La Presse française est-elle « libre » ???


PresseOn nous explique régulièrement qu’une Presse libre est indispensable au fonctionnement d’une saine démocratie. Ce qui n’est évidemment pas contestable.

L’une des origines, et non des moindres, du malaise qui s’est emparé de l’opinion française, se trouve dans la perte de crédibilité de nos médias.

Cette perte de crédibilité s’explique: il n’est pas normal, alors que les évènements foisonnent dans une actualité aussi riche qu’angoissante, que, quelle que soit la radio que vous écoutez le matin à votre réveil, quel que soit le quotidien que vous ouvrez pour vous informer, quelle que soit la chaîne d’information continue que vous regardez, vous soyez confrontés à une information uniforme, à des analyses quasi identiques, que vous retrouviez dans vos hebdomadaires des articles qui ne sont que des « copiés-collés » d’articles parus dans d’autres hebdomadaires.

Il n’est pas normal que des émissions de débats télévisés, même quand elles sont animées avec un certain talent, nous imposent toujours les mêmes participants, dont nous connaissons l’opinion avant même qu’ils aient ouvert la bouche pour parler, de même qu’il n’est pas normal que certaines opinions ne soient jamais représentées.

Quand un Christian Barbier (l’homme au foulard rouge), par ailleurs patron de l’Express, ou un Roland Cayrol , participants abonnés à certaines émissions de débats (de qualité) telles que « C’ dans l’Air », ou « Choisissez votre Camp » s’expriment, on sait qu’ils sont là pour « faire passer un message »….

Qui n’a pas éprouvé le sentiment d’être soumis à une Presse formatée, ( le « formatage » commence dès les « écoles de journalisme » ) dans laquelle se retrouvent, exprimés avec plus ou moins de nuances, tous les poncifs d’une doxa ambiante, imprégnée d’un « droit-de-l’hommisme » aussi vertueux que naïf, d’un discours compassionnel sirupeux, teinté d’islamophilie et de laxisme dans l’interprétation de faits pourtant significatifs de ce qui caractérise le malaise de notre société.

Un exemple ??? Lorsqu’un terroriste s’introduit au sein du Parlement Canadien, l’un des Policiers chargés de la sécurité l’abat de plusieurs coups de feux. Personne, dans les médias, n’a relevé le fait qu’au Canada, l’action de ce Policier est considérée comme un acte héroïque, auquel l’ensemble du Parlement, toutes tendances politiques confondues, rend un hommage chaleureux, debout. Et il est décoré d’une haute distinction canadienne. ( Curieusement, Hollande en visite officielle devant le Parlement Canadien, passe ostensiblement devant ce policier, en « omettant » de le saluer…).

En France, le même Policier aurait été mis en examen. Il aurait dû justifier son acte, suspect au plan judiciaire puisqu’il a été commis en dehors de toute légitime défense. On lui aurait reproché d’avoir tiré plusieurs coups de feu pour abattre ce terroriste, ce qui aurait été interprété comme une preuve d’acharnement sur sa « victime ».

Je n’ai pas trouvé beaucoup de commentaires dans la Presse française pour faire l’éloge ce « fait d’arme », contrairement à l’attitude de la Presse Canadienne qui a fait de ce policier, un héros..

Il est « de bon ton », sur nos médias, de jeter un doute sur l’action de la Police, de la Gendarmerie ou des CRS, rarement mis à l’honneur, tout comme nos soldats. Par contre nous aurons, pendant des semaines, une prolifération d’articles à la gloire de ce jeune homme malheureusement tué par une grenade malencontreuse alors qu’il participait à un groupe qui agressait les Forces de l’ordre.

Je pourrais multiplier les exemples qui témoignent d’une « presse formatée », obéissant à des courants d’opinions puissants et organisés.

Mais comment ne pas s’interroger sur le poids de l’influence de l’Etat, dans le « formatage » de l’information quand on sait quel est le degré de dépendance de la Presse écrite française dont une partie ne survit que grâce à l’aide de l’Etat  ???

On comprend mieux l’obsession rageuse d’une large partie de la Presse de voir Sarkozy disparaître de la scène politique: les médias lui prêtent l’intention de « réviser » les conditions d’intervention de l’Etat dans le financement de la Presse, de même que les journalistes ne lui ont pas pardonné d’avoir envisagé de « réviser » l’importance de la « niche fiscale » dont ils bénéficient.

Les portes de l’Elysée, largement ouvertes à deux journalistes du Monde connus pour leur anti-sarkozysme viscéral ne peuvent que susciter des soupçons sur les connivences qui existent entre certains organes de Presse et le pouvoir en place.

Sans parler des « connivences » plus ou moins « sentimentales » qui existent entre de nombreux Ministres ou proches du pouvoir socialiste, et des journalistes politiques connues….

Le Monde Diplomatique s’insurgeait récemment , contre le fait qu’il ait bénéficié d’une subvention inférieure en 2013, à celle dont a bénéficié « Closer » qui s’était illustré dans les révélations sur la vie amoureuse secrète de notre Grand Président !!!

http://www.monde-diplomatique.fr/2014/11/HALIMI/50948
« Fin 2013, les chiffres publiés par le ministère de la culture et de la communication ont signalé que le magazine Closer avait, l’année précédente, reçu une aide publique trois fois supérieure à celle du Monde diplomatique. » Un scandale selon « le Monde diplomatique » car il lui semble inconcevable « que Closer ait reçu « une aide publique en 2012 d’un montant de 558 619 euros, contre seulement 188 339 euros pour Le Monde diplomatique ».

Sans doute parce qu’en 2012, Closer ne s’était pas encore illustré par les « scandaleuses révélations » sur la vie privée de Flamby….

 » Le Monde diplomatique a tout simplement disparu du tableau des deux cents titres les plus aidés selon les chiffres 2013 publiés en avril 2014. Ce constat renforce la nécessité d’une véritable réforme des aides à la presse, aujourd’hui trop dispersées. Les aides publiques doivent servir, selon la volonté du législateur, à soutenir les publications concourant au débat public ».

Cet article a éveillé ma curiosité. Les montants des subventions versées aux journaux de la presse écrite ont été publiés par le ministère de la Culture en décembre 2013. Voici le classement, dont l’ordre est défini en fonction du montant total de l’aide.

– 1. Le Monde
– 2. Le Figaro
– 3. Ouest France
– 4. La Croix
– 5. Télérama
– 6. Libération
– 7. Aujourd’hui en France
– 8. Le Nouvel Observateur
– 9. L’Express
– 10. Télé 7 jours
– 11. L’Humanité
– 12. Paris Match
– 13. Télé Star
– 14. Le Progrès
– 15. La Nouvelle République du Centre
– 16. Le Point
– 17. La dépêche du Midi
– 18. Sud Ouest
– 19. Le Parisien
– 20. Télé Loisirs

(Source : Ministère de la Culture)

 On constate, avec ce surprenant classement des bénéficiaires des largesses de l’Etat, que la quasi totalité de la Presse est concernée. Voilà une information que la Presse s’est appliquée à passer sous silence…..Elle explique pourtant bien des choses.

Pour en savoir plus : http://www.culturecommunication.gouv.fr/Presse/Communiques-de-presse/Aides-a-la-presse-les-chiffres-2013

Alors, la Presse française est-elle totalement libre, et à l’abri de toute pression de l’Etat ???

On a quelques raisons d’en douter….

Post-Sciptum : Un article paru dans « Atlantico » exprime les mêmes doutes sur les « connivences » entre la Presse et « la Gauche » socialiste. A lire:

http://www.atlantico.fr/rdv/chroniques-pot-aux-roses/scandales-socialistes-silence-agneaux-cahuzac-guen-hidalgo-thevenoud-jouyet-serge-federbusch-1863406.html

De même, alors qu’on nous bassine avec les turpitudes amoureuses de Nabilla, dont tout le monde se fout, avez-vous vu ou lu le moindre commentaire sur ce « fait divers » ????

https://www.youtube.com/watch_popup?v=e0b8kmqMUAE 

Clearstream: la Presse sous pression…


La dernière audience, celle qui a mis sur le gril l’ineffable Gergorin, a surtout été commentée , dans la presse, à partir des réponses du « prévenu » au Procureur Jean-Claude Marin.

Petit échantillon:

« – Monsieur Gergorin, vous êtes bien polytechnicien ???

– Oui, Monsieur le Procureur.

– Vous êtes bien énarque ??

-Oui.

– Ancien numéro trois d’EADS ???

– Oui.

– Les problèmes financiers ne vous sont pas étrangers ? Vous savez ce qu’est une chambre de compensation ?

– Je ne le savais pas. Je prenais pour argent comptant les informations que me donnait Imad Lahoud…

– Donc, vous, l’un des principaux cadres de l’un des premiers groupes industriels, ne savez pas ce qu’est une chambre de compensation ? Pourtant, autour de vous, on détermine assez vite que cette affaire ne tient pas debout… »

Cet interrogatoire met en évidence l’ignorance crasse de cadres de haut niveau, en ce qui concerne l’organisation du système bancaire et de ses organes de compensation internationaux. 

Jean-Louis Gergorin ajoute:

« – à l’époque, je ne le savais pas. J’ai pris pour argent comptant les synthèses d’Imad Lahoud, jusqu’en Août 2004. »

Ainsi, donc, l’un des principaux acteurs de cette « bande dessinée », ignorait que Clearstream, organe de compensation interbancaire international, ne tenait pas de comptes de particuliers.

 Les comptes gérés par cette institution sont ceux de Banques et autres organismes financiers, entre lesquels s’opérent des compensations, ce qui en clair veut dire que lorsqu’une banque devient débitrice d’une autre banque, elle même créditrice de la première, une compensation s’opère entre les comptes qu’elles ont ouvert au sein de Clearstream, sans transfert de fonds d’une banque à l’autre.

Le système est le même que celui qui permet, entre banques française, d’effectuer , en « chambre de compensation » placée sous la responsabilité et le contrôle de la Banque de France, des règlements en limitant les transferts de fonds entre elles.

Mais, il apparaît clairement que l’ignorance invraisemblable de la part d’un cadre de haut niveau d’une des premières entreprises industrielles européennes, mélée à l’incroyable propension aux fantasmes entretenus dans certains milieux, ignorants des règles élémentaires du fonctionnement du monde financier, fantasme accentué par le fait que Clearstream a son siège social au Luxembourg – un paradis aux portes de l’enfer -, a permis de faire « monter la mayonnaise » dans cette affaire rocambolesque.

On découvre à la lumière de cet interrogatoire surréaliste, que ceux qui se prenaient pour des corbeaux d’envergure n’étaient en fait que des pigeons de basse-cour…

Mais l’importance donnée par la Presse , à cet affrontement entre l’accusation et le « prévenu » Gergorin, a permis d’ecclipser un autre interrogatoire tout aussi important, celui de Dominique Baudis, entendu comme témoin, car il figurait, lui aussi sur la liste des personnes mentionnées, sans raison, dans le fameux « listing ».

En effet, Mr Baudis n’a pas manqué de relever des similitudes entre l’affaire Alègre montée de toutes pièces pour le « salir », et l’affaire Cleastream. Dans les deux affaires, des documents contenant des informations « fabriquées », contenues dans le dossier des juges d’instruction, parviennent mystérieusement dans certaines rédactions.

 Ainsi, la Presse, dite « d’investigation », qui aurait dû avant « d’accomplir son devoir d’information », accomplir son « devoir d’authentification et de vérification de ses sources », avant de devenir  » au motif de ne pas étouffer les affaires »( Baudis dixit ), un véhicule lancé à une vitesse incontrôlable, sur le chemin de la « calomnie », se transforme en une redoutable « machine à détruire ».

Ce « journalisme d’investigation » des caniveaux de la République, déja évoqué dans un de mes précédents billets, qui cherche souvent à s’ériger en contre-pouvoir, fonctionne lui-même sans « contre-pouvoir »,  avec comme seul frein, une déontologie qui a tendance à s’effriter en raison de la fureur des prises de positions partisanes. 

Journaleux….


Par ces temps de magouilles, de traquenards, de manipulations, de mensonges, il est éclairant de parcourir le blog d’un Journaleux ( http://gklein.blog.lemonde.fr/2009/09/29/a-propos-du-journalisme-dinvestigation-et-de-mediapart/)ayant « sévi » à Médiapart , – cette feuille de choux créée sur internet par Edwy Plenel, vous savez, ce spécialiste de la « navigation en eau trouble » pour dénicher des sujets d’enquêtes à scandale toujours bien orientées,ce journaleux au regard vicieux et à la moustache stalinienne qui a la flatteuse réputation d’avoir « ses entrées », tant auprès de l’extrême gauche qu’ auprès des Services de renseignements et de la Police…et qui, cela n’est apparement pas incompatible, entretenait des relations cordiales avec Galouzeau.

Edwy Plenel, ex journaleu du Monde, fondateur de « Médiapart ».

On y lit ceci:

« Ce monde de l’investigation, je le connais. Je l’ai fréquenté. A Libération, à Canal +, à Mediapart (http://www.mediapart.fr/). Je l’ai croisé durant de nombreuses années. Il a ses honneurs — rares — ; ces grandes heures — plus fréquentes —, il a même ses ententes illicites (exemple : quand deux journaux différents publient le même jour le même scoop, on appelle ça se partager le marché chez les libéraux ; chez les journalistes on dit « faire un bon coup »), et puis, il a ça : cette arrière-cuisine qui sent le graillon, et les ricanements, les déjeuners en ville insupportables de suffisance et de médisance. Le besoin de dénoncer des actes, rarement de comprendre un système. Le plaisir subtil à balancer des noms, et à regarder les corps bouger au bout de la corde. Promis, un jour, j’en raconterai quelques petits détails, de ce monde là. L’affaire de Tarnac, à propos de laquelle je rédige un livre, pourrait être une assez bonne entrée en matières. Bah, on verra. »

De quoi entretenir chez ceux qui ne gobbent que ce qu’ils veulent bien gobber, une certaine forme de distance prudente, voire sceptique, dès qu’il s’agit d’informations ramassées dans les caniveaux de la République.

Appréciez, au passage, le sens du marketing de ce plumitif, qui en profite pour exciter l’appétit des amateurs de viande plus ou moins faisandée, en annonçant son prochain livre qui révèlera, on peut en être certain, des détails croustillants sur des « affaires récentes ». 

Post-Scriptum: Lecture savoureuse recommandée sur ce thème d’actualité:

La domesticité du secrétaire particulier, la prostitution du journaleux et la négritude du romancier ou du dramaturge sont les formes diverses prises par le prolétariat de la plume. — (Pierre Michel, Mirbeau & la « négritude », 2004, Éditions du Boucher, Société Octave Mirbeau)