Les lendemains de défaites sont toujours amers. J’en ai vécu pas mal, tout au long de ma longue existence.
Mais toute défaite peut être surmontée, à condition de conserver la lucidité nécessaire pour en analyser les causes profondes et en tirer les leçons.
Ce lendemain d’une campagne électorale inouïe, qui se termine sur un résultat programmé par les sondeurs et les médias, ne met pas un point final aux incertitudes qui planent sur l’avenir de ce « vieux pays »…..
La France, déchirée, est un volcan que révèle un vote qui ne lève aucune des incertitudes qui pèsent sur son destin : nous restons le seul pays développé où l’extrême-gauche, – trotskystes compris -, compte près de 20%, et l’extrême-droite près de 22% d’électeurs, et où, en outre, une droite dite « républicaine », en colère parce que frustrée d’un scrutin qu’elle ne devait pas perdre, est considérée par tous les analystes politiques comme étant assez largement majoritaire dans le pays.
Le « rassemblement » dont rêvent les partisans du jeune Macron reste éminemment problématique.
Le succès de Macron, – qui n’a réussi à convaincre que 23% d’électeurs au premier tour -, ne doit pas masquer le fait qu’il résulte d’une manipulation politique dont la Gauche française est coutumière.
Chaque élection présidentielle, sous la Vème République a été marquée par des tentatives de déstabiliser le candidat de la Droite dite « républicaine » en lui jetant au visage des « affaires »dont on connaît l’issue: sous Pompidou, ce fut l’affaire Markovic, sous Giscard ce furent les « diamants de Bokassa », sous Chirac, j’aurais du mal à énumérer toutes les « affaires » dont la gauche, avant d’en faire son icône, l’aura crédité.
Je ne parle pas, évidemment, des innombrables affaires qui ont poursuivi Sarkozy, pendant et après son quinquennat, affaires dont on attend toujours, après plusieurs années, qu’elles aboutissent à une condamnation significative…..
Il est clair, à l’issue de cette élection, que l’élection de Marine Le Pen au second tour équivaudrait à un grand saut dans l’incertain, et je ne crois pas sérieusement que la République soit en danger nonobstant les gesticulations d’un Mélenchon. Mais je crois que la France, elle, est en grave danger.
La Droite a sa part de responsabilité dans ce désastre. Traversée régulièrement par des courants centrifuges, en état de sidération permanente devant les accusations d’une gauche culpabilisante, brandissant à tout propos le soupçon de « faire le jeu du Front National », elle n’a jamais eu le courage d’assumer pleinement ses valeurs , et de défendre une conception cohérente de la société à laquelle aspirent ceux qui la soutiennent.
Or, ces conceptions basées sur un mélange de pragmatisme et de libéralisme sur le plan économique, un retour à la rigueur et à la discipline sur le plan de la gestion financière du pays, une réduction drastique de la part des richesses nationales consacrées au train de vie de l’État, un retour à l’ordre et à l’autorité jusque dans les zones de non-droit de plus en plus nombreuses, la restauration de la fierté nationale, l’affrontement sans faiblesse d’un Islam envahissant – seraient plus que jamais nécessaires à la France dans les temps incertains qu’elle va devoir affronter.
Ces valeurs de Droite, n’ont pas totalement disparu à l’issue du tour de passe-passe électoral en cours. Ne nous y trompons pas: un homme a perdu, – il l’a reconnu lui-même avec honnêteté – victime de ses propres faiblesses, de ses énormes erreurs de communication, de l’acharnement de ses adversaires, de la vindicte des médias et des lâchetés de son camp.
Mais toutes les idées qu’il portait n’ont pas été disqualifiées pour autant.
C’est sur la base de ces idées que, sans se désunir, sans céder au découragement, la Droite doit repartir à la bataille, même si ces idées doivent souffrir de quelques infléchissements vers le Centre. Les législatives lui donnent l’occasion d’obliger le nouveau président à les prendre en compte, car elles sont quoi qu’en disent les médias, largement partagées par une France frustrée et en colère.
La Droite peut encore, si elle résiste aux lâchetés et aux appétits de ceux qui seraient déjà tentés « d’aller à la soupe », espérer retrouver sa place dans le paysage politique, à la faveur des élections législatives. Elle peut le faire en retrouvant son électorat de base et en jouant la carte d’une cohabitation, ou en créant un rapport de forces politique qui contraindra le courant « social-bobocrate » à ne pas l’ignorer….
Car, qu’on se le dise, ce courant entretenu par un parisianisme snobinard, et soutenu par des oligarchies aux objectifs et aux motivations obscures, ne représente pas la France des profondeurs. Celle que célèbre si bien l’écrivain Denis Tillinac dans excellent article du Figaro :
La vraie question qui restera posée est la suivante : pendant combien de temps encore cette « sociale-bobocratie » que Christophe Guilluy, dans un ouvrage souvent cité sur ce blog, qualifie de « France d’en-haut », pourra-t-elle gouverner contre « la France ‘en-bas », celle des laissés pour compte et des méprisés, en ignorant une fracture que cette élection met à vif, dans un face à face que cette carte de la répartition des votes met en évidence ?
Le discours sans profondeur, sans consistance d’un Macron qui s’y voit déjà, au soir de son élection qui n’a rien de triomphante, devrait faire réfléchir sur la superficialité et du courant qu’il est censé inspirer, et dont on guettera très vite, les premiers signes d’effritement dès qu’il aura en main les rennes du pouvoir….
De même que l’on ne tardera pas à voir apparaître derrière cette marionnette la main habile d’un François Hollande dont on connaît les habiletés de magouilleur en politique…..Il se prépare sans doute à prendre le train « En Marche », et en passager clandestin.