupé de silences significatifs, laissant ainsi à ceux qui l’écoutent, le temps de réfléchir à la profondeur de sa pensée, répondait aux questions, au cours du Journal de 20 heures, d’une Nafissatou Dialo frétillante, rayonnante, et flattée d’approcher de si près, une personnalité de cette envergure, et aussi sexuellement désirable.
DSK prononçait une homélie, toujours dans son style papal inimitable, à la Gloire de la mondialisation d’un modèle socialiste, qu’il a eu le temps, derrière les murs de son Ryad de Marrakech, de concocter, un modèle dans lequel plus personne, ni aucun Etat, ne rembourserait ses dettes, avec la bénédiction d’un FMI devenu bienveillant….
A ce moment-là, alors que je viens d’émettre un ronflement sonore de protestation, je suis réveillé en sursaut par mon épouse, qui de sa voix douce, me dit: « Tu vas rater le début de ton match !!! ».
Et à demi endormi, encore abasourdi, sous le coup de ce terrifiant cauchemar, j’ai zappé sur CANAL Plus pour regarder le match entre l’OM et l’OL.
Un match qui s’est transformé en cauchemar grotesque pour l’OM devenu la « lanterne rouge » du Championnat de France !!!!