La mort de Soljenistine ravive nos mémoires.
Ce monument de la littérature russe contemporaine, restera comme un symbôle de l’indépendance d’esprit et du courage dans la recherche et la dénonciation des crimes d’Etat.
Il fut une une époque où le résidu des « zintellectuels » français faisant régner l’ordre dans le monde des idées, nous affirmaient, à chacun de leurs retours de Russie, suite à l’invitation du Parti Communiste Soviétique, que la vie de l’autre côté du rideau de fer était un paradis pour les « travailleurs », et traitaient tous ceux qui osaient émettre le moindre doute sur ces affirmations, de « vipères lubriques » et « d’anti-communistes primaires ».
Soljenistine fut emprisonné pendant sept ans pour avoir prétendu le contraire.
L’expérience qu’il en retira constitue le matériau central de l’oeuvre qui lui vaudra un Prix Nobel de Littérature. La parution – du bon côté du rideau de fer – de « L’Archipel du Goulag » interdit en Union Soviétique, fit l’effet d’une bombe.
Je m’en souviens, car j’étais encore à l’âge où, dans ma mémoire, les images du Socialisme rayonnaient encore, à travers les spectaculaires manifestations de jeunesse, qui sur d’immenses stades rassemblaient des milliers de garçons et de filles habillés de blanc, se livrant à d’impressionnantes figures de gymnastique collective. Ces images remplissaient les yeux de ceux qui étaient les plus disposés à se laisser éblouir….
Les performances des athlètes soviétiques nous impressionnaient également.On a su par la suite ce qu’il en était des méthodes de préparation des athlètes….
On avait du mal à imaginer que dans un pays où la jeunesse, superbe, respirait le bonheur et la santé, le goulag puisse exister. Comme presque toujours, les « professionnels borgnes de la dénonciation » n’avaient perçu, jusqu’ici, l’horreur que dans un seul camp…celui des fascistes, des nazis, et des colonialistes, des capitalistes etc….
Notre jeunesse à nous, a été marquée par la toute puissance des idées défendues par de grands « zintellectuels » tels qu’Aragon, Althusser, Jean-Paul Sartre et bien d’autres « compagnons de route »…. Ceux qui, comme moi avaient une préférence pour Albert Camus sur Jean-Paul Sartre, étaient considérés comme des « minus habens »…Le « Livre Noir du Communisme », oeuvre collective d’Historiens comme Furet ou Leroy-Ladurie qui firent un bout de chemin avec le Parti Communiste français, a fait partie des lectures qui m’ont ouvert les yeux sur l’immense escroquerie intellectuelle dont une génération a été la victime…
La mort de Soljénistine a , en effet, ravivé ma mémoire.
Puisse-t-elle raviver également, la mémoire de ceux qui, parmi nos « zintellectuels » d’aujourd’hui, rêvent de réhabiliter Marx, et quelques uns de ses apôtres comme Althusser…..
PS : A lire également de Soljenistine, « Le Pavillon des Cancéreux », « Une journée d’Ivan Denissovitch ».