Il est « de bon ton » de dire que dans les « démocraties » modernes, la Liberté de la Presse constitue un pilier de l’édifice institutionnel républicain.
Certes .
Mais ce que l’on oublie fréquemment de préciser, c’est que « liberté »ne signifie pas « indépendance », et encore moins « impartialité ».
Des épisodes électoraux récents viennent de porter un coup fatal à la crédibilité des analyses et des commentaires publiés dans une Presse dont seuls les imbéciles peuvent encore tenter de faire croire qu’elle est « indépendante » et que cette indépendance repose sur « l’éthique « et « la probité » des journalistes.
Autrefois,- je parle là pour les gens de ma génération finissante -, on avait ses repères dans la faune journalistique .
Des éditorialistes de grand talent, d’une espèce qui a disparu aujourd’hui, à travers des prises de positions dont certaines devenaient de véritables pièces d’anthologie littéraire, avaient un impact puissant sur l’opinion .
Ils s’exprimaient sans masque, et l’on savait à quel courant politique les rattacher. On pouvait se trouver, parfois, en désaccord avec leurs prises de positions, mais leur talent les rendait respectables…. En écrivant cela, je pense à des Albert Camus dans Combat, au lendemain de la Libération, ou à Sartre dans « La Voix du Peuple », à Mauriac dans le Figaro, ou à Jean-François Revel dans l’Express, pour n’en citer que quelques uns….
La Télévision nous proposait, elle aussi, ses « grandes signatures », telle que Pierre Dumayet ou Pierre Desgraupes, et bien d’autres encore ….
On est confondu, aujourd’hui par la superficialité, la faiblesse argumentaire, l’absence de talent d’écriture, et pis encore, par la mauvaise foi, le parti pris sans justification, qui s’étale dans la Presse de notre Pays.
Il semblerait, me dit-on, que cela ne soit pas propre à notre pays, mais que ce mal aggravé par la nécessité de se conformer à la religion du politiquement correct, soit répandu dans la plupart des pays occidentaux .
La Presse ne remplit plus une fonction institutionnelle de diffusion de l’information objective. Elle est devenue un instrument de manipulation de l’opinion, et surtout, d’uniformisation de cette opinion, sur des critères censés s’appuyer sur « des valeurs »inspirées par des choix de société que l’on veut à tout prix imposer aux réfractaires ….
La Presse est devenue d’autant moins indépendante, qu’en raison de sa médiocre qualité, elle a du mal à survivre sans être soutenue par des intérêts financiers plus ou moins opaques, et sans être – ce qui est pire – subventionnée par l’Etat, ce qui veut dire que le contribuable paie , lui-même, le prix de sa désinformation…..
Les prédictions électorales sont devenues le talon d’Achille de la Presse. S’appuyant sur des sondages d’opinion, dont les méthodes à prétention scientifique sont plus ou moins controversées, elles s’introduisent dans le processus électoral dans le but de contribuer à façonner l’opinion, et parfois, à tromper l’électeur. Les sondages, qui ont longtemps régné en maîtres du domaine, ont plusieurs fois montré leurs faiblesses. Ceux-ci avaient notamment donné Hillary Clinton largement vainqueur contre Donald Trump. De même avaient-ils pronostiqué la défaite du « Brexit », ce qui n’a eu, en définitive, aucune incidence sur le résultat final de ces votes, avec sans doute, un effet contraire ; les électeurs se sentant « manipulés » ont sur-réagi en allant voter plus nombreux que prévu, avec l’intention de faire mentir les sondages.
Même les « spécialistes » le reconnaissent : « les instituts de sondage ont quelques failles dans leurs approches, les enquêtes téléphoniques sont délaissées pour des enquêtes internet rémunérées sans pouvoir vérifier l’identité de l’administré, tant et si bien que certains mentent pour être sûrs d’être interrogés et percevoir la rémunération (voir Envoyé spécial du 13 avril 2017 sur France2). » ( Le Point Politique ) .
Tout cela fait qu’un « malaise » s’est installé dans l’opinion ébranlée par les attaques que subissent les journalistes et les sondeurs. Attaques qu’ils mettent sur le compte d’un prétendu « complotisme », ce qui les dispense, du moins le croient-ils, d’avoir à faire leur autocritique….
L’origine du « malaise » se trouverait,- disent-ils -, dans les réseaux sociaux, censés répandre des « fake-news » et contribuer à « fausser » les analyses savantes de nos experts en manipulations.
Il est vrai que l’on trouve beaucoup d’âneries sur les réseaux sociaux, et que l’on doit se référer à ces sources avec une relative prudence. Mais il est vrai, aussi, que l’on y trouve des informations, des analyses, souvent des images que la Presse « institutionnelle » se refuse à publier car elles ne vont pas dans le « sens correct » et s’écartent des manifestations de la « pensée unique »…..
Mais cela ne justifie pas le discrédit que l’on cherche à installer sur les réseaux sociaux, car si l’on y rencontre des « âneries », on en rencontre aussi dans les médias traditionnels….
Car l’opinion qui s’exprime à travers les réseaux sociaux est assez généralement, celle du peuple, dans sa diversité et même dans ses contradictions. N’en déplaise à l’oligarchie de « la France d’en-haut », c’est cette opinion qui, en définitive fera la différence….