Dessin de Dilem, dessinateur algérien
Ceux qui naïvement, pensent que quelques gesticulations politiciennes bien orchestrées par les médias, suffiront à susciter l’apaisement dans les relations entre Français et Algériens, se trompent.
La condition première, pour construire les bases saines d’une réconciliation, entre l’Algérie et la France, c’est qu’enfin, alors que l’Algérie fête un demi-siècle d’indépendance, toute la vérité historique soit faite et soit dite de part et d’autre de la méditerrannée.
Car il est devenu inacceptable que les Gouvernements algériens successifs continuent d’entretenir, en instrumentalisant l’Histoire tragique de nos relations avec ce beau pays, un sentiment de haine revancharde vis à vis de la France, – sentiment qui n’est d’ailleurs pas partagé par tous les Algériens -, dans le seul but de détourner les esprits critiques, et il n’en manque pas en Algérie, de la dénonciation d’une gouvernance caractérisée par une corruption des élites, et par l’appauvrissement d’un peuple privé d’espoir et de liberté.
Il est inacceptable, côté algérien, que la plupart des jeunes ignorent tout de l’Histoire véritable de leur pays et qu’ils aient été convaincus que le destin de l’Algérie a basculé au moment de la colonisation et que ce pays n’est entré dans l’Histoire qu’en Juillet 1962.
Le quotidien El Watan organise à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance algérienne, une série de colloques passionnants, qui témoignent, enfin, d’un louable souci de faire émerger la Vérité.
Consulter à ce sujet:
Recevant chez moi, un couple de jeunes algériens en vacances en Espagne, j’ai été ahuri de découvrir qu’ils ignoraient tout du passé berbère de leur pays, et des 300 ans passés sous contrôle de l’Empire Ottoman, tout des activités barbaresques et esclavagistes de l’Algérie, à l’époque où ce pays n’avait pas encore de nom.
Découvrant ma bibliothèque, ils ont été « bluffés » par la profusion d’anciens ouvrages historiques dont ils ignoraient l’existence, et m’ont affirmé qu’il est difficile de se procurer, en Algérie, un ouvrage traitant de l’Histoire de ce pays avant la colonisation française: pour des gens qui avaient fait des études secondaires, ils ignoraient qui était Ibn Khaldoun, l’un des plus grands historiens du monde Arabe !!!
L’Histoire de la période coloniale a été instrumentalisée, tout comme celle des années de guerre, entre 1954 et 1962, et pas seulement par les Gouvernements algériens.
La vérité historique commence à peine à émerger en France, grâce au travail patient et discret de quelques jeunes chercheurs et de quelques universitaires, que nos médias ignorent superbement. Des historiens qui, n’ayant pas vécu cette période tragique de notre Histoire, sont dépouillés des « a-priori » idéologiques de leurs prédécesseurs, et sont aptes à porter sur elle un regard neutre, désengagé, et lucide car ils ont enfin accès à des documents jusqu’ici protégés par le secret…
Car, il faut le dire, de nombreux « intellectuels »marxistes français, et pas seulement des « porteurs de valises », avaient mis tous leurs espoirs sur l’indépendance algérienne, en rêvant faire de ce pays, après le « départ » des Français, un « laboratoire », et un « champ d’expérimentation » de leurs « fumeuses » théories marxistes-léninistes.
Ces « idiots utiles » comme les soviétiques eux-même les avaient surnommés, ont hélas partiellement réussi dans leur entreprise idéologique, en poussant les dirigeants algériens longtemps nourris au lait des pays sous contrôle soviétique, à la mise en oeuvre d’un modèle économique qui a conduit l’Algérie au bord du gouffre, celui-même dans lequel ont sombré la plupart des « pays de l’Est » avant la chute du mur de Berlin.
Beaucoup de « trotskystes » aujourd’hui « planqués » dans le paysage politique français, ont fait là-bas, leurs première armes d’agitateurs et d’apprentis révolutionnaires.« L’agité de la feuille » qu’est demeuré Edwy Plenel, créateur de Médiapart, en fit partie….
Soucieux, sans doute, de faire oublier leurs « exploits », ils contribuent à diffuser sur nos rapports avec l’Algérie une brume de contre-vérités, quand ce ne sont pas des mensonges, dont ils se servent, pour continuer à exister dans les débats sur la question algérienne.
A propos de « leurs exploits », je conseille la consultation de:
http://editionslibertalia.com/Algerie-les-annees-pieds-rouges.html
S’agissant de la période qui débute en 1954, et de la tragédie vécue par deux communautés qui jusque là cohabitaient tant bien que mal, – et dans mon souvenir personnel, plutôt bien-,les motivations ne manquent pas dans le personnel politique français, pour tenter d’instrumentaliser l’Histoire.
Les Socialistes, traînent derrière eux la culpabilité d’avoir , pendant trop longtemps, inspiré la politique coloniale de la France contestée alors par la Droite maurassiènne, politique menée au nom d’une prétendue « mission civilisatrice » dont il est facile de retrouver l’évocation dans les vieux manuels d’Histoire de notre « école laïque et républicaine ».
Les Gouverneurs Généraux de l’Algérie qui disposaient des pouvoirs les plus étendus, des pouvoirs de « pro-Consuls » de la République, étaient tous, de Yves Chataigneau à Robert Lacoste en passant par Marcel-Edmond Naegelen, des Socialistes. Il est difficile à ces mêmes socialistes, devant l’Histoire, de se retrancher derrière les pouvoirs et l’action rétrograde des dix mille « colons » d’Algérie, pour expliquer leur incapacité à impulser les réformes qui auraient pu changer le cours de l’Histoire.
Les mêmes Socialistes traînent également dérrière eux la responsabilité d’avoir déclaré la guerre à la rébellion. Ils ne peuvent, sans honte, se résoudre à assumer « l’oeuvre » de François Mitterrand, alors Ministre de l’Intérieur, pour qui « la France n’abandonnerait jamais l’Algérie », et fut l’ordonnateur des charrettes de guillotinés algériens qui pousseront le FLN à la vengeance, en engageant la bataille sur le terrain d’un terrorisme urbain en s’attaquant, aveuglément, avec des méthodes barbares aux populations civiles soumises au choc atroce des égorgements, à celui des bombes meurtrières, incitant l’armée française à une répression de plus en plus cruelle.
Ainsi s’est creusé, peu à peu, un fossé infranchissable entre les communautés, détruisant les affinités, les amitiés, les relations de fraternité qui existaient encore, entre de nombreux Algériens et Français.
Les Pieds Noirs n’oublieront jamais la honteuse manière dont ils ont été accueillis, au Port de Marseille, par le socialiste Gaston Deferre dont les mots sont gravés dans les mémoires de ceux qui ont vécu cette période. » Que les rats pas triés aillent au diable, et ne viennent surtout pas s’installer à Marseille »…
Les Gaullistes ont également cédé à la tentation de manipuler l’Histoire.
Ayant tout fait pour occulter le fait que « les massacres de Sétif » considérés par beaucoup comme le point de départ de la révolte algérienne, ont été commis sous le Gouvernement Provisoire de la République, présidé par le Général de Gaulle, entouré de Ministres Communistes, ils veulent faire oublier également, que le Général avait été appelé au pouvoir pour garder l’Algérie française, et qu’après avoir louvoyé pendant cinq ans, il a fini par octroyer aux Algériens une indépendance qu’ils avaient conquise bien plus sur le terrain diplomatique que sur le terrain militaire…..
Tous ces gens là ont de vrais problèmes avec la vérité historique. Ils ont tout fait pour « tirer la couverture de l’Histoire » à eux, en s’attribuant les beaux rôles et en chargeant la barque des Pieds-Noirs, boucs émissaires tout désignés…
Que l’indépendance de l’Algérie ait été une finalité inéluctable, cela ne fait aucun doute aujourd’hui.
Mais ce qui n’était pas inéluctable, ce sont les conditions dans lesquelles les Pieds Noirs ont dû quitter l’Algérie, et celles dans lesquelles, avec les quelques harkis qui ont pu échapper au massacre, ils ont été accueillis en France.
La touchante compassion médiatique qui entoure les immigrés clandestins d’aujourd’hui ne leur a pas été accordée à l’époque, et sur ce point l’OAS a bon dos….
Alors, avant de parler de réconciliation, il est indispensable de mettre fin à l’hémiplégie qui recouvre l’Histoire des relations entre ces deux nations.
Il faut mettre fin à une vision simpliste et caricaturale de la guerre d’Algérie, que les médias des deux bords de la Méditerranée ont contribué à diffuser.
Certes, il faut reconnaître que la torture a existé, mais comme une réponse barbare à des actes de barbarie, et que si les méthodes de l’armée françaises ont été parfois très brutales, tous les soldats français n’ont pas été des tortionnaires.
Il faut reconnaître qu’ il y avait dans l’Algérie française des injustices criantes, des situations humiliantes, une administration aveugle, des égoïsmes forcenés.
Il faut cesser d’entretenir le mythe d’une population européenne de « colons » profiteurs, et de feindre d’ignorer que les Pieds-Noirs étaient, dans leur grande majorité des petites gens, dont le niveau de vie, s’il était, en général, supérieur à celui de la masse des musulmans, il était en moyenne, inférieur à celui de la population française.
Il faut admettre que beaucoup d’ Algériens aspiraient à la souveraineté mais qu’ à l’instar de Ferhat Abbas , ils ont longtemps hésité entre le combat pour l’intégration et celui pour l’indépendance. Sans parler de ceux qui redoutaient un départ des Français, et qui ont souvent payé de leur vie, leur attachement à la France…
Il est vrai que l’OAS a commis des crimes. Adversaire de la « culture de l’excuse », je ne cherche pas à les excuser.
Mais si l’OAS a pu exister, c’est que le terreau lui était favorable: amertume des militaires qui se sentaient, une fois de plus, floués par le cynisme des politiques, et désespoir des Pieds Noirs qui se sont sentis abandonnés par une France jugée ingrate, et qui n’a jamais reconnu les sacrifices qu’ils avaient consentis pour elle lors de deux guerres où , en proportion de la population qu’ils représentaient, ils ont eu plus de morts que n’en a connu la population française entière.
Mais les brutalités de l’armée française et les folies de l’OAS ne transforment pas pour autant, les combattants du FLN en « douces colombes ». Il n’y a pas eu comme la légende officielle algérienne a cherché à l’établir, d’un côté des héros et de l’autre des tortionnaires et des assassins.
Le FLN a imposé sa loi par la persuasion, certes, mais aussi par la terreur, liquidant systématiquement, et avec une brutalité inouie, ceux des Algériens qui n’étaient pas dans sa ligne, et pas seulement les partisans de Messali Hadj.
Il a pratiqué un terrorisme aveugle qui a douloureusement atteint et marqué les populations civiles, faisant bien plus de victimes chez les « musulmans », – comme on disait à l’époque -, que chez les « européens ».
Les Algériens savent maintenant, depuis la guerre civile qui les a déchirés, dans « les années du F.I.S », ce qu’est l’horreur de pratiques qui n’ont rien à voir avec des méthodes de guerre…..
Mais le FLN a surtout mis en place le système totalitaire qui allait enserrer l’Algérie indépendante dans un carcan sclérosant, aggravé par une « police de la mémoire collective », au profit d’une caste prédatrice, toujours au pouvoir aujourd’hui, un pouvoir gérontocratrique qui s’appuie sur une police politique et des services secrets d’une redoutable efficacité bâtie sur les méthodes en usage dans « les pays de l’Est » et inspirées du KGB soviétique.
On sait que les mythes fondateurs d’une nation prennent parfois quelques libertés avec la vérité historique. L’Histoire de France en offre de nombreux exemples.
Il serait temps que l’Algérie et la France se débarassent des scories d’une histoire tumultueuse pour se consacrer, enfin, aux choses sérieuses : la construction d’un avenir commun tenant compte d’une réalité incontournable: l’Algérie algérienne appartient désormais aux Algériens, et la France aux Français.
L’Algérie souveraine ne regarde plus seulement en direction de la France. Et la France se tourne résolument vers l’Europe.
Mais cela n’exclue pas le partage d’un riche passé de souvenirs communs, d’un patrimoine commun de culture malgré les efforts commis par ceux qui, en Algérie, ont rêvé d’effacer la langue française de la mémoire des jeunes générations.
Et nous avons en commun un amour sincère de cette terre, sur laquelle nos ancêtres ont laissé leur sueur et leur sang.
Il serait temps que de part et d’autres de la Méditerranée, on puisse se parler franchement, sans haine et dans le respect mutuel.
J’ai toujours soutenu, dans la mesure de mes modetes moyens, la cause des harkis. Le sort qui leur a été réservé est une honte pour la France.Et je partage cette honte, car, Français, je dois assumer toutes les pages de l’Histoire de ce pays, y compris les plus sombres. Même si je n’y ai pas pris part. Cordialement.
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Harkis : Les camps de la honte, devoir de mémoire (+ vidéo)
L’Algérie célèbre cet été le cinquantenaire de son indépendance. La lecture de cet évènement sera diverse: Guerre de Libération, guerre d’Indépendance, modèle unique d’insurrection proclamé au monde, ces 8 années d’horreurs, d’errements et d’injustices continuent de suppurer dans les coeurs et les corps.
Cinquante ans, ce n’est pas encore le temps historique, qui au sens scientifique ne débutera qu’à la disparition de tous les témoins. Mais cinquante ans c’est encore la possibilité pour les bourreaux et les victimes, parfois confondus en un seul être, de parler, confronter et comprendre.
Dans cette course contre l’oubli, écrasés dans l’étau de l’histoire, écartelés entre les deux rives de la Méditerranée, une cohorte de vaincus tend un miroir à la France. Les harkis, leurs familles, leurs enfants. Qu’avons nous fait de leur exil, de leur arrachement, de leur Arabité, de leur culture ?
1975: A l’image des commandos de jeunes palestiniens qui menaient à l’époque des actions de terreur pour dénoncer l’injustice, en France, quelques jeunes harkis, parqués eux aussi dans des camps, décidèrent d’emprunter leur méthode.
Hocine et ses copains, étouffant sous leurs cagoules noires, armés de vieux fusils sciés, ont fait raser leurs camps de rétention. Eux, les oubliés de la guerre civile algérienne, les engloutis du paysage français, ont soudain réussi à parler aux radios, aux caméras, aux gendarmes, aux préfets, aux ministres !
Puis à s’évaporer dans la nature, sans poursuites ni condamnations.
1975-2012…Trente sept ans après son fait d’armes existentiel, Hocine Louanchi le cagoulard du camp de l’Ardoise dévoile son visage, sa vie, son épouse Fattima, la combattante culturelle et syndicale d’aujourd’hui.
Le cinquantenaire sera fêté là-bas, les algériens célèbreront leur Indépendance, à défaut de leur Liberté…
Dans leur villa arlésienne Hocine et Fattima, entourés de leurs enfants et petits enfants continueront encore de se demander ce qu’ils font là, loin de leur pays de blanc et de bleu, avec ces tâches rouges par terre et ces visages déchirés qui peuplent le ciel…
Par Hocine Louanchi, Jean-Claude Honnorat et Anne Gromaire
DEVOIR DE MEMOIRE
hocine le combat d’une vie par croaclub
lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news
En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l’époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l’Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l’ isolement total de la société française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd’hui se décide à parler.
35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude Honnorat.
Sur radio-alpes.net – Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13) – Ecoutez: Hocine Louanchi joint au téléphone…émotions et voile de censure levé ! Les Accords d’Evian n’effacent pas le passé, mais l’avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)
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J’ai moi aussi apprécié votre récit très équilibré sur les responsabilités des uns et des autres.
J’approuve votre conclusion.
Peut-être y’ a-t-il aujourd’hui une opportunité puisque nos deux Présidents se connaissent personnellement. Le Président Bouteflika a été dans les tous premiers ( peut être même le premier) à féliciter Hollande le soir du 6 mai.
Espérons donc que cette nouvelle opportunité ne sera pas gâchée.
jf.
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Je corrige un peu mon commentaire pour préciser que notre histoire telle que vous la décrivez n’est pas tout à fait celle que relate certains historiens engagés et collaborateurs, qui dissimulent les aspects humains de la colonisation.C’est pour cela que j’ai ajouté la dernière phrase.
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Moi aussi j’aprrécie votre billet. Ce de que vous relatez est la véritable histoire de l’Algérie sur la quelle les historiens devraient s’ appuyer. C’est un peu comme si on écrivait l’histoire de France au travers de la collaboration qui a sévit entre1940 et 1945.
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J’apprecie votre analyse et je suis entièrement d’accord,pendant 50 années la France a été salie et méprisée par une élite qui en plus ne lui a refusé tout les marchés et s’est lié bakchich oblige avec les chinois et les américains.Cela va être dur de reconstruire quelque chose et d’apprendre la vraie vérité à la jeunesse algérienne, N’oublions pas que nous avons un problème avec la communanté Algérienne qui va s’accentuer j’en suis sur avec l’arrivée aux affaires des socialos communistes verdatre.
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