Lu cet excellent article dans l’Express.fr, un hebdomadaire qui n’a jamais caché ses sympathies pro-algériennes, – ce qui donne à ce qui suit une « saveur particulière »-, sur un sujet que tous les Pieds-Noirs connaissent depuis toujours, mais que les médias et surtout les « historiens de pacotille » se sont bien gardé d’ébruiter, tant le sentiment de culpabilité et la mauvaise conscience de ces « Pieds-Rouges » sont profonds.
Les « idiots utiles » du FLN
Par Emmanuel Hecht, publié le 21/09/2009 13:53 – mis à jour le 21/09/2009 14:00
http://www.lexpress.fr/culture/livre/algerie-les-annees-pieds-rouges_823725.html
Citation:
« Après l’indépendance, des Français partent bâtir l’Algérie socialiste. Catherine Simon raconte l’engagement de ces « pieds-rouges », qui vira au cauchemar.
L’atmosphère est électrique en Algérie en ce mois de juillet 1962. La France a officiellement reconnu l’indépendance du territoire qui sombre dans l’anarchie.
Entre les fusillades de l’armée française, les règlements de compte des groupes algériens rivaux, les enlèvements et exécutions d’Européens, les attentats et sabotages de l’OAS, les pieds-noirs embarquent pour une métropole qui ne goûte pas le pataouète.
Leurs meubles ont envahi les trottoirs, vestiges de cent trente-deux ans de colonisation : l’exode débute par une immense braderie. A la fin de l’été, 700 000 Européens seront partis (4 sur 5).
Au même moment, quelques milliers de Français – on ignore leur chiffre exact – traversent la Méditerranée en sens inverse. Médecins, chirurgiens, infirmiers, instituteurs, ingénieurs, artistes, ils viennent occuper les postes vacants. Ils font don de leur personne pour participer à l’édification du socialisme dans la nouvelle Algérie. Anticolonialistes, porteurs de valises du FLN, insoumis, déserteurs, ils savourent leur victoire. Ils ont le sentiment de vivre le grand soir, entre révolution cubaine, guerre d’Espagne et résistance. Ils sont chrétiens de gauche, trotskistes, anciens communistes.
Des journalistes pieds-noirs, entre mépris et dérision, baptisent « pieds-rouges » « cette ahurissante sous-espèce d’oiseaux migrateurs », raconte Catherine Simon dans une enquête remarquable sur cet épisode méconnu de l’histoire franco-algérienne. (1)
La force du récit de la journaliste du Monde repose sur les témoignages.
L’entreprise relève de l’exploit.
Jusqu’ici, les pieds-rouges s’étaient tus. Y compris ceux qui, entre-temps, avaient acquis une notoriété : l’ancien patron de TF 1 Hervé Bourges – qui refuse l’appellation – le géopoliticien Gérard Chaliand, l’écrivain Ania Francos, l’avocat Tiennot Grumbach, le photographe Elie Kagan, les cinéastes Marceline Loridan et René Vautier, le parolier Pierre Grosz…
Il est difficile de parler d’un échec, encore moins d’un cauchemar. La réalité fut à mille lieues de l' »illusion lyrique » des premiers jours. Les pieds-rouges découvrent le poids de l’islam, le machisme, le mépris à l’égard des « gaouris » (nom donné aux chrétiens par les Arabes), l’absence de démocratie, les règlements de compte violents, la corruption…
Le désenchantement est à son comble lors du coup d’Etat du colonel Boumediene et du renversement de Ben Bella, le 19 juin 1965. Des pieds-rouges entrent dans la clandestinité, d’autres sont arrêtés et torturés dans les ex-centres de détention de l’armée française ! Et pourtant, les victimes ne parlent pas. Leur culpabilité – françaises, elles doivent assumer les fautes du colonialisme – est trop forte.
A leur tour elles sont contraintes au départ, sans ménagement. Elles laisseront leurs chimères sur le port d’Alger. Quelques rares entêtés resteront. Jean-Marie Boëglin, qui a abandonné Lyon, le TNP et Roger Planchon au début des années 1960 pour créer le Théâtre national algérien, rentre en France en 1981.
Il se définit comme un « idiot utile ». Lénine utilisait la formule pour désigner les Européens apologistes du régime soviétique jusqu’à l’aveuglement.
Une majorité des pieds-rouges – remplacés entre-temps par le « coopérant », figure centrale des relations franco-algériennes – ont recouvré leurs esprits. Leur gueule de bois idéologique s’est dissipée.
Mais à quel prix ? »
(Fin de citation).
Ping : Trotski n’est pas mort: il bouge encore. | Tempus Fugit….
Excellent sujet. Ils se prenaient pour qui ces gens. Je n’ai pas du tout compris l’attitude de ces utopistes. J’en connais deux qui sont allés dans le grand sud, à Ouargla pour enseigner. Leur amertume est a la hauteur de leur engouement pour une cause qui a mon avis m’a toujours parue charitable.
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